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Bible Crampon 1923/Daniel

La bibliothèque libre.
Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..
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LIVRE DE DANIEL

PREMIÈRE PARTIE.
[I, 1 — VI, 29.]
ÉPISODES DE D’HISTOIRE DE DANIEL.

1. Chap. i, 1-21 : Daniel à la cour du roi de Babylone.Après la défaite de Joakim (i, 1, 2). Daniel et ses compagnons ; leur fidélité aux observances alimentaires d’Israël (i, 3-8) ; prodiges en leur faveur (i, 9-16) ; éducation et succès (i, 17-21).

La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint contre Jérusalem et l’assiégea[1]. 2Le Seigneur livra entre ses mains Joakim[2], roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu ; et il les emporta au pays de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il déposa les vases dans le trésor de son dieu.

3Le roi dit à Asphenez, chef de ses eunuques, d’amener d’entre les enfants d’Israël, de la race royale ou de la noblesse, 4des jeunes gens sans aucun défaut, beaux de figure, doués de toutes sortes de talents, instruits et intelligents, pleins de vigueur, pour qu’ils se tinssent dans le palais du roi et qu’on leur enseignât la littérature et la langue des Chaldéens.[3] 5Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets royaux et du vin dont il buvait, afin que, ayant été élevés pendant trois ans, ils se tinssent au bout de ce temps devant le roi. 6Il y avait parmi eux, d’entre les enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. 7Le chef des eunuques leur donna des noms ; il appela Daniel Baltassar, Ananias Sidrac, Misaël Misac, et Azarias Abdénago[4].

8Daniel résolut en son cœur de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont il buvait, et il demanda au chef des eunuques de ne pas l’obliger à se souiller. 9Et Dieu fit trouver à Daniel grâce et faveur auprès du chef des eunuques. 10Le chef des eunuques dit à Daniel : « Je crains le roi, mon maître, qui a fixé ce que vous devez manger et boire ; car pourquoi verrait-il vos visages plus défaits que ceux des jeunes gens de votre âge ? Vous mettriez en danger ma tête auprès du roi[5] . » 11Alors Daniel dit au maître d’hôtel[6], que le chef des eunuques avait établi sur Daniel, Ananias, Misaël et Azarias : 12« Fais, je te prie, un essai avec tes serviteurs pendant dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire. 13Après cela, tu regarderas[7] nos visages et le visage des jeunes gens qui mangent les mets du roi, et, selon que tu auras vu, tu agiras avec tes serviteurs. » 14Il consentit à leur demande[8] et les éprouva pendant dix jours. 15Au bout de dix jours, ils se trouvèrent avoir meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi. 16Et le maître d’hôtel emportait les mets et le vin qu’ils devaient boire, et leur donnait des légumes.

17À ces jeunes gens, à tous les quatre, Dieu donna du savoir et de l’habileté dans toute la littérature et en toute sagesse, et Daniel avait l’intelligence de toutes sortes de visions et de songes. 18Au bout du temps fixé par le roi pour les amener, le chef des eunuques les amena devant Nabuchodonosor. 19Le roi s’entretint avec eux, et il ne se trouva personne parmi eux tous comme Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; ils furent donc admis au service du roi[9]. 20Sur tous les sujets qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les lettrés et magiciens qui étaient en tout son royaume.

21Daniel fut ainsi jusqu’à la première année du roi Cyrus.

2. Chap. ii, 1-49 : Vision de la statueLe songe du roi, il menace de mort les sages s’ils ne lui font connaître le songe et sa signification (ii, 1-11). Prière de Daniel et de ses compagnons (ii, 12-18). Dieu éclaire Daniel qui propose au roi de lui donner satisfaction (11, 19-28). La statue (ii, 29-36). Les quatre grands empires et la souveraineté de Dieu (ii, 37-45). Daniel et ses compagnons sont comblés d’honneurs (ii, 46-49).

La seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor eut des songes[10], son esprit fut agité et le sommeil se retira de lui. 2Le roi fit appeler les lettrés, les magiciens, les enchanteurs et les Chaldéens[11] pour lui expliquer ses songes ; ils vinrent et ils se tinrent devant le roi. 3Le roi leur dit : « J’ai fait un songe, et mon esprit est agité, cherchant à connaître ce songe.[12] » [13]

4Les Chaldéens répondirent au roi en langue araméenne[14] : « Ô roi, vis éternellement ! Dis le songe à tes serviteurs, et nous en ferons connaître la signification. » 5Le roi répondit aux Chaldéens, en disant : « C’est chose arrêtée par moi. Si vous ne me faites savoir le songe et sa signification, vous serez coupés en morceaux et vos maisons seront réduites en cloaques. 6Mais si vous me faites connaître le songe et sa signification[15], vous recevrez de moi des dons et des présents, et de grands honneurs ; ainsi faites-moi connaître le songe et sa signification. » 7Ils répondirent pour la deuxième fois en disant : « Que le roi dise le songe à ses serviteurs, et nous en ferons connaître la signification. » 8Le roi répondit et dit : « En vérité, je sais que vous cherchez à gagner du temps, parce que vous voyez que c’est chose arrêtée par moi. 9Puisque vous ne me faites pas savoir le songe, c’est que vous n’avez qu’une pensée, celle de concerter un discours mensonger et trompeur, pour le tenir devant moi, en attendant que les temps soient changés ; ainsi, dites-moi le songe et je saurai que vous pourrez m’en faire connaître la véritable signification. »[16] 10Les Chaldéens répondirent devant le roi en disant : « Il n’y a pas d’homme sur la terre qui puisse faire connaître ce que le roi demande[17]. Aussi jamais roi, si grand et si puissant qu’il ait été, n’a demandé pareille chose d’aucun lettré, astrologue ou Chaldéen. 11La chose que le roi demande est difficile, et il n’y a personne qui puisse la faire connaître devant le roi, hormis les dieux dont la demeure n’est pas parmi les mortels[18]. »

12Là-dessus le roi se mit en colère et en grande fureur, et il donna l’ordre de mettre à mort tous les sages de Babylone. 13La sentence ayant été publiée, les sages étaient mis à mort, et on cherchait Daniel et ses compagnons pour les tuer. 14Alors Daniel fit une réponse prudente et sensée à Arioch, chef des gardes du roi, qui était sorti pour mettre à mort les sages de Babylone. 15Il prit la parole et dit à Arioch, commandant du roi : « Pourquoi cette sentence sévère de la part du roi ? » Et Arioch exposa la chose à Daniel. 16Alors Daniel entra dans le palais et pria le roi de lui accorder un délai afin de faire connaître au roi la signification. 17Aussitôt Daniel alla dans sa maison et informa de l’affaire Ananias, Misaël et Azarias, ses compagnons, 18les engageant à implorer la miséricorde du Dieu du ciel sur ce mystère, pour qu’on ne fit point périr Daniel et ses compagnons avec le reste des sages de Babylone.

19Alors le secret fut révélé à Daniel dans une vision pendant la nuit, et Daniel bénit le Dieu du ciel. 20Daniel prit la parole et dit : « Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité, car à lui appartiennent la sagesse et la force. 21C’est lui qui change les moments et les temps, qui renverse les rois et qui élève les rois, qui donne la sagesse aux sages et le savoir aux intelligents. 22C’est lui qui révèle les choses profondes et cachées, qui sait ce qui est dans les ténèbres, et la lumière demeure avec lui. 23C’est vous, Dieu de mes pères, que je célèbre et que je loue de ce que vous m’avez donné la sagesse et la force, et de ce que maintenant vous m’avez fait savoir ce que nous vous avons demandé, en nous faisant savoir l’affaire du roi. »

24C’est pourquoi Daniel se rendit auprès d’Arioch, que le roi avait chargé de mettre à mort les sages de Babylone ; il alla et lui parla ainsi : « Ne fais pas périr les sages de Babylone ; introduis-moi devant le roi, et je ferai connaître au roi la signification. » 25Arioch s’empressa de faire entrer Daniel devant le roi et lui parla ainsi : « J’ai trouvé parmi les captifs de Juda un homme qui fera savoir au roi la signification. » 26Le roi prit la parole et dit à Daniel, qui s’appelait Baltassar : « Es-tu capable de me faire savoir le songe que j’ai eu et sa signification ? » 27Daniel répondit en présence du roi et dit : « Le secret que le roi demande, ni sages, ni magiciens, ni lettrés, ni astrologues ne sont capables de le faire connaître au roi. 28Mais il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les secrets et qui a fait savoir au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver à la fin des jours. Ton songe et les visions de ton esprit[19] que tu as eues sur ta couche, les voici :

29Toi, ô roi, tes pensées s’élevaient en ton esprit sur ta couche au sujet de ce qui arriverait après ce temps-ci, et celui qui révèle les secrets t’a fait connaître ce qui doit arriver. 30Et moi, ce n’est pas par une sagesse qui serait en moi, supérieure à celle de tous les vivants, que ce secret m’a été révélé, mais c’est afin qu’on en fasse savoir la signification au roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur.

31Toi, ô roi, tu regardais, et voici une grande statue. Cette statue était immense et sa splendeur extraordinaire ; elle se dressait devant toi, et son aspect était terrible. 32Cette statue avait la tête d’or fin, la poitrine et les bras d’argent, le ventre et les cuisses d’airain, 33les jambes de fer, les pieds en partie de fer et en partie d’argile. 34Tu regardais, jusqu’à ce qu’une pierre fut détachée, non par une main[20], et frappa la statue à ses pieds de fer et d’argile, et les brisa. 35Alors furent brisés en même temps le fer, l’argile, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la balle qui s’élève de l’aire en été, et le vent les emporta sans qu’on en trouve plus aucune trace ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre.

36Voilà le songe ; sa signification, nous allons la dire devant le roi.

37Toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du ciel a donné l’empire, la puissance, la force et la gloire, 38entre les mains de qui il a livré, en quelque lieu qu’ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs, les oiseaux des cieux, et qu’il a fait dominer sur eux tous : c’est toi qui es la tête d’or.[21] 39Après toi, il s’élèvera un autre royaume, moindre que toi, puis un troisième royaume d’airain[22], qui dominera sur toute la terre. 40Un quatrième royaume sera fort comme le fer[23] ; de même que le fer écrase et brise tout, et comme le fer qui met en pièces, il écrasera et mettra en pièces tous ceux-là. 41Si tu as vu les pieds et les orteils en partie d’argile de potier et en partie de fer, c’est que ce sera un royaume divisé ; il y aura en lui de la solidité du fer, selon que tu as vu du fer mêlé à l’argile. 42Mais comme les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie d’argile, ce royaume sera en partie fort, et il sera en partie fragile. 43Si tu as vu le fer mêlé à l’argile, c’est qu’ils seront mêlés de semence d’homme ; mais ils ne tiendront pas l’un à l’autre, de même que le fer ne peut s’allier avec l’argile. 44Dans le temps de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la domination ne sera point abandonnée à un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera à jamais, 45selon que tu as vu qu’une pierre a été détachée de la montagne[24], non par une main, et qu’elle a brisé le fer, l’airain, l’argile, l’argent et l’or.

Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui arrivera dans la suite ; le songe est véritable et sa signification certaine. »

46Alors le roi Nabuchodonosor tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu’on lui offrit des oblations et des parfums. 47Le roi parla ensuite à Daniel et dit : « Vraiment votre Dieu est le Dieu des dieux, le seigneur des rois et le révélateur des secrets, puisque tu as pu révéler ce secret. » 48Alors le roi éleva Daniel et lui fit de nombreux et riches présents ; il l’établit gouverneur sur toute la province de Babylone et chef suprême sur tous les sages de Babylone.

49À la prière de Daniel, le roi commit aux affaires de la province de Babylone Sidrac, Misac et Abdénago ; et Daniel demeura à la cour[25].
3. Chap. iii, 1-97 : LES TROIS HÉBREUX DANS LA FOURNAISE.La statue de la plaine de Dura, ordre de l’adorer (iii, 1-7) ; dénonciation des trois compagnons de Daniel (iii, 8-12) ; convoqués devant le roi, ils sont jetés dans une fournaise ardente (iii, 13-23). Prière dans la fournaise : Justice de Dieu dans ses châtiments (iii, 24-33) ; Que Dieu se souvienne de son alliance, ait pitié de leur misère (iii, 34-38) et, dans sa bonté, accueille leur prière (iii, 39-45) ! L’ange de Dieu dans la fournaise (iii, 46-50). Cantique : Louange à Dieu (iii, 51-56), Que toute créature ; êtres célestes (iii, 57-61), éléments (iii, 62-64), phénomènes physiques (iii, 65-74), êtres terrestres (iii, 75-83), privilégiés de Dieu (iii, 84-88) bénissent le Seigneur pour la délivrance de ses serviteurs (iii, 88-90) ! Le roi glorifie le vrai Dieu et les comble d’honneurs (iii, 91-97).

Le roi Nabuchodonosor fit une statue d’or, dont la hauteur était de soixante coudées et la largeur de six coudées ; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone.[26] 2Et le roi Nabuchodonosor fit rassembler les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les légistes, les juges et tous les magistrats des provinces, pour qu’ils se rendissent à la dédicace de la statue qu’avait dressée le roi Nabuchodonosor. 3Ainsi s’assemblèrent les satrapes, les intendants et les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les légistes, les juges et tous les magistrats des provinces pour la dédicace de la statue que le roi Nabuchodonosor avait dressée ; et ils se tinrent devant la statue qu’avait dressée Nabuchodonosor. 4Un héraut cria d’une voix forte : « Voici ce qu’on vous fait savoir, à vous, peuples, nations et langues : 5Au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion[27], de la cornemuse et de toutes sortes d’instruments, vous vous prosternerez pour adorer la statue d’or que le roi Nabuchodonosor a dressée. 6Quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas la statue, sera jeté à l’instant au milieu de la fournaise de feu ardent. » 7C’est pourquoi au montent où tous les peuples entendirent le son de la trompette, du chalumeau, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion et de toutes les sortes d’instruments, tous les peuples, nations et langues se prosternèrent, adorant la statue d’or qu’avait dressée le roi Nabuchodonosor.

8Là-dessus, au moment même, des Chaldéens s’approchèrent et dirent du mal des Juifs[28]. 9Ils prirent la parole et dirent au roi Nabuchodonosor : « Ô roi, vis à jamais ! » 10Toi, ô roi, tu as porté un décret ordonnant que tout homme qui entendrait le son de la trompette, du chalumeau, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de toutes les sortes d’instruments, se prosterne pour adorer la statue d’or, 11et que quiconque ne se prosternera pas pour l’adorer sera jeté au milieu de la fournaise de feu ardent. 12Or, il y a des juifs que tu as préposés aux affaires de la province de Babylone, Sidrac, Misac et Abdénago : ces hommes-là n’ont pas d’égard pour toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux et ils ne se prosternent pas devant la statue d’or que tu as dressée. »

13Alors Nabuchodonosor, irrité et furieux, ordonna d’amener Sidrac, Misac, et Abdénago ; et ces hommes furent amenés devant le roi. 14Nabuchodonosor prit la parole et leur dit : « Est-ce à dessein, Sidrac, Misac et Abdénago, que vous ne servez pas mon dieu et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai dressée ! 15Maintenant si vous êtes prêts, au moment où vous entendrez le son de la trompette, du chalumeau, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la cornemuse et de toutes les sortes d’instruments, à vous prosterner pour adorer la statue que j’ai faite…[29] Mais si vous ne l’adorez pas, vous serez jetés à l’instant même au milieu de la fournaise de feu ardent, et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ? » 16Sidrac, Misac et Abdénago répondirent au roi et dirent : « Nabuchodonosor, sur ce point nous n’avons pas besoin de t’adresser une réponse. 17Si vraiment notre Dieu que nous servons peut nous délivrer, il nous délivrera de la fournaise de feu ardent et de ta main, ô roi. 18Sinon, qu’il soit connu de toi, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux et que nous ne nous prosternerons pas devant la statue d’or que tu as dressée. »

19Alors Nabuchodonosor fut rempli de fureur, et l’aspect de son visage fut changé envers Sidrac, Misac, et Abdénago. Reprenant la parole, il ordonna de chauffer la fournaise sept fois plus qu’on n’avait jugé convenable de le faire, 20et il commanda à quelques-uns des plus vigoureux soldats qui étaient dans son armée de lier Sidrac, Misac et Abdénago et de les jeter dans la fournaise de feu ardent. 21Alors ces hommes, avec leurs tuniques, leurs robes, leurs manteaux et leurs autres vêtements, furent liés et jetés dans la fournaise de feu ardent. 22Comme l’ordre du roi était pressant et la fournaise extraordinairement chauffée, la flamme de feu tua ces hommes qui y avaient jeté Sidrac, Misac et Abdénago. 23Et ces trois hommes, Sidrac, Misac et Abdénago tombèrent au milieu de la fournaise ardente, tout liés.

Ce qui suit, je ne l’ai pas trouvé dans les livres hébreux.[30]

24Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant Dieu et bénissant le Seigneur. 25Et Azarias, se levant, fit cette prière ; ouvrant la bouche au milieu du feu, il dit :

26Soyez béni, Seigneur, Dieu de nos pères ;
votre nom est digne de louange et de gloire à jamais.
27Car vous êtes juste dans tout ce que vous nous avez fait,
et toutes vos œuvres sont vraies ;
vos voies sont droites,
et vos jugements sont équitables.

28Car vous avez rendu des jugements équitables ;
dans tous les maux que vous avez fait venir sur nous ;
et sur la ville sainte de nos pères, Jérusalem ;
c’est par un juste jugement que vous avez fait tout cela,
à cause de nos péchés.
29Car nous avons péché et commis l’iniquité en nous retirant de vous,
et nous avons manqué en toutes choses.
30Nous n’avons pas écouté vos commandements
et nous ne les avons pas observés,
et nous n’avons pas agi selon que vous nous l’aviez commandé,
afin que nous fussions heureux.

31Tout ce que vous avez fait venir sur nous,
tout ce que vous nous avez fait,
c’est par un juste jugement que vous l’avez fait.
32Vous nous avez livrés aux mains d’ennemis injustes,
d’apostats acharnés[31] contre nous,
et d’un roi injuste, le plus méchant de toute la terre.
33Et maintenant nous n’osons ouvrir la bouche ;
la honte et l’opprobre sont à vos serviteurs,
et à tous ceux qui vous adorent.

34Ne nous livrez pas pour toujours, à cause de votre nom,
et ne détruisez pas votre alliance.
35Ne retirez pas de nous votre miséricorde,
à cause d’Abraham votre ami,
d’Isaac votre serviteur,
et d’Israël votre saint,
36auxquels vous avez promis de multiplier leur postérité,
comme les étoiles du ciel,
et comme le sable qui est sur le rivage de la mer.

37Car, Seigneur, nous sommes réduits devant toutes les nations,
et nous sommes aujourd’hui humiliés par toute ta terre,
à cause de nos péchés.
38Il n’y a plus en ce temps pour nous
ni prince, ni chef, ni prophète,
ni holocauste, ni sacrifice, ni oblation, ni encens ;
ni endroit pour apporter devant vous les prémices et trouver grâce.

39Mais, Seigneur, puissions-nous être reçus,
le cœur contrit et l’esprit humilié,
40comme vous recevez un holocauste de béliers et de taureaux,
ou de mille agneaux gras ;
qu’il en soit ainsi de notre sacrifice devant vous aujourd’hui,
et de notre soumission envers vous[32],
car il n’y a pas de confusion pour ceux qui se fient en vous.
41Maintenant, nous vous suivons de tout notre cœur,
nous vous craignons et nous cherchons votre visage.

42Ne nous confondez pas,
mais traitez-nous selon votre douceur,
et selon l’abondance de votre miséricorde.
43Délivrez-nous[33] par vos prodiges,
et donnez, Seigneur, gloire à votre nom.
44Qu’ils soient confondus tous ceux qui maltraitent vos serviteurs,
couverts de honte par la perte de toute leur puissance,
et que leur force soit brisée,
45qu’ils sachent que vous êtes le Seigneur, le seul Dieu,
et le glorieux souverain de toute la terre ! »

46Cependant les serviteurs du roi qui avaient jeté ces trois hommes dans la fournaise, ne cessaient de la chauffer avec du naphte, de l’étoupe, de la poix et des sarments. 47La flamme s’élevait quarante-neuf coudées au-dessus de la fournaise ; 48et, s’étant élancée, elle brûla les Chaldéens qu’elle rencontra près de la fournaise.

49Mais l’ange du Seigneur était descendu dans la fournaise avec Azarias et ses compagnons, et il écartait de la fournaise la flamme de feu. 50Et il rendit le milieu de la fournaise tel que si un vent de rosée y avait soufflé ; et le feu ne les toucha même pas, il ne les blessa point et ne leur causa point le moindre mal.

51Alors ces trois hommes, comme d’une seule bouche, louaient, glorifiaient et bénissaient Dieu dans la fournaise, en disant :

52Vous êtes béni, Seigneur, Dieu de nos pères,
digne d’être loué, glorifié et exalté[34] à jamais.
Béni est votre nom saint et glorieux,
digne de suprême louange et exaltation à tout jamais.
53Vous êtes béni dans le temple de votre sainte gloire,
digne de suprême louange et gloire à jamais.
54Vous élus béni sur le trône de votre royaume,
digne de suprême louange et exaltation à jamais[35].
55Vous êtes béni, vous dont le regard pénètre les abîmes,
et qui êtes assis sur les Chérubins,
digne de suprême louange et exaltation à jamais.
56Vous êtes béni au firmament du ciel,
digne de louange et de gloire à jamais.

57Bénissez toutes le Seigneur, œuvres du Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
58Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

59Cieux, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
60Eaux et tout ce qui est au-dessus des cieux, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
61Puissances du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur ;
louez-le, et exaltez-le à jamais.

62Soleil et lune, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
63Astres du ciel, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
64Pluies et rosées, bénissez toutes le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
65Vents que Dieu déchaîne, bénissez tous le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

66Feux et chaleurs, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
67Froid et chaleur, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
68Rosées et givres, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
69Gelées et frimas, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
70Glaces et neiges, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

71Nuits et jours, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
72Lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
73Éclairs et sombres nuages, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
74Que la terre bénisse le Seigneur ;
qu’elle le loue et l’exalte à jamais !

75Montagnes et collines, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
76Plantes qui croissez sur la terre, bénissez toutes le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
77Fontaines, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
78Mers et fleuves, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

79Monstres et tout ce qui s’agite dans les eaux, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
80Oiseaux du ciel, bénissez tous le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
81Bêtes sauvages et troupeaux, bénissez tous le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
82Enfants des hommes, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
83Qu’Israël bénisse le Seigneur ;
qu’il le loue et l’exalte à jamais !

84Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
85Serviteurs du Seigneur, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
86Esprits et âmes des justes[36], bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

87Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.
88Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur ;
louez-le et exaltez-le à jamais.

Car il nous à tirés du schéol,
et délivrés de la puissance de la mort ;
il nous à sauvés du milieu de la fournaise de flamme brûlante,
et tirés du milieu du feu.
89Célébrez le Seigneur, car il est bon,
car sa miséricorde dure à jamais.
90Vous tous, hommes pieux,
bénissez le Seigneur, le Dieu des dieux ;
louez-le et célébrez-le,
car sa miséricorde dure à jamais.

Le morceau qui se termine ici ne se trouve pas dans l’hébreu ; la traduction que nous en avons donnée est faite sur l’édition de Théodotion. 91Alors le roi Nabuchodonosor fut dans la stupeur et se leva précipitamment. Il prit la parole et dit à ses conseillers : « N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? » Ils répondirent et dirent au roi : « Certainement, ô roi ! »[37] 92Il reprit et dit : « Eh bien, moi, je vois quatre hommes sans liens, marchant au milieu du feu et n’ayant aucun mal ; l’aspect du quatrième ressemble à celui d’un fils des dieux. »

93Puis Nabuchodonosor s’approcha de la porte de la fournaise de feu ardent ; il prit la parole et dit : « Sidrac, Misac et Abdénago, serviteurs du Dieu Très-Haut, sortez et venez ! » Alors Sidrac, Misac et Abdénago sortirent du milieu du feu. 94Les satrapes, les intendants, les gouverneurs et les conseillers du roi, s’étant rassemblés, regardèrent ces hommes et virent que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur leur corps, que les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, que leurs tuniques n’avaient pas subi de changement et qu’elles n’avaient pas l’odeur du feu.

95Nabuchodonosor prit la parole et dit : « Béni soit le Dieu de Sidrac, de Misac et d’Abdénago, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui se sont confiés en lui, qui ont transgressé l’ordre du roi et livré leur corps, pour ne servir et adorer aucun dieu sinon leur Dieu. 96Ordre est donné de ma part que tout homme, à quelque peuple, nation ou langue qu’il appartienne, qui parlera mal du Dieu de Sidrac, de Misac et d’Abdénago sera coupé en morceaux et sa maison sera réduite en cloaque, parce qu’il n’y a pas d’autre dieu qui puisse sauver de la sorte.

97Alors le roi fit prospérer Sidrac, Misac et Abdénago, dans la province de Babylone.

4. Chap. iii, 98 — iv, 34 : Songe du grand arbre.Le roi veut glorifier Dieu (iii, 98-100) : Daniel convoqué pour l’interprétation du songe (iv, 1-6) ; le songe (iv, 7-15) ; interprétation (iv, 16-24) ; réalisation : folie (iv, 25-30) et guérison du roi (iv, 31-34).

98« Le roi Nabuchodonosor à tous les peuples, nations et langues qui habitent sur toute la terre : la paix vous soit donnée en abondance ![38]

99Il m’a paru bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-Haut a opérés envers moi. 100Que ses signes sont grands et que ses prodiges sont puissants ! Son règne est un règne éternel et sa domination subsiste d’âge en âge.

Moi, Nabuchodonosor, j’étais tranquille dans ma maison et florissant dans mon palais. 2Je vis un songe qui m’épouvanta, et mes pensées sur ma couche et les visions de mon esprit me troublèrent. 3Je publiai un décret pour qu’on fit venir devant moi tous les sages de Babylone, pour me faire savoir la signification du songe. 4Alors vinrent les lettrés, les magiciens, les Chaldéens et les astrologues ; je dis le songe devant eux, mais ils ne m’en firent pas savoir la signification. 5Enfin se présenta devant moi Daniel, dont le nom est Baltassar[39], d’après le nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints, et je dis le songe devant lui :

6« Baltassar, chef des lettrés, comme je sais que l’esprit des dieux saints est en toi et qu’aucun mystère ne t’embarrasse, expose-moi les visions que j’ai vues en songe, et leur signification. 7Voici quelles étaient les visions de mon esprit sur ma couche : Je vis, et voici au milieu de la terre un arbre dont la hauteur était grande. 8L’arbre grandit et devint fort ; sa cime atteignait le ciel, et on le voyait des extrémités de toute la terre. 9Son feuillage était beau et ses fruits abondants, et il y avait sur lui de la nourriture pour tous ; sous son ombre les bêtes des champs s’abritaient, dans ses branches demeuraient les oiseaux du ciel, et de lui toute chair se nourrissait. 10Je contemplai ces visions de mon esprit sur ma couche, et voici qu’un veillant[40], un saint, descendait du ciel. 11Il cria avec force et parla ainsi : Abattez l’arbre et coupez ses branches ; secouez son feuillage et dispersez ses fruits ; que les animaux s’enfuient de dessous lui, et que les oiseaux quittent ses branches. 12Toutefois laissez en terre la souche de ses racines, mais dans des chaînes de fer et d’airain, au milieu du gazon des champs. Qu’il soit trempé de la rosée du ciel et qu’il partage avec les animaux l’herbe de la terre. 13Que son cœur ne soit plus un cœur d’homme, et qu’un cœur de bête lui soit donné, et que sept temps passent sur lui[41]. 14Cette sentence repose sur un décret des veillants, et cette affaire[42] est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur la royauté humaine, qu’il la donne à qui il veut, et qu’il y élève le plus humble des hommes. 15Tel est le songe que j’ai vu, moi, le roi Nabuchodonosor ; et toi, Baltassar, dis-en la signification, car tous les sages de mon royaume ne peuvent m’en faire savoir la signification ; mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints est en toi. »

16Alors Daniel, dont le nom est Baltassar, demeura quelque temps interdit[43], et ses pensées le troublaient. Le roi reprit et dit : « Que le songe et sa signification ne te troublent point ! » Baltassar répondit en disant : « Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et sa signification pour tes adversaires. 17L’arbre que tu as vu, qui grandit et devint fort, dont la cime atteignait au ciel et qu’on voyait de toute la terre ; 18dont le feuillage était beau et les fruits abondants ; où il y avait de la nourriture pour tous ; sous lequel s’abritaient les animaux des champs, et dans les branches duquel demeuraient les oiseaux du ciel, 19cet arbre, c’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s’est accrue et a atteint au ciel, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre. 20Si le roi a vu un veillant, un saint, descendant du ciel et disant : Abattez l’arbre et détruisez-le ; toutefois laissez en terre la souche de ses racines, mais dans des chaînes de fer et d’airain, au milieu du gazon des champs ; qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et qu’il fasse sa part avec les animaux des champs, jusqu’à ce que sept temps aient passé sur lui : en voici la signification, ô roi ! 21C’est un décret du Très-Haut qui s’accomplira sur mon seigneur le roi : 22On te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera parmi les animaux des champs ; on te donnera, comme aux bœufs, de l’herbe à manger et on te laissera tremper par la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur la royauté des hommes et qu’il la donne à qui il lui plaît.[44] 23Et si on a ordonné de laisser la souche des racines de l’arbre, c’est que ta royauté te sera rendue quand tu auras reconnu que le ciel a la domination. 24C’est pourquoi, ô roi, que mon conseil soit agréé devant toi : rachète tes péchés par la justice et tes iniquités par la miséricorde envers les malheureux, si ta prospérité doit se prolonger encore. »

25Toutes ces choses arrivèrent au roi Nabuchodonosor. 26Au bout de douze mois, comme il se promenait sur les terrasses du palais royal de Babylone, 27le roi prit la parole et dit : « N’est-ce pas là Babylone la grande, que j’ai bâtie comme résidence royale par la puissance de ma force et pour la gloire de ma majesté. » 28La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix descendit du ciel : « On te fait savoir, roi Nabuchodonosor, que ta royauté a passé loin de toi. 29On te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les animaux des champs ; on te donnera, comme aux bœufs, de l’herbe a manger, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur la royauté des hommes, et qu’il la donne à qui il lui plaît. » 30Au même moment, la parole s’accomplit sur Nabuchodonosor ; il fut chassé du milieu des hommes ; il mangea de l’herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des oiseaux.

31Mais, à la fin des jours, moi, Nabuchodonosor, je levai les yeux vers le ciel, et ma raison me revint. Je bénis le Très-Haut, et je louai et glorifiai Celui qui vit éternellement, dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. 32Tous les habitants de la terre ne comptent pour rien devant lui ; il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne pour lui frapper sur la main et lui dire : « Que faites-vous ? » 33Dans le même temps, ma raison me revint et, pour la gloire de ma royauté, ma majesté et ma splendeur me revinrent ; mes conseillers et mes grands me rappelèrent, je fus rétabli dans ma royauté, et ma puissance s’accrut encore[45]. 34Maintenant, moi, Nabuchodonosor, je loue, j’exalte et je glorifie le roi du ciel, dont toutes les œuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut humilier ceux qui marchent avec orgueil. »

5. Chap. v, 1-30 : Le festin de Baltasar.Le festin, les vases sacrés pris au temple de Jérusalem (v, 1-4). L’inscription sur la muraille (v, 5, 6). La convocation de Daniel (v, 7-16). Lecture et interprétation de l’inscription (v, 17-28). Réalisation (v, 29, 30).

Le roi Baltasar[46] fit un grand festin à mille de ses princes, et en présence de ces mille il but du vin. 2Excité par le vin, Baltasar fit apporter les vases d’or et d’argent que Nabuchodonosor[47], son père, avait enlevés du temple qui est à Jérusalem, afin que le roi et ses princes, ses femmes et ses concubines, s’en servissent pour boire. 3Alors on apporta les vases d’or qui avaient été enlevés du temple de la maison de Dieu qui est à Jérusalem, et le roi et ses princes, ses femmes et ses concubines s’en servirent pour boire. 4Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d’or et d’argent, d’airain, de fer, de bois et de pierre.

5À ce moment apparurent des doigts de main humaine qui écrivaient, en face du candélabre, sur la chaux de la muraille du palais royal ; et le roi vit le bout de la main qui écrivait.[48] 6Alors le roi changea de couleur[49], et ses pensées le troublèrent ; les jointures de ses reins se relâchèrent et ses genoux se heurtèrent l’un contre l’autre. 7Le roi cria avec force qu’on fit venir les magiciens, les Chaldéens et les astrologues ; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone : « Quiconque lira cette écriture et m’en fera connaître la signification, sera revêtu de pourpre et portera au cou une chaîne d’or, et il commandera en troisième dans le royaume. » 8Alors tous les sages du roi entrèrent, mais ils ne purent lire ce qui était écrit, ni en faire savoir la signification au roi. 9Alors le roi Baltasar fut très effrayé ; il changea de couleur, et ses princes furent consternés. 10La reine, apprenant les paroles du roi et de ses princes, entra dans la salle du festin ; la reine prit la parole et dit : « Ô roi, vis éternellement ! Que tes pensées ne te troublent pas, et que tes couleurs ne changent point ! 11Il y a un homme de ton royaume en qui réside l’esprit des dieux saints ; dans les jours de ton père, on trouva en lui une lumière, une intelligence et une sagesse pareilles à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nabuchodonosor ton père, — le roi, ton père, — l’établit chef des lettrés, des magiciens, des Chaldéens, des astrologues, parce qu’un esprit supérieur, 12de la science et de l’intelligence pour interpréter les songes, pour faire connaître les énigmes et résoudre les questions difficiles furent trouvés en lui, en Daniel, à qui le roi avait donné le nom de Baltassar. Qu’on appelle donc Daniel et il te fera connaître la signification ! »

13Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel : « Es-tu ce Daniel, l’un des captifs de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Judée ? 14J’ai entendu dire à ton sujet que l’esprit des dieux est en toi, qu’une lumière, une intelligence et une sagesse extraordinaires se trouvent en toi. 15On vient d’introduire devant moi les sages et les magiciens pour lire cette écriture et m’en faire savoir la signification ; mais ils n’ont pu me faire connaître la signification de ces mots. 16Et moi, j’ai entendu dire de toi que tu peux donner les significations et résoudre les questions difficiles. Si donc tu peux lire ce qui est écrit et m’en faire savoir la signification, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras au cou une chaîne d’or, et tu commanderas en troisième dans le royaume. »

17Alors Daniel prit la parole et dit devant le roi : « Que tes dons soient à toi, et donne à un autre tes présents ! Toutefois je lirai au roi ce qui est écrit et je lui en ferai savoir la signification. 18Ô roi, le Dieu Très-Haut avait donné à Nabuchodonosor, ton père, la royauté et la grandeur, la gloire et la majesté ; 19et à cause de la grandeur qu’il lui avait donnée, tous les peuples, nations et langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui ; il faisait mourir qui il voulait, et il donnait la vie à qui il voulait ; il élevait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. 20Mais son cœur s’étant élevé et son esprit s’étant endurci jusqu’à l’arrogance, on le fit descendre du trône de sa royauté et la grandeur lui fut ôtée. 21Il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son cœur devint semblable à celui des bêtes et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le nourrit d’herbe comme les bœufs, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Dieu Très-haut domine sur la royauté des hommes, et qu’il y élève qui il lui plaît. 22Et toi, son fils, Baltasar, tu n’as pas humilié ton cœur, quoique tu susses toutes ces choses. 23Mais tu t’es élevé contre le Seigneur du ciel ; on a apporté devant toi les vases de sa maison, et toi, tes princes, tes femmes et tes concubines, vous y avez bu du vin ; tu as loué les dieux d’argent et d’or, d’airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, ni n’entendent, ni ne connaissent rien ; et le Dieu qui a dans sa main ton souffle et de qui relèvent toutes tes voies, tu ne l’as pas glorifié. 24C’est alors qu’a été envoyé de sa part ce bout de main et qu’a été tracé ce qui est écrit là. 25Voici l’écriture qui a été tracée : Mené mené. Theqel. Oupharsin[50]. 26Et voici la signification de ces mots : Mené (compté) : Dieu a compté ton règne et y a mis fin. 27Theqel (pesé) : tu as été pesé dans les balances et trouvé léger. 28Perès (divisé) : ton royaume sera divisé et donné aux Mèdes et aux Perses. »

29Alors, sur l’ordre de Baltasar, on revêtit Daniel de pourpre, on lui mit au cou une chaîne d’or, et on publia à son sujet qu’il commanderait en troisième dans le royaume. 30Dans la nuit même, Baltasar, roi des Chaldéens, fut tué.

6. Chap, vi, 1-29: Daniel dans la fosse aux lions.Jalousie des satrapes contre Daniel, menées auprès de Darius, obligation d’adorer le roi (vi, 1-10). Résistance et condamnation de Daniel (vi, 11 -17) ; il est délivré par l’ange du Seigneur (vi, 18-24). Les satrapes dans la fosse aux lions (vi, 25); Darius glorifie le Dieu de Daniel (vi, 25, 26).

Et Darius le Mède reçut la royauté, étant âgé d’environ soixante-deux ans.[51]

2Il plut à Darius d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, pour être répartis dans tout le royaume.

3Et il mit au-dessus d’eux trois ministres, dont Daniel était l’un, et ces satrapes devaient leur rendre compte, afin que le roi ne fût pas lésé. 4Or Daniel surpassait les ministres et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur, et le roi pensait à l’établir sur tout le royaume. 5Alors les ministres et les satrapes cherchèrent à trouver un sujet d’accusation contre Daniel touchant les affaires du royaume ; mais ils ne purent trouver aucun sujet, ni rien à reprendre ; car il était fidèle, et il ne se trouvait en lui rien de fautif, ni de répréhensible. 6Ces hommes dirent donc : « Nous ne trouverons aucun sujet contre ce Daniel, à moins de trouver quelque chose contre lui dans la loi de son Dieu. » 7Alors ces ministres et ces satrapes se rendirent à grand bruit chez le roi et lui parlèrent ainsi : « Roi Darius, vis éternellement ! 8Tous les ministres du royaume[52], les intendants, les satrapes, les conseillers et les gouverneurs se sont entendus pour rendre un édit royal et publier une défense portant que quiconque, dans l’espace de trente jours, adressera des prières à quelque dieu ou homme, si ce n’est à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. 9Maintenant, ô roi, porte la défense et écris le décret[53], afin qu’il n’y puisse être dérogé, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable. » 10En conséquence, le roi Darius écrivit le décret et la défense.

11Lorsque Daniel eut appris que le décret était écrit, il entra dans sa maison, qui avait, dans la chambre haute, des fenêtres ouvertes du côté de Jérusalem. Trois fois par jour[54] il se mettait à genoux, il priait et louait Dieu, comme il le faisait auparavant. 12Alors ces hommes vinrent à grand bruit et trouvèrent Daniel priant et invoquant son Dieu. 13Alors ils s’approchèrent du roi et lui parlèrent au sujet de la défense royale : « N’as-tu pas écrit une défense portant que quiconque, pendant trente jours, prierait quelque dieu ou homme, si ce n’est toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? « Le roi répondit et dit : « La chose est certaine, d’après la loi des Mèdes et des Perses, qui est irrévocable. » 14Alors ils reprirent et dirent devant le roi : « Daniel, l’un des captifs de Juda, n’a pas eu égard à toi, ô roi, ni à la défense que tu as écrite ; mais trois fois le jour il fait sa prière. » 15Le roi, entendant ces paroles, en eut un grand déplaisir ; quant à Daniel, il prit à cœur de le délivrer, et jusqu’au coucher du soleil il essaya de le sauver. 16Alors ces hommes vinrent à grand bruit vers le roi, et ils dirent au roi : « Sache, ô roi, que c’est la loi des Mèdes et des Perses qu’on ne peut déroger à toute défense et tout décret rendu par le roi. » 17Alors le roi donna l’ordre qu’on amenât Daniel et qu’on le jetât dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel : « Puisse ton Dieu, que tu sers constamment, te délivrer lui-même ! » 18On apporta une pierre et on la mit sur l’ouverture de la fosse ; le roi la scella de son anneau et de l’anneau des princes, afin que rien ne fût changé à l’égard de Daniel.

19Le roi s’en alla ensuite dans son palais ; il passa la nuit à jeun et ne fit pas venir de femmes auprès de lui et le sommeil s’enfuit loin de lui. 20Puis le roi se leva à l’aurore, au point du jour, et il se rendit en toute hâte à la fosse aux lions. 21Quand il fut près de la fosse, il cria vers Daniel d’une voix triste ; le roi prit la parole et dit à Daniel : « Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu que tu sers constamment a-t-il pu te délivrer des lions ? » 22Alors Daniel parla avec le roi : « Ô roi, vis éternellement ! 23Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal, parce que j’ai été trouvé innocent devant mon Dieu ; et devant toi non plus, ô roi, je n’ai commis aucun mal! » 24Alors le roi fut très joyeux à son sujet, et il ordonna de retirer Daniel de la fosse. Daniel fut donc retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait cru en son Dieu. 25Sur l’ordre du roi, on amena ces hommes qui avaient dit du mal de Daniel, et on les jeta dans la fosse aux lions, eux, leurs femmes et leurs enfants. Ils n’avaient pas encore atteint le fond de la fosse, que les lions les saisirent et brisèrent tous leurs os.

26Alors le roi Darius écrivit à tous les peuples, nations et langues, qui habitent sur toute la terre :


« Que la paix vous soit donnée en abondance ! 27Par moi est publié l’ordre que dans toute l’étendue de mon royaume on craigne et on tremble devant le Dieu de Daniel ; car il est le Dieu vivant, qui subsiste éternellement ; son royaume ne sera jamais détruit et sa domination n’aura pas de fin. 28Il délivre et il sauve, il fait des signes et des prodiges au ciel et sur la terre ; c’est lui qui a délivré Daniel de la griffe des lions. »

29Et ce Daniel prospéra sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse.


DEUXIÈME PARTIE.
[VII, 1 — XII, 13.]
LES VISIONS DE DANIEL.

1. Chap. vii, 1-28 : Les quatre animaux, le règne du Fils de l’homme et des saints.Les quatre animaux (vii, 1-8) ; le vieillard et le jugement (vii, 9-12); le pouvoir donné à un Fils d’homme (vii, 13-18). Interprétation : les quatre empires (vii, 19-24); triomphe du peuple des Saints (vii, 25-28).

La première année[55] du règne de Baltasar, roi de Babylone, Daniel, étant sur sa couche, vit un songe et des visions en son esprit. Il écrivit ensuite le songe et raconta la substance des faits.

2Daniel prit la parole et dit : « je voyais dans ma vision pendant la nuit, et voici que les quatre vents du ciel fondaient sur la grande mer[56], 3Et quatre grandes bêtes[57] montèrent de la mer, différentes l’une de l’autre. 4La première était semblable à un lion[58] et avait des ailes d’aigle. Je contemplais, jusqu’au moment où ses ailes furent arrachées, et où elle fut enlevée de terre, et dressée sur ses pieds, comme un homme, et où un cœur d’homme lui fut donné. 5Et voici une autre bête, une deuxième, ressemblant à un ours[59] ; elle dressait l’un de ses côtés, et trois côtes étaient dans sa gueule entre ses dents, et on lui disait : « Lève-toi, mange beaucoup de chair ! 6Après cela, je regardais, et voici une autre bête semblable a un léopard[60] ; elle avait sur son dos quatre ailes d’oiseau, et la bête avait quatre têtes ; et la domination lui fut donnée.

7Après cela je regardais dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête[61], terrible, effrayante et extraordinairement forte ; elle avait de grandes dents de fer ; elle dévorait et brisait, et le reste elle le foulait aux pieds ; elle était différente de toutes les bêtes qui l’avaient précédée, et elle avait dix cornes. 8Je considérais les cornes, et voici qu’une autre corne, petite[62], s’éleva au milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées par elle ; et voici que cette corne avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui disait de grandes choses.

9Je regardais, jusqu’au moment où des trônes furent placés, et où un vieillard s’assit[63]. Son vêtement était blanc comme de la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure. Son trône était des flammes de feu ; les roues, un feu ardent. 10Un fleuve de feu coulait, sortant de devant lui ; mille milliers le servaient, et une myriade de myriades se tenaient debout devant lui. Le Juge s’assit, et des livres furent ouverts[64]. 11Je regardais alors, à cause du bruit des grandes paroles que la corne proférait ; je regardais, jusqu’au moment où la bête fut tuée, et son corps détruit et livré à la flamme de feu. 12Au reste des bêtes aussi, on avait ôté leur domination, et la durée de leur vie avait été fixée jusqu’à un temps et un moment.

13Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées vint comme un Fils d’homme[65] ; il s’avança jusqu’au vieillard, et on le fit approcher devant lui. 14Et il lui fut donné domination, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit.[66]

15Pour moi, Daniel, mon esprit fut troublé au dedans de moi[67], et les visions de ma tête m’effrayèrent. 16Je m’approchai vers l’un de ceux qui se tenaient , et je lui demandai quelque chose de certain sur tout cela, et il me parla pour m’en donner l’explication. 17Ces grandes bêtes, qui sont quatre, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre ; 18mais les Saints[68] du Très-Haut recevront le royaume, et ils posséderont le royaume pour l’éternité, pour une éternité d’éternités.

19Alors je voulus avoir une certitude sur la quatrième bête qui était différente de toutes les autres, extrêmement terrible, dont les dents étaient de fer et les griffes d’airain, qui mangeait, brisait et foulait aux pieds ce qui restait ; 20et sur les dix cornes qui étaient sur sa tête, et sur l’autre corne qui s’était élevée et devant laquelle trois étaient tombées, cette corne qui avait des yeux et une bouche proférant de grandes choses, et qui paraissait plus grande que ses compagnes. 21Je regardai, et cette corne faisait la guerre aux Saints et l’emportait sur eux, 22jusqu’à ce que le vieillard vint, que le jugement fut donné aux Saints du Très Haut, et que le temps arriva où les Saints possédèrent le royaume. 23Il me parla ainsi : « La quatrième bête, c’est un quatrième royaume qui sera sur la terre, différent de tous les royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la réduira en poudre. 24Les dix cornes signifient que de ce royaume se lèveront dix rois ; un autre se lèvera après eux, qui différera des précédents, et il abattra trois rois. 25Il proférera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les Saints du Très-Haut, et formera le dessein de changer les temps et la loi, et les Saints seront livrés en sa main jusqu’à un temps, des temps et une moitié de temps[69]. 26Et le jugement se tiendra[70], et on lui ôtera sa domination pour le détruire et l’anéantir pour toujours. 27Et le règne, la domination et la grandeur des royaumes qui sont sous tous les cieux seront donnés au peuple des Saints du Très-Haut ; son règne est un règne éternel, et toutes les puissances le serviront et lui obéiront. »

28Voilà la fin du discours. Moi, Daniel, mes pensées m’effrayèrent beaucoup, je changeai de couleur ; mais je conservai la chose dans mon cœur.

2. Chap, viii, 1-27 : Le bélier et le bouc.[71]Vision (viii, 1, 2) ; le bélier (viii, 3, 4) ; le bouc (viii, 5-8); la petite corne et ses méfaits (viii, 9-14). Interprétation : les deux empires médo-perse et grec (vii, 15-22) ; le roi au dur visage, oppresseur d’Israël (viii, 23-27).

La troisième année du règne du roi Baltasar, une vision m’apparut, à moi Daniel, après celle qui m’était apparue auparavant. 2Et je vis dans la vision ; et il arriva, comme je regardais, que je me trouvais à Suse, la forteresse qui est dans la province d’Elam, et je vis dans la vision, et j’étais près du fleuve Oulaï. 3Je levai les yeux et je vis : et voici qu’un bélier[72] se tenait devant le fleuve ; il avait deux cornes ; les deux cornes étaient hautes, mais l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’élevait la dernière. 4Je vis le bélier heurtant de ses cornes vers l’occident[73], vers le septentrion et vers le midi ; aucune bête ne tenait devant lui, et personne ne délivrait de sa main ; il faisait ce qu’il voulait et grandissait.

5Et moi, je considérais avec attention, et voici qu’un jeune bouc[74] venait de l’occident sur la face de toute la terre, sans toucher la terre, et le bouc avait entre les yeux une corne très apparente. 6Il arriva jusqu’au bélier aux deux cornes, que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut contre lui dans l’ardeur de sa force. 7Je le vis s’approcher du bélier ; s’irritant contre lui, il frappa le bélier et lui brisa les deux cornes, sans que le bélier eut la force de se tenir devant lui ; il le jeta par terre et le foula aux pieds, et personne ne délivrait le bélier de sa main. 8Le jeune bouc grandit extrêmement et, quand il fut devenu fort, la grande corne se brisa, et je vis quatre cornes s’élever à sa place vers les quatre vents du ciel[75].


9De l’une d’elles sortit une corne, petite, qui grandit beaucoup vers le midi, vers l’orient et vers le glorieux pays[76]. 10Elle grandit jusqu’à l’armée des cieux[77] ; elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et les foula aux pieds. 11Elle grandit jusqu’au chef de l’armée[78] et lui enleva le culte perpétuel, et le lieu de son sanctuaire fut renversé. 12Et une armée a été livrée par infidélité, avec le culte perpétuel, et la corne a jeté la vérité par terre ; elle l’a fait et elle a réussi. 13Et j’entendis un saint qui parlait : et un autre saint dit à celui qui parlait : « Jusqu’à quand durera ce qu’annonce la vision touchant le culte perpétuel, le péché de désolation[79]. ainsi que l’abandon du sanctuaire et de l’armée pour être foulés ? » 14Il me dit : « Jusqu’à deux mille trois cents soirs et matins ; puis le sanctuaire sera purifié. »[80]

15Tandis que moi, Daniel, je voyais la vision et que j’en cherchais l’intelligence, voici que se tenait devant moi comme une figure d’homme. 16Et j’entendis une voix d’homme du milieu de l’Oulaï ; elle cria et dit : « Gabriel, fais-lui comprendre la vision. » 17Il vint alors près du lieu où je me tenais, et à son approche je fus effrayé, et je tombai sur ma face. Il me dit : « Comprends, fils de l’homme, que la vision est pour le temps de la fin. » 18Comme il me parlait, je tombai par terre sur ma face, frappé d’assoupissement ; mais il me toucha et me fit tenir debout, au lieu où je me tenais. 19Et il dit : « Voici que je vais t’apprendre ce qui arrivera au dernier temps de la colère ; car c’est pour le temps de la fin. 20Le bélier à deux cornes que tu as vu, ce sont les rois de Médie et de Perse ; 21le bouc velu, c’est le roi de Javan[81], et la grande corne entre ses yeux, c’est le premier roi. 22Si cette corne s’est brisée, et si quatre cornes se sont dressées à sa place ; c’est que quatre royautés s’élèveront de cette nation, mais sans avoir la même force. 23À la fin de leur domination, quand le nombre des infidèles[82] sera complet, il s’élèvera un roi au dur visage et pénétrant les choses cachées. 24Sa force s’accroîtra, mais non par sa propre force[83] ; il fera de prodigieux ravages ; il réussira dans ses entreprises ; il ravagera les puissants et le peuple des saints. 25À cause de son habileté, il fera prospérer la ruse dans sa main ; il s’enorgueillira dans son cœur, et en pleine paix il fera périr beaucoup de gens ; il s’élèvera contre le prince des princes[84], et il sera brisé sans la main d’un homme. 26La vision touchant le soir et le matin, qui a été exposée c’est la vérité. Mais toi, serre la vision, car elle se rapporte à un temps éloigné. »

27Et moi, Daniel, je tombai en défaillance et fus malade pendant plusieurs jours ; puis je me levai et m’occupai des affaires du roi. J’étais stupéfait de ce que j’avais vu, et personne ne le comprenait.

3. Chap. ix, 1-27 : Les soixante-dix semaines.Les soixante-dix ans de Jérémie (ix, 1, 2). Prière (ix, 3) : Confession des péchés (ix, 4-14) et supplication en vue du pardon et de la délivrance (ix, 15-19). Gabriel (ix, 20, 21) ; réponse de Dieu (ix, 22-27).

La première année[85] de Darius, fils d’Assuérus, de la race des Mèdes, qui fut établi roi sur le royaume des Chaldéens ; 2la première année de son règne, moi, Daniel, je portai mon attention, en lisant les livres, sur le nombre des années au sujet desquelles la parole de Yahweh avait été adressée au prophète Jérémie, et qui devaient s’accomplir sur les ruines de Jérusalem, soixante-dix ans.[86] 3Et je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, me disposant à la prière et à la supplication par le jeûne, et avec le sac et la cendre.

4Je priai Yahweh, mon Dieu, et je fis confession, et je dis :

« Ah ! Seigneur, Dieu grand et redoutable, qui gardez l’alliance et la miséricorde à ceux qui vous aiment et qui gardent vos commandements, 5nous avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons été méchants et rebelles, nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos lois. 6Nous n’avons pas écouté vos serviteurs les prophètes, qui ont parlé en votre nom à nos rois, à nos chefs, à nos pères et à tout le peuple du pays. 7À vous, Seigneur, la justice, à nous la confusion de visage, comme c’est le cas aujourd’hui, aux hommes de Juda, aux habitants de Jérusalem et à tout Israël, à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, dans tous les pays où vous les avez chassés, à cause de leurs iniquités qu’ils ont commises contre vous. 8Seigneur, à nous la confusion de visage, à nos rois, à nos chefs, et à nos pères, parce que nous avons péché contre vous. 9Au Seigneur, notre Dieu, les miséricordes et les pardons, car nous nous sommes révoltés contre vous. 10Nous n’avons pas obéi à la voix de Yahweh, notre Dieu, pour suivre ses lois qu’il a mises devant nous par l’intermédiaire de ses serviteurs les prophètes. 11Tout Israël a transgressé votre loi et s’est détourné pour ne pas écouter votre voix ; alors se sont répandues sur nous la malédiction et l’imprécation qui sont écrites dans la loi de Moïse, serviteur de Dieu, parce que nous avons péché contre lui. 12Il a tenu ses paroles qu’il a prononcées contre nous et contre nos juges qui nous jugeaient, en faisant venir sur nous une calamité si grande, qu’il n’en est jamais arrivé sous le ciel de pareille à celle qui est arrivée à Jérusalem. 13Comme il est écrit dans la loi de Dieu, toute cette calamité est venue sur nous, et nous n’avons pas cherché à apaiser Yahweh, notre Dieu, en nous détournant de nos iniquités et en nous rendant attentifs à votre Vérité. 14Et Yahweh a veillé sur le mal, et il l’a fait venir sur nous ; car Yahweh, notre Dieu, est juste dans toutes ses œuvres qu’il a faites, et nous n’avons pas écouté sa voix. 15Maintenant, Seigneur, notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Égypte par votre main puissante, et qui vous êtes fait un nom, comme il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons été méchants. 16Seigneur, puissent, selon toutes vos justices, votre colère et votre indignation se détourner de votre ville de Jérusalem, votre montagne sainte ; car c’est à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères que Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent[87]. 17Maintenant, écoutez, ô notre Dieu, la prière de votre serviteur et ses supplications, et faites briller votre visage sur votre sanctuaire dévasté, pour l’amour du Seigneur. 18Mon Dieu, prêtez l’oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux et voyez nos désolations et la ville sur laquelle votre nom a été prononcé. Car ce n’est pas à cause de nos justices que nous déposons devant vous nos supplications, mais à cause de vos grandes miséricordes. 19Seigneur, entendez ; Seigneur, pardonnez ; Seigneur, soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, à cause de vous-même, ô mon Dieu ; car votre nom a été prononcé sur votre ville et votre peuple ! »

20Comme je parlais encore, priant, confessant mon péché et le péché de mon peuple d’Israël, et déposant ma supplication devant Yahweh, mon Dieu, pour la sainte montagne de mon Dieu ; 21comme je parlais encore dans ma prière, cet homme, Gabriel, que j’avais vu auparavant en vision, s’approcha de moi d’un vol rapide[88] vers le temps de l’oblation du soir. 22Il m’instruisit, me parla et dit : « Daniel, je suis venu en ce moment pour t’ouvrir l’intelligence. 23Dès le commencement de ta prière, une parole est sortie, et moi je suis venu pour te la faire connaître, car tu es un homme favorisé[89] de Dieu. 24Sois donc attentif à la parole et comprends la vision. Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour enfermer la prévarication, pour sceller les péchés et pour expier l’iniquité, et pour amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophète et pour oindre le Saint des saints.[90] 25Sache donc et comprends : depuis la sortie d’une parole ordonnant de rebâtir Jérusalem jusqu’à un oint, un chef, il y a sept semaines, et soixante-deux semaines ; elle sera rebâtie, places et enceinte, dans la détresse des temps.[91] 26Et après soixante-deux semaines, un oint sera retranché, et personne pour lui. Et le peuple d’un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera dans l’inondation, et jusqu’à la fin il y aura guerre, ce qui est décrété touchant la dévastation.[92]

27Il conclura une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine ; et, au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’oblation, et sur l’aile des abominations viendra un dévastateur, et cela jusqu’à ce que la destruction et ce qui a été décrété se répandent sur le dévasté.[93]
4. Chap, x, 1 — xii, 13 : Souffrances et délivrance du peuple de Dieu en lutte avec les puissances païennes.Introduction (x, 1). Jeûne et prière de Daniel (x, 2, 3). Vision de l’ange (x, 4-9) : pourquoi il n’a pu venir plus tôt donner la réponse divine à la prière de Daniel (x, 10-14) ; il s’applique à calmer le trouble du prophète (x, 15-xi, 1). Histoire sommaire des monarchies perse et grecque (xi, 2-4). Guerres entre la Syrie et l’Égypte (xi, 5-20). Antiochus Epiphane : son règne, ses persécutions contre Israël, sa ruine (xi, 21-45). Délivrance finale d’Israël (xii, 1-4). Conclusion : temps où les choses prédites s’accompliront (xii, 5-13).

La troisième année de Cyrus[94], roi de Perse, une parole fut révélée à Daniel, qui avait été nommé Baltassar ; cette parole est véritable, et elle annonçait une grande guerre. Il comprit la parole et il eut l’intelligence de la vision :

2En ces jours-là, moi, Daniel, je fus dans le deuil pendant trois semaines de jours. 3Je ne mangeai aucun mets délicat ; il n’entra dans ma bouche ni viande, ni vin, et je ne m’oignis point jusqu’à ce que les trois semaines de jours fussent accomplies.

4Le vingt-quatrième jour du premier mois[95], j’étais sur le bord du grand fleuve, qui est le Tigre. 5Je levai les yeux et je regardai : et voici un homme vêtu de lin, les reins ceints d’une ceinture d’or d’Uphaz. 6Son corps était comme le chrysolithe, son visage avait l’aspect de l’éclair, ses yeux étaient comme des torches de feu, ses bras et ses pieds avaient l’aspect de l’airain poli, et sa voix, quand il parlait, était comme la voix d’une multitude. 7Moi, Daniel, je vis seul l’apparition, et les hommes qui étaient avec moi ne virent pas l’apparition, mais une grande frayeur tomba sur eux, et ils s’enfuirent pour se cacher. 8Et moi, je restai seul et je vis cette grande apparition, et il ne resta plus en moi de force ; mon visage changea de couleur et se décomposa sans conserver aucune force[96]. 9J’entendis le son de ses paroles et, en entendant le son de ses paroles, je tombai assoupi, la face contre terre[97].

10Et voici qu’une main me toucha et me fit dresser sur mes genoux et sur les paumes de mes mains. 11Puis il me dit : « Daniel, homme favorisé de Dieu, comprends les paroles que je vais te dire et tiens-toi debout ; car je suis maintenant envoyé vers toi. » Quand il m’eut parlé en ces termes, je me tins debout en tremblant. 12Il me dit : « Ne crains point, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles. 13Mais le chef du royaume de Perse s’est tenu devant moi vingt et un jours, et voici que Michel[98], un des premiers chefs, est venu à mon secours, et je suis resté là auprès des rois de Perse. 14Et je suis venu pour te faire comprendre ce qui doit arriver à ton peuple à la fin des jours ; car c’est encore une vision pour des jours lointains.

15Pendant qu’il parlait avec moi en ces termes, je tournais la face vers la terre et je restais muet. 16Et voici : comme une ressemblance de fils de l’homme toucha mes lèvres, et j’ouvris la bouche et je parlai ; je dis à celui qui se tenait devant moi : « Mon seigneur, à cette apparition, les angoisses m’ont saisi[99] et je n’ai conservé aucune force. 17Comment le serviteur de mon seigneur que voici pourrait-il parler à mon seigneur que voilà ? En ce moment, il n’y a plus de force en moi et il ne reste plus de souffle en moi. » 18Alors celui qui avait la ressemblance d’un homme me toucha de nouveau et me fortifia. 19Puis il me dit : « Ne crains point, homme favorisé de Dieu ; que la paix soit avec toi ! Courage ! courage ! » Pendant qu’il parlait avec moi, je repris des forces et je dis : « Que mon seigneur parle, car tu m’as fortifié. »

20Il me dit : « Sais-tu pourquoi je suis venu vers toi ? Maintenant, je vais retourner combattre le chef de la Perse ; et, au moment où je m’en irai, voici le chef de Javan[100] qui viendra. 21Mais je te déclarerai ce qui est écrit dans le livre de vérité ; et il n’y en a pas un qui se tienne avec moi contre ceux-là[101], sinon Michel, votre chef.

Et moi, dans la première année de Darius le Mède, je me tenais auprès de lui pour le soutenir et le fortifier.

2Maintenant je vais te déclarer la vérité. Voici que trois rois se lèveront encore pour la Perse ; le quatrième possédera de plus grandes richesses que tous les autres et, quand il sera puissant par ses richesses, il soulèvera tout contre le royaume de Javan.[102] 3Et il s’élèvera un roi vaillant[103], qui aura une grande puissance et fera ce qui lui plaira. 4Dès qu’il se sera élevé[104], son royaume se brisera et sera divisé aux quatre vents du ciel, sans appartenir à ses descendants et sans avoir la même puissance qu’il avait eue ; car son royaume sera déchiré, et il passera à d’autres qu’eux.

5Le roi du Midi[105] deviendra fort, ainsi qu’un de ses généraux, lequel deviendra plus fort que lui et sera puissant ; sa puissance sera une grande puissance.

6Au bout de quelques années, ils s’allieront, et la fille du roi du Midi viendra vers le roi du Septentrion pour établir un accord. Mais elle ne conservera pas l’appui d’un bras, car il ne tiendra pas, non plus que son propre bras[106] ; et elle sera livrée, elle et ceux qui l’avaient amenée, celui qui lui avait donné naissance et celui qui l’avait soutenue pendant quelque temps.

7Un des rejetons[107] de ses racines s’élèvera à sa place ; il viendra à l’armée, il entrera dans la forteresse du roi du Septentrion, il les traitera à son gré et il l’emportera. 8Leurs dieux mêmes, leurs images de fonte et leurs vases précieux d’argent et d’or, il les emmènera captifs en Égypte, et il prévaudra plusieurs années sur le roi du Septentrion[108]. 9Celui-ci[109] entrera dans le royaume du Midi, et il s’en retournera dans son pays.

10Mais ses fils s’armeront pour la guerre[110] et rassembleront une grande multitude de troupes ; l’un d’eux viendra, il inondera, il envahira, puis il reviendra, et poussera les hostilités contre la forteresse. 11Le roi du Midi s’irritera[111], il partira et combattra contre lui, contre le roi du Septentrion ; il lèvera de grandes troupes, et la troupe du roi du Septentrion lui sera livrée. 12Devant la multitude levée contre lui, son courage s’élèvera ; il en fera tomber des milliers, mais il n’en sera pas plus fort.[112] 13Car le roi du Septentrion rassemblera de nouveau des troupes plus nombreuses que les premières et, au bout d’un certain nombre d’années, il se mettra en marche avec une grande armée et un train considérable.[113] 14En ces temps-là beaucoup de gens[114] s’élèveront contre le roi du Midi, et des hommes violents de ton peuple se lèveront pour accomplir la vision, et ils tomberont. 15Le roi du Septentrion viendra, il élèvera des terrasses et prendra une ville fortifiée[115] ; les bras du Midi ne tiendront pas, non plus que sa troupe d’élite ; il n’y aura pas de force pour résister. 16Celui qui aura marché contre lui fera ce qui lui plaira, et personne ne tiendra devant lui ; il s’arrêtera dans le glorieux pays[116], et la destruction sera dans sa main. 17Il se décidera à venir avec la force de tout son royaume et il fera un arrangement avec lui ; et il lui donnera une jeune fille pour amener sa ruine ; mais cela ne réussira pas, et ce royaume ne sera point à lui.[117] 18Puis il se tournera vers les îles et en prendra beaucoup ; mais un capitaine lui fera cesser son injure et, sans avoir reçu son injure, il la lui rendra.[118] 19Il se tournera vers les forteresses de son pays ; mais il trébuchera, il tombera, et on ne le trouvera plus.[119]

20Un autre[120] se tiendra à sa place, qui fera passer un exacteur dans le lieu qui est la gloire du royaume, et en quelques jours il sera brisé, et ce ne sera ni par la colère ni par la guerre.

21À sa place se tiendra un homme méprisé[121], à qui on n’aura pas donné la dignité royale ; il viendra sans bruit et s’emparera de la royauté par des intrigues.

22Les forces[122] de l’inondation seront submergées devant lui et seront brisées, et aussi le chef de l’alliance. 23Sans tenir compte de l’alliance conclue avec lui, il agira de ruse, il se mettra en marche et aura le dessus avec peu de gens.[123] 24Il viendra sans bruit dans les plus riches provinces du pays ; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères, il leur distribuera butin, dépouilles et richesses, et il formera des projets contre les forteresses, et cela jusqu’à un certain temps.

25Il excitera sa force et son courage contre le roi du Midi, à la tête d’une grande armée. Et le roi du Midi[124] s’engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très forte ; mais il ne tiendra pas, parce qu’on formera des complots contre lui. 26Ceux qui mangent les mets de sa table le briseront, son armée se dissipera, et beaucoup d’hommes tomberont frappés de mort.[125] 27Les deux rois chercheront dans leur cœur à se nuire[126], et, à une même table, ils se diront des mensonges ; mais cela ne réussira pas, car la fin ne viendra qu’au temps marqué. 28Il retournera dans son pays avec de grandes richesses ; son cœur médite le mal contre l’alliance sainte[127], et il le fait, et il rentre dans son pays.

29Au temps marqué, il arrivera de nouveau dans le Midi ; mais cette dernière campagne ne sera pas comme la première[128]. 30Des navires de Céthim[129] viendront contre lui et il perdra courage ; il s’en retournera et il s’irritera contre l’alliance sainte ; et il agira, et il s’entendra encore une fois avec ceux qui auront abandonné l’alliance. 31Des troupes envoyées par lui se tiendront  ; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse ; elles feront cesser le sacrifice perpétuel et dresseront l’abomination du dévastateur[130]. 32Par des flatteries, il gagnera à l’idolâtrie les violateurs de l’alliance ; mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu tiendra ferme et agira[131]. 33Ceux qui sont intelligents parmi le peuple instruiront la multitude ; mais ils tomberont par l’épée et la flamme, par la captivité et le pillage, un certain temps[132]. 34Pendant qu’ils tomberont ainsi, ils seront secourus d’un léger secours[133], et plusieurs se joindront à eux, mais avec hypocrisie. 35Et parmi ces intelligents, il y en a qui tomberont, afin qu’ils soient éprouvés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car on ne sera pas encore au terme fixé.[134]c

36Le roi fera ce qui lui plaira, il s’élèvera et se grandira au-dessus de tout dieu, et contre le Dieu des dieux il dira des choses prodigieuses ; et il prospérera, jusqu’à ce que la colère soit consommée ; car ce qui est décrété doit s’accomplir.[135] 37Il n’aura égard ni aux dieux de ses pères[136], ni à la divinité chère aux femmes ; il n’aura égard à aucun dieu ; car il se grandira au-dessus de tout. 38Mais il honorera le dieu des forteresses[137] en son lieu ; le dieu que n’ont pas connu ses pères, il l’honorera avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses et des joyaux. 39Il attaquera les remparts des forteresses avec le dieu étranger ; ceux qui le reconnaîtront, il les comblera d’honneurs, il les fera dominer sur la multitude et leur distribuera des terres en récompense.

40Au temps de la fin[138], le roi du Midi se heurtera avec lui. Le roi du Septentrion fondra sur lui, avec des chars et des cavaliers et de nombreux vaisseaux ; il s’avancera dans les terres et passera en débordant. 41Il entrera dans le glorieux pays, et beaucoup tomberont[139] sous ses coups, mais ceux-ci échapperont à sa main : Edom et Moab et la fleur des enfants d’Ammon. 42Il étendra la main sur les pays, et le pays d’Égypte n’échappera point. 43Il se rendra maître de tous les trésors d’or et d’argent et de toutes les choses précieuses de l’Égypte ; les Libyens et les Ethiopiens marcheront à sa suite. 44Mais des nouvelles[140] de l’orient et du septentrion viendront le troubler, et il partira avec une grande fureur pour détruire et exterminer une foule de gens. 45Il dressera les tentes de son palais entre les mers[141], vers la montagne sainte et glorieuse. Puis il arrivera à sa fin, et personne ne le secourra.

En ce temps-là se lèvera Michel, le grand chef, qui tient pour les enfants de ton peuple, et ce sera un temps de détresse telle qu’il n’y en a point eu de pareille, depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Et en ce temps-là, ton peuple sera sauvé, quiconque sera trouvé inscrit dans le livre.[142] 2Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière se réveilleront, les uns pour une vie éternelle, les autres pour les opprobres, pour la réprobation éternelle[143]. 3Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du firmament et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice seront comme les étoiles, éternellement et toujours.[144]

4Et toi, Daniel, serre les paroles et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Beaucoup le scruteront, et la connaissance s’accroîtra. »

5Moi, Daniel, je regardai et voici que deux autres hommes se tenaient debout, l’un sur une rive du fleuve, l’autre sur l’autre rive du fleuve.[145] 6L’un d’eux parla à l’homme vêtu de lin, qui était au-dessus des eaux du fleuve : « Jusqu’à quand le terme de ces choses merveilleuses ? » 7Et j’entendis l’homme vêtu de lin qui était au-dessus des eaux ; il leva vers le ciel sa main droite et sa main gauche[146], et il jura par celui qui vit éternellement que ce serait dans un temps, des temps et une moitié de temps, et que, quand on aurait achevé de briser la force du peuple saint, alors s’accompliront toutes ces choses. 8Et moi, j’entendis, mais sans comprendre, et je dis : « Mon seigneur, quelle sera la fin de ces choses ? »[147] 9Il dit : « Va, Daniel, car les paroles sont serrées et scellées jusqu’au temps de la fin. 10Il y en aura beaucoup qui seront purifiés, blanchis et éprouvés ; et les méchants feront le mal, et aucun méchant ne comprendra ; mais les intelligents comprendront.[148] 11Depuis le temps où sera interrompu le sacrifice perpétuel, et où sera dressée l’abomination du dévastateur, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.[149] 12Heureux celui qui attendra et arrivera jusqu’à mille trois cent trente-cinq jours ![150] 13Toi, va à ta fin et repose-toi ; tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours. »


Jusqu’ici[151] nous avons lu Daniel dans le texte Hébreu ; ce qui suit jusqu’à la fin du livre, a été traduit d’après l’édition de Théodotion.

PREMIER APPENDICE.
[XIII, 1-64.]
HISTOIRE DE SUSANNE.[152]

Susanne et les deux vieillards (xiv, 1-14). Attentat des deux vieillards, ils accusent Susanne (xiv 15-27). Jugement et condamnation de Susanne (xiv, 28-41). Prière de Susanne et intervention de Daniel (xiv, 42-49). Jugement et condamnation des deux vieillards (xiv, 50-62). Action de grâces, prestige de Daniel (xiv, 63, 64).

Il y avait un homme qui demeurait à Babylone, et son nom était Joakim. 2Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, d’une grande beauté et craignant Dieu ; 3car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse. 4Or Joakim était fort riche, et il avait un jardin près de sa maison, et les Juifs affluaient chez lui, parce qu’il était le plus honorable de tous.

5On avait établi juges cette année-là deux anciens d’entre le peuple, dont le Maître a dit : « L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui paraissaient régir le peuple. » 6Ils fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des différends se rendaient auprès d’eux. 7Vers le milieu du jour, lorsque le peuple s’était retiré, Susanne entrait dans le jardin de son mari et s’y promenait. 8Les deux vieillards la voyaient chaque jour y entrer et s’y promener, et ils conçurent pour elle une ardente passion. 9Ils pervertirent leur sens et détournèrent leurs yeux pour ne pas voir le ciel et ne pas se souvenir des justes jugements de Dieu. 10Ils étaient donc blessés d’amour pour elle, mais ils ne se communiquaient pas mutuellement leur souffrance, 11car ils avaient honte de révéler l’un à l’autre la passion qui leur faisait désirer d’être avec elle. 12Ils l’observaient chaque jour avec soin pour la voir, et ils se dirent l’un à l’autre : 13« Allons chez nous, c’est l’heure du dîner. « Et ils sortirent et se séparèrent. 14Mais étant revenus sur leurs pas, ils se rencontrèrent, et s’étant demandé le motif de leur retour, ils s’avouèrent leur passion ; puis ils convinrent entre eux du moment où ils pourraient la trouver seule.

15Comme ils épiaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra dans le jardin, comme elle l’avait fait la veille et l’avant-veille, sans autre compagnie que deux jeunes filles ; elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud. 16Il n’y avait là personne, sinon les deux vieillards, qui s’étaient cachés et qui l’épiaient. 17Elle dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de l’huile parfumée et des onguents, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. » 18Elles firent ce que Suzanne avait commandé et, ayant fermé la porte du jardin, elles sortirent par une porte de derrière, pour apporter ce qui leur avait été demandé ; elles ne savaient pas que les vieillards étaient cachés dans le jardin.

19Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent : 20« Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperçoit, et nous brûlons d’amour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous. 21Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. » 22Susanne soupira et dit : « De tous côtés l’angoisse m’environne. Si je fais cela, c’est la mort pour moi, et si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains. 23Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans avoir fait le mal que de pécher en présence du Seigneur. » 24Alors Susanne jeta un grand cri, et les deux vieillards crièrent aussi contre elle. 25Et l’un d’eux courut ouvrir les portes du jardin. 26Quand les serviteurs de la maison entendirent les cris poussés dans le jardin, ils se précipitèrent par la porte de derrière pour voir ce qu’il y avait. 27Lorsque les vieillards se furent expliqués, les serviteurs eurent grande honte, parce qu’on n’avait jamais dit chose semblable de Susanne.

28Le lendemain, le peuple s’étant rassemblé chez Joakim, mari de Susanne, les deux vieillards y vinrent aussi, tout remplis de pensées méchantes contre elle, afin de la faire périr. 29Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher Suzanne, fille d’Helcias, femme de Joakim. « Et on envoya aussitôt. 30Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches. 31Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté. 32Comme elle était voilée, les juges méchants commandèrent qu’on lui ôtât son voile, pour se rassasier de sa beauté. 33Mais tous les siens et tous ceux qui la connaissaient versaient des larmes. 34Les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête. 35Elle, en pleurant, regarda vers le ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur. 36Les vieillards dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, après avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles. 37Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle. 38Nous étions dans un coin du jardin; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie. 39Nous n’avons pu prendre le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé. 40Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. Voilà ce que nous attestons. » 41La foule les crut, parce que c’étaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.

42Alors Susanne s’écria à haute voix et dit : « Dieu éternel, qui connaissez ce qui est caché et qui savez toutes choses avant qu’elles n’arrivent, 43vous savez qu’ils ont rendu un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de ce qu’ils ont méchamment inventé contre moi. » 44Le Seigneur entendit sa voix. 45Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel. 46Il cria à haute voix : « Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! » 47Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : « Que signifie cette parole que tu dis-là ? » 48Daniel, se tenant au milieu d’eux, dit : « Êtes-vous donc insensés à ce point, enfants d’Israël, de faire mourir une fille d’Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ? 49Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »

50Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel : 51« Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse. » Daniel dit au peuple : « Séparez-les loin l’un de l’autre, et je les jugerai. » 52Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit : « Homme vieilli dans le crime[153], les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,

53toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste. 54Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenant ensemble. » Il répondit : « Sous un lentisque. »[154]

55Daniel dit : « Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin va te fendre par le milieu. » 56Après l’avoir renvoyé, il ordonna d’amener l’autre, et il lui dit : « Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d’une femme t’a séduit et la passion a perverti ton cœur. 57C’est ainsi que vous en agissiez avec les filles d’Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité. 58Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s’entretenant ensemble. » 59Il dit : « Sous un chêne.[155] » Daniel lui dit : « Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l’ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu[156], afin de vous faire mourir. »

60Alors toute l’assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui. 61Puis ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ; 62afin d’accomplir la loi de Moïse, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.[157] 63Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de déshonnête.[158] 64Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.


DEUXIÈME APPENDICE
[XIII, 65 — XIV, 42.]
BEL ET LE DRAGON.

1. Chap. xiii, 65—xiv, 21 : Bel.Daniel refuse d’adorer l’idole de Bel et s’en moque, (xiii, 65-xiv, 6). Le roi somme les prêtres de prouver que l’idole mange ce qu’on lui présente (xiv, 7, 8). Subterfuges des prêtres (xiv, 9-12), déjoués par Daniel (xiv, 13-19) ; ils sont mis à mort (xiv, 20, 21).

65Le roi Astyage ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse[159] reçut le royaume.

Or Daniel mangeait à la table du roi, et il était honoré plus que tous ses autres amis.[160]

2Il y avait chez les Babyloniens une idole nommée Bel ; on dépensait chaque jour pour elle douze artabes de farine, quarante brebis et six métrètes de vin. 3Le roi[161] aussi la vénérait, et il allait chaque jour l’adorer ; mais Daniel adorait son Dieu. 4Le roi lui dit : « Pourquoi n’adores-tu pas Bel ? » Il lui répondit : « Parce que je ne vénère pas des idoles faites de main d’homme, mais le Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre et qui a puissance sur toute chair. » 5Le roi lui dit : « Est-ce que Bel ne te semble pas un être vivant ? Ne vois-tu pas tout ce qu’il mange et boit chaque jour ? » 6Daniel répondit en souriant : « Ne t’y trompes pas, ô roi ; car il est de boue en dedans et d’airain à l’extérieur, et il n’a jamais rien mangé. » 7Le roi irrité appela les prêtres de Bel et leur dit : « Si vous ne me dites pas qui est celui qui mange ces offrandes, vous mourrez ; 8mais si vous me démontrez que c’est Bel qui les mange, Daniel mourra, parce qu’il a blasphémé contre Bel. »

9Or il y avait soixante-dix prêtres de Bel, sans compter leurs femmes et leurs enfants. Et le roi se rendit avec Daniel au temple de Bel. 10Les prêtres de Bel dirent : « Voici que nous allons sortir ; toi, ô roi, fais placer les mets et apporter le vin, après l’avoir mélangé[162] ; puis ferme la porte, et scelle-la avec ton anneau. 11Et quand tu entreras demain matin, si tu ne trouves pas que tout a été mangé par Bel, nous mourrons ; ou bien ce sera Daniel, qui a menti contre tous. » 12Ils songeaient qu’ils avaient fait sous la table une ouverture secrète, par laquelle ils s’introduisaient toujours et venaient consommer les offrandes.

13Lorsqu’ils furent sortis et que le roi eut fait mettre les aliments devant Bel, Daniel commanda à ses serviteurs d’apporter de la cendre, et il la répandirent par tout le temple en présence du roi seul ; puis ils sortirent, fermèrent la porte en la scellant avec l’anneau du roi, et s’en allèrent. 14Pendant la nuit, les prêtres entrèrent selon leur coutume avec leurs femmes et leurs enfants, et ils mangèrent et burent tout ce qui était là.

15Le roi se leva dès le point du jour, et Daniel avec lui. 16Le roi dit : « Les sceaux sont-ils intacts, Daniel ? » Celui-ci répondit : « Ils sont intacts, ô roi. » 17Dès qu’il eut ouvert la porte et regardé la table, le roi s’écria à haute voix : « Tu es grand, ô Bel, et il n’y a pas la moindre tromperie en toi. » 18Daniel se prit à rire et, retenant le roi pour qu’il n’entrât pas plus avant, il lui dit : « Regarde le pavé, considère de qui sont ces pas. » 19Le roi dit : « je vois des pas d’hommes, de femmes et d’enfants ; » et le roi entra dans une grande colère. 20Alors il fit saisir les prêtres, leurs femmes et leurs enfants, et ils lui montrèrent les portes secrètes par où ils s’introduisaient et venaient manger ce qui était sur la table. 21Il les fit mettre à mort et livra Bel au pouvoir de Daniel, qui le détruisit ainsi que son temple.

2. Chap. xiv, 22-42 : Le dragon.Le dragon sacré ; avec la permission du roi, Daniel le tue (xiv, 22-26). Colère du peuple ; Daniel dans la fosse aux lions (xiv, 27-31). Dieu protège son serviteur (xiv, 32-38). Le roi glorifie le Dieu de Daniel (xiv, 39-42).

22Il y avait aussi un grand dragon, et les Babyloniens le vénéraient. 23Le roi dit à Daniel : « Diras-tu encore que celui-ci est d’airain ? Vois, il vit, il mange et boit. Maintenant, tu ne pourras pas dire que ce n’est pas un dieu vivant. » 24Daniel répondit : « J’adore le Seigneur, mon Dieu, car lui est un Dieu vivant ; mais celui-ci n’est point un dieu vivant[163]. 25Toi, ô roi, donne-moi la permission, et je tuerai ce dragon sans épée ni bâton. » 26Le roi dit : « Je te la donne. » Alors Daniel prit de la poix, de la graisse et des poils, fit bouillir le tout ensemble et en fit des boules qu’il jeta dans la gueule du dragon. Et le dragon creva. Et il dit : « Voilà celui que vous vénériez ! »

27Les Babyloniens, l’ayant appris, furent saisis d’une vive indignation ; ils se rassemblèrent contre le roi et dirent : « Le roi est devenu juif ; il a détruit Bel, fait mourir le dragon et massacrer les prêtres. » 28Ils vinrent donc trouver le roi et lui dirent : « Livre-nous Daniel ; sinon, nous te ferons mourir, toi et ta maison. » 29Le roi vit qu’ils se jetaient sur lui avec violence ; cédant à la nécessité, il leur livra Daniel. 30Ils le jetèrent dans la fosse aux lions, et il y demeura six jours. 31Dans la fosse, il y avait sept lions, et on leur donnait chaque jour deux corps et deux brebis ; mais alors on ne leur donna pas cette pâture, afin qu’ils dévorassent Daniel.

32Or le prophète Habacuc[164] était en Judée ; après avoir fait cuire une bouillie et émietté du pain dans un vase, il allait aux champs le porter à ses moissonneurs. 33L’ange du Seigneur dit à Habacuc : « Porte le repas que tu tiens à Babylone, à Daniel, qui est dans la fosse aux lions. » 34Habacuc dit : « Seigneur, je n’ai jamais vu Babylone, et je ne connais pas la fosse. » 35Alors l’ange le prit par le haut de la tête, le porta, par les cheveux de sa tête, et le déposa à Babylone, au-dessus de la fosse, avec toute l’agilité de sa nature spirituelle. 36Et Habacuc cria : « Daniel, serviteur de Dieu, prends le repas que Dieu t’envoie. » 37Daniel répondit : « Vous vous êtes, en effet, souvenu de moi, ô Dieu, et vous n’avez pas abandonné ceux qui vous aiment. » 38Et Daniel se leva et mangea. Et l’ange du Seigneur remit aussitôt Habacuc en son lieu.

39Le septième jour, le roi vint pour pleurer Daniel ; étant venu vers la fosse, il regarda, et voici que Daniel était assis au milieu des lions. 40Il cria à haute voix et dit : « Vous êtes grand, Seigneur, Dieu de Daniel, et il n’y en a point d’autre que vous ! » Et il le retira de la fosse aux lions. 41Puis il fit jeter dans la fosse ceux qui avaient voulu le perdre, et ils furent dévorés sous ses yeux, en un instant. 42Alors le roi dit : « Que tous les habitants de la terre entière craignent le Dieu de Daniel, car c’est lui qui est le Sauveur, qui fait des signes et des prodiges sur la terre, lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions ! »[165]

  1. I, 1. Roi de Babylone. Nabuchodonosor n’était encore à cette époque que prince héréditaire et co-régent de son père Nabopolassar ; l’auteur le désigne par le titre sous lequel il est connu dans l’histoire. — Vint contre : le point de départ de l’expédition est assigné à la troisième année de Joakim, mais la prise de Jérusalem n’eut lieu que l’année suivante (Jér. xlvi, 2). C’est de la quatrième année du règne de Joakim que datent les soixante-dix années de la captivité.
  2. 2. Le Seigneur livra entre ses mains : Dieu se servit de Babylone pour punir Jérusalem infidèle. — Joakim : d’après II Par. xxxvi, 6, Nabuchodonosor le fit enchaîner pour l’emmener à Babylone. Si le roi de Juda y fut conduit, il en revint bientôt après ; mais, d’après II Rois, xxiv, 1, il est plus probable que Nabuchodonosor le laissa gouverner la Judée en qualité de roi tributaire. D’après II Rois, xxiii, 36, il régna onze ans ; et Jérémie xxii, 18 sv. prédit qu’il mourra à Jérusalem.
  3. 3-4. Chef de ses eunuques : ce dernier nom était donné dans l’antiquité (Gen. xxxvii, 36) à tous les officiers de la cour attachés au service du prince ; Asphenez était donc le grand officier du palais. — D’amener des jeunes gens, probablement de quatorze à quinze ans, non comme prisonniers ni comme otages, mais destinés à occuper un emploi à la cour. — Doués de toutes sortes de talents ; m. à m., habiles en toute sagesse. — La littérature et la langue des Chaldéens, non seulement la langue et l’écriture en usage à Babylone au temps de Nabuchodonosor, mais surtout les livres sacrés des Babyloniens, désignés ici d’une manière générale par le mot Chaldéens (hébr. Kasdîm), les formules magiques, les règles pour l’interprétation des songes, les observations d’astronomie et de météorologie ; ils étaient rédigés dans une langue, ou au moins dans une écriture, plus ancienne et différente de celles destinées à l’usage ordinaire.
  4. 7. Des noms nouveaux, correspondant à leur nouvelle position, noms babyloniens pour la langue et païens pour le sens. — Baltassar, hébr. Beltsch’atsar, babyl. Balatsu-utsur, c.-à-d. que Bel protège sa vie. — Sidrac et Misac : non expliqués jusqu’ici. — Abdénago, hébr ’Abed-Nego, c.-à-d. serviteur de Nego ou Nebo, divinité babylonenne (Is. xlvi, 1).
  5. 10. Vous mettriez en danger litt., vous rendriez coupable.
  6. 11. Au maître d’hôtel, hébr. au meltsar, dont la Vulg. a fait un nom propre, mais qui est le nom appellatif d’une fonction comme Thartan (Is. xxi, 1). Rabsacès (Is. xxxvi, 2), etc.
  7. 13. Tu regarderas litt., seront vus ou se feront voir devant toi.
  8. 14. Il consentit à leur demande ; m. à m., il les écouta pour cette affaire.
  9. 19. Ils furent donc admis au service du roi : m. à m., ils se tinrent devant le roi.
  10. II, 1. La seconde année. Cette indication chronologique offre quelque difficulté. En effet, dès ce moment Daniel et ses compagnons nous apparaissent classés parmi les sages (ii, 13-49). Or leur admission dans cette classe (i, 18 sv.) fut précédée d’une éducation préparatoire de trois années (i, 5). Ces raisons ont porté plusieurs exégètes à admettre dans notre texte une erreur de copiste. Au lieu de seconde, il faudrait lire douzième année. D’autres maintiennent le chiffre du texte actuel : la seconde année serait en réalité la troisième. L’auteur sacré aurait suivi l’usage babylonien, d’après lequel l’année d’accession au trône ne compte pas. — Nabuchodonosor eut des songes. Les Chaldéens attachaient aux songes une importance extrême, un sens prophétique.
  11. 2. Les lettrés, en hébr. chartummîm, les scribes sacrés d’Hérodote, dont la fonction était de transcrire et d’interpréter les livres de magie. — Les Chaldéens, prêtres issus de la race la plus ancienne du pays ; ils formaient la classe la plus considérée parmi les différentes catégories de sages babyloniens (Hérod, i, 171). Une cinquième classe, celle des astrologues, qui annonçaient l’avenir d’après le mouvement des astres, est nommée plus loin (vers. 27).
  12. 3. À connaître ce songe. D’après saint Jérôme, le roi ne se souvenait plus que très vaguement du rêve mystérieux qui l’avait tourmenté. Il demande aux mages de le lui reconstituer.
  13. 8. De ne pas se souiller etc. C’était un usage chez les païens de donner à leurs repas un caractère religieux en offrant à leurs dieux une partie des viandes et du vin qu’on servait sur leur table : comp. I Cor. x, 20. D’ailleurs, parmi ces viandes, il pouvait s’en trouver de proscrites par la loi (Lév. xi ; xx, 25), ou apprêtées contrairement à ses préceptes (Lév. vii, 27).
  14. 4. La langue araméenne, ou syriaque (hébr. ’aramith), parlée en Syrie et répandue dans toute l’Asie occidentale, différait de la langue assyro-babylonienne en usage à Babylone. Mais les sages de la cour devaient la connaître, et ils auraient pu, pour une raison que nous ignorons, s’adresser au roi en araméen. Toutefois il n’est guère vraisemblable qu’ils l’aient fait ; et comme c’est précisément après les mots, en langue araméenne, que le récit passe de la langue hébraïque au dialecte araméen (jusqu’à la fin du chap, vii), la plupart des interprètes regardent ces mots comme une note de copiste avertissant le lecteur de ce brusque changement d’idiome.
  15. 6. Si vous me faites connaître, litt., si tous me montrez, et de même en nombre d’autres endroits.
  16. 9. C’est que vous n’avez qu’une pensée. D’autre, une même sentence sera la vôtre, vous frappera tous.
  17. 10. Ce que le roi demande ; litt., la chose du roi.
  18. 11. Parmi les mortels, litt., avec la chair.
  19. 28. De ton esprit ; litt., de ta tête.
  20. 34. Non par une main, sans l’action d’une main d’homme.
  21. 37, 38. La statue tout entière représente la puissance du monde considérée au point de vue de son opposition au royaume de Dieu, et comme une dans les différentes phases de son développement historique. La tête d’or figure la monarchie babylonienne personnifiée dans Nabuchodonosor, son plus illustre représentant ; c’est aussi la première bête du chap. vii (vers. 4), le lion aux ailes d’aigle.
  22. 39. Un autre royaume, l’empire des Mèdes, et des Perses, que l’ours figure au chap, vii (vers. 5). — Un troisième royaume, fondé par Alexandre le Grand, qui ajouta la domination de l’Orient à celle des Grecs ; il a pour emblème, au chap. vii (vers. 6), le léopard. — Selon d’autres commentateurs le deuxième royaume serait celui des Mèdes, le troisième celui des Perses.
  23. 40. Un quatrième royaume ; selon beaucoup de commentateurs, l’empire romain. Les jambes de fer qui lui sont attribuées vers. 33, se rapportent sans doute à la première période de son histoire, période de force irrésistible ; dans la seconde période, celle du fer uni à l’argile, à la force se joindra la faiblesse. Selon d’autres (Dom Calmet, etc.), il s’agirait des royaumes d’Égypte et de Syrie qui, par des mariages (semence d’hommes, vers. 43), essayèrent de s’allier et de devenir forts. Ceux qui identifient le troisième royaume avec les Perses disent que, dans la quatrième image, l’empire d’Alexandre est successivement considéré dans son unité et dans sa division.
  24. 45. Une pierre détachée, emblème du Messie, descendu du ciel. — À brisé le 1er etc., la puissance du monde en tant qu’opposée à Dieu, et représentée par les monarchies païennes.
  25. 49. Et Daniel demeura à la cour ; m. à m., et Daniel demeura à la porte du roi.
  26. III, i sv. L’événement raconté dans ce chapitre est postérieur à celui du chap. ii, auquel il est fait, plusieurs fois allusion : comp. iii, 12, 30, avec ii, 49. Suivant les LXX, Théodotion et le syriaque, il a eu lieu pendant la dix-huitième année de Nabuchodonosor, qui est celle de la prise de Jérusalem. (Jér. iii, 29.) — Soixante coudées, environ 31 m. 50. — La plaine de Dura, à une heure au sud-est de Babylone.
  27. 5. Chalumeau, la flûte de Pan ; ou bien fifre. — Sambuque, probablement une harpe de grande dimension. — Psaltérion, harpe plus petite.
  28. 8. S’approchèrent pour dire du mal des Juifs : m. à m., s’approchèrent et mangèrent les morceaux des Juifs. Locution araméenne pour exprimer les fausses accusations, la calomnie.
  29. 15. Le roi n’achève pas sa phrase ; sous-entendu : vous échapperez au supplice. Cette susposion n’existe pas dans la Vulg., qui traduit prosternez-vous et adorez etc.
  30. 23. Ce qui suit etc. : Dans cette note, complétée par celle qui vient après le vers. 90, S. Jérôme fait observer qu’il n’a pas traduit ce fragment deutérocanonique (vers. 24-90), mais qu’il l’a emprunté à l’antique version faite sur le grec de Théodotion.
  31. 32. Apostats : ou bien, dans un sens moins rigoureux, rebelles. — Du roi le plus méchant. Azarias pouvait parler ainsi du roi qui avait fait brûler Jérusalem et le temple, massacrer ses plus illustres compatriotes, crever les yeux au roi Sédécias, déporter tout un peuple, et qui l’avait fait jeter lui-même dans la fournaise ardente.
  32. 40. Et de notre soumission envers vous. Texte douteux.
  33. 43. Délivrez-nous: nous, non pas Azarias et ses compagnons, de la fournaise ardente ; mais tout votre peuple, de la captivité.
  34. 52. Et exalté n’est pas dans le grec.
  35. 54. Dans le grec, ce vers est après le vers. 55. 57. Œuvres du Seigneur : elles sont ensuite énumérées en commençant par les plus élevées (anges, astres, créatures et phénomènes atmosphériques), pour arriver à la terre et aux êtres qui l’habitent, et terminer par l’homme.
  36. 86. Esprits et âmes des justes, c.-à-d. justes.
  37. 91-100 correspond à 24-33 de l’hébreu.
  38. 98 sv. Le fait rapporté dans ce morceau appartient sans doute aux dernières années du règne de Nabuchodonosor, parvenu à l’apogée de sa puissance. C’est le roi païen lui-même qui nous en donne le récit sous la forme d’une proclamation officielle adressée à tous les peuples de son empire.
  39. IV, 5. D’après le nom de mon dieu, Bel : si, dans le nom chaldéen de Daniel, Balatsu-utsur, le mot Bel n’est pas exprimé, mais sous-entendu, c’est peut-être à cause de l’assonance avec la première syllabe bal.
  40. 10. Un veillant, un saint : expression employée en ce seul endroit de la Bible, mais qui figure souvent dans le livre apocryphe d’Henoch, pour désigner les anges de Dieu.
  41. 13. Que son cœur ne soit plus un cœur d’homme ; m. à m., que son cœur soit changé pour n’être plus un cœur d’homme. — Sept temps, sept périodes d’égale durée, années, mois ou semaines. Chez les Babyloniens comme chez les Hébreux, le nombre 7 avait un caractère sacré.
  42. 14. Cette affaire ; litt., cette demande.
  43. 16. Quelque temps ; litt., comme une heure. — Interdit, par la crainte de faire connaître la signification menaçante du songe.
  44. 22. La maladie dont il est question paraît être une espèce de démence, connue sous le nom de lycanthropie. Celui qui en est atteint se croit changé en un animal quelconque, et il en imite les cris, les mœurs, les attitudes. Les termes employés ici et vers. 32 indiquent que Nabuchodonosor se croyait métamorphosé en bœuf.
  45. 33. Et ma puissance s’accrut encore ; m. à m., et une puissance supérieure me fut ajoutée.
  46. V, 1. Le roi Baltasar, en hébreu Belshazzar (assyrien, Bel-shar-utsur : Bel, protège le roi !). Des inscriptions récemment découvertes nous apprennent que Nabonide avait un fils nommé Baltasar ; que la dix-septième année, tandis que Nabonide commandait l’armée à Sépharvaïm, au nord du royaume, où il fut vaincu par Cyrus et fait prisonnier, son fils Baltasar, déjà associé au trône par son père, ou au moins investi de la vice-royauté de Babylone, résidait dans cette capitale.
  47. 2. Nabuchodonosor, son père, sans doute son ancêtre, dans le langage biblique.
  48. 5. La chaux, espèce de stuc uni, formé de chaux et de plâtre, appliqué sur les briques, et peut-être orné ça et là de peinture.
  49. 6. Changea de couleur ; m. à m., ses couleurs changèrent sur lui. — De ses reins, considérés dans la sainte Écriture comme le siège de la force.
  50. 25. Mené, c.-à-d. compté : le mot est répété dans l’original pour indiquer que le compte est bien réglé, qu’il n’y a pas à y revenir. — Theqel, c.-à-d. pesé, avec allusion à la forme niphal ( ?) de qalal, être léger. — Oupharsin, en lat. et dividentes les Mèdes et les Perses sont divisant ton royaume, c.-à-d. le séparant de toi pour se l’approprier. Ce dernier mot pharsin renferme une allusion évidente à paras, Perse. Telle est l’explication grammaticale communément acceptée de ces trois mots mystérieux. Récemment M. Clermont-Ganneau en a proposé une autre. Ce seraient les noms de poids : la mine, le sicle (schêqel), et la demi-mine. Sur une demi-mine assyrienne le célèbre explorateur a trouvé gravé le mot Perès.
  51. VI, 1. Dans la Vulgate, ce verset est rattaché au chapitre précédent, en sorte que dans tout le chapitre vi, la Vulg. est en retard d’un verset sur l’araméen. — Darius le Mède. Quel est ce personnage ? La question est fort controversée. Les uns l’identifient avec le Cyaxare II de Xénophon, fils d’Astyage et roi des Mèdes. Suzerain et oncle de Cyrus, mais voluptueux et indolent, Cyaxare n’avait pris aucune part effective à la guerre contre Babylone ; Cyrus voulut néanmoins, pour flatter la nation des Mèdes, lui donner le gouvernement de sa nouvelle conquête. Selon d’autres, ce Darius serait le Mède Gobryas (Ugbaru dans les inscriptions), lieutenant de Cyrus dans la campagne de Chaldée, et établi par lui vice-roi ou simplement gouverneur de Babylone après la prise de cette ville. Voy. Hérod. iii, 70, 73, 78 ; iv, 132, 134.
  52. 8. Tous les ministres : exagération mensongère. — Si ce n’est à toi : d’après les auteurs anciens, les Perses considéraient le roi comme fils et image des dieux, et même comme dieu.
  53. 9. Le conseil des grands ne pouvait aboutir qu’à suggérer au roi de porter le décret ou à le lui préparer.
  54. 11. Trois fois far jour : la tradition rabbinique attribue cette coutume à la grande Synagogue dont l’existence est postérieure Comp. Ps. iv, 13. D’autres textes nomment comme heures spécialement consacrées à la prière la troisième, la sixième et la neuvième. Comp. Act. iii, 2 ; x, 9. C’était aussi vers la troisième et la neuvième heure que l’on devait offrir dans le temple le sacrifice perpétuel. Nombr. xxviii, 4 sv. Comp. Dan. ix, 21 ; I Esdr. ix, 5 ; Ps. cxli, 2.
  55. VII, 1. La première année, vers l’an 540 av. J—C ; car Baltasar, qui fut tué en 538, n’avait rempli les fonctions de vice-roi que pendant un petit nombre d’années.
  56. 2. La grande mer agitée par les quatre vents symbolise le monde païen et ses agitations.
  57. 3. Quatre bêtes : comp. Apoc. xiii, 1. Les prophètes représentent souvent les nations sous l’emblème d’animaux, réels ou fantastiques : voy. Is. xxvii, 1 ; li, 9 ; Ezéch. xxix, 3 ; xxxii, 2. Comp. Ps. lxviii, 31 ; lxxiv, 13.
  58. 4. La première, un lion, avec des ailes d’aigle, symbole de force et d’agilité, symbolise le premier empire, la monarchie babylonienne. Comp. Jér. iv, 7, 13 ; xlix, 19 sv. ; Ezéch. xvii, 3 ; Hab. i, 8 ; etc. Ces emblèmes correspondent à la tête d’or de la statue du ch. ii, 32. Ses ailes furent arrachées etc. Ces traits se rapportent aux dernières années de l’empire babylonien, affaibli et tombant sous les coups des Médo-Perses ; ce n’est plus le lion vigoureux, ni l’aigle rapide mais l’homme faible et mortel, incapable de se défendre contre la deuxième bête. Selon d’autres, ces images feraient allusion au châtiment de Nabuchodonosor, lorsque ce roi fut pour un temps réduit à l’état de brute, puis redevint homme, après avoir reconnu la souveraineté du Dieu d’Israël.
  59. 5. Un ours, symbolise la seconde monarchie, l’empire médo-perse, figuré par la poitrine et les bras d’argent de la statue (ii. 32. 39). — Elle dressait un de ses côtés (Vulg., elle se tint à côté du lion), une de ses jambes pour l’attaque. — Trois côtes, emblème des vastes conquêtes de l’empire médo-perse du côté de l’occident, du côté du septentrion et du côté du midi ; ou bien figure des trois principales conquêtes de Cyrus, savoir la Babylonie, la Lydie et l’Égypte. — Pour un certain nombre d’exégètes modernes, le second empire, c’est la Médie seule.
  60. 6. Un léopard, symbolise la troisième monarchie, l’empire macédonien et les rapides conquêtes d’Alexandre le Grand (comp. viii, 21), et il correspond au ventre et aux cuisses d’airain de la statue du chap, ii 32, 39. — Sur son dos quatre ailes,… quatre têtes : ce sont les quatre monarchies (xi, 4) dans lesquelles l’empire grec, qu’Alexandre n’avait pas eu le temps d’organiser, se divisa, ou plutôt se réalisa (comp. viii, 8-22). Ces quatre Etats sont la Macédoine, la Thrace, la Syrie et l’Égypte. D’autres commentateurs voient dans le léopard le symbole de la monarchie perse ; les quatre têtes figureraient quatre rois persans (sur neuf) que l’auteur aurait connus.
  61. 7. Une quatrième bête, symbole de la quatrième monarchie universelle, de l’empire romain, caractérisé par le fer, comme dans la statue du chapitre ii, 33-40. — Dix cornes (comp. Apoc. xvii, 7, 12) c. — à-d. dix rois (vers. 24), en prenant ce mot dans le sens de royaumes, qu’il a souvent (ii, 44) ; elles correspondent aux dix orteils de la statue (ii, 33, 41) Elles signifient la multitude d’Etats auxquels donna naissance la dissolution de l’empire romain.
  62. 8. Une petite corne : puissance de peu d’apparence, mais dans laquelle semblent se concentrer toute la force de la quatrième bête et son hostilité contre Dieu. — Les trois cornes arrachées par elle (litt. de devant elle), signifient probablement que plusieurs des États sortis de la quatrième monarchie se soumettront à la petite corne et accroîtront ainsi son pouvoir. — Des yeux d’homme, une bouche, semblent indiquer que cette puissance hostile à Dieu se personnifiera dans un individu habile et clairvoyant. L’interprétation traditionnelle l’identifie avec l’Antéchrist, dont l’apparition doit précéder le glorieux avènement du Messie (II Thess. i, 10). — D’autres interprètes voient dans le quatrième animal l’empire gréco-macédonien et le royaume de Syrie (ceux qui identifient le troisième animal avec l’empire macédonien voient dans le quatrième le royaume de Syrie traité à part). Les dix cornes sont les trois généraux et les sept rois qui précédèrent Antiochus Epiphane, identifié avec la petite corne comme au chap. viii. Dom Calmet a soutenu cette opinion.
  63. 9. Des trônes furent placés, litt. jetés du ciel ; ce n’est ni dans le ciel ni sur la terre, mais entre ciel et terre que le jugement paraît se passer. — Un vieillard, litt. un avancé de jours, le Dieu éternel (comp. I Tim, i, 17 ; Apoc. i, 14-17), représenté sous les traits d’un vieillard. — S’assit pour juger, entouré d’autres juges, ses assesseurs, appelés plus loin les saints du Très-Haut, c.-à-d. les esprits célestes.
  64. 10. Le juge s’assit, litt. judicium sedit, que plusieurs traduisent, le tribunal, celui qui préside et ses assesseurs ; d’autres, avec plus de raison peut-être, il s’assit pour jugerDes livres, où toutes les actions des hommes sont écrites.
  65. 13. Un fils d’homme. La tradition a vu dans ce Fils d’homme le Messie ; lui-même, sans doute par allusion à ce passage, s’est attribué spécialement le titre de Fils de l’homme ; Matth. viii, 20 ; xxiv, 30 et surtout xxvi, 64.
  66. 14. Dans ce tableau, comme souvent dans les tableaux prophétiques, la première venue du Sauveur pour l’établissement du royaume messianique se confond avec sa seconde venue pour la consommation de ce règne.
  67. 15. Au dedans de moi ; litt., dans sa gaine.
  68. 18. Les saints, tout le peuple théocratique. Le Messie n’est pas séparé de son peuple ; tous ses sujets nous apparaissent associés à sa royauté et partageant sa gloire.
  69. 25. Les temps et la loi, les observances religieuses et les ordonnances de la Loi. — Un temps, des (deux) temps, une moitié de temps : c.-à-d. trois temps et demi, la moitié du chiffre sept, qui représente une totalité complète. Une persécution de trois ans et demi est une calamité dont l’auteur ne réussira qu’à moitié dans ses projets, et que la main de Dieu arrêtera tout à coup au milieu de son cours. — D’autres exégètes appliquent ces chiffres à la persécution d’Antiochus qui dura environ trois ans et demi, depuis la mission d’Apollonius à Jérusalem (Juin 168) jusqu’à la nouvelle dédicace du Temple (Décembre 165).
  70. 26. Et le jugement se tiendra ; litt., s’assiéra. Ce qui a été traduit, vers. 10b, le juge s’assit.
  71. VIII, 1. La vision relatée dans ce chap. se rattache étroitement à la vision du chap. précédent, qu’elle développe et éclaire : entre les deux se place un intervalle de deux ans à peu près. — À partir de ce chap, jusqu’à la fin de la partie protocanonique, l’hébreu remplace le chaldéen.
  72. 3. Un bélier, la puissance médo-perse. — La corne la plus haute représentait les Perses qui, après avoir été longtemps subordonnés aux Mèdes, acquirent la prépondérance.
  73. 4. Heurtant de ses cornes etc. Ces trois attaques correspondent aux trois côtes dans la gueule de l’ours, au chap, vii, 5. Les Perses conquirent à l’occident la Babylonie et la Lydie, au nord l’Arménie et la Bactriane, au midi la Syrie et l’Égypte.
  74. 5. Un jeune bouc, la puissance grecque (vers. 21), représentée par Alexandre le Grand, franchissant comme au vol toute l’étendue de pays qui sépare la Grèce de la Perse. Comp. les quatre ailes du léopard, vii, 6.
  75. 8. Mort subite d’Alexandre le Grand au milieu de ses conquêtes, et partage de son empire en quatre monarchies (301 av. J. C.). — Et je vis etc. ; m. à m., et montèrent (?) une vision de quatre à sa place.
  76. 9. Une corne, petite. Antiochus Epiphane, le premier roi païen qui entreprit, non plus seulement de conquérir le pays d’Israël, mais d’y abolir le culte de Yahweh. — Vers le midi etc. : allusion aux expéditions d’Antiochus en Égypte, en Babylonie et en Perse (171-168 av. J.-C.). — Le glorieux pays, litt. le joyau, la terre d’Israël.
  77. 10. L’armée des cieux : jusqu’aux astres, jusqu’au ciel.
  78. 11. Jusqu’au chef de l’armée des Saints, jusqu’à Dieu lui-même. — Le culte perpétuel, toutes les cérémonies journalières du culte lévitique, (comp. Exod. xxix, 38 ; Nombr. iv, 7 ; xxviii, 6 sv.). Comp. pour l’accomplissement I Mach. i, 45 sv.
  79. 13. Un saint, un des anges signalés vii, 10. — Le péché de désolation, l’impiété d’Antiochus profanant le temple et désolant le peuple d’Israël en l’empêchant d’observer la loi. — Ce verset présente plusieurs difficultés et incertitudes de traduction.
  80. 14. Il me dit ; anciennes versions, il lui dit. — Soir et matin, expression diversement interprétée. Plusieurs la rapportent aux deux temps du sacrifice quotidien, savoir l’holocauste du soir et celui du matin ; 2.300 de ces holocaustes cesseront d’être offerts ; après quoi, le temple étant purifié (litt. sanctifié), ils reprendront leur cours régulier. Cette interprétation diminue de moitié le chiffre de 2300 et l’on arrive à 1130 jours ou 3 ans, 2 mois et 10 jours : on obtient ainsi à peu près le temps que dura la suppression de l’holocauste journalier d’après I Mach. i, 53 et iv, 51, 52.
  81. 21. Le roi, le royaume de Javan, la monarchie grecque : sous cette désignation, les anciens peuples orientaux comprenaient tous les royaumes et tous les peuples helléniques. — Le premier roi, Alexandre le Grand.
  82. 23. Des infidèles, les prévaricateurs : soit les Israélites apostats, soit les païens, oppresseurs du peuple de Dieu. La suite des événements favorise la première interprétation.
  83. 24. Non par sa propre force, mais par un concours de circonstances que Dieu amènera pour l’accomplissement de ses desseins.
  84. 25. Le prince des princes, Dieu.
  85. IX, 1. La première année, l’an 538, au moment où Daniel venait de voir tomber l’empire chaldéen, et celui des Médo-Perses s’élever sur ses ruines.
  86. 2. Les livres des prophètes antérieurs et particulièrement celui de Jérémie, qui assignait à la dévastation de Jérusalem une période de soixante-dix ans (Jér. xxv, n sv. ; xxix, 10. Comp. II Par. xxxvi, 21 ; I Esdr. i, 1). Cette période, qui avait commencé l’an 606, lors de la première arrivée de Nabuchodonosor à Jérusalem, approchait de son terme. Daniel, dans une attente pleine d’angoisse, supplie le Seigneur d’accomplir ses promesses.
  87. 16. À tous ceux qui nous entourent ; litt., à tout ce qui est autour de nous.
  88. 21. S’approcha (litt., me toucha) de moi d’un vol rapide : Daniel semble donner à l’ange des ailes (comp. Is. vi, 2; Ezéch. i, 6) Membre de phrase difficile dont la signification est incertaine. D’autres : que j’avais vu lorsque j’étais affaissé, voy. viii, 17. — Vers le temps de l’oblation qui accompagnait l’holocauste, c.-à-d. vers le temps du sacrifice du soir, un peu avant le coucher du soleil (Nombr. xxviii, 4).
  89. 23. Un homme favorisé, litt. un homme de désirs, c.-à-d. désiré, aimé de Dieu et l’objet de ses faveurs.
  90. 24. La tradition de l’Église chrétienne a entendu ce verset de l’œuvre accomplie dans le monde par la venue de Jésus-Christ. — Soixante-dix semaines (litt. septaines) d’années (comp. 25 et 27), soixante-dix périodes de sept ans, comme celles de Lév. xxv, 8. — Déterminées, fixées par un décret divin. — Pour enfermer la prévarication, pour la rendre désormais impuissante au sein du peuple de Dieu, ou simplement y mettre fin par une souveraine expiation ; Théodotion et Vulg., pour consommer. — Sceller les péchés, les tenir comme sous le sceau, de manière qu’ils ne puissent plus se montrer. Vulg., pour que le péché prenne fin, soit expié et pardonné. — La justice éternelle, la sainteté propre au royaume du Messie. — Pour sceller vision et prophète. D’autres, avec la Vulg., pour que soient accomplies la vision et la prophétie. — Le, ou un Saint des saints, c.-à-d. une chose ou une personne très sainte (I Par. xxiii, 13 ; Luc. i, 35), le Christ lui-même.
  91. 25. D’une parole, d’un décret ou édit royal. Cet édit paraît être celui qu’Artaxercès I Longuemain rendit la vingtième année de son règne (II Esdr. ii, 1-8), vers l’an 445 av. J.-C. Depuis cette date jusqu’à la quinzième année de Tibère, qui est l’année du baptême de Notre-Seigneur, il s’est écoulé environ quatre cent quatre-vingt-six ans, et nous arrivons ainsi à la soixante dixième semaine, au milieu de laquelle Jésus fut crucifié. — Un oint, un chef, ou bien un oint-chef, un personnage qui sera spécialement un prêtre, mais en même temps un chef, un roi, le Christ, le roi Messie (Jean, iv, 25) ; c’est lui que désigne ici toute la tradition chrétienne. — Sept semaines et soixante-deux semaines. Le premier cycle, celui de sept fois sept ans, se rapporte à la reconstruction complète de la ville ; le deuxième, celui de soixante-deux semaines d’années, représente le temps qui s’écoulera depuis cette reconstruction jusqu’à l’avènement du Messie ; la semaine d’années qui reste pour compléter le nombre 70, c’est l’ère messianique elle-même. — Nous avons adopté la division du texte telle qu’elle figure dans Théodotion et la Vulgate. Dans le texte massorétique, les mots soixante-deux semaines sont joints, non à ce qui précède, mais à ce qui suit : puis, pendant soixante deux semaines elle sera rebâtie etc.
  92. 26. Un oint, le même que celui du vers. 25, sera retranché, mis à mort. — Et personne, où rien, pour lui, termes forts obscurs et qui ont donné lieu à des interprétations très diverses. — Le peuple d’un chef, l’armée romaine commandée par Titus. — Sa fin, la fin de la ville et du sanctuaire. Selon d’autres, sa fin, la fin de l’ennemi ; l’empire romain sera emporté par une inondation, savoir l’invasion des peuples barbares. — Jusqu’à la fin : la guerre ne cessera pas que la Terre Sainte n’ait été complètement dévastée.
  93. 27. Ce verset revient en arrière pour indiquer ce qui arrivera pendant la soixante-dixième semaine. — Il conclura : il, le Messie. — Une alliance ferme, la nouvelle alliance, il fondera le royaume messianique. — Avec un grand nombre, (Is. lii, 14 ; liii, 11 sv. Comp. Matth. xx, 28 ; xxvi, 28), tous les hommes en général, auxquels le Messie était promis. — Le sacrifice et l’oblation : les sacrifices sanglants et non sanglants de l’ancienne alliance perdront toute valeur et toute efficacité, après que la mort du Messie aura procuré aux hommes le vrai pardon du péché et amené l’éternelle justice. — Sur l’aile des abominations etc. : les ennemis viendront peu d’années après, comme portés sur les ailes de leurs abominations, c.-à-d. avec les images des faux dieux figurées sur leurs étendards. D’autres : sur le pinacle (Matt, iv, 5), ou bien sur le toit (les deux pans du toit) des abominations, c.-à-d. du temple tout rempli d’idoles (I Rois, xi, 5). — Sur le dévasté, sur le temple qui sera entièrement détruit. D’autres : jusqu’à ce que le dévastateur, devenu lui-même un dévasté, soit détruit à son tour.
    Il serait trop long d’exposer ici, avec ses variations, le système d’exégèse qui applique les vers. 24-27 au temps d’Antiochus Epiphane.
  94. X, 1. La troisième année de la royauté de Cyrus à Babylone, vers l’an 534. et deux ans après l’édit proclamant la délivrance d’Israël (I Esdr. i, 1-4). Daniel ne s’était pas joint aux exilés qui étaient revenus dans leur patrie. — Il comprit etc. D’autres : il remarqua la parole et prêta attention à la vision.
  95. 4. Le vingt-quatrième jour du premier mois, probablement de l’année religieuse, par conséquent du mois de Nisan (mars-avril), dans lequel on célébrait la Pâque.
  96. 8. Mon visage changea de couleur et se décomposa, m. à m., et ma beauté se changea sur moi en décomposition.
  97. 9. Je tombai assoupi, la face contre terre ; m. à m., je fus assoupi sur ma face, et ma face à terre.
  98. 13. Le chef du royaume de Perse : chaque royaume est placé sous la garde d’un ange qui inspire sa politique et préside à son développement. — S’est tenu devant moi : cette lutte ne doit pas se concevoir comme s’étant passée à la cour de Perse ni en quelque lieu terrestre, mais dans des régions supérieures. — Vingt et un jours : dès le premier jour, la prière de Daniel avait été exaucée mais cette lutte de vingt et-un jours a empêché l’ange de venir plus tôt apporter à Daniel la révélation divine. — Michel : Israël a aussi un chef (vers 21), dont le nom, Qui est comme Dieu, lui rappelle sans cesse qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
  99. 16. M’ont saisi ; litt., se sont retournées en moi.
  100. 20. Le chef de Javan, l’ange de la Grèce, de l’empire qui succédera aux Médo-Perses, et sera, lui aussi, animé d’un esprit hostile aux Juifs ; l’ange qui parle continuera de défendre la cause de ces derniers.
  101. 21. Contre ceux-là, les anges de la Perse et de la Grèce.
  102. XI, 2 sv. Ce morceau reprend, en les développant, la vision du bélier et du bouc, avec l’explication qui en avait été donnée à Daniel (viii, 19-25). Sans mentionner aucun nom propre, l’ange caractérise une série de rois, leurs relations et leurs guerres avec de si minutieux détails, que l’on peut, l’histoire en mains, indiquer traits pour traits le sens de ce tableau. On doit reconnaître qu’un pareil genre de révélation est sans autre exemple dans tout l’Anc. Testament. — Trois rois… ; le quatrième… savoir après Cyrus, Cambyse, Darius Hystaspes (il ne paraît pas qu’on tienne compte de l’éphémère Gaumata) et Xerxès ; ce dernier, le quatrième, marque l’apogée de la puissance perse et le commencement de son déclin. — Il soulèvera tout, il mettra en œuvre toutes ses ressources contre la Grèce.
  103. 3. Un roi vaillant, Alexandre le Grand, qui fera ce qui lui plaira, dont toutes les entreprises réussiront.
  104. 4. Dès qu’il se sera élevé, qu’il aura, par ses conquêtes, fondé son empire. — Ses descendants : après lui, ses deux fils, Héraclès et Alexandre furent mis à mort.
  105. 5. Le roi du Midi, d’Égypte ; le roi du Septentrion sera celui de Syrie. L’ange s’occupe de l’Égypte et de la Syrie, des Ptolémées et des Séleucides, à cause de leurs relations avec le peuple de Dieu. Le roi du Midi est Ptolémée Lagus, fondateur du royaume et de la dynastie des Ptolémées. — Un de ses généraux, Séleucus Nicator ; s’étant rendu indépendant, il fonda la dynastie des Séleucides et le royaume gréco-syrien (312 av. J.-C.).
  106. 6. Ils s’allieront : Ptolémée II Philadelphe, et Antiochus II Théos ; le premier donna sa fille Bérénice en mariage au second, qui répudia sa première femme Laodicée. — L’appui d’un bras c.-à-d. de son père. — Son propre bras, l’appui de son époux. Aussitôt après la mort de Ptolémée Philadelphe, Antiochus Théos répudia Bérénice et reprit Laodicée.
  107. 7. Un des rejetons : Ptolémée III Evergète, frère de Bérénice et successeur de Ptolémée Philadelphe, attaqua Séleucus Gallinicus, fils et successeur d’Antiochus Theos, fit périr Laodicée et s’empara d’une grande partie de la Syrie et de la Cilicie.
  108. 8. Rappelé en Égypte par une sédition qui s’était élevée en son absence, Ptolémée y rapporta un riche butin. — Et il prévaudra plusieurs années sur le roi du Septentrion. D’autres, et il restera quelques années éloigné du roi du Septentrion.
  109. 9. Séleucus, voulant prendre sa revanche, envahit à son tour l’Égypte ; mais il fut défait et une fuite honteuse le ramena à Antioche.
  110. 10. Ses fils s’armeront pour la guerre : Séleucus III Céraunus et Antiochus III, plus tard surnommé le Grand. Le premier étant mort pendant les préparatifs de l’expédition. Antiochus poursuivit seul la guerre contre Ptolémée Philopator, fils d’Evergète, et remporta d’abord de très brillants succès.
  111. 11. Toutefois Ptolémée Philopator défit complètement Antiochus à la bataille de Raphia (217 av. J.-C.), où dix mille Syriens perdirent la vie et cinq mille furent faits prisonniers. Mais Ptolémée Philopator ne poursuivit pas ses avantages et se hâta de faire la paix avec Antiochus.
  112. — Le sens général de ce vers., et du vers. 12, qui le complète, est assez clair. Mais on peut hésiter, dans 11b, 12, sur les sujets (Antiochus ou Ptolemée) à donner à certains verbes.
  113. 13. Quatorze ans après la bataille de Raphia, Antiochus III tourna de nouveau ses armes contre l’Égypte, qui avait alors pour roi un enfant de cinq ans, Ptolémée Epiphane, et reconquit toutes les provinces qu’il avait perdues.
  114. 14. Beaucoup de gens : entre autres en Judée.
  115. 15. Une ville fortifiée, Sidon, que défendait le général égyptien Scopas. Il se vit contraint par la famine de la rendre aux Syriens (198 av. J.-C.).
  116. 16. Fera ce qui lui plaira : la puissance d’Antiochus le Grand atteignit alors son apogée. — Le glorieux pays : litt., le pays du joyau ; comp. viii, 9.
  117. 17. Antiochus eut quelque temps la pensée de poursuivre ses succès contre l’Égypte. Mais il renonça à ce dessein, sans doute par crainte des Romains, et il eut recours à la ruse. Il conclut la paix à la condition que sa fille Cléopâtre épouserait le jeune Ptolémée. Il espérait avoir ainsi un pied en Égypte ; mais Cléopâtre, en prenant parti pour son mari plutôt que pour son Père, fit tout manquer. — Il se décidera ; litt., il tournera sa face pour venir. — Un arrangement avec lui, avec le roi du Midi. — Pour amener sa ruine, du royaume du midi.
  118. 18. Il se tournera, litt. il tournera sa face. De même vers. 19. — Les îles : non seulement les îles proprement dites, mais encore les côtes de l’Asie Mineure, et même la Macédoine. — Un capitaine, le général romain L. Scipion l’Asiatique, défit complètement Antiochus à la bataille de Magnésie (190 av. J.-C.), et l’obligea à se retirer dans les forteresses de son royaume. Et sans avoir reçu etc. Ou bien : même il lui rendra son injure.
  119. 19. Afin de se procurer l’argent nécessaire pour acquitter le tribut que les Romains lui avaient imposé, Anthiochus entreprit de dépouiller un temple de Bélus en Elymaïde ; mais il fut massacré, lui et ses soldats, par une poignée d’hommes indignés de son sacrilège.
  120. 20. Un autre, son fils aîné et successeur, Séleucus IV Philopator, qui envoya Héliodore, l’un de ses ministres, à Jérusalem, la gloire du royaume (comp. vers 15.) pour piller le trésor du temple : voy. II Mach. iii. Il périt en quelques jours, après douze ans de règne, empoisonné par Héliodore.
  121. 21. Un homme méprisé, Antiochus IV Epiphane, frère de Séleucus Philopator, méprisé à cause de son caractère rusé et hypocrite. — Par des intrigues : la couronne appartenait à son neveu Démétrius, fils de Séleucus.
  122. 22. Les forces ; litt., les bras, les armées du roi d’Égypte Ptolémée VI Philométor, neveu d’Antiochus ; il s’était mis en campagne pour réclamer la dot de sa mère Cléopâtre (sœur d’Antiochus), qui n’avait pas été payée : mais il fut battu et fait prisonnier à Péluse. — Le chef de l’alliance, très probablement le grand prêtre Onias III, qui, en l’année 172, fut injustement destitué par Antiochus, victime des intrigues de son frère Jason ou Josué, qui se fit donner le souverain pontificat à sa place.
  123. 23, 24. Première campagne d’Antiochus en Égypte (173 av. J.-C.). En dépit des traités de paix, et feignant de l’amitié pour le jeune Philométor, son neveu Antiochus entra en Égypte avec une armée peu nombreuse, occupa la Basse-Égypte, province riche et fertile, et, ce que n’avaient jamais fait ses pères toujours à court d’argent, il distribua de grandes largesses à ses partisans.
  124. 25. Deuxième campagne contre l’Égypte (171 av. J.-C.). Le roi du Midi est, non pas Philométor, mais son jeune frère Ptolémée Evergète II, surnommé Physcon. Il s’était réfugié avec sa sœur Cléopâtre dans Alexandrie, où on l’avait proclamé roi. Il fut vaincu par suite d’une trahison ourdie par Antiochus.
  125. 26. Ptolémée Evergète II fut trahi par ses deux courtisans de prédilection, Eubœus et Leneœus. — Son armée se dissipera ; c’est le sens qu’il faut donner à ce membre de phrase, si on veut l’entendre de l’armée d’Égypte. Le m. à m. serait plutôt son armée débordent, et il ne se pourrait agir que de l’armée d’Antiochus. Un léger changement de voyelle donnerait une forme passive et rétablirait un sens en rapport avec le contexte : son armée sera submergée.
  126. 27. Les deux rois etc. (m. à m., les deux rois, leur cœur est pour le mal), Antiochus et Philométor, ostensiblement alliés contre Physcon, mais se défiant l’un de l’autre. — Cela ne réussira pas : aucun d’eux ne réussira à se défaire de l’autre, et leurs efforts réunis n’empêcheront pas Physcon de conserver Alexandrie et la couronne d’Égypte. — Car la fin des guerres entre la Syrie et l’Égypte, ne viendra qu’au temps marqué (m. à m., car encore la fin pour le temps fixé) dans les desseins de Dieu pour la mort d’Antiochus.
  127. 28. À l’alliance sainte, au peuple de l’alliance. — Il le fait : pillage du temple de Jérusalem : voy. I Mach. i, 20-25 ; II Mach. v, 11-17. Cette persécution eut lieu de 169 à 167, année où éclata l’insurrection des Juifs sous la conduite des Machabées.
  128. 29. Troisième expédition d’Antiochus en Égypte (170 av. J.-C.) ; elle était dirigée contre les deux frères, Philométor et Physcon, que leur sœur Cléopâtre avait réconciliés et qui, régnant ensemble, faisaient cause commune contre Antiochus ; elle n’eut pas les résultats heureux des deux précédentes.
  129. 30. Céthim, hébr. Kilthim, propr. l’île de Chypre, cap. Cittium ; par extension, toutes les îles et les côtes de la Méditerranée. Il s’agit ici de la flotte romaine qui portait l’ambassadeur Popilius avec un décret du sénat enjoignant à Antiochus de quitter l’Égypte. — Ceux qui auront abandonne etc. ; un parti de Juifs apostats qui le seconderont dans ses entreprises contre le peuple de Dieu. I Mach. i, 12 sv. ; II Mach. iv, 10 sv.
  130. 31. Antiochus imposa à Jérusalem une garnison de vingt deux mille hommes commandé par Apollonius, un de ses généraux. — La forteresse, le temple lui-même, qui était fortifié. — Le sacrifice perpétuel : voy. viii, 11 ; I Mach. i, 45 sv. L’abomination du dévastateur (d’autres ; de la désolation), l’idolâtrie d’Antiochus : le temple fut consacré à Jupiter Olympien, et l’image de ce dieu dressée sur l’autel des holocaustes (I Mach. i, 57 ; II Mach. vi, 2).
  131. 32. Il gagnera à l’idolâtrie les violateurs de l’alliance mentionnés vers. 30. — Et agira, résistera au tyran (I Mach. i, 65). Ces hommes finies à l’alliance, ce sont les chasidlm où Assidéens.
  132. 33. Instruiront la multitude : tels furent Mathatias et ses fils, Eléazar, etc. — Un certain temps : la persécution durera trois ans et demi.
  133. 34. Un léger secours : les Machabées remportèrent quelques succès contre le persécuteur, mais pas assez pour mettre fin aux souffrances du peuple de Dieu. — Avec hypocrisie, par crainte de la sévérité avec laquelle Judas Machabée traitait les apostats, et pour trahir ensuite : voy. I Mach. ii, 43 sv. ; iii, 5, 8.
  134. 35. Car on ne sera pas encore au terme fixé ; m. à m., car encore du temps pour le terme fixé.
  135. 36. Jusqu’à ce que la colère de Dieu contre son peuple soit consommée, et que le châtiment ait amené la purification d’Israël.
  136. 37. Aux dieux de ses pères, aux dieux syriens. Antiochus, qui avait vécu plusieurs années à Rome, leur préférait le Jupiter Olympien honoré au Capitole. — La divinité chère aux femmes (litt. l’amour des femmes ; comp. Is. xliv, 9), probablement Tammuz. — Il se grandira au-dessus de tout, jusqu’à prendre sur ses monnaies le nom de dieu, θεός. Comp I Mach. i, 43.
  137. 38. Le dieu des forteresses, Jupiter Capitolin, comme représentant la force militaire : Antiochus entreprit d’imposer son culte en Syrie et en Judée. — En son lieu, en lui envoyant des offrandes au Capitole (Tite-Live, xiii, 9), peut-être en lui élevant un temple dans sa propre capitale, à Antioche.
  138. 40. Au temps de la fin d’Antiochus et de la Persécution. — Dans les terres qu’il avait à traverser pour se rendre en Égypte. Porphyre seul, cité par S. Jérôme, mentionne cette quatrième expédition d’Antiochus contre le roi du Midi, Ptolémée Philométor (166-165 av. J.-C.).
  139. 41. Beaucoup tomberont : beaucoup de peuplades seront détruites. — Ceux-ci, les ennemis héréditaires du peuple de Dieu.
  140. 44. Des nouvelles : la révolte de deux peuples tributaires : à l’orient, les Parthes ; au nord, les Arméniens. En s’en retournant, Antiochus ravagea toute la côte de Phénicie.
  141. 45. Les tentes de son palais : ses grandes tentes semblables à un palais. — Entre les mers la Méditerranée et la Mer morte, à Jérusalem, où il fit halte en marchant vers le nord. D’autres : entre les mers et la montagne sainte et glorieuse. — À sa fin : Antiochus mourut un an plus tard, au retour de son expédition contre les Parthes et les Arméniens, à Tabès, ville de Perse, l’an 164 av. J.-C. (I Mach. vi ; II, ix, 5-29).
  142. XII. Les quatre premiers versets du chap. xii annoncent la délivrance d’Israël après la mort d’Antiochus, et paraissent présenter dans une même perspective la délivrance finale du peuple de Dieu.
  143. 2. La résurrection des pécheurs pour un jugement de condamnation ; c’est ici que l’Anc. Testament l’énonce pour la première fois.
  144. 3. Intelligents, qui ont la science de Dieu et vivent fidèles à sa loi, c.-à-d. tous les bons et fidèles serviteurs de Dieu. — Une récompense à part est réservée à ceux qui auront, par leurs paroles et par leurs exemples, coopéré à la sanctification des autres.
  145. 5. L’ange qui venait de parler à Daniel planait au-dessus des eaux du fleuve ; deux autres anges lui apparaissent se tenant chacun sur une des deux rives.
  146. 7. Sa main droite et sa main gauche : soit pour donner plus de solennité à son serment, soit parce qu’il a en vue les deux témoins de son acte. — Dans un temps, etc. : trois ans et demi, la durée de la persécution d’Antiochus.
  147. 8. Daniel demande des détails plus explicites.
  148. 10. Le temps de la fin sera un temps d’épreuve ou chacun se fixera dans sa voie.
  149. 11. Tandis que les trois ans et demi du vers. 7 commencent avec la mission d’Apollonius (vers le milieu de 168) et finissent avec la réédification du temple (Décembre 165), les 1 290 jours commencent en Décembre 168 (le 15 Casleu, comme les 1 150 jours de viii, 14) et finissent, non avec Décembre 165 (comme les 1 150 jours), mais avec la mort d’Antiochus (164).
  150. 12. Quarante-cinq jours en plus des 1290 (1335 = 1 290 + 45) sont nécessaires pour le résultat complet de la mort d’Antiochus. Pourquoi ? On ne le sait. Peut être cette date marque-t-elle le moment où arriva à Jérusalem la lettre de son successeur offrant la paix aux Juifs.
  151. 13. Jusqu’ici : note de S. Jérôme avertissant le lecteur que la traduction latine des chap. xiii, xiv est faite sur le grec de Théodotion.
  152. XIII, 1. Dans toute l’histoire de Susanne, les LXX ont d’ordinaire un texte plus concis que celui de Théodotion. Ils omettent entièrement les vers. 15-18, 20, 21, 24-27, 50, 63-64 ; ils reportent avec de légères modifications les vers. 42-44 après le vers. 35. À noter aussi quelques additions v. g. aux vers. 30, 51, etc., et surtout 62.
  153. 52. Dans le crime, litt. dans les jours mauvais.
  154. 54. Sous un lentisque, en gr. ὑπὸ σχῖνον. D’où le jeu de mots fait au vers. 55, à propos du châtiment de ce vieillard : il sera fendu par le milieu, en gr. σχίσει.
  155. 58. Un chêne, propr. une yeuse, ou chêne vert, en gr. ὑπὸ πρῖνον.
  156. 59. Te couper, en gr. πρισαι.
  157. 62. Les LXX ajoutent : C’est pourquoi les jeunes gens qui sont sincères, sont les bien-aimés de Jacob ; et nous voulons protéger les enfants courageux comme des fils. Car si les jeunes gens craignent Dieu, l’esprit de sagesse et d’intelligence demeurera en eux pour toute l’éternité.
  158. 63, 64 manquent dans les LXX.
  159. 65. Cyrus devint roi des Médo-Perses avant la mort d’Astyage, son grand-père ; mais après avoir vaincu ce dernier (vers 500 av. J.-C.), lui avait laissé presque tous ses honneurs. De sorte Cyrus put passer, dans l’opinion vulgaire, pour n’avoir régné qu’après la mort d’Astyage. — Ce verset, dans les versions, est rattaché au récit précédent.
  160. XIV, 1. Avant le récit de Bel et du Dragon les LXX mettent ce titre : De la prophétie d’Habacuc, fils de Jésus, de la tribu de Levi.
  161. 3. Cyrus, l’adorateur d’Ahura-Mazda, dans une inscription citée par H. Rawlinson, qu’il vénérait aussi les dieux de Babylone, Marduk et Nébo.
  162. 10. Le vin, après l’avoir mélangé, suivant l’usage des anciens, d’eau ou de quelque épice.
  163. 24. Mais celui-ci n’est point un dieu vivant. Seulement dans la Vulgate.
  164. 32. Le prophète Habacuc : la différence des temps ne permet pas de l’identifier avec le petit prophète de ce nom.
  165. 42. Ce vers, n’est pas dans le grec.