Modification de Agrippa Ier

{{Titre mis en forme|{{noble-|Agrippa Ier}}}}
{{Voir homonymes|Agrippa}}
{{En-tête label|BA|année=2016}}
{{Infobox Personnalité politique
 | charte                        = monarque
 | nom                           = {{noble-|Agrippa Ier}}
 | image                         = Piece Agrippa I.jpg
 | légende                       = Pièce de monnaie figurant {{noble-|Agrippa Ier}} vers 42.
 | fonction1                     = Roi de [[Batanée]]
 | à partir du fonction1         = printemps [[37]]
 | jusqu'au fonction1            = ~44
 | prédécesseur 1                = [[Philippe le Tétrarque]] (inter-règne romain de [[34]] à [[37]])
 | successeur 1                  = [[Empire romain]] ([[Légat d'Auguste propréteur|légat]] de [[Syrie (province romaine)|Syrie]])
 | fonction2                     = Roi de [[Batanée]], de [[Galilée (région)|Galilée]] et de [[Pérée (Palestine)|Pérée]]
 | à partir du fonction2         = 39
 | jusqu'au fonction2            = ~44
 | prédécesseur 2                = [[Hérode Antipas]]
 | successeur 2                  = [[Empire romain]] ([[Légat d'Auguste propréteur|légat]] de [[Syrie (province romaine)|Syrie]])
 | fonction3                     = Roi de [[Judée (province romaine)|Judée]]
 | à partir du fonction3         = janvier [[41]]
 | jusqu'au fonction3            = ~44
 | prédécesseur 3                = [[Marullus (préfet de Judée)|Marullus]] ([[Gouverneurs romains de Judée|Préfet de Judée]])
 | successeur 3                  = [[Cuspius Fadus]] ([[procurateur]] de [[Judée (province romaine)|Judée]])
 | dynastie                      = [[Généalogie des Hérodiens|Hérodiens]]
 | nom de naissance              = 
 | date de naissance             = ~[[-11|11]] ou [[-10|10]] av. J.-C.
 | lieu de naissance             = 
 | date de décès                 = ~[[44]]
 | lieu de décès                 = 
 | nature du décès               = 
 | sépulture                     = 
 | nationalité                   = 
 | père                          = {{noble|Aristobule IV}}
 | mère                          = [[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]], fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé]], sœur d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]
 | fratrie                       = 
 | conjoint                      = {{Lien|lang=nl|trad=Cypros (Agrippa)|fr=Cypros (Agrippa)|texte={{noble-|Cypros III}}}}, fille de {{noble|Phasaël II}}, petite-fille de [[Phasaël]], le frère d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]
 | enfants                       = {{noble|Agrippa II}}, [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]], [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]]
 | entourage                     = 
 | profession                    = 
 | religion                      = 
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 | emblème                       = 
 | liste                         = 
}}

'''{{noble-|Agrippa Ier}}''' (en latin : ''{{langue|la|Marcus Julius Agrippa}}''), parfois appelé '''Hérode Agrippa''', né vers [[10 av. J.-C.]] et mort vers [[44]] à [[Césarée]], petit-fils d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]], est le dernier roi juif de [[Judée]].

Il passe son enfance et sa jeunesse à la cour impériale de Rome où il se lie d'amitié avec les princes impériaux [[Julius Caesar Drusus|Drusus]], fils de l'empereur [[Tibère]], et [[Claude (empereur romain)|Claude]]. Il subit une période de disgrâce à la suite de la mort de Drusus qui le contraint à retourner vivre en Judée.

De retour à [[Rome antique|Rome]] en [[36]], Tibère en fait le tuteur de son petit-fils [[Tiberius Julius Caesar Nero Gemellus|Tiberius Gemellus]] et Agrippa se rapproche de l'autre héritier désigné, [[Caligula]]. L'avènement de ce dernier au trône lui permet de devenir roi de [[Batanée]] et de [[Trachonitide]] en [[37]] en obtenant les anciennes [[tétrarchie]]s de {{noble|Philippe le Tétrarque|Philippe II}} et de [[Lysanias]], puis la [[Galilée (région)|Galilée]] et la [[Pérée (Palestine)|Pérée]] en [[39]], à la suite de la disgrâce de son oncle [[Hérode Antipas]].

Après l'assassinat de Caligula, il joue à Rome un rôle de premier plan dans l'accession de [[Claude (empereur romain)|Claude]] à la tête de l'empire en [[41]] et il se voit doté des anciens territoires d'[[Archélaos de Judée|Archélaos]], l'[[Idumée]], la [[Judée]] et la [[Samarie]], régnant ainsi sur un territoire aussi vaste que l'ancien royaume d'Hérode le Grand.

Porteur d'une double identité juive et romaine, il joue un rôle d'intercesseur en faveur des Juifs auprès des autorités romaines et, sur le plan intérieur, laisse espérer à certains de ses sujets juifs la restauration d'un royaume indépendant. Poursuivant la politique d'[[évergétisme]] hérodienne par de grands travaux, il s’aliène néanmoins une partie de ses sujets grecs et syriens tandis que ses ambitions régionales lui valent l'opposition du légat impérial de la [[Syrie (province romaine)|province romaine de Syrie]], Marsus. Il meurt subitement {{incise|peut-être empoisonné}} en [[44]].
{{sommaire|niveau=2}}

== Biographie ==
=== Origines ===
==== Famille ====
Agrippa est le fils d'{{noble|Aristobule IV}}, l'un des enfants qu'{{noble|Hérode Ier le Grand}}, roi de Judée a eu avec [[Mariamne l'Hasmonéenne]]. Sa mère est [[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]], fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé, la fille d'Antipater]] et sœur d'Hérode le Grand, qui est une proche d'[[Antonia Minor]], fille de [[Marc-Antoine]] et d'[[Octavie la Jeune|Octavia]], la sœur d'[[Auguste]]<ref name="Goodman 2009, p.106">{{harvsp|Goodman|2009|p=106}}.</ref>. Hérode le Grand est donc à la fois le grand-père paternel et le grand-oncle maternel d'Agrippa, qui naît vers {{nobr|11 ou 10 {{av JC}}}}, vraisemblablement en Judée<ref>Il n'y a pas d'attestation de son lieu de naissance mais c'est, selon Daniel Schwartz, une hypothèse probable ; cf. Daniel R. Schwartz, ''{{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|39}}.</ref>. Ses parents marquent le statut romain de ce prince juif en lui donnant le nom d'un proche collaborateur de l'empereur [[Auguste]], [[Marcus Vipsanius Agrippa]] mort deux ans plus tôt<ref name="Goodman 2009, p.106"/>.

Hérode le Grand est un souverain considéré comme un usurpateur cruel par ses sujets mais dévoué à la cause impériale romaine qu'il favorise grandement dans son royaume<ref name="Mimouni 2012, p.401"/>. Son règne est marqué par les intrigues familiales nombreuses {{incise|il a eu dix épouses}} et sanglantes<ref name="Mimouni 2012, p.395">{{harvsp|Mimouni|2012|p=395}}.</ref>. Ainsi, en {{nobr|29 av. J.-C.}}, le roi exécute son épouse [[Mariamne l'Hasmonéenne|Mariamne]]<ref name="Schwentzel 2011, p.225">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=225}}.</ref> par jalousie<ref name="Mimouni 2012, p.401">{{harvsp|Mimouni|2012|p=225}}.</ref>, grand-mère d'Agrippa et, l'année suivante, la mère de celle-ci<ref name="Mimouni 2012, p.395"/>. En {{nobr|7 av. J.-C.}}, alors qu'Agrippa n'a que trois ans<ref name="Smallwood_187">{{harvsp|Smallwood|1976|p=187}}.</ref>, Hérode fait exécuter son père et son oncle [[Alexandre (fils d'Hérode le Grand)|Alexandre]] à la suite d'intrigues de palais qui aboutissent également à l'exécution, trois ans plus tard, d'Antipater {{incise|un fils qu'il a eu avec [[Doris (épouse d'Hérode)|Doris]]}} ainsi qu'à celle de [[Costobar]], grand-père maternel d'Agrippa<ref name="Schwartz 1990, p.39">{{harvsp|Schwartz|1990|p=39}}.</ref>. Hérode fait en outre disparaître un grand nombre de membres de la dynastie [[Hasmonéens|hasmonéenne]] et de ses partisans, qui s'en trouve presque anéantie<ref name="Mimouni 2012, p.401"/>. Le roi épargne cependant les enfants d'[[Aristobule IV|Aristobule]], les garçons Agrippa, [[Hérode de Chalcis|Hérode]] et [[Aristobule le Mineur]] ainsi que les filles [[Hérodiade]] et Mariamne<ref name="Schwartz 1990, p.39"/>.

Agrippa descend ainsi à la fois des dynasties hasmonéenne et hérodienne mais la condamnation à mort de son père pour trahison semble l'écarter d'une logique de succession<ref name="Goodman 2009, p.106"/>.

==== Cour impériale ====
[[Fichier:Bust Drusus minor Louvre Ma1240.jpg|vignette|Buste de Drusus, vers 21.]]
En {{nobr|5 av. J.-C.}}, deux ans après la condamnation de son père<ref name="Mimouni 2012, p.395"/>, le jeune Agrippa est envoyé par [[Hérode le Grand]] à la cour impériale de Rome<ref name="Schwentzel 2011, p.225"/> en compagnie de sa mère [[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]] ainsi que de ses frères et sœurs<ref name="Schwartz 1990, p. 40">{{harvsp|Schwartz|1990|p=40}}.</ref>. Il y est soutenu par l'amie de sa mère, [[Antonia Minor]], belle-sœur de [[Tibère]] {{incise|devenu empereur en [[14]]}} et mère du futur empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] ainsi que par l'impératrice [[Livie]], qui est l'amie de sa grand-mère<ref name="Smallwood_187"/>. Il y est élevé avec les enfants de la famille impériale dont [[Claude (empereur romain)|Claude]], qui a le même âge que lui, ainsi que [[Julius Caesar Drusus|Drusus]], le jeune fils de [[Tibère]], auquel il s'attache particulièrement<ref name="Schwentzel 2011, p.225"/>. Il vit ainsi toute sa jeunesse dans la capitale de l'empire et connaît personnellement presque tous les membres de la famille impériale. L'avenir d'Agrippa semble alors établi par ses relations privilégiées avec l'héritier présomptif de Tibère et, pour donner le change à ses hôtes, il mène grand train à l'instar de son ami qui a une fâcheuse réputation de prodigalité, d'immoralité et d'excès<ref name="Schwartz 1990, p. 45">{{harvsp|Schwartz|1990|p=45}}.</ref>. Il doit bientôt s'endetter pour assurer cette vie fastueuse<ref name="Schwentzel 2011, p.225"/>. Mais cet avenir s'obscurcit avec la mort de Drusus en [[23]]<ref name="Goodman 2009, p.107">{{harvsp|Goodman|2009|p=107}}.</ref>, l'isolant et le laissant démuni face à ses créanciers<ref name="Schwentzel 2011, p.226">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=226}}.</ref> d'autant que sa mère Bérénice meurt vraisemblablement à la même époque<ref name="Schwartz 1990, p. 45"/>. Après la mort de son fils, [[Tibère]] bouleversé, réagit en écartant les amis de celui-ci de sa cour<ref name="Smallwood_188">{{harvsp|Smallwood|1976|p=188}}.</ref>.

Agrippa dilapide le reste de sa fortune en essayant de gagner les faveurs des affranchis de Tibère<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.79">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=79}}.</ref> et, âgé d'une trentaine d'années, il quitte précipitamment Rome pour la [[Judée (province romaine)|Judée]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>. La période suivante le voit vivre différentes péripéties et scandales liés au besoin d'assurer son train de vie sans jouir des revenus en conséquence<ref name="Goodman 2009, p.107"/>.

=== Retour en Judée ===
Il se retrouve dans un fort à Malatha d'[[Idumée]], en compagnie de son épouse Cypros. Il a épousé probablement aux alentours de [[26]] cette cousine, fille de [[Phasaël]], frère d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>, qui lui donne un premier fils prénommé [[Agrippa II|Agrippa]]<ref name="Schwartz 1990, p.47">{{harvsp|Schwartz|1990|p=47}}.</ref>. Il mène une existence modeste loin du faste de la cour impériale et pense même au suicide<ref name="Smallwood_188"/>. Toutefois sa femme s'entend avec [[Hérodiade]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>, désormais épouse d'Antipas<ref name="Smallwood_188"/>.

Mariée à un oncle appelé Hérode et connu comme [[Philippe le Tétrarque|Philippe]] avec lequel, suivant [[Flavius Josèphe]], elle a pour enfant [[Salomé (fille d'Hérodiade)|Salomé]], Hérodiade vient d’accepter de quitter son premier mari « encore vivant » pour épouser un autre de ses oncles, [[Hérode Antipas]], [[tétrarque]] de [[Galilée (région)|Galilée]]<ref name="Schwentzel 2011, p.217">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=217}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">La date de ce mariage est imprécise et débattue : comme l'explique Florence M. Gilmann « déterminer [la date du mariage] est problématique. Elle est liée à des questions majeures de l'histoire romaine et juive du premier siècle de notre ère. Parmi les spécialistes ayant travaillé en détail sur ces questions certains ont placé le mariage d'Hérodiade et Antipas en [[35]], d'autres dans la période entre [[27]] et [[31]] et pour d'autres il n'a pas pu avoir lieu après [[23]] ». Ainsi, et à titre d'exemples, l'historienne [[Christiane Saulnier]] préconise cette dernière date comme ''terminus ad quem'' tandis que [[Simon Claude Mimouni]] avance la date de [[36]], [[Christian-Georges Schwentzel]] situant quant à lui le mariage après la mort de [[Philippe le Tétrarque]], qu'il pose en 34, sans précision ; cf. {{Harvsp|Gillman|2003|p=26}}, {{Harvsp|Saulnier|1984|p=362-376}}, {{Harvsp|Mimouni|2012|p=407}} et {{Harvsp|Schwentzel|2011|p=215-217}}.</ref>. En effet, [[Philippe le Tétrarque]] est « mort sans enfant » ([[33]]/[[34]]<ref>[[Simon Claude Mimouni]], ''Le judaïsme ancien du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère : Des prêtres aux rabbins'', éd. P.u.f./Nouvelle Clio, 2012, {{p.|408}} ; [[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, {{p.|215}} ; Nikkos Kokkinos, ''in'' Jack Finegan, ''Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies'', éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, {{p.|134}} ; E. Mary Smallwood, ''The Jews under Roman Rule'', {{p.|189}}. Durant l'hiver [[33]]-[[34]] selon {{en}} Lester L. Grabbe, ''Judaïsm from Cyrus to Hadrian'', {{noble-|Vol. II}}, [[Augsburg Fortress|Fortress Press]], Minneapolis, 1992, {{p.|426}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">[[Flavius Josèphe]] situe la mort de [[Philippe le Tétrarque]] en [[34]] (''{{cf.}}'' Nikkos Kokkinos, ''in'' Jack Finegan, ''Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies'', éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, {{p.|215}}; Nikkos Kokkinos, ''in'' Jack Finegan, ''Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies'', éd. Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi, 1989, {{p.|134}}). Des pièces de monnaie à l'effigie de Philippe datant de la {{37e|année}} de son règne ([[33]]) ont été retrouvées (''{{cf.}}'' [[Christian-Georges Schwentzel]], ''Hérode le Grand'', Pygmalion, Paris, 2011, , {{p.|212}}) ; « ''Les dernières monnaies de Philippe, datée de sa {{37e}} année de règne, corroborent les données de Josèphe'' » {{cf.}} E. Mary Smallwood, ''The Jews under Roman Rule'', {{p.|186}}, note {{n°|8}}. Les [[historien]]s estiment donc que Philippe est mort au plus tôt en [[33]] et donnent comme date de mort 33 ou 34.</ref>) et Antipas espère tout à la fois que les territoires de son demi-frère vont lui être confiés par [[Tibère]] et que celui-ci lui donnera le titre de roi<ref name="Schwentzel_216">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=216}}.</ref>{{,}}<ref name="Kokkinos_267_268">Nikkos Kokkinos, ''The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse'', ''Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series'', 1998, Sheffield Academic Press, Sheffield, {{p.|267-268}}.</ref>. Le mariage avec [[Hérodiade]] qui descend de la dynastie légitime des [[Hasmonéens]] participe de cette stratégie<ref name="Schwentzel_216"/>{{,}}<ref name="Kokkinos_267_268"/>.

Hérodiade amène Antipas à aider Agrippa : il lui procure de l'argent, lui offre de s'installer à [[Tibériade]] et lui confie la magistrature civique d'[[agoranome]] de la ville {{incise|organisateur des marchés de l'agora}} qui lui fournit un revenu régulier<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>. Toutefois cette situation est de courte durée. Agrippa accepte dans un premier temps, mais il donne bientôt l'impression de ne pas se satisfaire de ce qui lui est donné<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>. Il trouve rapidement cette charge ennuyeuse dans une petite ville de province dépourvue des équipements de la civilisation romaine qui l'a vu grandir. Il se brouille avec son oncle [[Hérode Antipas|Antipas]] au cours d'un banquet à [[Tyr]] et se rend en [[Syrie (province romaine)|Syrie romaine]], dont son ami [[Lucius Pomponius Flaccus]], est le légat<ref name="Smallwood_188"/>. Peu de temps après, il est disgracié à la suite d'une intervention de son propre frère [[Aristobule le Mineur]], qui le dénonce auprès de Flaccus pour avoir reçu un pot-de-vin afin de défendre les intérêts de [[Damas]] contre [[Sidon]] dans un différend frontalier porté devant son ami légat<ref name="Smallwood_188"/>. Il se décide alors à tenter un retour à Rome où [[Tibère]], qui devait avoir fait son deuil de la mort de [[Julius Caesar Drusus|Drusus]],  accepterait peut-être de recevoir à nouveau les anciens amis de son fils<ref name="Smallwood_189">{{harvsp|Smallwood|1976|p=189}}.</ref>.

=== Retour vers Rome ===
[[Fichier:Archeologico di Firenze, ritratto di Tiberio 02.JPG|vignette|Buste en bronze de Tibère.]]
Agrippa emprunte une somme de vingt mille drachmes<ref name="Schwartz 1990, p. 6">{{harvsp|Schwartz|1990|p=6}}.</ref> pour s'embarquer à [[Anthédon (Palestine)|Anthédon]] vers [[Alexandrie]]<ref name="Smallwood_189"/>, non sans avoir été relancé par le gouverneur romain de [[Yabné]], Herennius Capiton, pour les dettes contractées vis-à-vis du trésor de l'Empire<ref name="Smallwood_189"/>. Celui-ci lui envoie la troupe mais, profitant de la nuit, Agrippa embarque et parvient à gagner [[Alexandrie]] où il obtient un nouveau financement de l’[[alabarque]] [[Alexandre Lysimaque]], frère de [[Philon d'Alexandrie|Philon]] et chef de la communauté juive d'Alexandrie<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>. Ce haut fonctionnaire, appartenant à une des très rares familles juives de citoyens romains, est un grand propriétaire foncier et, à l'instar d'Agrippa, un ami du futur empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]]. Lysimaque refuse de prêter l'argent directement à Agrippa, dont la réputation de prodigalité n'est plus à faire, mais traite avec l'épouse de celui-ci, dont il admire le dévouement à son mari. C'est muni de ce capital de deux cent mille drachmes<ref name="Schwartz 1990, p. 6"/> qu'Agrippa s'embarque vers l'Italie<ref name="Goodman 2009, p.106"/> au printemps 36<ref group="Note">. Pour Daniel Schwartz, la succession des évènements qui suivent paraît un peu trop dense pour un laps de temps d'à peine quelques mois. Selon lui, il est également possible qu'il y ait eu plusieurs voyages à Rome entre 33 et 36 ; cf. Daniel R. Schwartz, ''{{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|50-53}}.</ref>.

[[Tibère]], retiré à [[Capri]], le reçoit et fait bon accueil à l'ancien compagnon de son fils, un accueil bientôt tempéré par un courrier du gouverneur de [[Yabné]] à propos de ses dettes<ref name="Smallwood_189"/>. Mais [[Antonia la Jeune]] aide Agrippa à sortir de ce nouvel embarras en lui avançant la totalité de la somme due<ref name="Goodman 2009, p.108">{{harvsp|Goodman|2009|p=108}}.</ref> {{incise|trois cent mille drachmes<ref name="Schwartz 1990, p. 6"/>}} et il retrouve la faveur impériale<ref name="Smallwood_189"/>. Tous ces détails se trouvent dans la deuxième œuvre de [[Flavius Josèphe]], les [[Antiquités judaïques]], éditée aux alentours de [[93]]/[[94]], sous le règne de [[Domitien]]<ref name="Mimouni_137">{{harvsp|Mimouni|2012|p=137}}.</ref>, mais dans le {{noble-|livre II}} de la [[Guerre des Juifs]], son premier récit, édité entre [[75]]-[[79]]<ref>[[André Pelletier (historien-1902)|André Pelletier]], ''La Guerre des Juifs contre les Romains'', Les Belles Lettres, 1975, {{Unité|3|t}}., rééd. 2003. Traduction Pierre Savinel, Éditions de Minuit, 1977, en un volume.</ref>, Josèphe était plus direct. C'est {{citation|pour accuser le tétrarque<ref group="P" name="accuser le tétrarque">{{citation|Agrippa, fils de cet Aristobule que son père Hérode avait mis à mort, se rendit auprès de Tibère pour accuser le tétrarque Hérode (Antipas). L'empereur n'ayant pas accueilli l'accusation, Agrippa resta à Rome pour faire sa cour aux gens considérables et tout particulièrement à Gaius, fils de Germanicus}} ; [[Flavius Josèphe]], [[Guerre des Juifs]], {{noble-|livre II}}, {{IX}}, 5 (178).</ref>}} Hérode Antipas, qu'Agrippa a décidé de se rendre {{citation|auprès de Tibère<ref group="P" name="accuser le tétrarque"/>}}, afin d'essayer de prendre son domaine<ref name="Picard_804">[[Gilbert Charles-Picard|Gilbert Picard]], « La date de naissance de Jésus du point de vue romain », dans ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres'', 139 (3), 1995, {{p.|804}} {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1995_num_139_3_15518|texte=lire sur ''Persée''}}.</ref> et c'est parce qu'Agrippa avait été évincé de ses prétentions à obtenir la tétrarchie d'Antipas qu'il se serait mis à comploter contre l'empereur<ref name="Picard_804"/>. Comme d'autres informations, en particulier au sujet d'Agrippa, celles-ci ne se retrouvent pas dans les ''Antiquités judaïques'', où [[Flavius Josèphe|Josèphe]] s'étend pourtant beaucoup plus sur le sujet.

L'empereur demande à Agrippa de prendre en charge le fils de Drusus, son petit-fils [[Tiberius Julius Caesar Nero Gemellus|Tiberius Gemellus]], alors adolescent et l'un des deux héritiers désignés de Tibère<ref name="Goodman 2009, p.106"/> avec son petit-neveu [[Caligula|Caïus Caligula]], petit-fils de la protectrice d'Agrippa, Antonia<ref name="Smallwood_189"/>. Ce dernier entreprend de gagner les faveurs et l'amitié de Caïus, imité en cela par un autre prince sans royaume, [[Antiochos IV de Commagène|Antiochos de Commagène]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.79"/>, et parvient à contracter un prêt d'un million de drachmes auprès d'un affranchi samaritain de l'empereur pour mener son projet à bien auprès de l'étoile montante de Rome. Si on ne sait pas précisément dans quelles conditions s'est nouée l'amitié entre les deux hommes, elle devait valoir pareil investissement<ref name="Goodman 2009, p.108"/>.

Une flatterie d'Agrippa à Caligula va cependant lui causer des ennuis : souhaitant dans une conversation que la mort de Tibère ne tarde plus afin que puisse lui succéder le jeune prince, ce propos est rapporté à Tibère qui ordonne l'arrestation de l'indélicat<ref name="Smallwood_189"/>. Ce dernier, ami du probable prochain empereur, bénéficie d'une captivité confortable et est élargi par Caligula peu après la mort de Tibère le {{date|16 mars 37}}<ref name="Goodman 2009, p.108"/>, au moment où [[Ponce Pilate]] arrive à Rome<ref name="Schwentzel_227">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=227}}.</ref>.

L’avènement au trône de son ami commence la fortune d’Agrippa : l'empereur, pour sa libération, lui offre une chaîne d’or « du même poids que la chaîne de sa captivité »<ref name="Schwentzel_227"/>. Il lui octroie, outre le titre de roi et le diadème qui en est le signe, les territoires de [[Philippe le Tétrarque|Philippe]], mort peu de temps auparavant<ref name="Smallwood_189"/>, [[tétrarque]] de [[Gaulanitide]], [[Batanée]], [[Trachonitide]] et d'[[Hauran|Auranitide]]<ref name="Schwentzel 2011, p.226"/>, quatre territoires situés au nord-est du [[lac de Tibériade]]. Caligula lui a en outre conféré les [[ornements (Rome antique)|ornements prétoriens]], une dignité qui permet à certains non-sénateurs de siéger parmi eux lors des fêtes publiques<ref name="Smallwood_190">{{harvsp|Smallwood|1976|p=190}}.</ref>. « Ce retournement de situation tout à fait exceptionnel paraît avoir beaucoup impressionné les contemporains d'Agrippa »<ref name="Schwentzel_227"/>.

Selon [[Flavius Josèphe]], au moment même où il pose le diadème royal sur la tête d'{{noble-|Agrippa Ier}}, [[Caligula]] envoie [[Marullus (préfet de Judée)|Marullus]] comme « ''[[Hipparque (cavalerie)|hipparque]]'' ({{grec ancien|ἱππάρχης}}) de [[Judée (province romaine)|Judée]]<ref group="P">{{citation|Quand Caius ([[Caligula]]) fut arrivé à Rome, amenant le corps de [[Tibère]] (mort le 17 mars [[37]]), et qu'il lui eut fait de somptueuses funérailles selon les coutumes ancestrales, il aurait volontiers fait remettre Agrippa en liberté le jour même si Antonia ne l'en avait empêché, non par haine contre le prisonnier, mais par souci de la dignité de Caius et pour lui épargner la réputation d'avoir accueilli avec joie la mort de Tibère en libérant sur le champ un homme emprisonné sur son ordre. Cependant, peu de jours après, il le manda près de lui, le fit tondre et lui fit changer de vêtements ; puis il lui mit le diadème sur la tête et le nomma roi de la tétrarchie de Philippe en lui faisant cadeau de celle de Lysanias; en échange de sa chaîne de fer, il lui en donna une d'or de poids égal, et il envoya Marullus (''Μάρυλλον'') comme ''hipparque'' en Judée. (''Ἱππάρχην δὲ ἐπὶ τῆς Ἰουδαίας ἐκπέμπει Μάρυλλον'')}} [[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], {{noble-|livre XVIII}}, {{VI}}, 10.</ref> » pour remplacer Ponce Pilate qui renvoyé par [[Lucius Vitellius]] vient à peine d'arriver à [[Rome antique|Rome]]<ref name="Schwartz 1990, pp.62-63">Daniel R. Schwartz, ''{{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|62-63}}.</ref>. Agrippa ne montre donc aucun empressement à prendre en charge les affaires de son royaume et ce n'est qu'en été 38 qu'il se rend en [[Batanée]] pour un court séjour, car les réseaux d'influences se tissent davantage à Rome où réside souvent le pouvoir réel<ref name="Goodman 2009, p.108"/>.

=== Prise de pouvoir ===
Agrippa rentre dans ses territoires en {{nobr|été 38}}, après que la situation a été éclaircie sur place par [[Lucius Vitellius]], probablement assisté par [[Marullus (préfet de Judée)|Marullus]], le nouveau préfet de [[Judée (province romaine)|Judée]]. [[Flavius Josèphe]] ne raconte pas dans quelles conditions les troupes [[nabatéens|nabatéennes]] se sont retirées de l'ancienne [[tétrarchie de Philippe]] qui constitue l'essentiel des territoires attribués à Agrippa. Un accord a finalement dû être trouvé entre Arétas et les [[Rome antique|Romains]] représentés sur place par le légat de [[Syrie (province romaine)|Syrie]]<ref>{{de}} M. Lindner, ''Petra und das Königreich der Nabatäer'', Munich, Delp, 1974, {{p.|130-131}}.</ref>. Selon Nikos Kokkinos, Lindner a montré que c'est [[Caligula]] qui a transféré Damas sous le contrôle nabatéen<ref name="Kokkinos_Chronos_145">{{Harvsp|Kokkinos|1989|p=145}}.</ref>. Pour lui, puisque Caligula succède à [[Tibère]] mort le {{date-|16 mars 37}}, les négociations avec Arétas ne peuvent pas avoir été achevées avant l'été de la même année<ref name="Kokkinos_Chronos_145"/>.

Sur le chemin de son nouveau royaume, Agrippa passe par [[Alexandrie]] vers {{date-|juillet 38}} où il loge vraisemblablement chez l'[[alabarque]] [[Alexandre Lysimaque]], le frère de [[Philon d'Alexandrie]] et le père de [[Tiberius Alexander]]<ref name="Histoire des Juifs.com - Henri Graetz - Histoire des Juifs - Les Hérodiens : {{nobr|Agrippa {{Ier}}}} ; {{nobr|Hérode II}}">[[Heinrich Graetz]], ''Histoire des Juifs'', {{noble-|Chapitre XV}} — Les Hérodiens : {{noble-|Agrippa Ier}} ; {{noble-|Hérode II}} — (37-49).</ref>, dont la fille [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]] épousera le fils Marcus Alexandre quelques années plus tard<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=81}}.</ref>. Il règne alors dans la ville une ambiance anti-juive qui dure depuis quelque temps déjà<ref name="Lémonon 190">{{harvsp|Lémonon|2007|p=190}}, [https://books.google.be/books?id=PvmYODhcO3QC&pg=PA190 extrait en ligne].</ref>. Lors de festivités, le nouveau roi y est la cible d'une mascarade populaire anti-juive mettant en scène un idiot surnommé [[Karabas]], préfigurant le [[Émeutes antijuives d'Alexandrie (38)|conflit judéo-alexandrin]] qui agite la ville de 38 à 41<ref>Katherine Blouin, ''Le conflit judéo-alexandrin de 38-41 : l'identité juive à l'épreuve'', L'Harmattan, 2005, {{p.}}86-87.</ref>. Le gouverneur romain d'Alexandrie, [[Aulus Avilius Flaccus|Flaccus]], parait laisser se dérouler l'agitation populaire hostile à Agrippa qu'il jalouse, protégé d'un empereur dans les grâces duquel Flaccus ne parvient pas à entrer<ref name="Hadas-Lebel p81-82">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=81-82}}.</ref>, dont il pressent qu'il est en train de perdre la confiance et qui le fait d'ailleurs exécuter peu après<ref name="Hadas-Lebel p81-82"/>.

Ces troubles amènent les deux partis {{incise|Juifs et Grecs alexandrins}} à envoyer chacun trois délégués à l'empereur pour trancher le conflit plus profond qui oppose les deux communautés<ref group="Note">D'une manière générale, les Juifs d'Alexandrie cherchent à améliorer leur statut et obtenir le droit de cité à l'instar de celui de Grecs et Égyptiens hellénisés {{incise|ce dont ceux-ci ne veulent pas entendre parler}} arguant de l'antiquité de leur présence dans la ville ; {{cf.}} {{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=82}}.</ref>. [[Philon d'Alexandrie|Philon]] est au nombre de la délégation juive<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=82}}.</ref>.

Le retour d'{{noble-|Agrippa Ier}} auréolé d'un titre royal excite la jalousie de sa sœur [[Hérodiade]] qui presse son mari [[Hérode Antipas|Antipas]] de réclamer pour lui-même le titre de roi à Rome<ref name="Schwentzel_227"/>. En [[39]], Antipas se résout alors à se rendre auprès de Caligula pour tenter d'obtenir cette faveur impériale, ce qui va précipiter sa perte. Informé de ce voyage, {{noble-|Agrippa Ier}} dépêche à Rome son plus fidèle affranchi, porteur d'une lettre pour l'empereur. Il y accuse Antipas de fomenter un complot avec les [[Parthie|Parthes]] et d'avoir accumulé sans le dire à l'Empereur, des stocks d'armes dans ses arsenaux de [[Tibériade]], probablement dans l'intention de préparer sa revanche contre le roi {{noble|Arétas IV}} qui l'avait défait quelques années auparavant. Si la seconde accusation est probablement vraie, la première est douteuse. Pour autant [[Caligula]] déchoit, bannit et exile [[Hérode Antipas]] dans le sud des [[Gaule]]s<ref name="Schwentzel_227"/> où l'accompagne librement son épouse<ref name="Schwentzel 2011, pp.227-228">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=227-228}}.</ref>. Agrippa reçoit quant à lui les territoires d'Antipas {{incise|la [[Galilée (région)|Galilée]] et la [[Pérée (Palestine)|Pérée]]}} ainsi que tous les biens confisqués au [[tétrarchie|tétrarque]] et à son épouse<ref name="Schwentzel_227"/>. Là encore, dans la ''[[Guerre des Juifs]]'', Josèphe donne une version différente. {{citation|Agrippa avait suivi<ref group="P" name="Agrippa suit Antipas à Rome">{{citation|Hérode se rendit auprès de Gaius, qui le punit de sa cupidité en l’exilant en Espagne (Σπανίαν Ἰσπανίαν), car Agrippa l'avait suivi pour l'accuser. Gaius joignit encore à la tétrarchie d'Agrippa celle de son rival. Hérode mourut en Espagne, où sa femme avait partagé son exil.}} [[Flavius Josèphe]], [[Guerre des Juifs]], {{noble-|livre II}}, {{IX}}, 6 (183).</ref>}} Antipas à Rome {{citation|pour l'accuser<ref group="P" name="Agrippa suit Antipas à Rome"/>}} et obtient ainsi sa destitution<ref group="P" name="Agrippa suit Antipas à Rome"/>.

=== La statue de Caligula ===
==== Représentation dans le Temple ====
[[Fichier:Caligula bust.jpg|vignette|Buste de [[Caligula]] ([[musée du Louvre]]).]]

Caligula entend développer le [[culte impérial]] et se placer de son vivant au-dessus de la politique des mortels et a dans l'idée d'imposer son statut divin à l'empire, quelles qu'en soient les conséquences politiques<ref name="Goodman 2009, p.111">{{harvsp|Goodman|2009|p=111}}.</ref>. C'est dans cette optique que pour des motivations incertaines<ref group="Note">Il y a débat tant sur les motivations de cette affaire que sur ses conséquences ; {{cf.}} Monika Bernett, « Roman Imperial Cult in the Galilee », in Jürgen Zangenberg, Harold W. Attridge et Dale B. Martin (dirs.), ''Religion, Ethnicity, and Identity in Ancient Galilee : A Region in Transition'', éd. Mohr Siebeck, 2007, {{p.|348}}, note {{n°|33}}. Il est possible que ce soit à la suite d'une machination d'Herennius Capiton, le gouverneur de Jamnia {{incise|celui qui avait voulu faire arrêter Agrippa avant son départ vers Alexandrie}} qui joue sur les antagonismes entre juifs et païens et pousse ces derniers à ériger un autel à l'empereur que les seconds détruisent, en représailles de quoi Caligula aurait ordonné l'érection de la statue colossale dans le Temple ; il est également possible que l'empereur ait été sensible aux arguments de la délégation des grecs d'Alexandrie menée par [[Apion (grammairien)|Apion]] qui, dans le conflit qui oppose les deux partis, se plaint des « privilèges » accordés aux [[Juifs]], dont la délégation est, elle, conduite par [[Philon d'Alexandrie]] et attend audience depuis plusieurs semaines. Quoi qu'il en soit, c'est alors, en Italie, que cette dernière délégation apprend « avec horreur » le projet par un coreligionnaire sans qu'on sache si c'est avant ou après l'audience impériale.</ref>, il conçoit de faire ériger dans le [[Temple de Jérusalem]], sa propre statue en or sous l'apparence de [[Zeus]]<ref group="Note">''Zeus Epiphanes Neos Gaios''.</ref>. L'initiative de Caligula horrifie les sujets juifs de l'Empire et entraîne des troubles dans la diaspora à Rome, mais aussi à [[Alexandrie]], [[Thessalonique]], [[Antioche]] et en [[Palestine (région)|Palestine]]<ref group="Note">Suivant [[Étienne Nodet]] et [[Justin Taylor]] puis [[François Blanchetière]], c'est au cours de cette agitation que serait apparu le terme de « chrétien » forgé par les romains pour désigner des juifs messianisants protestataires similaires aux [[zélotes]] ; {{cf.}} Étienne Nodet et Justin Taylor, ''Essai sur les origines du christianisme : une secte éclatée'', éd. Cerf, 1998, {{p.|286-287}} ; [[François Blanchetière]], ''Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135)'', éd. Cerf, 2001, {{p.|147}}.</ref>, en particulier en [[Galilée (région)|Galilée]]<ref name="Blanchetière_147">{{harvsp|Blanchetière|2001|p=147}}.</ref>.

Caligula enjoint au nouveau [[proconsul (Rome antique)|proconsul]] de [[Syrie (province romaine)|Syrie]], Publius Petronius, de placer de gré ou de force la statue dans le « [[Débir|Saint des saints]] » du [[Temple de Jérusalem]]<ref name="Schwentzel 2011, p.228">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=228}}.</ref>, violant l'[[aniconisme]] judaïque dans le lieu le plus sacré de cette religion<ref group="Note">Il s'agit en effet moins d'un problème de substitution à [[YHWH]] que de l'association de l'empereur divinisé à ce dernier comme ''synnaos'' (dieu partageant le même temple) sous forme d'une image ; {{cf.}} Monika Bernett, « Roman Imperial Cult in the Galilee », in Jürgen Zangenberg, Harold W. Attridge et Dale B. Martin (dirs.), ''Religion, Ethnicity, and Identity in Ancient Galilee : A Region in Transition'', éd. Mohr Siebeck, 2007, {{p.|347}}.</ref>. Petronius dispose des troupes armées nécessaires {{incise|deux légions romaines et des auxiliaires}} qu'il caserne à [[Acre (Israël)|Ptolémaïs]], en [[Phénicie]], dans l'éventualité d'un soulèvement<ref>{{harvsp|Schwartz|1990|p=84}}.</ref> et il a pour mission d'accompagner la procession de la statue {{incise|en cours de fabrication à [[Sidon]]}} à travers la Judée, jusqu'à [[Jérusalem]]<ref name="Bernett 2007, p.347">Monika Bernett, « Roman Imperial Cult in the Galilee », in Jürgen Zangenberg, Harold W. Attridge et Dale B. Martin (dirs.), ''Religion, Ethnicity, and Identity in Ancient Galilee : A Region in Transition'', éd. Mohr Siebeck, 2007, {{p.|347}}.</ref>. La population se précipite en nombre à Ptolémaïs, soutenue par les autorités religieuses juives, puis à [[Tibériade]] où les troubles se poursuivent pendant une quarantaine de jours<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.84">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=84}}.</ref>. Petronius s'y rend et y rencontre les notables ainsi qu'[[Aristobule le Mineur|Aristobule]] frère d'Agrippa {{incise|en l'absence de ce dernier qui est à Rome}} en présence et sous la pression de la foule. Convaincu de l'imminence d'une importante révolte Petronius temporise auprès de l'empereur par un échange de courriers<ref>{{harvsp|Schwartz|1990|p=84-86}}.</ref> exposant {{incise|au risque de sa vie<ref name="Goodman 2009, p.111"/>}} les difficultés de la situation<ref name="Schwentzel 2011, p.229">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=229}}.</ref> : les habitants de Galilée sont proches de la révolte générale<ref name="Schwentzel 2011, p.228"/>, ainsi que les Juifs de Judée, les paysans risquant d'incendier les moissons juste avant leur récolte<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.84"/>, tout en se préparant à la guerre<ref name="Bernett 2007, p.347"/>. La première réponse de l'empereur est assez modérée mais certains sources font état d'une réponse « furieuse » de Caligula à Pétronius<ref group="Note">Notamment Philon dont, toutefois, la propension à forcer les réactions de ses personnages est fréquente ; {{cf.}} Daniel R. Schwartz, ''{{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|.85}}.</ref>, n'envisageant aucun compromis<ref name="Goodman 2009, p.111"/>.

==== Intervention d'Agrippa ====
[[Fichier:Agrippa I Caligula.jpg|vignette|gauche|Pièce frappée sous {{noble-|Agrippa Ier}}. Profil de [[Caligula]] à gauche, [[Germanicus]] sur son char de triomphe, à droite.]]
Pendant ces évènements, Agrippa est à Rome<ref group="Note">Selon [[Dion Cassius]], Agrippa avait très mauvaise réputation auprès des [[empire romain|Romains]]. Dans l{{'}}''Histoire romaine'', résumé par le moine [[Jean Xiphilin]] au {{s|IX}}, il est écrit : {{citation|ces misères étaient moins pénibles pour les Romains que l'attente d'un accroissement de cruauté et d'intempérance de la part de Caius ([[Caligula]]), surtout parce qu'on apprit qu'il était intimement lié avec les rois Agrippa et [[Antiochos IV de Commagène|Antiochus]], comme avec des professeurs de tyrannie}}, Dion Cassius, ''Histoire romaine'', {{noble-|livre LIX}}, 24.</ref> et il est possible qu'il ait appris l'affaire de [[Caligula]] lui-même<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.84"/> ce qui le plonge dans un conflit entre ses deux identités, juive et romaine<ref name="Goodman 2009, p.111"/>. Mais, à l'issue de quelques jours de réflexion, il prend le parti et le risque d'aider ses compatriotes juifs dans la défense du Temple menacé de profanation<ref name="Goodman 2009, p.112">{{harvsp|Goodman|2009|p=112}}.</ref> : pour [[Flavius Josèphe|Josèphe]], il s'agit d'une discussion au cours d'un banquet<ref>{{harvsp|Schwartz|1990|p=87}}.</ref> ; pour [[Philon d'Alexandrie|Philon]], il s'agit d'une requête adressée à l'empereur dont il rapporte la teneur, quoiqu'en des termes qui laissent transparaître une certaine exagération du rôle d'Agrippa<ref name="Goodman 2009, p.113">{{harvsp|Goodman|2009|p=113}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">Le neveu de [[Philon d'Alexandrie]] a en effet épousé [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], la fille d'Agrippa, les deux familles se connaissent bien et sont liés par des intérêts, y compris des intérêts financiers.</ref>. Quoi qu'il en soit, la démarche ne manque pas de courage pour l'aventurier qu'il a été jusque-là<ref name="Goodman 2009, p.111"/> et le texte de Philon reflète les idées qui devaient figurer dans la requête<ref name="Lémonon 2007, p.191">{{harvsp|Lémonon|2007|p=191}}, [https://books.google.be/books?id=PvmYODhcO3QC&pg=PA190 extrait en ligne].</ref>, quelle que soit sa forme : Agrippa y relève avec gratitude tous les bienfaits dont il a été l'objet de la part de l'empereur mais explique qu'il les échangerait volontiers contre une seule chose : {{citation|que les institutions ancestrales ne soient pas dérangées. Car qu'en serait-il de ma réputation parmi mes compatriotes et les autres hommes ? Ou bien je dois être considéré comme un traître à moi-même ou bien je dois cesser d'être compté au nombre de tes amis ; il n'existe pas d'autre choix…}}<ref>[[Philon d'Alexandrie]], ''De Specialibus Legibus'', 327 ; cité par Martin Goodman, 2009, {{p.|112-113}}.</ref>.

Dans un premier temps, Caligula semble céder à la supplique de son ami et instruit Pétronius de suspendre son action vers Jérusalem, tout en mettant en garde les populations juives de ne rien entreprendre contre les sanctuaires, les statues et les autels érigés en son honneur<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.84"/>, ainsi que semble en attester une reproduction de la lettre de Caligula par Flavius Josèphe<ref>[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', {{XVIII}}, 301, cité par {{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=84}}.</ref>. Mais l'empereur paraît<ref name="Goodman 2009, p.113"/> revenir plus tard sur sa décision<ref>Ce point est débattu ; cf. Daniel R. Schwartz, ''{{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea'', éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|88-89}}.</ref> et c'est le meurtre de [[Caligula]] qui semble mettre un terme définitif à l'entreprise et éteint les velléités de soulèvement populaire. Flavius Josèphe raconte encore comment l'empereur, suspectant Pétronius d'avoir été soudoyé pour enfreindre ses ordres, lui ordonne de se suicider mais ce courrier arrive après l'annonce de la mort de Caligula<ref>Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', {{XIX}}, 1-201, cité par {{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=84}}.</ref>, dans laquelle Josèphe voit un effet de la Providence<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.84"/>.

Ce succès même temporaire d'Agrippa témoigne des relations étroites qui le lient avec les personnalités les plus importantes du monde romain, qui vont se trouver confirmées lors de la succession de l'empereur assassiné<ref name="Goodman 2009, p.113"/>.

=== Mort de Caligula et installation de Claude ===
[[Fichier:Claudius (M.A.N. Madrid) 01.jpg|vignette|redresse=0.75|Buste en bronze de Claude.]]
Le {{date-|24 janvier 41}}<ref name="Major">{{en}} Major, A., ''Was He Pushed or Did He Leap? Claudius' Ascent to Power'', ''Ancient History'', 22 (1992), {{p.|25–31}}.</ref>, [[Caligula]] est assassiné par une conspiration de grande ampleur, impliquant notamment le commandant [[Garde prétorienne|prétorien]] [[Cassius Chaerea]] ainsi que plusieurs [[Sénat romain|sénateurs]]. Les conjurés entendent revenir à une république<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=85}}.</ref>. C'est pourtant Claude, l'oncle de Caligula, qui est poussé au pouvoir impérial par les anti-républicains dans des conditions curieuses<ref name="Lémonon 190"/> au centre desquelles gravite Agrippa. Claude est certes érudit, mais toutefois excessivement timide, affligé d'un handicap physique et sans ambition particulière<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>. Le soutien omniprésent de son ami d'enfance<ref name="Schwentzel 2011, p.230">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=230}}.</ref>, ainsi que ses manœuvres, semblent avoir été décisives dans sa prise de pouvoir.

Si l'on en croit Flavius Josèphe et l'historien romain [[Dion Cassius]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>, Agrippa joue en effet un rôle non négligeable dans le choix du nouvel empereur<ref name="Schwentzel 2011, p.230"/>. C'est lui qui mène une escouade de la [[garde prétorienne]] au palais à la recherche de Claude qui s'y est dissimulé par peur d'être assassiné<ref name="Schwentzel 2011, p.230"/>. C'est aussi à son instigation que les prétoriens proclament Claude empereur car sans souverain, la garde perd sa raison d'être<ref name="Goodman 2009, p.114">{{harvsp|Goodman|2009|p=114}}.</ref>. Il se rend ensuite au [[Capitole]] où les sénateurs sont réunis en conclave<ref name="Goodman 2009, p.114"/> et joue les intermédiaires entre ceux-ci et Claude<ref name="Schwentzel 2011, p.230"/>. Il inspire à Claude une réponse à ces derniers, {{citation|conforme à la dignité de sa puissance<ref>Flavius Josèphe, ''AJ'' {{XIX}}, 245, cité par Mireille Hadas-Lebel, op. cit. p. 85.</ref>}} et il les persuade d'abandonner avec sagesse leur idée de république, faisant valoir qu'un nouvel empereur est acclamé par les prétoriens {{incise|dont il signale qu'ils encerclent la réunion}} et que ceux-ci n’attendent rien d'autre que leur soutien enthousiaste<ref name="Goodman 2009, p.114"/>. Les sénateurs proclament Claude empereur, et Agrippa lui recommande d'être clément vis-à-vis des conjurés, mis à part pour les régicides Cassius Chaerea et Lupus<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>.

=== Royaume agrandi ===
[[Fichier:Royaume Agrippa Ier.svg|vignette|redresse=1.5|Évolution du Royaume d'{{noble-|Agrippa Ier}}.]]

Si l'on en croit ces récits, cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d'enfance<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/> et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de la majeure partie de l'ancien royaume d'[[Hérode Archélaos|Archélaos]] {{incise|la [[Judée]], l'[[Idumée]] et la [[Samarie]]}} mais aussi la ville d'[[Suq Wadi Barada|Abila]] dans l'[[Anti-Liban]]<ref group="Note">[[Suq Wadi Barada|Abila]] avait été le centre d'une petite [[tétrarchie]].</ref> de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père [[Hérode le Grand]]<ref name="Goodman 2009, p.114"/>.

D'après Dion Cassius, Claude octroie en outre à son ami le rang [[Consul (Rome antique)|consulaire]] et l'autorise « à paraître au sénat et à exprimer sa gratitude en grec ». Enfin, pour marquer le statut considérable du souverain, un traité est ratifié avec le Sénat et le peuple de Rome sur le [[Forum Romanum|Forum]]<ref name="Goodman 2009, p.115">{{harvsp|Goodman|2009|p=115}}.</ref>, qui reprend les anciens traités d'amitié et d'alliance judéo-romaines<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>. Agrippa y est déclaré ''rex amicus et socius Populi Romani'' {{incise|comme l'avait été son grand-père en [[40 av. J.-C.]]}} et le texte est conservé sur des tablettes de bronze au [[temple de Jupiter Capitolin]]<ref name="Schwentzel 2011, p.231">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=231}}.</ref>.

Ces nouvelles charges décident Agrippa à considérer que sa place est désormais sur ses territoires et il s'embarque peu après pour la Judée<ref name="Goodman 2009, p.115"/>. C'est la même année que [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], fille d'Agrippa, s'unit sous le parrainage de l'empereur<ref name="Schwentzel 2011, p.231"/> à Marcus, le fils de l'alabarque d'Alexandrie [[Alexandre Lysimaque]] que Claude a fait libérer de la captivité à laquelle l'avait réduit Caligula<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>.

L'accession au trône de Claude marque également la restauration de plusieurs autres royaumes d'Asie Mineure<ref group="Note">Notamment en [[Commagène]], au [[royaume du Bosphore|Bosphore]] et au [[royaume du Pont|Pont]] ; cf. Mireille Hadas-Lebel, ''Rome, la Judée et les Juifs'', éd. Picard, 2009, {{p.|85}}.</ref>. [[Hérode de Chalcis|Hérode]], le frère d'Agrippa reçoit également un titre royal, se voit attribuer la principauté de [[Anjar|Chalcis]], précédemment rattaché au royaume d'[[Iturée]]<ref name="Mimouni 2012, p.409">{{harvsp|Mimouni|2012|p=409}}.</ref> et se voit honoré à Rome du titre de [[préteur]]<ref name="Goodman 2009, p.115"/>. Il épouse sa nièce, Bérénice, après la mort de son jeune époux intervenue prématurément<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.85"/>.

=== Règne d'{{noble-|Agrippa Ier}} ===
==== Judaïsme dans l'Empire ====
Un édit de Claude rappelle les privilèges reconnus aux Juifs alexandrins qui peuvent vivre selon leurs lois et que rien ne peut écarter de l'observance de la [[Torah]]<ref name="Schwentzel 2011, pp.231-232">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=231-232}}.</ref>, bientôt suivi d'un second édit qui étend les privilèges alexandrins aux Juifs de la [[diaspora]] à travers tout l'empire<ref name="Schwentzel 2011, p.232">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=232}}.</ref>.

Agrippa et son frère [[Hérode de Chalcis]] jouent aussi le rôle d'intercesseurs en faveur des Juifs auprès de l'empereur<ref name="Schwentzel 2011, p.232"/>. Leurs compétences sont non seulement reconnues mais encore étendues à l'ensemble des communautés juives de l'Empire par la volonté de Claude lui-même. Ils ont aussi le statut de censeurs des mœurs juives : ils veillent au respect de la [[Torah]] par les communautés de la [[Diaspora]]<ref name="Schwentzel 2011, p.232"/>.

Quelques mois après le meurtre de [[Caligula]], des habitants de la cité phénicienne de [[Tel Dor|Dôra]] (au sud du [[mont Carmel]])<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.88" /> introduisent une statue de Claude dans la principale [[synagogue]] de la ville<ref name="Schwentzel 2011, p.232"/>. Pour tous ceux qui se sont dressés contre les projets de Caligula c'est une véritable provocation<ref name="Schwentzel 2011, p.232"/>. Agrippa intervient immédiatement et demande l'application du décret de Claude<ref name="Schwentzel 2011, p.233">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=233}}.</ref>. Il agit ici en tant qu'[[ethnarque]] des Juifs, puisque Dôra n'est pas situé sur son territoire. Pétrone, le [[proconsul (Rome antique)|proconsul]] de [[Syrie (province romaine)|Syrie]] donne immédiatement l'ordre aux magistrats de Dôra de retirer la statue, en faisant référence à l'édit de Claude<ref name="Schwentzel 2011, p.233"/>. Toutefois, il faut relativiser cette ouverture, qui se traduit aussi par les mesures de limitation du culte à l'encontre des Juifs de Rome, ainsi que le rapporte [[Dion Cassius]] (''Histoires'', 60, 6, 6-7)<ref name="Blanchetière_p248">{{harvsp|Blanchetière|2001|p=248}}.</ref>, peut-être en réaction à l'agitation résultant du rapide développement du mouvement des adeptes de [[Jésus de Nazareth|Jésus]] et qu'évoquerait la ''Lettre de Claude aux Alexandrins''<ref group="P">{{en}} [http://www.csun.edu/~hcfll004/claualex.html ''Letter of the Emperor Claudius to the Alexandrians''].</ref>. Pour [[François Blanchetière]], l'écrit de Philon ''Légation à Caïus'' {{citation|constitue une apologie de la politique judéophile d'[[Auguste]], à lire ''a contrario'' comme une critique de la politique judéophobe de Claude (''Légation à Caïus'' 155-158)<ref name="Blanchetière_p248"/>.}}

==== Administration du royaume ====
[[Fichier:Herods Promontory Palace P1080647.JPG|vignette|Vestiges du palais hérodien à Césarée.]]
Outre la reconnaissance qu'il doit éprouver à son égard, Claude a probablement également vu dans la nomination d'Agrippa, héritier des Hérodiens et des Hasmonéens mais aussi attaché aux Julio-Claudiens par des relations personnelles, un facteur de stabilité qui pourrait débarrasser l'administration impériale de la gestion d'une province aux troubles endémiques<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>.

Agrippa a manifestement hérité du faste de son grand-père et de son désir de reconnaissance au-delà de ses frontières<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.87">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=87}}.</ref>. Sur un plan intérieur, il essaie de contenter tant ses sujets juifs que païens et se partage d'ailleurs entre sa capitale religieuse, [[Jérusalem]], et sa « petite Rome », [[Césarée]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.87"/>. Il engage un revirement en faveur des [[pharisiens]], s'aliénant de la sorte une partie de ses sujets grecs<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>. Il entreprend également le grand chantier d'élever les remparts de sa capitale historique<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.87"/> et de l'étendre au nouveau quartier nord<ref name="Goodman 2009, p.115"/> grâce à un financement du trésor du Temple, ce qui laisse espérer à certains de ses sujets juifs la restauration d'un royaume indépendant ou au moins une forme retrouvée de souveraineté<ref name="Schwentzel 2011, p.239">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=239}}.</ref>.

Il poursuit la politique d'[[évergétisme]] externe à la Judée d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]]<ref name="Mimouni 2012, p.409"/> en finançant la construction d'ouvrages de prestiges (théâtre, amphithéâtre et thermes) dans des libéralités qui bénéficient essentiellement à la colonie romaine de [[Béryte]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.87"/>, sans oublier toutefois les villes de Phénicie et de [[Syrie (province romaine)|Syrie]]<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>. Il offre également des spectacles et des jeux, notamment avec des gladiateurs, même si cela contrevient aux prescriptions juives<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>, ce qu'il fait accepter en utilisant des criminels condamnés.

Sur un plan religieux, dès son arrivée, Agrippa se forge la réputation d'un homme très pieux qu'il sait entretenir ainsi qu'en atteste la ''[[Mishna]]'' qui relate une cérémonie finement orchestrée où le roi est acclamé et obtient la légitimité des prêtres au Temple de Jérusalem<ref name="Goodman 2009, p.106"/> dans lequel son grand-père Hérode n'avait jamais été admis. C'est ainsi le premier hérodien à pénétrer dans le Temple depuis la destitution de l'[[hasmonéens|hasmonéen]] [[Antigone II Mattathiah|Antigone Mattathiah]], même s'il se contente d'assister aux célébrations sans sacrifier lui-même<ref name="Schwentzel 2011, p.236">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=236}}.</ref>. Agrippa use à trois reprises de sa prérogative de nommer les grand-prêtres du Temple au cours de son court règne, choisissant alternativement parmi les dynasties sacerdotales des [[Anân]] et des [[Boethos (famille sacerdotale)|Boëthos]]. Son inclination pour le parti pharisien est traditionnellement admise et souvent expliquée par sa défiance envers les prêtres [[sadducéens]].

Sa courte administration est ainsi placée sous la domination de Rome dont il est un instrument de contrôle et les marques d'honneur données en tant que souverain par les Juifs au Temple, témoignent du {{citation|clientélisme généralisé dans lequel les amitiés personnelles fond[e]nt les relations administratives à travers tout l'Empire<ref name="Goodman 2009, p.116">{{harvsp|Goodman|2009|p=116}}.</ref>.}} Le règne d'Agrippa n'a toutefois pas duré suffisamment longtemps pour qu'on puisse en fixer l'orientation politique de façon significative<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>.

==== Ambitions régionales et mort inopinée ====
[[Fichier:Agrippa I.jpg|vignette|Pièce de monnaie frappée par {{noble-|Agrippa Ier}}.]]
Vibius Marsus, le gouverneur de Syrie qui succède à Petronius, lui est beaucoup moins favorable<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.88">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=88}}.</ref>. Il envoie une série de missives à Claude pour faire part de ses craintes face à la puissance montante d'Agrippa, traduisant la jalousie des compatriotes romains du prince dans la région<ref name="Goodman 2009, p.115"/>. De son côté, Agrippa demande maintes fois à l'empereur de démettre le légat<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.90">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=90}}.</ref>.

Le légat de Syrie fait interrompre, sur ordre de Claude alerté<ref name="Goodman 2009, p.115"/>, la fortification de Jérusalem et tempère les ambitions diplomatiques régionales de celui-ci. En effet, Agrippa invite à [[Tibériade]] les rois [[Hérode de Chalcis]] {{incise|son frère}}, le roi d'[[Émèse]] [[Sampsigeramos II d'Émèse|Sampsigeramos]] {{incise|beau-père de son frère [[Aristobule le Mineur|Aristobule]]}} ainsi que trois princes qui avaient été ses compagnons à Rome, [[Antiochos IV de Commagène|Antiochos de Commagène]], [[Cotys IX|Cotys d'Arménie]] et [[Polémon II du Pont|Polémon]], roi du [[Royaume du Pont|Pont]]<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.88"/>. Marsus argue de la possibilité d'une conspiration. Même s'il est improbable qu'Agrippa ait envisagé de rompre avec ses proches protecteurs et familiers romains<ref name="Goodman 2009, p.115"/>, les rois se voient enjoints de rejoindre leurs royaumes respectifs sans délai<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=89}}.</ref>.

Agrippa meurt de manière inopinée en l'{{nobr|an 44}}<ref group="Note">Depuis les travaux du philologue allemand Eduard Schwartz au début du {{s-|XX}}, il existe un consensus historien qui situe la mort d'Agrippa en {{nobr|mars 44}}, toutefois Daniel R. Schwartz fait valoir une série d'arguments exégétiques et numismatiques qui lui font situer l'évènement vers {{nobr|septembre/octobre 43}} ; {{cf.}} Daniel R. Schwartz, {{noble-|Agrippa I}} : The Last King of Judaea, éd. Mohr Siebeck, 1990, {{p.|108, 145, 207-208}}.</ref>, après seulement trois ans de règne sur la Judée, lors des Jeux de Césarée en l'honneur de l'empereur. Patronnant les jeux, il y apparait dans une parure d'argent éblouissante devant la foule qui l'acclame et le compare à un dieu, une remarque blasphématoire pour un juif contre laquelle le roi ne proteste pas. Certains de ses contemporains lisent comme une punition divine à ce blasphème la cause de sa mort qui survient peu après<ref name="Goodman 2009, p.116"/> : deux jours plus tard, il est pris de violentes douleurs abdominales et meurt après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les bruits d'empoisonnement circulent<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>, même si une maladie intestinale {{incise|ou une péritonite ou encore une appendicite}} reste possible<ref name="Goodman 2009, p.116"/>. Selon la Bible, ce serait un ange, venu au moment des déclarations du peuple qui le comparait donc à un Dieu, qui l'aurait frappé, puis fait dévoré par les vers<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Alfred Kuen|titre=Bible d'étude Semeur (édition 2018|passage="Au même instant, un ange du Seigneur vint le frapper parce qu'il n'avait pas rendu à Dieu l'honneur qui lui est dû. Rongé par les vers, il expira." Actes des Apôtres 12 verset 23, page 1794|lieu=26450 Charols|éditeur=Excelis|date=septembre 2017|pages totales=2300|isbn=978-2-7550-0329-1|lire en ligne=}}.</ref>{{,}}<ref name="Goodman 2009, p.106" />{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Actes des apôtres |url=https://info-bible.org/lsg/44.Actes.html#12 |site=info-bible.org |consulté le=2019-12-21}}.</ref>. Un auteur médecin a expliqué que les symptômes décrits par l'historien Josèphe et Luc étaient peut-être ceux d’une occlusion intestinale mortelle provoquée par des nématodes. Il arrive que le malade vomisse ces vers ou qu’ils sortent de son corps au moment du décès. Justin Betty émet l'hypothèse qu'il aurait été frappé par la [[gangrène de Fournier]], la même maladie qui aurait tué son grand-père Hérode<ref name="Betty_p20">{{ouvrage|langue=en|auteur=Justin Betty|titre=Tiberius|éditeur=Emereo Publishing|date=2012|passage=20|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Plusieurs chercheurs estiment que l'empoisonnement par les Romains inquiets de ses ambitions politiques excessives est vraisemblable<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>, voire que c'est une initiative personnelle de Marsus pour atténuer l'hostilité des populations syriennes voisines<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>.

Le règne d'{{noble-|Aggripa Ier}} n'aura ainsi pas duré assez longtemps pour pouvoir en dessiner significativement l'orientation politique<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>. Néanmoins les espoirs de souveraineté retrouvée suscités chez les juifs de Palestine par son avènement ne disparaissent pas avec sa mort et participent probablement des causes qui conduisent à la [[Grande révolte juive|révolte juive]] qui éclate une vingtaine d'années plus tard dans l'ancien royaume<ref name="Schwartz 1990, p. 175">{{harvsp|Schwartz|1990|p=175}}.</ref>.

=== Succession ===
[[Image:Festus window.JPG|vignette|Bérénice représentée avec son frère {{noble|Hérode Agrippa II|Agrippa II}} au cours du procès de [[Paul de Tarse|Saint-Paul]]; Vitrail de la [[Cathédrale Saint-Paul de Melbourne|cathédrale Saint Paul]], à [[Melbourne]].]]
La mort d'Agrippa est le prétexte pour les populations païennes du royaume à des célébrations et des réjouissances, notamment à Césarée et à Sébasté, que le souverain avait pourtant largement favorisées. L'hostilité des populations syriennes se manifeste également et les statues des trois filles du roi ornant le palais de Césarée sont outragées par des auxiliaires syriens<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.90"/>.

Plutôt que de confier le royaume du roi défunt à son fils {{noble|Agrippa II}} {{incise|jeune homme inexpérimenté qui grandit à la cour impériale, protégé de l'empereur<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>}} Claude<ref name="Mimouni 2012, p.409"/> en fait une [[province romaine]] mais procuratorienne qui désormais entre dans la juridiction du gouverneur de [[Syrie (province romaine)|Syrie]]{{sfn|Mimouni|2012|p=410}}, mais conscient de l'impopularité de Marsus auprès des Juifs, l'empereur rétablit un fonctionnaire romain, [[Cuspius Fadus]], pour diriger l'ancien royaume d'{{noble-|Agrippa Ier}}<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>, avec le titre de [[procurateur]]. Mais ces choix, ainsi que l'absence de réaction vis-à-vis de la conduite infâme des auxiliaires syriens, engendre un regain d'agitations à Césarée et ailleurs<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.90"/>. La nomination des prêtres et le contrôle du Temple de Jérusalem reviennent à [[Hérode de Chalcis]]<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>. C'est également ce dernier qui devient l’intermédiaire privilégié entre les Juifs et les Romains jusqu'à sa propre mort en 48<ref name="Schwentzel 2011, p.242">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=242}}.</ref>.

Pour les Juifs, cette disparition marque la fin des espoirs d'indépendance juive, même symbolique et c'est alors qu'apparaissent des mouvements factieux intransigeants à connotation messianique et anti-romaine<ref name="Schwentzel 2011, p.242"/>.

=== Postérité ===
La mort soudaine d'Agrippa laisse son peuple (les Juifs) « éploré »<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89" />. Un demi-siècle plus tard, Flavius Josèphe évoque le souverain dans ces termes : {{citation|le caractère d' Agrippa était doux et sa bienfaisance était égale pour tous. Il était plein d'humanité pour les gens de races étrangères et leur témoignait aussi sa libéralité, mais il était également serviable pour ses compatriotes et leur marquait encore plus de sympathie}}<ref group="P">[[Flavius Josèphe]], [[Antiquités judaïques]], {{nobr|livre {{XIX}}}}, (330).</ref>. Dans les [[Littérature rabbinique|sources rabbiniques]], Agrippa est présenté comme un homme pieux et son règne est décrit de manière fort positive<ref name="Goodman 2009, p.105">{{harvsp|Goodman|2009|p=105}}.</ref>, ce qui montre qu'il est apprécié chez les [[pharisiens]]. Inversement, les habitants [[païens]] de [[Césarée]] et de [[Samarie (ville ancienne)|Sébasté]] organisent à sa mort des réjouissances<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89"/>.

Un nombre important de critiques suivent la [[tradition (christianisme)|tradition chrétienne]] pour identifier Agrippa à {{citation|Hérode le roi}} qui, dans les ''[[Actes des Apôtres]]'', persécute la communauté de disciples de [[Jésus de Nazareth|Jésus]] à Jérusalem, puis qui fait tuer {{citation|par l'épée}} [[Jacques de Zébédée]] tandis que l’apôtre [[Pierre (apôtre)|Pierre]] arrêté ultérieurement, ne doit son salut qu'à l'aide {{citation|d'un ange}} qui vient de nuit le faire s'évader de sa prison<ref name="Mimouni 2012, p.411">{{harvsp|Mimouni|2012|p=411}}.</ref>. Toutefois, les ''Actes des Apôtres'', composés eux-aussi dans les [[années 80]]-[[années 90|90]] à partir de plusieurs sources, {{citation|ont fait l'objet d'une critique dévastatrice depuis quelques décennies, au point de se voir dénié par certains, en tout ou partie, toute valeur historique<ref name="Blanchetière_103">{{harvsp|Blanchetière|2001|p=103}}.</ref>}} du fait de {{citation|l'activité rédactionnelle}} de ses trois auteurs successifs<ref name="Blanchetière_251">{{harvsp|Blanchetière|2001|p=251}}.</ref>. Ainsi, la totalité du document pétrinien (document hypothétique) auxquels aurait appartenu ces épisodes semble avoir été placé au début des ''Actes'' par son premier rédacteur en faisant suivre ce récit par la "Geste de Paul" et c'est le second rédacteur {{incise|peut-être l'[[Luc (évangéliste)|évangéliste Luc]]}} qui a déplacé deux séquences d'un récit à l'autre<ref name="2Apôtres_p11 et 12">{{harvsp|Boismard|Lamouille|1990|p=11 et 12}}.</ref>, ce qui peut donner l'impression d'un seul récit respectant la chronologie. Il a aussi inséré entre les deux "Gestes" de Pierre et Paul, le récit de la mort d'Agrippa<ref name="2Apôtres_p24">{{harvsp|Boismard|Lamouille|1990|p=24}}.</ref> qui donne l'impression que tout ce qui précède est daté d'{{nobr|avant 44}} et tout ce qui suit est ultérieur. Il est donc possible que {{citation|Hérode le roi}} ne désigne pas {{noble-|Agrippa Ier}}, mais son frère [[Hérode de Chalcis]] ou son fils {{noble|Agrippa II}}. En effet, outre ces éléments rédactionnels, les incohérences chronologiques des ''Actes'' sont bien connues depuis plus d'un siècle, notamment le discours de [[Gamaliel l'Ancien|Gamaliel]], prononcé sept chapitres avant la relation de la mort d'Agrippa pour défendre les [[apôtres]] lors de leur première arrestation, parle de la mort de [[Theudas]] intervenue sous le [[Gouverneurs romains de Judée|procurateur]] [[Cuspius Fadus]] ([[44]]-[[46]]) et dans la ''Geste de Pierre'' qui constitue la première partie des ''Actes'', le meurtre de Jacques de Zébédée, puis l'arrestation-évasion de Pierre sont postérieurs de cinq chapitres à ce discours<ref>Louis H. Feldman, ''Jewish Life and Thought among Greeks and Romans: Primary Readings'', A&C Black, 1996, {{p.|335}}.</ref>{{,}}<ref>Talbert, Charles H., ''Reading Luke-Acts in Its Mediterranean Milieu'', Brill, {{p.|200}}.</ref>.

Ce récit de la mort d'Agrippa, inséré par le deuxième rédacteur des ''[[Actes des Apôtres]]''<ref name="2Apôtres_p24"/> diverge de celui de [[Flavius Josèphe]]<ref name="Mimouni 2012, p.409"/>, mais s'accorde par ailleurs avec lui sur l'origine divine de son mal mortel, occasionnée par son refus impie de rejeter la déification dont il est l'objet par le peuple, témoignant peut-être de l'usage d'une source juive commune<ref name="Schwartz 1990, p. 147">{{harvsp|Schwartz|1990|p=147}}.</ref>. Foudroyé sur place et dévoré par les vers, les versets 19-23 du chapitre 12 des ''Actes des Apôtres'' mettent en scène une mort qui a plus un caractère théologique qu'historique<ref name="Betty_p20" />.

==== Descendance ====
De son union avec Cypros, Agrippa a donc quatre enfants, l'aîné [[Agrippa II|Agrippa]], puis trois filles, [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]] et [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]]<ref group="P">[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', {{noble-|Livre II}}, § 11.</ref>. Un autre fils, Drusus, est mort en bas âge<ref group="P">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda18.htm#130 {{nobr|livre {{XVIII}}}}, {{noble-|§ V}}, 4, (132)].</ref>.

[[Agrippa II|Agrippa]], l'aîné, né en 27/28<ref name="Rajak Tessa">{{en}} Rajak, Tessa (1996), "Iulius Agrippa (2) {{II}}, Marcus", in Hornblower, Simon, Oxford Classical Dictionary, Oxford: Oxford University Press.</ref>, est élevé à la cour de Rome<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.89" /> sous la protection de Claude mais n'est pas choisi par ce dernier pour succéder à son père<ref name="Schwentzel 2011, p.255">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=255}}.</ref>, {{citation|ce qui provoque un regain d'agitation politique dans les années qui suivent<ref name="Mimouni 2012, p.409" />.}} Ce n'est qu'en [[49]] que l'empereur lui octroie la tétrarchie de Chalcis assortie de la dignité royale<ref name="Mimouni2012_p410">{{harvsp|Mimouni|2012|p=410}}.</ref> un an après la mort de son oncle Hérode<ref name="Schwentzel 2011, p.255" />. Comme son père, il reçoit aussi l'administration du [[Temple de Jérusalem]] et le pouvoir de désigner les [[Grand prêtre d'Israël|grand-prêtres]] détenu auparavant par Hérode de Chalcis<ref name="Schwentzel_258">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=258}}.</ref>, avec le titre d{{'}}''épimélète'' (administrateur)<ref name="Mimouni2012_p410"/>. En [[53]]{{sfn|Lémonon|2007|p=37}}/[[54]]{{sfn|Mimouni|2012|p=410}}, il restitue ce territoire en échange de l'essentiel de l'ex [[tétrarchie de Philippe]], à laquelle sont jointes les [[Tétrarque|tétrarchies]] de [[Lysanias II|Lysanias]] et de Varus<ref name="Mimouni2012_p410"/>{{,}}<ref group=Note>Les dates précises de règne d'{{noble|Agrippa II}} sont l'objet de débats, car il a utilisé plusieurs ères {{incise|deux ou trois}} sur ses monnaies et sur ses inscriptions. Cette question en débat depuis plusieurs décennies n'est toujours pas résolue. [[Simon Claude Mimouni]] situe ce début de règne en [[54]] ({{cf.}} {{harvsp|Mimouni|2012|p=410}}. [[Jean-Pierre Lémonon]] le place en [[53]]-[[54]] {{cf.}}{{harvsp|Lémonon|2007|p=43}} et [[Christian-Georges Schwentzel]] opte pour [[55]]-[[56]] ({{harvsp|Schwentzel|2012|p=168}}).</ref>. Plus tard (en [[54]]{{sfn|Lémonon|2007|p=37}}-[[56]]{{sfn|Schwentzel|2013|p=168}} ou [[61]]{{sfn|Mimouni|2012|p=411}}), il reçoit de [[Néron]] des territoires en [[Galilée (région)|Galilée]] sur la rive ouest du [[lac de Tibériade]], ainsi qu'en [[Pérée (Palestine)|Pérée]] et autour d'[[Suq Wadi Barada|Abila]] et de Livias<ref name="Mimouni2012_p410"/>. Prince proche des [[empire romain|Romains]], du côté desquels il se range lors de la [[Première Guerre judéo-romaine|Grande révolte juive des années 66-70]], il obtient par la suite différents territoires qui concernent plus l'histoire de la [[Syrie (province romaine)|Syrie]] que de la [[Palestine (région)|Palestine]]<ref name="Mimouni 2012, p.411" />. Ses territoires sont rattachés à la [[province romaine]] de Syrie en [[92]]/[[94]]<ref name="Mimouni 2012, p.411"/>{{,}}<ref name="Smallwood p354">{{harvsp|Smallwood|2011|p=354}}.</ref>. Une part importante de la critique estime qu'il est mort à ce moment-là, mais d'autres critiques se fondent sur l'indication de [[Photios de Constantinople]] qui au {{s|IX}} situait cette mort la troisième année de [[Trajan]] (100). Il n'a ni enfant, ni héritier proche<ref name="Mimouni 2012, p.410-411">{{harvsp|Mimouni|2012|p=410-411}}.</ref>.
[[Image:Titus and Berenice.jpg|vignette|250px|[[Titus (empereur romain)|Titus]] et [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], 1815, (auteur inconnu).]]

Les unions des filles d'Agrippa participent d'une stratégie matrimoniale consistant à s’allier au parti le plus fortuné possible qui n'est pas exempt de concurrence entre les sœurs<ref name="Schwentzel 2011, p.256">{{harvsp|Schwentzel|2011|p=256}}.</ref>. La première des filles, Bérénice épouse le fils de l'[[Alexandre Lysimaque|alabarque d'Alexandrie]]<ref name="Schwentzel 2011, p.231"/>{{,}}<ref group="Note">Pour une description détaillée, voir: Tal Ilan, [https://books.google.fr/books?id=yGPUIYorRg8C&pg=PA217&dq=%22Julia+Crispina:+A+Herodian+Princess+in+the+Babatha+Archive%22&hl=fr&sa=X&ei=brRCUc7qA9KIhQfkhIDgDw&ved=0CDgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: ''Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive''], {{p.|217-233}}.</ref>, neveu du philosophe [[Philon d'Alexandrie]] et frère de [[Tiberius Julius Alexander|Tibère Alexandre]]<ref name="Schwentzel 2011, p.231"/>, qui sera nommé procurateur de [[Judée (province romaine)|Judée]] en [[46]] par [[Claude (empereur romain)|Claude]]<ref name="Lémonon 264">{{harvsp|Lémonon|2007|p=264}}, [https://books.google.be/books?id=PvmYODhcO3QC&pg=PA264 extrait en ligne].</ref>{{,}}<ref name="Mimouni2012_p122">{{harvsp|Mimouni|2012|p=122}}.</ref>. Ce premier époux meurt peu après et Bérénice est alors unie à son oncle paternel [[Hérode de Chalcis|Hérode]], le roi de [[Anjar|Chalcis]]<ref name="Ross 2003, pp.133-137">{{en}} Ross S. Kraemer, « Typical and atypical jewish family dynamics : The lives of Berenice and Babatha », in David L. Balch et Carolyn A. Osiek, ''Early Christian Families in Context: An Interdisciplinary Dialogue'', éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, {{p.|133-137}}.</ref>, dont elle a deux fils, Bérénicien et Hyrcan<ref group="P">[[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#218 {{noble-|livre II}}, {{noble-|§ XI}}, 6, (218s)].</ref>. Après la mort d'Hérode de Chalcis et les insistantes rumeurs d'inceste à son sujet avec son frère Agrippa, elle propose à {{noble|Marcus Antonius Polemo II|Marcus Antonius Polemo II}}<ref group="Note">{{noble|Marcus Antonius Polemo II}} est le fils de {{noble|Marcus Antonius Polemo Ier}}, prêtre de [[Laodicée du Lycos]], dynaste d'[[Olba (Cilicie)|Olba]] puis roi en [[Cilicie]].</ref>, roi client de [[Cilicie]] (au sud de la Cappadoce), de l'épouser. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout d'après [[Flavius Josèphe]], parce qu'elle est très riche<ref name="Schwentzel 2011, p.255" />. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au [[judaïsme]] et se fait [[circoncision|circoncire]]<ref name="Schwentzel 2011, p.255"/>. Mais très vite, elle l'abandonne ou en divorce<ref name="Ross 2003, pp.133-137"/> pour revenir avec son frère, {{citation|par légèreté dit-on}} précise Flavius Josèphe. Elle devient enfin la célèbre maîtresse de [[Titus (empereur romain)|Titus]] qui la congédie lorsqu'il accède à la charge impériale<ref name="Schwartz 1990, p. 6"/>.

La deuxième fille, [[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]], épouse Julius Archelaus fils d'un officier de la cour d'Agrippa nommé Chelkias<ref name="Schwentzel 2011, p.256"/>, dont elle se sépare pour s'unir à Démétrius, {{citation|le premier des Juifs d'[[Alexandrie]] par la naissance et la fortune<ref name="Schwentzel 2011, p.256"/> qui était alors ''[[Alabarque]]''<ref name="FlaJos-XX_VII-3" group="P">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda20.htm#145b {{noble-|livre XX}}, {{noble-|§ VII}}, 3, (147)].</ref>}} de la ville<ref name="Schwentzel 2011, p.256"/>. La dernière, [[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]], née vers 38, est tout d'abord promise à [[Archélaos Gaius Julius Antiochos|Gaius Épiphane]], fils d'{{noble|Antiochos IV de Commagène}}, mais le prince refuse de se faire circoncire pour l'occasion<ref name="Schwentzel 2011, p.255"/>. Drusilla est alors unie à [[Aziz d'Émèse]], un autre prince oriental, qu'elle quitte pour épouser le [[Gouverneurs romains de Judée (Ier siècle)|gouverneur de Judée]] [[Antonius Felix|Félix]], vers 50<ref name="Schwartz 1990, p. 134">{{harvsp|Schwartz|1990|p=134}}.</ref> qui, selon Flavius Josèphe l'aurait enlevé à son mari<ref name="Hadas-Lebel 2009, p.96">{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=96}}.</ref>.

== Arbre généalogique ==
{{Arbre généalogique/début}}
{{Arbre généalogique| | | |GDP|-|v|-|GDM
|GDP=[[Hérode Ier le Grand|Hérode le Grand]]
|GDM=[[Mariamne l'Hasmonéenne]]|border=1}}
{{Arbre généalogique| | | | | | | |)|-|-|-|.}}
{{Arbre généalogique| | |MER|v|PER| |ONC
|PER={{noble|Aristobule IV}}
|MER=[[Bérénice (fille de Salomé)|Bérénice]], fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé, sœur d'Hérode le Grand]]
| (fils d'Hérode le Grand)|Alexandre]]|border=1}}
{{Arbre généalogique| |,|-|-|-|+|-|-|-|v|-|-|-|v|-|-|.}}
{{Arbre généalogique| |!| | |FRE2| |FRE3| |SOE| |MOI
|FRE2='''{{noble-|Agrippa Ier}}'''
|FRE3=[[Aristobule le Mineur]]
|MOI=[[Hérodiade]]
|SOE=Mariamne|border=1}}
{{Arbre généalogique| |!| | | |)|-|-|-|v|-|-|-|v|-|-|.}}
{{Arbre généalogique|FRE1|-|SOE.1| |FRE2.2| |FRE2.3| |SOE2.4
|FRE1=[[Hérode de Chalcis]]
|SOE.1=[[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]]
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|FRE2.3=[[Mariamne (fille d'Agrippa Ier)|Mariamne]]
|SOE2.4=[[Drusilla (fille d'Agrippa Ier)|Drusilla]]|border=1}}
{{Arbre généalogique/fin}}

L'ordre des enfants d'{{noble|Aristobule IV}} et Bérénice fille de [[Salomé (fille d'Antipater)|Salomé, sœur d'Hérode le Grand]] est arbitraire.

[[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]] et {{noble|Agrippa II}} sont permutés pour la commodité de la représentation.

Seul le deuxième mariage de Bérénice avec son oncle [[Hérode de Chalcis]] est représenté.

== Art et culture ==
Agrippa apparaît sous les traits de l'acteur [[James Faulkner (acteur)|James Faulkner]] dans la série britannique ''[[Moi Claude empereur]]'', une adaptation du roman historique de [[Robert Graves]], ''[[Moi, Claude]]'', produite par la [[BBC 2]] en 1976.

[[Jean-Claude Lattès]] a publié le roman ''Le Dernier Roi des Juifs'' (Nil, 2012 {{ISBN|978-2-84111-626-3}})

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{références|taille=30|groupe = Note}}

=== Sources primaires ===
{{références|taille=30|groupe ="P"}}

=== Sources secondaires ===
{{références|taille=24}}

== Pour approfondir ==
=== Bibliographie ===
==== Historiens ====
{{légende plume}}
* {{ouvrage
|langue=fr
|prénom1=Simon Claude
|nom1=Mimouni
|lien auteur1= Simon Claude Mimouni
|titre=Le judaïsme ancien du {{s-|VI}} avant notre ère au {{s-|III}} de notre ère
|sous-titre= des prêtres aux rabbins
|éditeur= [[Presses universitaires de France|puf]]
|collection=Nouvelle clio
|année=2012
|pages totales=968
|isbn=978-2130563969
|présentation en ligne=http://www.puf.com/Autres_Collections:Le_juda%C3%AFsme_ancien_du_VIe_si%C3%A8cle_avant_notre_%C3%A8re_au_IIIe_si%C3%A8cle_de_notre_%C3%A8re_des_pr%C3%AAtres_aux_rabbins
}}. {{plume}}
* {{Ouvrage
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|nom1=Schwentzel
|lien auteur1=Christian-Georges Schwentzel
|titre=Hérode le Grand
|éditeur=Pygmalion
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|lieu=Paris
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* {{Ouvrage
|prénom1=Christian-Georges
|nom1=Schwentzel
|lien auteur1=Christian-Georges Schwentzel
|titre=Juifs et nabatéens
|sous-titre=Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain
|éditeur=Presses Universitaires de Rennes
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|isbn=978-2-7535-2229-9}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom=Mireille
|nom=Hadas-Lebel
|lien auteur1=Mireille Hadas-Lebel
|titre=Rome, la Judée et les Juifs
|lieu=Paris
|éditeur=A. & J. Picard
|année=2009
|isbn=978-2708408425
|numéro chapitre={{VI}}
|titre chapitre=Caligula, {{noble-|Agrippa Ier}} et les Juifs
|pages totales=231
|présentation en ligne=http://www.orient-mediterranee.com/spip.php?article377}}. {{plume}}
* {{Ouvrage
|prénom1=Martin
|nom1=Goodman
|titre=Rome et Jérusalem
|éditeur=Perrin/Tempus
|année=2009
|lieu=Paris
|isbn=}}. {{plume}}
* {{en}} Nikkos Kokkinos, ''The Herodian Dynasty: Origins, Role in Society and Eclipse'', Sheffield Academic Press, Sheffield, coll. « Journal for the Study of the Pseudepigrapha Supplement Series », 1998 {{ISBN|1850756902}}. {{plume}}
* {{ouvrage
|langue=en
|prénom1=Nikos
|nom1=Kokkinos
|titre=Crucifixion in A.D. 36
|sous-titre=The Keystone for Dating the Birth of Jesus ''in Jack Finegan'', Chronos, kairos, Christos: nativity and chronological studies
|éditeur=Jerry Vardaman & Edwin M. Yamauchi
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|présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=UCBBY_O88uYC&lpg=PA133&dq=Nikkos%20Kokkinos&hl=fr&pg=PA134#v=onepage&q=Nikkos%20Kokkinos&f=false
}}. {{plume}}
* {{ouvrage
|langue=en
|prénom1=Daniel R.
|nom1=Schwartz
|titre={{noble-|Agrippa I}}
|sous-titre=The Last King of Judaea
|éditeur=Mohr Siebeck
|année=1990
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* {{Ouvrage
|langue=en
|id=Eisenman 2012 vol. I
|prénom1=Robert
|nom1=Eisenman
|lien auteur1= Robert Eisenman
|titre=''James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls'', ''The Historical James, Paul as the Enemy, and Jesus' Brothers as Apostles'', {{noble-|Vol. I}}
|éditeur=GDP
|année=2012
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* {{Ouvrage
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|id=Eisenman 2012 vol. II
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|lien auteur1= Robert Eisenman
|titre=''James the Brother of Jesus And The Dead Sea Scrolls'', ''The Damascus Code, the Tent of David, the New Convenant, and the Blood of Christ'', {{noble-|Vol. II}}
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|année=2012
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* {{ouvrage
|langue=fr
|prénom1=François
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|lien auteur1= François Blanchetière
|titre=Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien
|éditeur=Cerf
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* {{Ouvrage
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|présentation en ligne={{Google Livres|PvmYODhcO3QC}}
}}. {{plume}}
* {{Ouvrage
|langue=en
|prénom1=Lester L.
|nom1=Grabbe
|titre=Judaïsm from Cyrus to Hadrian, {{noble-|Vol. II}}
|éditeur=Fortress Press
|année=1992
|pages totales=722
|isbn=0-8006-2621-4
}}. {{plume}}
* {{Ouvrage
|langue=en
|prénom1=E. Mary
|nom1=Smallwood
|titre=The Jews Under Roman Rule : From Pompey to Diocletian : A Study in Political Relations
|éditeur=Brill
|année=1976
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}}. {{plume}}
* {{Ouvrage
|langue=fr
|prénom1=Marie-Émile
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|lien auteur1=Marie-Émile Boismard
|prénom2=Arnaud
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|titre=Actes des deux apôtres'', {{noble-|livre I}}''
|éditeur=Librairie Lecoffre J. Gabalda et {{cie}}
|lieu=Paris
|année=1990
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}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=|prénom1=Florence Morgan|nom1=Gillman|titre=Herodias|sous-titre=At Home in that Fox's Den|éditeur=Liturgical Press|collection=Interfaces|date=2003|isbn=978-0814651087|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=rFRFe8QdO1gC}}
* {{article|prénom=Christiane|nom=Saulnier|lien auteur1=Christiane Saulnier|titre=Hérode Antipas et Jean le Baptiste|sous-titre=Quelques remarques sur les confusions chronologiques de Flavius Josèphe|périodique=[[Revue biblique]]|volume=91|date=1984|issn=0035-0907|pages=362-376}}

==== Sources antiques ====
* [[Flavius Josèphe]], ''[[Guerre des Juifs]]'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#XI {{noble-|Livre II}}, {{XI}}]
* [[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', {{noble-|livre XIX}}
* [[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', {{noble-|livres {{LIX}} et {{LX}}
* [[Philon d'Alexandrie]], ''[[Contre Flaccus]]''
* ''[[Actes des Apôtres]]'', 12

=== Articles connexes ===
* [[Dynastie hérodienne]]

=== Liens externes ===
{{Liens}}

{{Palette|Personnages du Nouveau Testament}}
{{Portail|Israël antique et les Juifs dans l'Antiquité|Rome antique|Christianisme|Bible|monarchie}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=126085156|date=11 mai 2016}}

{{DEFAULTSORT:Herode Agrippa 1}}
[[Catégorie:Monarque du Ier siècle en Asie]]
[[Catégorie:Dynastie hérodienne]]
[[Catégorie:Date de naissance incertaine (Ier siècle av. J.-C.)]]
[[Catégorie:Roi de Judée]]
[[Catégorie:Décès à Césarée]]
[[Catégorie:Décès en 44]]