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Alain Colas naît le 16 septembre 1943 à Clamecy où son père, Roger Colas (1907-1993), dirige la faïencerie de la ville. Dès son enfance, il veut « réaliser ses rêves ». Écolier à Clamecy, il étudie en sixième au lycée Michelet de [[Vanves]], puis au lycée Jacques Amyot d'[[Auxerre]] de la cinquième à la première. Il passe la classe de philosophie au lycée Paul Bert d'Auxerre, obtient le baccalauréat en 1961, et fréquente un an la [[Université de Bourgogne|faculté des Lettres de Dijon]]. Il étudie ensuite l'anglais en [[Sorbonne]]. En juillet 1963, à dix-neuf ans, il crée le club de [[canoë-kayak]] de Clamecy. |
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Version du 31 octobre 2010 à 23:08
Alain Colas est un navigateur français né le à Clamecy (dans la Nièvre, en Bourgogne), disparu en mer le au large des Açores.
Biographie
La jeunesse
Alain Colas naît le 16 septembre 1943 à Clamecy où son père, Roger Colas (1907-1993), dirige la faïencerie de la ville. Dès son enfance, il veut « réaliser ses rêves ». Écolier à Clamecy, il étudie en sixième au lycée Michelet de Vanves, puis au lycée Jacques Amyot d'Auxerre de la cinquième à la première. Il passe la classe de philosophie au lycée Paul Bert d'Auxerre, obtient le baccalauréat en 1961, et fréquente un an la faculté des Lettres de Dijon. Il étudie ensuite l'anglais en Sorbonne. En juillet 1963, à dix-neuf ans, il crée le club de canoë-kayak de Clamecy.
Chargé de cours en Australie
En 1965, son père lui communique une annonce parue dans Le Monde, par laquelle l'université de Sydney recherche un lecturer, c'est-à-dire un chargé de cours, et non un lecteur comme Alain le croit. Il postule aussitôt et prépare son départ. Malgré une réponse négative, il s'embarque en janvier 1966 sur un cargo pour l'Australie. À la faculté des Lettres de Sydney, ce jeune homme dynamique et persuasif est recruté ; il devient chargé de cours, à vingt-deux ans, à St John’s College, où il enseigne la littérature française.
En Australie, il découvre la voile et la course au large dans la baie de Sydney.
Équipier d'Éric Tabarly
En 1967, Alain Colas rencontre Éric Tabarly, qui dispute la course Sydney-Hobart. Ce dernier lui propose d’embarquer à son bord, sur Pen Duick III, pour un périple jusqu’à la Nouvelle-Calédonie.
Pour Alain, l’appel du large est plus fort qu’un avenir universitaire tout tracé. En mai 1968, il rejoint à Lorient Éric Tabarly qui prépare, pour la transatlantique en solitaire de 1968, un multicoque expérimental géant : Pen Duick IV, conçu par l'architecte français André Allègre. Alain fait toute la saison de course 1968-1969 avec Tabarly. Il apprend le métier de marin de course au large et devient journaliste de ses aventures maritimes. En 1970, il rachète à Tabarly le trimaran Pen Duick IV, avec l'aide de sa famille. Pour payer les premières échéances, il raconte ses voyages dans la presse française et anglo-américaine et vend des photographies.
Afin de s'entraîner et de mieux connaître son bateau, il participe en franc-tireur à la course Sydney-Hobart. Puis il regagne Tahiti pour écrire des reportages sur la Polynésie et préparer Pen Duick IV à son retour en métropole. Il rencontre au début de 1971 une tahitienne, Teura Krause, qui devient sa compagne, et avec laquelle il aura trois enfants.
Les victoires
Le 17 juin 1972, sur Pen Duick IV, il prend le départ à Plymouth, en Angleterre, de la quatrième course transatlantique anglaise en solitaire. Le 8 juillet 1972, il arrive vainqueur à Newport aux États-Unis, pulvérisant le record de l’épreuve en 20 jours, 13 heures et 15 minutes. La France se découvre un héros sympathique au parcours original.
Son prochain objectif est de réaliser le premier tour du monde en solitaire en multicoque avec Pen Duick IV rebaptisé « Manureva » (l’oiseau du voyage en tahitien) et légèrement modifié pour affronter les mers difficiles de l'hémisphère sud. Alain Colas part de Saint-Malo le 8 septembre 1973. Après une escale à Sydney, il franchit le cap Horn le 3 février 1974. Arrivé à Saint-Malo le 28 mars 1974, il bat de 32 jours le record du tour du monde en solitaire détenu par sir Francis Chichester, en monocoque. Il est le premier marin à réussir ce pari.
Ce périple a été accompli en parallèle à la première édition de la Whitbread, une course autour du monde en équipage en monocoques. Il lui a été reproché de vouloir ainsi bénéficier de sa couverture médiatique, alors que son bateau n'entrait pas dans la même catégorie et disposait d'un potentiel de vitesse supérieur. Par ailleurs, cette course s'est avérée désastreuse pour Tabarly et son Pen Duick VI, contraint à l'abandon. Une polémique discutable avait lieu en même temps concernant le lest en uranium appauvri de ce bateau. Tout cela contribua à écorner l'image de Tabarly et à détourner l'intérêt du public au profit de Colas ; il faut sans doute voir dans ces circonstances la naissance d'une rancune tenace de Tabarly envers son ancien équipier, qui mit fin à l'amitié qui les liait.
Le quatre-mâts Club Méditerranée
En 1975, il conçoit et met en œuvre la construction d’un quatre-mâts, voilier de 72 mètres de long, à la pointe de la technologie, pour la Transat anglaise en solitaire de juin 1976. C’est le gigantesque « Club Méditerranée ».
Le 19 mai 1975, dans le port de La Trinité-sur-Mer, il est victime d'un accident : sa cheville droite est sectionnée par le cordage d'une ancre de Manureva. Il subit vingt-deux opérations qui lui permettent de conserver son pied, et continue à superviser la réalisation du Club Méditerranée depuis son lit de l'hôpital de Nantes. Le 15 février 1976, le navire est lancé à l'arsenal du Mourillon à Toulon. Une équipe de volontaires réalise ensuite les équipements très sophistiqués du navire, qui fait sa première sortie en mer le 21 mars 1976.
Le 5 juin 1976, Alain Colas est au départ, sur le Club Méditerranée, de la cinquième transat anglaise en solitaire, à Plymouth. Les jours suivants, cinq tempêtes se succèdent dans l'Atlantique nord, coulant plusieurs bateaux. Sur Club Méditerranée, elles provoquent la rupture des drisses, câbles tenant les voiles. Tabarly étant alors faussement localisé en tête, la course paraît jouée. Alain Colas décide d'une escale technique à Terre-Neuve, qui dure trente-six heures. Le 29 juin, il arrive second à Newport, 7 heures et 28 minutes après Éric Tabarly. Mais le comité de course le pénalise de 58 heures, le rétrogradant à la cinquième place, parce qu'il a été aidé par des équipiers à hisser ses voiles lors de son départ de Terre-Neuve[1]. Les scellés de son moteur n'étaient plus en place, mais rien ne lui fut reproché sur ce point : Alain Colas avait dû s'en servir pour entrer à Terre-Neuve, comme la loi l'y obligeait ; lors de son départ, les douaniers refusèrent de plomber à nouveau le moteur [2].
Après la course, il représente la France sur Club Méditerranée, lors du défilé des navires organisé sur l'Hudson, pour le bicentenaire des États-Unis. Puis il regagne la France et organise, en août et en septembre 1976, l'opération « Bienvenue à bord ». Accostant son voilier géant dans les grands ports de la Manche et de l'Atlantique, il accueille gratuitement les visiteurs le matin ; l'après-midi, il propose des sorties en mer avec participation aux frais, suivies de projections et de conférences. Ces manifestations, qui rencontrent le succès, sont l'occasion de vendre les livres d'Alain Colas et les objets ornés de son logo. Au printemps et en été 1977, « Bienvenue à bord » se déroule dans les ports français de la Méditerranée.
Disparition
En 1978, Alain Colas participe à sa dernière course, celle qu’il ne gagnera jamais : sur son « vieux » Manureva, il prend le départ le 5 novembre de la première Route du Rhum. Le 16 novembre 1978, alors qu'il a passé les Açores, il envoie son dernier message radio, dans lequel il signale qu'il fait bonne route. Il naviguait parmi les premiers mais la tempête qui se déchaîne les jours suivants a raison de ce marin d’exception, âgé de trente-cinq ans.
Contrairement aux multicoques classiques dont les matériaux de construction sont insubmersibles ou flottent entre deux eaux en cas d'accident sérieux (structure nid d'abeille, composites), Manureva était un multicoque submersible conçu en AG4 (aluminium) ce qui ne permit pas de retrouver le moindre élément du navire qui aurait pu dériver.
Alain Colas a su faire évoluer son sport grâce à son intelligence et son caractère entreprenant. Il s'est beaucoup appuyé sur les médias. Il a obtenu l'aide de mécènes pour financer ses courses et son quatre-mâts. Il a conçu le Club Méditerranée comme une vitrine de la technologie : le bateau utilisait les énergies éolienne, hydraulique et solaire, possédait un système de positionnement par satellite, un ordinateur, un fax.
Dans les années 1980, Bernard Tapie racheta le Club Méditerranée et le rebaptisa Phocéa.
La chanson Manureva
Ce drame inspira Serge Gainsbourg qui écrivit en 1979 la chanson « Manureva » composée et chantée par Alain Chamfort.
Hommages
Le lycée de la communication à Nevers a reçu le nom d'Alain Colas. À Clamecy, une statue du navigateur, en bronze, a été inaugurée en 2006. Plusieurs villes de France ont donné le nom d'Alain Colas à une rue, un quai ou un bâtiment.
Bibliographie
- Alain Colas, Un tour du monde pour une victoire, Arthaud, 1972, 312 p.
- Alain Colas, Cap Horn pour un homme seul, Flammarion, 1977, 269 p.
- Jean-Paul Aymon, Patrick Chapuis, Gilles Pernet, Colas Terlain Vidal Tiercé de la mer, Paris, Solar, 1972, 254 p.
- Jean-Paul Aymon, Alain Colas la mer est son défi, Fernand Nathan, 1977, 96 p.
- Alain Colas Manureva ne répond plus..., Paris, Sipe, 1978, 96 p.
Voir aussi
Notes et références
- Jean-Paul Aymon, Alain Colas la mer est son défi, Fernand Nathan, 1977, p. 93. Gérald Asaria, Les héros solitaires de l'Atlantique, Paris, Éditions de Messine, 1976, p. 246.
- Eric Vibart, "Le jour où Colas perdit la Transat", Voiles & voiliers, n°284, octobre 1994, p. 79.