« Caselle (Lot) » : différence entre les versions
→Fonctions des caselles : Indication du département. |
→Évolution sémantique du terme : Citation. |
||
Ligne 7 : | Ligne 7 : | ||
==Évolution sémantique du terme== |
==Évolution sémantique du terme== |
||
Le terme ''casèlo'' désigne, sur les causses au nord de la vallée du Lot et en particulier le [[causse de Gramat]], les édifices de plan circulaire ou quadrangulaire à toit conique de lauses sur voûte encorbellée. Cependant, certains auteurs ont embrouillé la situation terminologique en appliquant systématiquement et indistinctement la francisation ''caselle'' non seulement aux guérites de murailles (ou [[gariotte]]s) et aux cabanes en pierre sèche mais aussi à des bâtiments en maçonnerie liée au mortier et d'un niveau plus élevé dans la hiérarchie architecturale. Le vocable ''cabano'' (oc. nor. ''cabana''), pour sa part, appartient au sud de la vallée du Lot, où il désigne toute cabane en pierre sèche, à l’exception de la guérite rudimentaire<ref>Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du causse de Limogne, in ''Bulletin de la Société des études du Lot'', t. XCIV, 2e fasc. 1973, avril-juin, pp. 103-132.</ref>. Son équivalent français, ''cabane'', suivi du qualificatif « de [[pierre sèche]] », possède une valeur générique. |
Le terme ''casèlo'' désigne, sur les causses au nord de la vallée du Lot et en particulier le [[causse de Gramat]], les édifices de plan circulaire ou quadrangulaire à toit conique de lauses sur voûte encorbellée. Cependant, certains auteurs ont embrouillé la situation terminologique en appliquant systématiquement et indistinctement la francisation ''caselle'' non seulement aux guérites de murailles (ou [[gariotte]]s) et aux cabanes en pierre sèche mais aussi à des bâtiments en maçonnerie liée au mortier et d'un niveau plus élevé dans la hiérarchie architecturale. Le vocable ''cabano'' (oc. nor. ''cabana''), pour sa part, appartient au sud de la vallée du Lot, où il désigne toute cabane en pierre sèche, à l’exception de la guérite rudimentaire<ref>Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du causse de Limogne, in ''Bulletin de la Société des études du Lot'', t. XCIV, 2e fasc. 1973, avril-juin, pp. 103-132, p. 106 : {{Citation|Dans les causses au nord de la vallée du Lot (Causse de Gramat notamment) les habitants appellent ordinairement les cabanes en pierre sèche « casellos », en français caselles ou cazelles (dérivé de case). Au sud du Lot on les appelle simplement « cabanos », en français cabanes (du gaulois ''capana'')}}.</ref>. Son équivalent français, ''cabane'', suivi du qualificatif « de [[pierre sèche]] », possède une valeur générique. |
||
Il convient par ailleurs de noter que les constructeurs et propriétaires des bâtiments en pierre sèche n'employaient pas nécessairement ''casèlo'' ou ''cabano'' : ils recouraient aussi à des désignatifs fonctionnels : poulailler (''galinièr'', lorsqu'il est intégré à la [[ferme (agriculture)]], ''galinyèro'', oc. norm. ''galinièra'', lorsqu'il est en plein champ), étable (''estable''), bergerie (''jasso'', oc. nor. ''jaça''), garde-pile (''gardo-pilo'', oc. nor. ''garda-pila''), chai (''tsai''), pigeonnier (''pixouniè'', oc. nor. ''pijonièr''), etc.<ref>Terminologie des constructions en pierre sèche du Lot, in ''L'architecture rurale en pierre sèche'' (CERAPS, Paris), t. I, 1977, pp. 36-39.</ref>. |
Il convient par ailleurs de noter que les constructeurs et propriétaires des bâtiments en pierre sèche n'employaient pas nécessairement ''casèlo'' ou ''cabano'' : ils recouraient aussi à des désignatifs fonctionnels : poulailler (''galinièr'', lorsqu'il est intégré à la [[ferme (agriculture)]], ''galinyèro'', oc. norm. ''galinièra'', lorsqu'il est en plein champ), étable (''estable''), bergerie (''jasso'', oc. nor. ''jaça''), garde-pile (''gardo-pilo'', oc. nor. ''garda-pila''), chai (''tsai''), pigeonnier (''pixouniè'', oc. nor. ''pijonièr''), etc.<ref>Terminologie des constructions en pierre sèche du Lot, in ''L'architecture rurale en pierre sèche'' (CERAPS, Paris), t. I, 1977, pp. 36-39.</ref>. |
Version du 24 avril 2014 à 19:35
Une caselle ou casèle est une cabane en pierre sèche servant autrefois d'abri pour les humains ou les animaux ou de resserre-à-outils dans le haut Quercy, en particulier dans les causses au nord de la vallée du Lot.
Extension géographique du terme
Caselle / casèle, forme francisée du quercinois casèlo (occitan normalisé casèla), sert à désigner les cabanes en pierre sèche dans le Lot sur le causse quercinois (au nord de la rivière Lot). Le terme se rencontre aussi en Lozère sur le causse Méjean occidental et sur le causse de Sauveterre, dans l'Aveyron sur le causse Comtal et le causse Rouge, dans l'Hérault sur les communes du Cros et de Saint-Michel (sur la continuation du causse du Larzac), sur la commune de Soubès et sur celle de Sigean ; la forme palatalisée chaselle / chasèle a cours en Lozère sur le causse Méjean oriental et sur le causse de Sauveterre[1].
Évolution sémantique du terme
Le terme casèlo désigne, sur les causses au nord de la vallée du Lot et en particulier le causse de Gramat, les édifices de plan circulaire ou quadrangulaire à toit conique de lauses sur voûte encorbellée. Cependant, certains auteurs ont embrouillé la situation terminologique en appliquant systématiquement et indistinctement la francisation caselle non seulement aux guérites de murailles (ou gariottes) et aux cabanes en pierre sèche mais aussi à des bâtiments en maçonnerie liée au mortier et d'un niveau plus élevé dans la hiérarchie architecturale. Le vocable cabano (oc. nor. cabana), pour sa part, appartient au sud de la vallée du Lot, où il désigne toute cabane en pierre sèche, à l’exception de la guérite rudimentaire[2]. Son équivalent français, cabane, suivi du qualificatif « de pierre sèche », possède une valeur générique.
Il convient par ailleurs de noter que les constructeurs et propriétaires des bâtiments en pierre sèche n'employaient pas nécessairement casèlo ou cabano : ils recouraient aussi à des désignatifs fonctionnels : poulailler (galinièr, lorsqu'il est intégré à la ferme (agriculture), galinyèro, oc. norm. galinièra, lorsqu'il est en plein champ), étable (estable), bergerie (jasso, oc. nor. jaça), garde-pile (gardo-pilo, oc. nor. garda-pila), chai (tsai), pigeonnier (pixouniè, oc. nor. pijonièr), etc.[3].
Fonctions des caselles
La caselle se prêtait à un grand nombre de fonctions, décelables à certains détails d’aménagement intérieur ou extérieur :
- abri de vigne (présence d'une banquette circulaire ou de dalles encastrées faisant office de sièges);
- garde-pile dans le périmètre de la ferme (à côté d’une aire de battage dallée);
- cellier à l’intérieur de la ferme ou dans la vigne même (avec cuve, barriques et matériel vinaire);
- poulailler, dans la ferme ou en plein champ (avec orifice d’accès pour les volatiles sous la rive de la toiture, perchoirs et niches à l’intérieur pour la ponte);
- soue ou étable, précédée d’une courette, dans la cour de ferme (pour abriter le cochon familial, ou une chèvre ou encore deux ou trois brebis);
- écurie pour un âne ou un mulet (entrée plus haute que celle des autres cabanes);
- bergerie, au sein de la ferme ou dans les champs ou les bois (pour abriter, selon sa taille, de 10 à 20 moutons);
- pigeonnier, fonction dévolue à l’espace sous le couvrement, accessible par un trappe dans un plancher, l’espace inférieur étant réservé à une autre fonction (des corbeilles d’osier accueillaient les volatiles, dont l’accès se faisait par un rudiment de lucarne);
- dans le périmètre de la ferme, chambre à coucher pour un domestique) (grande lucarne sur le toit ou fenêtre sous le toit);
- habitation temporaire, aux époques de travaux dans les champs ou les vignes éloignés (présence d’une cheminée, d’un évier, de niches, d’un dallage, éventuellement d’une citerne extérieure);
- habitation permanente, avec pour occupant un ouvrier agricole, souvent célibataire, ou une femme seule, indigente[4].
Origines des caselles
S’il est établi que les petits édifices en pierre sèche des causses du Quercy ne datent que du XIXe siècle et de la deuxième moitié du XVIIIe et sont liés à la conquête paysanne du sol, commencée vers la fin de l’Ancien Régime et poursuivie durant la majeure partie du XIXe siècle, par contre l’incertitude est grande quant à l’existence d’ouvrages antérieurs[5].
L’emploi dès le XVe siècle, du terme cazela pour désigner un genre de cabane en pierre, ne permet pas d'inférer si au Moyen Âge on entendait par là exactement la même chose qu’au XIXe siècle par casèlo[6]. Tout historien de l’architecture sait en effet qu’il n’existe pas de type architectural qui perdure, inchangé, indémodable, cinq siècles durant, les productions architecturales étant soumises au progrès de l’économie et de l’outillage.
Notes et références
- Cabanes en pierre sèche de France, Édisud, 2004, 248 p., en part. chap. V « Mise au point terminologique », pp. 61-66.
- Pierre Dalon, Les cabanes en pierre sèche du causse de Limogne, in Bulletin de la Société des études du Lot, t. XCIV, 2e fasc. 1973, avril-juin, pp. 103-132, p. 106 : « Dans les causses au nord de la vallée du Lot (Causse de Gramat notamment) les habitants appellent ordinairement les cabanes en pierre sèche « casellos », en français caselles ou cazelles (dérivé de case). Au sud du Lot on les appelle simplement « cabanos », en français cabanes (du gaulois capana) ».
- Terminologie des constructions en pierre sèche du Lot, in L'architecture rurale en pierre sèche (CERAPS, Paris), t. I, 1977, pp. 36-39.
- Roger Sénat, Gérard Canou, Caselles du Quercy, Éditions du Laquet, Martel, 2001, 192 p., en part. chap. Les besoins des hommes, pp. 47-132 et Caselles habitations, pp. 133-146.
- Origines et formation des paysages lithiques du Lot, in Bulletin de la Société des études du Lot, t. XCVI, 1er fasc. 1975, janvier-mars, pp. 11-14.
- La petite architecture rurale en pierre sèche dans le Quercy médiéval : l'apport des archives, in Bulletin de la Société des études du Lot, t. XCVI, 2e fasc. 1975, avril-juin, pp. 109-117.
Bibliographie
- Christian Lassure, Essai de classification fonctionnelle des constructions en pierre sèche du Lot, Paris, 1976, 102 p. (réédition en 2004, en tant que No 24 d' Études et recherches d'architecture vernaculaire (CERAV, Paris), No 24, 75 p.)
- Roger Sénat, Gérard Canou, Caselles du Quercy, Éditions du Laquet, Martel, 2001, 192 p. (réédition Tertium éditions, Vayrac 46110 - préface de Jean-Claude Requier, 2011, 192 p.)