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[[Fichier:Chapelle de la Sainte-Famille du lycée du Kreisker.jpg|vignette|La [[chapelle]] de la [[Sainte Famille]] construite en 1812 par les [[Ursulines]] dans l'enceinte de l'ex [[Grand séminaire]].]] |
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Le 31 décembre 1910, pour échapper au risque permanent d'interdiction administrative et aux aléas de la [[Chambre des députés (Troisième République)|Chambre des députés]], le Collège de Léon, rue Verderel, est fermé<ref name="Abjean81">[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|81}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref> par les autorités ecclésiastiques en coordination avec la municipalité<ref>L. Kerbiriou, ''L'Institution Notre-Dame du Creisker (Ancien Collège de Léon)'', {{p.|53}}, L. Le Grand impr., [[Brest]], 1936.</ref> que préside [[Alain Marie Simon de Guébriant|Alain de Guébriant]]. Cinq jours plus tard, le 5 janvier 1911, il rouvre dans son ancien bâtiment libéré par les [[Ursulines]], actuel 2 rue Cadiou, sous le nom officiel d''''Institution Notre Dame du Kreisker'''<ref name="Abjean81"/> tout en conservant dans l'usage celui de Collège de Léon. Un changement de statut soigneusement préparé par le principal [[François Marie Floc'h]] et [[Adolphe Duparc|{{Mgr}} Duparc]]<ref>[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|80}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref>, en fait un [[lycée privé]] qui échappe aux directives de [[laïcisation]] et aux exigences futures du [[Ministère de l'Éducation nationale (France)|ministre de l'Instruction]]<ref>L. Kerbiriou, ''L'Institution Notre-Dame du Creisker (Ancien Collège de Léon)'', {{p.|55}}, L. Le Grand impr., [[Brest]], 1936.</ref> tout en continuant sa vocation à former une élite au service du [[catholicisme social]]. |
Le 31 décembre 1910, pour échapper au risque permanent d'interdiction administrative et aux aléas de la [[Chambre des députés (Troisième République)|Chambre des députés]], le Collège de Léon, rue Verderel, est fermé<ref name="Abjean81">[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|81}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref> par les autorités ecclésiastiques en coordination avec la municipalité<ref>L. Kerbiriou, ''L'Institution Notre-Dame du Creisker (Ancien Collège de Léon)'', {{p.|53}}, L. Le Grand impr., [[Brest]], 1936.</ref> que préside [[Alain Marie Simon de Guébriant|Alain de Guébriant]]. Cinq jours plus tard, le 5 janvier 1911, il rouvre dans son ancien bâtiment libéré par les [[Ursulines]], actuel 2 rue Cadiou, sous le nom officiel d''''Institution Notre Dame du Kreisker'''<ref name="Abjean81"/> tout en conservant dans l'usage celui de Collège de Léon. Un changement de statut soigneusement préparé par le principal [[François Marie Floc'h]] et [[Adolphe Duparc|{{Mgr}} Duparc]]<ref>[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|80}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref>, en fait un [[lycée privé]] qui échappe aux directives de [[Congrégation religieuse en droit français|laïcisation]] et aux exigences futures du [[Ministère de l'Éducation nationale (France)|ministre de l'Instruction]]<ref>L. Kerbiriou, ''L'Institution Notre-Dame du Creisker (Ancien Collège de Léon)'', {{p.|55}}, L. Le Grand impr., [[Brest]], 1936.</ref> tout en continuant sa vocation à former une élite au service du [[catholicisme social]]. |
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L'Institution Notre Dame du Kreisker sacrifie un grand nombre de ses membres dans la [[Première Guerre mondiale|Grande guerre]]. Cent un de ses membres sont mentionnés sur une [[Plaque commémorative|plaque]] à l'intérieur du [[Chapelle Notre-Dame du Kreisker|Kreisker]], dont trois enseignants et soixante cinq [[laïc]]s<ref>[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|97}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref>. |
L'Institution Notre Dame du Kreisker sacrifie un grand nombre de ses membres dans la [[Première Guerre mondiale|Grande guerre]]. Cent un de ses membres sont mentionnés sur une [[Plaque commémorative|plaque]] à l'intérieur du [[Chapelle Notre-Dame du Kreisker|Kreisker]], dont trois enseignants et soixante cinq [[laïc]]s<ref>[[Philippe Abjean|Ph. Abjean]], ''Notre-Dame du Kreisker, le marchepied du ciel.'', {{p.|97}}, Léon'Art, [[Saint-Pol-de-Léon]], 2011.</ref>. |
Version du 4 octobre 2017 à 01:33
Fondation | . |
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Type | établissement privé sous contrat. |
Académie | Rennes. |
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Proviseur | Maël Saillour. |
Pays | France. |
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Site web | http://lekreisker.fr |
Coordonnées | 48° 40′ 58″ nord, 3° 59′ 15″ ouest | |
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Géolocalisation sur la carte : Finistère
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Le Collège de Léon était un des collèges de l'université de Paris, celui qui formait les étudiants du diocèse de Léon. En 1610, il est remplacé ainsi que son jumeau, le Collège de Tréguier, par le Collège royal, au sein duquel il continue toutefois d'exceller dans ses filières de prédilection, le droit et la théologie, jusqu'en 1763.
En 1784, est institué à Saint-Pol-de-Léon même un nouveau Collège de Léon, qui en 1911, à la suite de la crise des congrégations, renonce à tout enseignement universitaire et est transformé en lycée privé, l'Institution Notre Dame du Kreisker, aujourd'hui Lycée Notre Dame du Kreisker.
Le collège parisien
Fondation (1322-1325)
Le Collège de Léon est fondé en 1325 durant le pontificat de Jean XII, pape en Avignon, par l'archidiacre de Léon, Even de Kerobert[1]. L'archidiacre du Léon est le prélat qui dirige l'archidiaconé de Saint-Pol-de-Léon, un des trois archidiaconés de l'évêché de Léon. Nommé comme son évêque par le pape seul, et donc choisi par la curie romaine ou avignonaise, il est un des soutiens directs de la politique catholique en France.
La fondation fait suite au testament laissé par le chantre en titre de la cathédrale de Tréguier et prieur de Houdan, Guillaume de Coëtmohan, docteur régent (docteur chargé de la définition du programme d'enseignement) du Décret de Paris par lequel celui ci fonde le collège de Tréguier. Even de Kerobert est l'un des trois exécuteurs testamentaires, celui qui est désigné par le testament étant le propre neveu du défunt, homonyme, à défaut une personne désignée par celui ci. Le testament, daté du 11 avril 1325[2], prévoit une bourse d'étude pour huit étudiants choisis dans la famille du défunt, à défaut dans le diocèse de Tréguier. Ce nombre sera considérablement augmenté le 5 décembre 1412 par Olivier Doniou ou Droniou[2], un des successeurs de Guillaume de Coëtmohan au poste de docteur régent du Décret après avoir lui-même bénéficier de la bourse du collège[3]. Dès le 20 avril 1325[3], le chanoine de Kerobert ajoute une bourse pour des étudiants de son propre diocèse et lui affecte l'un des deux bâtiments que possédait le défunt en face du collège du Plessis, sur ce qui deviendra la place de Cambrai. En 1348, s'installera dans son voisinage immédiat le collège de Cambrai.
Avant la fondation du collège de Léon, l'évêché envoyait, comme la Cornouaille le faisait depuis 1317, ses meilleurs prêtres au Collège du Plessis qui accueillait les clercs de l'évêché de Saint-Malo, un des neuf diocèses bretons, et pour lequel Monseigneur Geoffroy du Plessis Balisson avait ouvert un bâtiment propre en 1322, rue Saint Jacques (ce qui est aujourd'hui le sud du Collège de France et le nord du lycée Louis-le-Grand[4], avec des bâtiments annexes dans l'actuelle Sorbonne, à peu près en face de l'actuel Collège de France où se trouve l'observatoire). Quelques places leur étaient réservées.
Ainsi la fondation du Collège de Léon remonte en fait au moins à 1322. Cette fondation donne un prolongement dans l'université à l'école cathédrale, futur Grand séminaire et héritière de la filiale du Collège Théodose (en) de Lanildut Meur établie à Batz en 525 par Paul Aurélien.
La fondation se situe en pleine construction de la nouvelle cathédrale gothique de Saint-Pol-de-Léon, qui ne sera inaugurée qu'en 1334. Elle s'inscrit précisément dans la mise en œuvre du projet du Saint-Siège d'une société cléricale dominée par les institutions religieuses qui voit effectivement le jour à cette époque[5].
Notoriété (1326-1452)
Le collège du Léon, comme le collège du Trégor, accueille des jeunes prêtres latinistes et francophones mais néanmoins de langue maternelle bretonne, avec un très fort accent et issus d'une culture qui passera encore au XIXe siècle aux yeux des Français pour plus barbare que celles des Hurons[6]. Ainsi le collège est-il renommé plaisamment en déformant le nom de son fondateur « collège de Caribert » puis « collège de Karembert ». Une institution spécifique, aussi modeste soit elle, est donc bienvenue pour ces séminaristes trégorrois et léonards plus proches de Rome que de Paris.
Dès 1330, le recteur de Lannilis Even Bohic, fils du carme et poète Hervé Bohic, lui-même citoyen de Plourin, devient professeur de droit à l’université de Paris et doyen du chapitre cathédral de Paris[7].
Dès 1335, Henri Bohic enseigne le droit canon à la faculté Decret. En 1349, il publie le célèbre In quinque decretalium libros commentaria, commentaire des décrétales de Grégoire IX qui servira de référence dans l'enseignement universitaire jusqu’à la fin du XVIe siècle.
Cette même année 1349, Guillaume Bohic devient régent de l’Université de Paris[7].
À la génération suivante, en 1385, Guillaume Bohic junior accède au poste de procureur de l’officialité et Even Bohic junior parvient au diplôme de bachelier en théologie, c'est-à-dire le cursus le plus difficile[8].
Les Bohic illustrent donc parfaitement l'insigne clérical qu'est l'hermine bretonne. Ils inaugurent une tradition légale commune à toute la Bretagne, symbolisée par la canonisation en 1347 de l'avocat Yves Hélory. Les juristes formés au collège du Léon ont naturellement une certaine influence sur le cours politique de l'histoire de Bretagne. Ainsi voit-on Henri Bohic soutenir la cause montfortiste d'Hervé VII de Léon au cours de la guerre de succession de Bretagne.
Ultérieurement et plus généralement, le Parlement de Bretagne, où siégeront les soutiens de Nicolas Fouquet, fera trembler le centralisme de Louis XIV puis donnera ses premiers fondements juridiques à la Révolution française par l'institution du Club breton fondé par l'avocat rennais Isaac Le Chapelier sur le modèle de fonctionnement des parlementaires bretons, lequel club devint par le ralliement des parlementaires de Bordeaux, héritiers de Montesquieu, le Parti Girondin.
Postérité (1453-1573)
Le collège, qui partage à Paris avec les collèges du Plessis, de Tréguier et de Cornouaille, une chapelle propre, Saint Yves des Bretons[9], aujourd'hui détruite et antérieure d'un siècle (1355) à l'église Saint-Yves-des-Bretons de Rome, bénéficie de l'appui des Rohan. Ces seigneurs de Léon prennent en 1491, date du mariage forcé d'Anne de Bretagne avec Charles VIII de France, le titre de princes de Léon. Princes d'Empire, il deviendront la première fortune du Royaume.
Le collège restera un collège mineur par le nombre d'élèves comparé aux nombres de prêtres du diocèse (mil deux cents[10] en 1630, trois cent quatre-vingt-quinze en 1790, soit la plus forte densité après le Vatican), en quelque sorte une représentation symbolique dans la capitale des universités. L'éloignement géographique et idéologique, puis les vicissitudes de l'université de Paris, font que la formation des clercs est assurée de façon privilégiée dans le diocèse lui-même, sur lequel la Curie a un contrôle direct.
Cette tendance à la formation locale des Bretons, plutôt qu'à Paris, est renforcée par une bulle papale de 1453 réservant les offices de Bretagne aux Bretons, notamment pour résoudre une difficulté de cumuls des bénéfices, et corollairement de langue, soulevée par le Duc[1]. La Contre-Réforme fait ainsi du Grand Séminaire de Saint-Pol-de-Léon lui-même, fondé en 1630, et non de la faculté de théologie de Paris le premier centre de formation de prêtres missionnaires, plus de trois cents durant les cinq dernières décennies du XVIIIe siècle. Il deviendra au XIXe siècle une pépinière de Pères Blancs.
Pendant tout le XVe siècle, le collège de Léon compte quarante et quatre clercs, hormis les ecclésiastiques ayant accédé à des postes supérieurs[1], soit un nombre d'étudiants quasiment identique à celui qu'il a compté sur la durée du XIVe siècle, quarante et un[1]. Les excellents deviennent évêques ou abbés. Les bons deviennent recteurs de paroisses. L'inscription au collège assure en tout cas un bénéfice. Ainsi en est il pour Hervé de Kerlech, docteur in utroque jure et recteur de Plouider, Maurice de Pencalet, docteur en décret et recteur de Milizac, Yves Guidomar, licencié in utroque et recteur de Plounévez, Thomas Migam, licencié in utroque et vicaire de Lesneven. Grâce au collège de Léon et à la bulle de 1453, les paroisses du diocèse bénéficient d'un fort taux de doctorats et des hommes de condition modeste d'un formidable ascenseur social.
Fusion (1574-1763)
Deux siècles après la fondation du Collège de Léon, son bâtiment menace ruine. En 1574[11], Laurent de Kergroadès[2] est mandaté pour régler la situation. Le 25 avril 1575[12], il fait don des matériaux et du terrain au Collège de Tréguier voisin, à charge pour celui ci de le reconstruire et de conserver dans le nouvel ensemble deux bourses qui resteront attribuées par le diocèse de Léon[13]. En 1577, un arrêt du Parlement entérine la fusion du Collège de Léon avec le Collège de Tréguier[14].
En 1610, dans le but de les réunir au Collège de Cambrai attenant, nombril de l'Université[15], et les transformer en Collège Royal, Henri IV, qui sera assassiné le 14 mai, confie statutairement l'administration des Collèges de Léon et Tréguier à celle ci[14] et fait commencer les travaux[16]. Par un accord passé le 28 juin de cette année avec l'administration de la Régente, le bâtiment est évacué et les boursiers reçoivent chacun une indemnité de logement de quatre cent livres[2]. Les logements définitifs promis dans cette attente ne viendront jamais[2]. La reconstruction, grandiose[15], commencée dès le 28 août 1610, est abandonnée trois ans plus tard[17]. Les pensions ne sont plus versées après 1646[13].
Cette situation est émaillée d'un procès au terme duquel, le 5 septembre 1684, le Parlement de Paris décide que l'évêque de Tréguier ne sera désormais le nominateur[18] que de la moitié des bourses[3]. Dans les années 1750, c'est au Président de Robien qu'il reviendra de choisir alternativement les attributaires de l'autre moitié[2]. Celles destinées aux étudiants léonards continuent de relever héréditairement du choix du marquis de Kergroadès[2], en fait un notaire parisien[19].
Le 17 avril 1717, le principal des Collèges de Léon et Tréguier, Monsieur Grolleau, obtient du Conseil d'état le rétablissement des indemnités de logement[13]. Les vingt huit mil cent livres d'arrérage sont constituées en un fonds dont la rente est versée au profit de l'établissement scolaire[13]. Sous son statut de succursale[14], la fondation de 1325 fait dès lors prospérer son enseignement au sein du nouveau bâtiment, inachevé, du futur Collège de France pour atteindre tout au long de ce début du XVIIIe siècle, au titre du seul Collège de Léon, une moyenne de vingt étudiants par an[20].
Comme les autres collèges de l'université qui, à la veille de l'expulsion des jésuites de France, n'ont parfois plus qu'un seul boursier, les Collèges de Léon et Tréguier n'en ont en 1759 respectivement que six et deux[3]. Ils sont agrégés en 1763 au collège de Clermont, qui a accumulé les faveurs royales et se voit désormais accaparé par l'Université pour en faire son unique établissement.
Survivance en Léon
Protestation (1763-1783)
Toutefois le Grand Séminaire de Saint-Pol-de-Léon, qui formait et sélectionnait les étudiants entrant à l'Université de Paris, continue après 1763 de fonctionner dans le bâtiment que Mgr de la Bourdonnaye lui avait fait élevé en 1708[21], aujourd'hui siège du lycée, 2 rue Cadiou. Depuis 1681, il accueille dans une annexe, actuel 4 rue Verderel, un collège non universitaire, l'École de Léon fondée en 1580[22] par Mgr de Neufville sous l'invocation de Kelou Mad au lieu dit Prat Cuic[23], à la sortie ouest de la ville, et ouvert aux enfants de l'aristocratie ou de la bourgeoisie qui ne se destinent pas nécessairement à la prêtrise. L'enseignement des mathématiques y avait une place réservée.
Dès avant la fermeture du collège parisien, le chapitre cathédral veut procéder à la désignation du scholastique de l'École de Léon, qui est susceptible de prendre à Saint-Pol-de-Léon même la suite de l'enseignement universitaire. Mgr Vauduran, auquel la noblesse locale et une partie des chanoines reprochent de ne pas soutenir les Jésuites, qui sont l'unique ressource enseignante, ne se présente pas aux séances organisées par le sénéchal à l'hôtel de ville pour que le corps de ville procède à l'élection du scholastique, empêchant ainsi sa désignation. Sous la menace d'un procès, le comte évêque démissionne le 7 mai 1763.
Refondation (1784-1789)
En 1784[24], Mgr de la Marche, soucieux de créer un petit séminaire pour lequel il a obtenu des lettres patentes le 13 septembre 1782, décide finalement, à l'instigation de la municipalité où le chapitre joue un rôle prééminent et dont la mésaventure de Mgr Vauduran lui a fait sentir la puissance, de recréer à Saint Pol un Collège de Léon qui soit un établissement d'enseignement le plus complet possible.
En 1787, Mgr de la Marche fait reconstruire l'annexe en un spacieux bâtiment, l'actuelle école primaire, et y ajoute un petit séminaire. Le Collège de Léon est alors ce qu'on appelait un gymnase, avec quatre classes issues du collège de Kelou Mad et un petit séminaire, équivalent au premier cycle de l'enseignement secondaire, le grand séminaire, qui correspond à un actuel lycée et à des classes préparatoires.
Révolution (1790-1804)
Le 1er novembre 1790, en application de la Constitution civile du clergé votée par la Constituante le 12 juillet précédent, est élu le premier évêque du Finistère, Louis-Alexandre Expilly de La Poipe, dont le ministère prétend s'étendre jusque sur le diocèse de Léon désormais aboli du point de vue de la loi française mais pas de celui du Saint Siège. La presque totalité des prêtres du Léon, dont le Supérieur du Collège de Léon Jean Péron et ses collègues, restent fidèles à Mgr de la Marche, lequel, sur le point d'être arrêté, s'exile dans la nuit du 17 février 1791 dans des conditions rocambolesques, bientôt suivi par l'ex sénéchal Yves Hervé-Chef-Du-Bois.
Sous la direction du vicaire général Michel Henry, les enseignants du Collège de Léon entrent dans la résistance passive le 15 juin 1791, jour de la Fête-Dieu, en refusant de carillonner[25]. Le 15 août le nouveau maire fait fermer leur chapelle du Kreisker[25].
A la rentrée 1792, il n'y a plus que dix élèves et autant de professeurs[26]. Le 19 mars 1793, c'est dans Saint Pol l'insurrection contre la levée en masse. Le 16 octobre 1793, au cœur de la Terreur, ces mêmes enseignants et tous les réfractaires de la ville sont collectivement déclarés suspects[27]. Ils entrent dans la clandestinité, risquant d'être emprisonnés dans la Maison des Dames de la Retraite réquisitionnée[27], guillotinés dans la cour du sinistre Fort la Loi de Brest ou déportés en Guyane via les pontons de Rochefort.
Seuls deux élèves restent au sein du Collège[26]. La Convention montagnarde affecte deux fonctionnaires aux postes d'enseignants[26].
Restauration (1805-1910)
Le Collège de Léon est rétabli par décret le 13 novembre 1805[28] sous le régime concordataire mais en tant qu'école communale secondaire. Les quatre mil francs accordés par la préfecture étant très insuffisants, c'est grâce à une quête menée à travers le Léon que la rentrée peut se faire. Elle a lieu le 4 novembre 1806 sous la direction de l'abbé Péron[28] dans la seule annexe de la rue Verderel, beaucoup plus spacieuse et moderne que le bâtiment d'origine, rue Cadiou. Celui ci est racheté neuf mil francs par les Ursulines[28], qui avaient fui la Révolution et ont retrouvé leur vieux monastère en ruine. Le nouveau couvent conserve sa vocation pédagogique et devient une école pour jeunes filles.
En 1812, Joseph-Marie Graveran, ancien élève du Collège de Léon puis de Notre Dame des Champs à Paris et major au concours général 1811 de mathématiques, est recruté pour trois années pour enseigner cette matière. Il y crée un cours d'hydrographie préparant à l'École navale, cours qui prospérera jusqu'en 1868. Le niveau général est très élevé et les élèves venant d'autres établissements doivent rétrograder de deux classes. L'établissement attire des élèves d'Outre Manche.
En 1824, le Collège de Léon fait l'acquisition de l'hôtel de Keroulas et y installe le petit séminaire[29]. Le manoir servira provisoirement, de 1830 à 1837, de maison de retraite[30]. Le but est de séparer les élèves se destinant à la prétrise de l'influence mondaine des autres, qui logent en ville, fréquentent les cafés, jouent au billard, lisent la presse...
En 1830, à l'avènement de Louis-Philippe, le Collège de Léon est laïcisé, ce qui entraîne la désaffection des familles[31]. Il est sauvé de la faillite en 1836 par la réintégration du personnel ecclésiastique[31]. Il sera avec le Collège Saint François de Lesneven l'un des deux seuls établissements scolaires en France au sein desquels des fonctionnaires sont dirigés par un ecclésiastique[32].
Le Collège de Léon prospère durant tout le XIXe siècle dans une situation administrative complexe, qui coordonne plutôt heureusement le personnel de l'Université et celui de l'évêché. En 1901, l'Université impose que la chaire de philosophie revienne à un laïc[33]. Le départ d'un professeur estimé provoque la consternation[33]. Le maire Alain de Guébriant et le député Albert de Mun, au prix de cette concession, obtiennent le statu quo et le maintien d'un ecclésiastique à la chaire de rhétorique[34].
Quatre ans plus tard, la réaction à la loi de séparation des Églises et de l'État, votée le 6 décembre 1905, provoque la rupture. L'exception du Collège de Léon et du Collège Saint François est dénoncée dans une presse hostile mettant le ministre de l'Instruction publique Gaston Doumergue en difficulté face à la Chambre[35].
Institution (1911-1971)
Le 31 décembre 1910, pour échapper au risque permanent d'interdiction administrative et aux aléas de la Chambre des députés, le Collège de Léon, rue Verderel, est fermé[36] par les autorités ecclésiastiques en coordination avec la municipalité[37] que préside Alain de Guébriant. Cinq jours plus tard, le 5 janvier 1911, il rouvre dans son ancien bâtiment libéré par les Ursulines, actuel 2 rue Cadiou, sous le nom officiel d'Institution Notre Dame du Kreisker[36] tout en conservant dans l'usage celui de Collège de Léon. Un changement de statut soigneusement préparé par le principal François Marie Floc'h et Mgr Duparc[38], en fait un lycée privé qui échappe aux directives de laïcisation et aux exigences futures du ministre de l'Instruction[39] tout en continuant sa vocation à former une élite au service du catholicisme social.
L'Institution Notre Dame du Kreisker sacrifie un grand nombre de ses membres dans la Grande guerre. Cent un de ses membres sont mentionnés sur une plaque à l'intérieur du Kreisker, dont trois enseignants et soixante cinq laïcs[40].
En 1922, le Collège de Léon annexe l'orphelinat pour jeunes filles de la Providence, qui se trouve en face du petit séminaire, 13 rue Verderel, pour y fonder l'École Notre Dame du Sacré Cœur, qui sera jusqu'à sa fermeture, en 1971, un cours préparatoire complémentaire et spécifique destinés aux juvénistes du séminaire Saint Jacques de Haïti après que ceux ci ont achevés leur cursus au Grand Séminaire de Léon[41]. En 1930, Mgr de Guébriant, léonard devenu supérieur des Missions étrangères de Paris, y envoie se former de jeunes Chinois et Annamites, tels Pierre Nguyen-Huy-May, qui deviendra évêque, ou François Ly, futur recteur de l'Université catholique de Saïgon[41].
Durant la Seconde Guerre mondiale, cent vingt cinq anciens élèves du Collège de Léon ou de l'Institution Notre Dame du Kreisker meurent au champ d'honneur, en captivité, au poteau[42].
Le lycée aujourd'hui
Filières
- Enseignement général
- Lettres L
- Sciences S
- Sciences économiques et sociales ES
- Enseignement technologique
- Enseignement professionnel
- Commerce
- Gestion et administration
- Enseignement supérieur
Effectif
Résultats
Le taux d'élèves conduits avec succès depuis la seconde jusqu'au baccalauréat, général et technologique, était en 2016 de 81 %[43].
Celui de réussite au BTS commerce international, de 95 % en 2016.
Vie associative
L'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre, APEL, est étroitement associée au fonctionnement et à la gestion de l'établissement.
Bourses
- Prix Xavier Grall, mil euros attribués à un bachelier poursuivant ses études.
- Prix Antoine Polard, quatre cent cinquante euros mensuels pour le logement d'un étudiant universitaire.
Anciens élèves
Prélats
- Jean-Gilles de Coëtlosquet
- Jean-Marie-Dominique de Poulpiquet
- Joseph-Marie Graveran
- Léopold-René Leséleuc de Kerouara
- Édouard Mesguen
Politiciens
- François Riou de Kersalaün
- Auguste Billault
- Émile de Kermenguy
- Joseph Nédellec
- Édouard Le Guen
- Joseph Boucher
- Armand Rousseau
- Émile Gourvil
- Jean-Marie Clech
- François Louis Soubigou
- Jacques Queinnec
- Victor Balanant
Hommes de lettres
Historiens
Artistes
Sportifs
Annexes
Bibliographie
- Y. Picard, Le Collège de Léon, Etc. (Documents Annexes. Pièces Inédites.), Le Goaziou, Morlaix, 1895, 297 p.
- C. Le Grand, Histoire d'un collège breton pendant le XVIIe et le XVIIIe siècle, notice sur le collège de Saint-Pol-de-Léon., René Prud’homme, Saint-Brieuc, 1895, 61 p.
- L. Kerbiriou, L'Institution Notre-Dame du Creisker (Ancien Collège de Léon), L. Le Grand impr., Brest, 1936, 138 p.
- R. Gauthier, Du Collège de Léon à l'Institution Notre-Dame du Kreisker, Institution Notre-Dame du Kreisker, Saint-Pol-de-Léon, 1983.
- B. Verrier, Le rôle du collège de Saint-Pol-de-Léon de 1876 à 1973, Université Paris X, Nanterre, [s.d.]
- A. Brélivet, La formation chrétienne dans les grands collèges catholiques (Bretagne, 1920-1940), L'Harmattan, Paris, 2001, 400 p. (ISBN 9782296257207).
- Étude sur l'Institution Saint François d'Assise et l'Institution Notre-Dame du Kreisker.
Sources
- L. Kerbiriou, « La cité de Léon », in Revue diocésaine, hors série n° 54, p. 49, Imprimerie cornouaillaise, Quimper, 1947, 125 p.
- Dom Morice, Histoire ecclesiastique et civile de Bretagne composée sur les auteurs et les titres originaux, ornée de divers monumens, t. I, p. 256, François Delaguette, Paris, 1750.
- L. Moréri, Le Grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, qui contient en abrégé l'histoire fabuleuse des dieux & des héros de l'antiquité païenne, t. III, p. 820, Les libraires associés, Paris, 1759.
- O. Truchet & G. Hoyau, Plan "La ville cité université de Paris", Au chef Saint Denis, Paris, 1550.
- G. Minois, Nouvelle histoire de la Bretagne, page 289, Fayard, 1992.
- G. Flaubert, Par les champs et par les grèves.
- G. Minois, Nouvelle histoire de la Bretagne, page 252, Fayard, 1992.
- G. Minois, Nouvelle histoire de la Bretagne, page 253, Fayard, 1992.
- M. Debary, « Le culte de saint Yves à Paris », in J. Ch. Cassard & G. Provost, Saint Yves et les Bretons. Culte, images, mémoire (1303-2003), p. 53-60, PUR, Rennes, 2004 (ISBN 9782753500006).
- L. Kerbiriou, « La cité de Léon », in Revue diocésaine, hors série n° 54, p. 87, Imprimerie cornouaillaise, Quimper, 1947, 125 p.
- Ex cote 336, p. 192, Fonds breton, Bibliothèque, Brest, cité in Dom Morice, p. citée.
- L. Am. Sédillot, Les professeurs de mathématiques et de physique générale au Collège de France, p. 98, Imprimerie des sciences mathématiques et physiques, Rome, 1869.
- P. Hurtau, Dictionnaire historique de la Ville de Paris et de ses environs, vol. II, p. 441, Moutard, Paris, 1779.
- Coll., dir. A. Guilbert, Histoire des villes de France avec une introduction générale pour chaque province, vol. I, p. 115, Furne & cie., H. Fournier impr., Paris, 1844.
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