[go: nahoru, domu]

Aller au contenu

« Gaston Thierry » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Oscar892018 (discuter | contributions)
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
Liberald (discuter | contributions)
→‎Administrateur colonial au Togo allemand : mise en forme et orthographe
Ligne 2 : Ligne 2 :
{{orthographe|date=janvier 2022}}
{{orthographe|date=janvier 2022}}
{{infobox biographie2|légende=Gaston Thierry vêtu de robes haoussa (juin 1899, Togo).}}
{{infobox biographie2|légende=Gaston Thierry vêtu de robes haoussa (juin 1899, Togo).}}
'''Gaston Thierry''', né le {{date|17 juillet 1866}} à [[Munich]] et mort le {{date|16 septembre 1904}} près de [[Mubi]], était un officier allemand et fonctionnaire administratif colonial au [[Togoland]] et au [[Kamerun|Cameroun allemand]].
'''Gaston Thierry''', né le {{date|17 juillet 1866}} à [[Munich]] et mort le {{date|16 septembre 1904}} près de [[Mubi]], est un officier allemand et fonctionnaire administratif colonial au [[Togoland]] et au [[Kamerun|Cameroun allemand]].


== Situation personnelle ==
== Situation personnelle ==
Ligne 16 : Ligne 16 :
Dès le début de son séjour au [[Togoland]], il accompagne [[Valentin von Massow]] et [[Hans Gruner]] dans leur campagne contre l'empire de [[Dagombas|Dagbon]]. Il participe donc à la prise d'Adibo le 4 décembre 1896. En 1897, Thierry mena une expédition militaire contre les communautés de la province de [[Gourma]] pour asseoir la domination coloniale allemande dans cette région. Cependant, l'empire sera cédé à la France en 1897<ref>{{Lien web |titre=Koloniales Bildarchiv |url=https://sammlungen.ub.uni-frankfurt.de/kolonialesbildarchiv/?suchname=Togo |site=sammlungen.ub.uni-frankfurt.de |consulté le=2022-01-31}}</ref>. A la fin de la même année, il mena une expédition contre les [[Konkomba (peuple)|Konkomba]]. Au cours de la soi-disant « expédition Kabure-Losso » en 1898, qu'il entreprit avec Massow et [[Hermann Kersting]], il pénétra le territoire des Lamba et des [[Kabiyè]] par l'ouest. Lors de cette expédicition, la violence avec laquelle Thierry subjuge les populations locales est telle que son collègue Valentin von Massow le condamna ouvertement pour avoir incendié une ville<ref>{{Ouvrage|auteur1=Valentin von Massow|titre=Die Eroberung von Nordtogo 1896 - 1899: Tagebücher und Briefe|éditeur=Peter Sebald|date=2014|isbn=978-3954940424}}</ref>. En 1898, il attaque les populations Moba et Barba, aujourd'hui au nord de la république du [[Togo]].
Dès le début de son séjour au [[Togoland]], il accompagne [[Valentin von Massow]] et [[Hans Gruner]] dans leur campagne contre l'empire de [[Dagombas|Dagbon]]. Il participe donc à la prise d'Adibo le 4 décembre 1896. En 1897, Thierry mena une expédition militaire contre les communautés de la province de [[Gourma]] pour asseoir la domination coloniale allemande dans cette région. Cependant, l'empire sera cédé à la France en 1897<ref>{{Lien web |titre=Koloniales Bildarchiv |url=https://sammlungen.ub.uni-frankfurt.de/kolonialesbildarchiv/?suchname=Togo |site=sammlungen.ub.uni-frankfurt.de |consulté le=2022-01-31}}</ref>. A la fin de la même année, il mena une expédition contre les [[Konkomba (peuple)|Konkomba]]. Au cours de la soi-disant « expédition Kabure-Losso » en 1898, qu'il entreprit avec Massow et [[Hermann Kersting]], il pénétra le territoire des Lamba et des [[Kabiyè]] par l'ouest. Lors de cette expédicition, la violence avec laquelle Thierry subjuge les populations locales est telle que son collègue Valentin von Massow le condamna ouvertement pour avoir incendié une ville<ref>{{Ouvrage|auteur1=Valentin von Massow|titre=Die Eroberung von Nordtogo 1896 - 1899: Tagebücher und Briefe|éditeur=Peter Sebald|date=2014|isbn=978-3954940424}}</ref>. En 1898, il attaque les populations Moba et Barba, aujourd'hui au nord de la république du [[Togo]].


En 1901, Thierry est au centre d'une enquête interne menée par le [[gouverneur]] de l'époque [[August Köhler]] et le [[Office des Affaires étrangères (Allemagne)|ministère des Affaires étrangères]], qui l'accusent de plusieurs délits. Thierry n'avait en effet pas fourni d'informations comptables sur les salaires des soldats dans ses trouppes, ce qui entraîna d'importants déséquilibres dans le budget colonial<ref>Correspondance entre le gouvernement colonial au Togoland et le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères allemand, 03/06 - 22/11/1901. [[Archives fédérales (Allemagne)|Achives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, pp. 163–170.</ref>. Thierry fut donc invité à fournir un compte-rendu détaillé des revenus et des dépenses de la station de Sansanné-Mangu, dans lequel il déclara des revenus de 62 839,36 [[Reichsmarks]] entre juin 1900 et janvier 1902<ref>Gaston Thierry. Revisions-Bemerkungen zur Abrechnung der Station Mangu-Jendi. Archives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4394, p. 18.</ref>. La deuxième raison pour les accusations proférées par le gouverneur et le ministère furent des rumeurs sur le comportement "maladroit" de Thierry dans ses relations diplomatiques avec les responsables coloniaux français.<ref>August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). [[Archives fédérales (Allemagne)|Archives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, p. 159–160.</ref> Le gouverneur reprocha enfin à Thierry de s'être enrichi en privé grâce à ses expéditions punitives:<blockquote>Son activité principale consistait à mener une sorte de vie de campagne, s'absentant à plusieurs reprises de la station pendant de nombreux mois sans en informer le gouvernement, et entreprenant une expédition punitive après l'autre, dont le résultat fut toujours un riche butin de guerre sur lequel ses finances se basèrent<ref>August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). [[Archives fédérales (Allemagne)|Archives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, p. 160.</ref>.</blockquote>L'historien allemand [[Peter Sebald]], spécialiste du Togoland, n'y voit aucune surprise et commente : « En principe, la manière de Thierry de mener ses guerres [...] ne différait pas de celle des autres chefs de poste et de mercenaires. Seul Thierry n'a pas pris la peine de maintenir cet « ordre » prussien-allemand. » <ref>{{Ouvrage|langue=Allemand|auteur1=Peter Sebald|titre=Togo 1884-1914. Eine Geschichte der deutschen "Musterkolonie" auf der Grundlage amtlicher Quellen|lieu=Berlin|éditeur=Akademie Verlag|date=1988|isbn=3-05-000248-4}}</ref> L'enquête fut sûrement l'une des principales raisons de son transfert du Togo au Cameroun.
En 1901, Thierry est au centre d'une enquête interne menée par le [[gouverneur]] de l'époque [[August Köhler]] et le [[Office des Affaires étrangères (Allemagne)|ministère des Affaires étrangères]], qui l'accusent de plusieurs délits. Thierry n'avait en effet pas fourni d'informations comptables sur les salaires des soldats dans ses troupes, ce qui entraîna d'importants déséquilibres dans le budget colonial<ref>Correspondance entre le gouvernement colonial au Togoland et le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères allemand, 03/06 - 22/11/1901. [[Archives fédérales (Allemagne)|Achives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, pp. 163–170.</ref>. Thierry fut donc invité à fournir un compte-rendu détaillé des revenus et des dépenses de la station de Sansanné-Mangu, dans lequel il déclara des revenus de 62 839,36 [[Reichsmarks]] entre juin 1900 et janvier 1902<ref>Gaston Thierry. Revisions-Bemerkungen zur Abrechnung der Station Mangu-Jendi. Archives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4394, p. 18.</ref>. La seconde des accusations proférées par le gouverneur et le ministère concernaient des rumeurs sur le comportement "maladroit" de Thierry dans ses relations diplomatiques avec les responsables coloniaux français.<ref>August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). [[Archives fédérales (Allemagne)|Archives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, p. 159–160.</ref> Le gouverneur reprocha enfin à Thierry de s'être enrichi en privé grâce à ses expéditions punitives:<blockquote>Son activité principale consistait à mener une sorte de vie de campagne, s'absentant à plusieurs reprises de la station pendant de nombreux mois sans en informer le gouvernement, et entreprenant une expédition punitive après l'autre, dont le résultat fut toujours un riche butin de guerre sur lequel ses finances se basèrent<ref>August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). [[Archives fédérales (Allemagne)|Archives Fédérales Allemandes]] ([[Bundesarchiv]]), R1001/4393, p. 160.</ref>.</blockquote>L'historien allemand [[Peter Sebald]], spécialiste du Togoland, ne manifeste aucune surprise et commente : « En principe, la manière de Thierry de mener ses guerres [...] ne différait pas de celle des autres chefs de poste et de mercenaires. Seul Thierry n'a pas pris la peine de maintenir cet « ordre » prussien-allemand. » <ref>{{Ouvrage|langue=Allemand|auteur1=Peter Sebald|titre=Togo 1884-1914. Eine Geschichte der deutschen "Musterkolonie" auf der Grundlage amtlicher Quellen|lieu=Berlin|éditeur=Akademie Verlag|date=1988|isbn=3-05-000248-4}}</ref> L'enquête fut sûrement l'une des principales raisons de son transfert du Togo au Cameroun.


En 1905, un an après sa mort, la brutalité de Thierry envers les Africains est de nouveau à l'ordre du jour alors que plusieurs scandales qui impliquent des officiers et missionnaires font la une des journaux et déclenchent des débats parlementaires sur les affaires coloniales au Togo allemand. L'indulgence parlementaire officielle annoncée au [[Reichstag (Empire allemand)|Reichstag]] informe que « après que le père d'un élève de la mission catholique de Lomé se fut enfui en montant dans un arbre, par peur du capitaine Thierry, Thierry lui tira tout bonnement dessus. Il a également été dit que M. Gaston Thierry déchargeait ses cartouches sur les indigènes comme s'ils furent des animaux sauvages. Il était d'ailleurs connu dans tout le protectorat pour sa cruauté<ref>{{Ouvrage|langue=allemand|auteur1=Matthias Erzberger|titre=Die Kolonial-Bilanz. Bilder aus der deutschen Kolonialpolitik auf Grund der Verhandlungen des Reichstags im Sessionsabschnitt 1905/06|lieu=Berlin|éditeur=Verlag und Druck der Germania|date=1906|lire en ligne=https://brema.suub.uni-bremen.de/dsdk/content/titleinfo/1894719}}</ref>.
En 1905, un an après sa mort, la brutalité de Thierry envers les Africains est de nouveau à l'ordre du jour alors que plusieurs scandales qui impliquent des officiers et missionnaires font la une des journaux et déclenchent des débats parlementaires sur les affaires coloniales au Togo allemand. L'indulgence parlementaire officielle annoncée au [[Reichstag (Empire allemand)|Reichstag]] informe que « après que le père d'un élève de la mission catholique de Lomé se fut enfui en montant dans un arbre, par peur du capitaine Thierry, ce dernier lui tira tout bonnement dessus. Il a également été dit que M. Gaston Thierry déchargeait ses cartouches sur les indigènes comme s'ils étaient des animaux sauvages. Il était d'ailleurs connu dans tout le protectorat pour sa cruauté<ref>{{Ouvrage|langue=allemand|auteur1=Matthias Erzberger|titre=Die Kolonial-Bilanz. Bilder aus der deutschen Kolonialpolitik auf Grund der Verhandlungen des Reichstags im Sessionsabschnitt 1905/06|lieu=Berlin|éditeur=Verlag und Druck der Germania|date=1906|lire en ligne=https://brema.suub.uni-bremen.de/dsdk/content/titleinfo/1894719}}</ref>.


== Thierry et les sciences naturelles ==
== Thierry et les sciences naturelles ==
Gaston Thierry envoya plusieurs colis d'espèces naturelles au [[Musée d'histoire naturelle de Berlin|Muséum d'histoire naturelle de Berlin]] entre 1899 et 1900<ref>[https://books.google.de/books?id=gobtAAAAMAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 11, n°2, 15 janvier 1900, p. 72–73; [https://books.google.de/books?id=gobtAAAAMAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 11, n°16, 15 août 1900, p. 629; [https://books.google.de/books?id=k8QBAAAAYAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 12, n°11, 1 juin 1901, p. 690–691.</ref>. Plusieurs de ces espèces furent par la suite nommées en son honneur par des naturalistes allemands, dont une espèce de chauve-souris (''epomophorus thierryi'' ), une espèce d' [[hyène tachetée]] (''hyaena thierryi''), une genette (''[[genetta thierryi]]''), un lézard (''chalcides thierryi''), un [[Coucal du Sénégal|coucou éperonné]] (''centropus thierryi''), un moineau méridional (''passer'' ''diffuse thierryi'') et une espèce de poisson d'eau douce (''nothobranchius thierryi''). Parmi ces appellations, seules trois sont encore utilisées en sciences naturelles : ''nothobranchius thierryi'', ''genetta thierryi'' et ''chalcides thierryi'' .
Gaston Thierry envoya plusieurs colis de specimens naturels au [[Musée d'histoire naturelle de Berlin|Muséum d'histoire naturelle de Berlin]] entre 1899 et 1900<ref>[https://books.google.de/books?id=gobtAAAAMAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 11, n°2, 15 janvier 1900, p. 72–73; [https://books.google.de/books?id=gobtAAAAMAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 11, n°16, 15 août 1900, p. 629; [https://books.google.de/books?id=k8QBAAAAYAAJ&redir_esc=y Deutsches Kolonialblatt], vol. 12, n°11, 1 juin 1901, p. 690–691.</ref>. Plusieurs de ces espèces furent par la suite nommées en son honneur par des naturalistes allemands, dont une sorte de chauve-souris (''epomophorus thierryi'' ), une espèce d' [[hyène tachetée]] (''hyaena thierryi''), une genette (''[[genetta thierryi]]''), un lézard (''chalcides thierryi''), un [[Coucal du Sénégal|coucou éperonné]] (''centropus thierryi''), un moineau méridional (''passer'' ''diffuse thierryi'') et une espèce de poisson d'eau douce (''nothobranchius thierryi''). Parmi ces appellations, seules trois sont encore utilisées en sciences naturelles : ''nothobranchius thierryi'', ''genetta thierryi'' et ''chalcides thierryi'' .


== Ouvrages ==
== Ouvrages ==

Version du 8 février 2022 à 04:49

Gaston Thierry
Gaston Thierry vêtu de robes haoussa (juin 1899, Togo).
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 38 ans)
MubiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Grade militaire

Gaston Thierry, né le à Munich et mort le près de Mubi, est un officier allemand et fonctionnaire administratif colonial au Togoland et au Cameroun allemand.

Situation personnelle

Après avoir obtenu son diplôme d'études secondaires en 1886, Gaston Thierry rejoint le 88ème régiment d'infanterie de l'armée prussienne, devient enseignant la même année et est promu sous-lieutenant en 1887. En 1891, il se retire de l'armée et rejoint le premier bataillon de la marine. En 1894, il est temporairement affecté au Cameroun après la répression de la mutinerie dite du "Dahomey" au sein des troupes coloniales allemandes. Promu premier lieutenant en 1894, il prend sa retraite le 12 Septembre 1895, quitte l'infanterie de la marine et rejoint le régiment de grenadiers "König Friedrich Wilhelm II.". En juin 1896, il est nommé à la tête du régiment et travaille pour le ministère des Affaires étrangères.

Thierry a d'abord été déployé au Togol allemand, où il a joué un rôle clé dans l'occupation du nord en tant que chef de station à Sansane-Mangu et chef de district à Yendi. En 1902, il est transféré au Cameroun. D'abord employé à Victoria, il est promu au grade de capitaine le 12 septembre 1902. En 1903, Gaston Thierry devient chef de poste de Yaoundé. La même année, il accompagne le gouverneur Jesko von Puttkamer lors de son voyage vers le lac Tchad. Il est ensuite nommé premier résident de la région d'Adamaoua le 20 septembre 1903.

Gaston Thierry meurt dans une bataille contre les habitants de Kirdi en septembre 1904. Il est inhumé à Garoua.

Administrateur colonial au Togo allemand

À partir de 1896, Gaston Thierry est à la tête de la station coloniale de Sansane-Mangu. Il participe à plus de 15 expéditions militaires contre la population locale entre juillet 1896 et 1902, dont certaines qu'il dirigea lui-même.

Dès le début de son séjour au Togoland, il accompagne Valentin von Massow et Hans Gruner dans leur campagne contre l'empire de Dagbon. Il participe donc à la prise d'Adibo le 4 décembre 1896. En 1897, Thierry mena une expédition militaire contre les communautés de la province de Gourma pour asseoir la domination coloniale allemande dans cette région. Cependant, l'empire sera cédé à la France en 1897[1]. A la fin de la même année, il mena une expédition contre les Konkomba. Au cours de la soi-disant « expédition Kabure-Losso » en 1898, qu'il entreprit avec Massow et Hermann Kersting, il pénétra le territoire des Lamba et des Kabiyè par l'ouest. Lors de cette expédicition, la violence avec laquelle Thierry subjuge les populations locales est telle que son collègue Valentin von Massow le condamna ouvertement pour avoir incendié une ville[2]. En 1898, il attaque les populations Moba et Barba, aujourd'hui au nord de la république du Togo.

En 1901, Thierry est au centre d'une enquête interne menée par le gouverneur de l'époque August Köhler et le ministère des Affaires étrangères, qui l'accusent de plusieurs délits. Thierry n'avait en effet pas fourni d'informations comptables sur les salaires des soldats dans ses troupes, ce qui entraîna d'importants déséquilibres dans le budget colonial[3]. Thierry fut donc invité à fournir un compte-rendu détaillé des revenus et des dépenses de la station de Sansanné-Mangu, dans lequel il déclara des revenus de 62 839,36 Reichsmarks entre juin 1900 et janvier 1902[4]. La seconde des accusations proférées par le gouverneur et le ministère concernaient des rumeurs sur le comportement "maladroit" de Thierry dans ses relations diplomatiques avec les responsables coloniaux français.[5] Le gouverneur reprocha enfin à Thierry de s'être enrichi en privé grâce à ses expéditions punitives:

Son activité principale consistait à mener une sorte de vie de campagne, s'absentant à plusieurs reprises de la station pendant de nombreux mois sans en informer le gouvernement, et entreprenant une expédition punitive après l'autre, dont le résultat fut toujours un riche butin de guerre sur lequel ses finances se basèrent[6].

L'historien allemand Peter Sebald, spécialiste du Togoland, ne manifeste aucune surprise et commente : « En principe, la manière de Thierry de mener ses guerres [...] ne différait pas de celle des autres chefs de poste et de mercenaires. Seul Thierry n'a pas pris la peine de maintenir cet « ordre » prussien-allemand. » [7] L'enquête fut sûrement l'une des principales raisons de son transfert du Togo au Cameroun.

En 1905, un an après sa mort, la brutalité de Thierry envers les Africains est de nouveau à l'ordre du jour alors que plusieurs scandales qui impliquent des officiers et missionnaires font la une des journaux et déclenchent des débats parlementaires sur les affaires coloniales au Togo allemand. L'indulgence parlementaire officielle annoncée au Reichstag informe que « après que le père d'un élève de la mission catholique de Lomé se fut enfui en montant dans un arbre, par peur du capitaine Thierry, ce dernier lui tira tout bonnement dessus. Il a également été dit que M. Gaston Thierry déchargeait ses cartouches sur les indigènes comme s'ils étaient des animaux sauvages. Il était d'ailleurs connu dans tout le protectorat pour sa cruauté[8].

Thierry et les sciences naturelles

Gaston Thierry envoya plusieurs colis de specimens naturels au Muséum d'histoire naturelle de Berlin entre 1899 et 1900[9]. Plusieurs de ces espèces furent par la suite nommées en son honneur par des naturalistes allemands, dont une sorte de chauve-souris (epomophorus thierryi ), une espèce d' hyène tachetée (hyaena thierryi), une genette (genetta thierryi), un lézard (chalcides thierryi), un coucou éperonné (centropus thierryi), un moineau méridional (passer diffuse thierryi) et une espèce de poisson d'eau douce (nothobranchius thierryi). Parmi ces appellations, seules trois sont encore utilisées en sciences naturelles : nothobranchius thierryi, genetta thierryi et chalcides thierryi .

Ouvrages

Notes et références

  1. « Koloniales Bildarchiv », sur sammlungen.ub.uni-frankfurt.de (consulté le )
  2. Valentin von Massow, Die Eroberung von Nordtogo 1896 - 1899: Tagebücher und Briefe, Peter Sebald, (ISBN 978-3954940424)
  3. Correspondance entre le gouvernement colonial au Togoland et le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères allemand, 03/06 - 22/11/1901. Achives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4393, pp. 163–170.
  4. Gaston Thierry. Revisions-Bemerkungen zur Abrechnung der Station Mangu-Jendi. Archives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4394, p. 18.
  5. August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). Archives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4393, p. 159–160.
  6. August Köhler. Notes pour le département colonial du Ministère des Affaires Etrangères (22 février 1901). Archives Fédérales Allemandes (Bundesarchiv), R1001/4393, p. 160.
  7. (de) Peter Sebald, Togo 1884-1914. Eine Geschichte der deutschen "Musterkolonie" auf der Grundlage amtlicher Quellen, Berlin, Akademie Verlag, (ISBN 3-05-000248-4)
  8. (de) Matthias Erzberger, Die Kolonial-Bilanz. Bilder aus der deutschen Kolonialpolitik auf Grund der Verhandlungen des Reichstags im Sessionsabschnitt 1905/06, Berlin, Verlag und Druck der Germania, (lire en ligne)
  9. Deutsches Kolonialblatt, vol. 11, n°2, 15 janvier 1900, p. 72–73; Deutsches Kolonialblatt, vol. 11, n°16, 15 août 1900, p. 629; Deutsches Kolonialblatt, vol. 12, n°11, 1 juin 1901, p. 690–691.

Liens externes