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« Izatès II » : différence entre les versions

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Son père lui donne le pays de [[Harran|Carrhes]] (au sud d'[[Şanlıurfa|Édesse]], à la frontière turco-syrienne), probablement après la mort du roi Abennerigos, vers 21.
Son père lui donne le pays de [[Harran|Carrhes]] (au sud d'[[Şanlıurfa|Édesse]], à la frontière turco-syrienne), probablement après la mort du roi Abennerigos, vers 21.


{{citation bloc|Monobaze était déjà vieux et comprenait qu'il n'avait plus guère de temps à vivre ; aussi voulut-il voir son fils avant de mourir. Il le fit donc venir, l'embrassa avec beaucoup d'affection et lui donna le pays dit de [[Harran|Carrhes]]<ref group="N">Carrhes en Mésopotamie (l'ancienne Charan ; cf. Besnier, Lexique de géographie ancienne) Quand plus tard Izatès reçoit la possession de [[Nisibe]], cette acquisition doit assurer ses communications entre l'Adiabène et la Mésopotamie. (Georges Mathieu)</ref> cette terre est très propre à produire en abondance de l'amome (une plante avec laquelle était fabriqué des [[onguents]]). C'est là également que se trouvent les restes de l'[[Arche de Noé|arche]] où, dit-on, [[Noé (patriarche)|Noé]] échappa au [[déluge]], restes qui, jusqu'à nos jours, sont montrés à ceux qui veulent les voir. Izatès vécut donc dans cette région jusqu'à la mort de son père<ref name="Flavius Josèphe_22.2">Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', Livre XX II - 2</ref>.}}
{{citation bloc|Monobaze était déjà vieux et comprenait qu'il n'avait plus guère de temps à vivre ; aussi voulut-il voir son fils avant de mourir. Il le fit donc venir, l'embrassa avec beaucoup d'affection et lui donna le pays dit de [[Harran|Carrhes]]<ref group="N">Carrhes en Mésopotamie (l'ancienne Charan ; cf. Besnier, Lexique de géographie ancienne) Quand plus tard Izatès reçoit la possession de [[Nisibe]], cette acquisition doit assurer ses communications entre l'Adiabène et la Mésopotamie. (Georges Mathieu)</ref> cette terre est très propre à produire en abondance de l'amome (une plante avec laquelle étaient fabriqués des [[onguents]]). C'est là également que se trouvent les restes de l'[[Arche de Noé|arche]] où, dit-on, [[Noé (patriarche)|Noé]] échappa au [[déluge]], restes qui, jusqu'à nos jours, sont montrés à ceux qui veulent les voir. Izatès vécut donc dans cette région jusqu'à la mort de son père<ref name="Flavius Josèphe_22.2">Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', Livre XX II - 2</ref>.}}


Ce don de la région de Carrhes par son père était semble-t-il la façon pour [[Monobaze Ier|Monobaze {{Ier}}]] d'officialiser la désignation d'Izatès comme son successeur. Ce don par Monobaze {{Ier}} montre aussi que ce territoire qui appartenait à l'Osroène à l'époque de la [[bataille de Carrhes]] ([[-53]]) était passé sous le contrôle du royaume d'[[Adiabène]].
Ce don de la région de Carrhes par son père était semble-t-il la façon pour [[Monobaze Ier|Monobaze {{Ier}}]] d'officialiser la désignation d'Izatès comme son successeur. Ce don par Monobaze {{Ier}} montre aussi que ce territoire qui appartenait à l'Osroène à l'époque de la [[bataille de Carrhes]] ([[-53]]) était passé sous le contrôle du royaume d'[[Adiabène]].
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[[Image:Parthia 001ad.jpg|thumb|Carte de la région, avant le partage du royaume d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]] ([[-4|4 av. J.-C.]]).</br>* 7) [[Adiabène]] ;</br>* 8) [[Atropatène]] ;</br>* 9) [[Characène]], [[Mésène]] ;</br>* 10) [[Élymaïde]] ;</br>* 2) Royaume d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]] ;</br>* 3) Royaume d'[[Iturée]] » ;</br>* 4) Royaume de [[Anjar|Chacis]] ;</br>* 6) [[Commagène]]]]
[[Image:Parthia 001ad.jpg|thumb|Carte de la région, avant le partage du royaume d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]] ([[-4|4 av. J.-C.]]).</br>* 7) [[Adiabène]] ;</br>* 8) [[Atropatène]] ;</br>* 9) [[Characène]], [[Mésène]] ;</br>* 10) [[Élymaïde]] ;</br>* 2) Royaume d'[[Hérode Ier le Grand|Hérode]] ;</br>* 3) Royaume d'[[Iturée]] » ;</br>* 4) Royaume de [[Anjar|Chacis]] ;</br>* 6) [[Commagène]]]]


À la mort de son père Monobaze {{Ier}}, sa mère Héléne eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils<ref name ="Graetz_XVI"/>. La transmission dynastique se faisait par désignation de son successeur par le roi encore vivant. Monobaze {{Ier}} avait désigné Izatès pour lui succéder, bien que son fils aîné soit [[Monobaze II|Monobaze]] qui d'ailleurs succède à Izatès sous le nom de Monobaze II. Pour justifier son choix Monobaze {{Ier}} invoquait une voix divine qui lui aurait parlé alors qu'Hélène était enceinte d'Izatès.
À la mort de son père Monobaze {{Ier}}, sa mère Hélène eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils<ref name ="Graetz_XVI"/>. La transmission dynastique se faisait par désignation de son successeur par le roi encore vivant. Monobaze {{Ier}} avait désigné Izatès pour lui succéder, bien que son fils aîné soit [[Monobaze II|Monobaze]] qui d'ailleurs succède à Izatès sous le nom de Monobaze II. Pour justifier son choix Monobaze {{Ier}} invoquait une voix divine qui lui aurait parlé alors qu'Hélène était enceinte d'Izatès.


À la mort de son père, Izatès vivait toujours dans le pays de [[Carrhes]]. Les grands du royaume d'Adiabène acceptèrent qu'Izatès succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C'était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères<ref name ="Graetz_XVI"/>. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze {{Ier}}. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme [[Régence|régent]] du royaume » Monobaze<ref group="N">Hélène « investit de la royauté Monobaze, le fils aîné du roi, en lui imposant le diadème et en lui donnant l'anneau portant le sceau de son père et ce qu'on nomme dans ce pays ''sampséra'' (c'était un sceptre portant l'image du soleil) » ; ([[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', Livre XX II - 2.</ref>, son fils aîné<ref name ="Graetz_XVI"/>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.2"/>. Izatès « revint, rapidement lorsqu'il eut appris la mort de son père et succéda à son frère Monobaze, qui lui céda le pouvoir<ref name ="Graetz_XVI"/>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.2"/>. »
À la mort de son père, Izatès vivait toujours dans le pays de [[Carrhes]]. Les grands du royaume d'Adiabène acceptèrent qu'Izatès succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C'était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères<ref name ="Graetz_XVI"/>. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze {{Ier}}. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme [[Régence|régent]] du royaume » Monobaze<ref group="N">Hélène « investit de la royauté Monobaze, le fils aîné du roi, en lui imposant le diadème et en lui donnant l'anneau portant le sceau de son père et ce qu'on nomme dans ce pays ''sampséra'' (c'était un sceptre portant l'image du soleil) » ; ([[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', Livre XX II - 2.</ref>, son fils aîné<ref name ="Graetz_XVI"/>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.2"/>. Izatès « revint, rapidement lorsqu'il eut appris la mort de son père et succéda à son frère Monobaze, qui lui céda le pouvoir<ref name ="Graetz_XVI"/>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.2"/>. »


{{citation bloc|Quand Izatès eut pris la royauté et qu'arrivant en Adiabène il vit ses frères et ses autres parents enchaînés, il fut mécontent de ce qui était arrivé. Regardant comme impie de les tuer ou de les garder enchaînés, mais jugeant dangereux de les laisser libres auprès de lui alors qu'ils se souviendraient des offenses reçues, il envoya les uns comme otages à Rome près de l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] avec leurs enfants et il expédia les autres sous un prétexte analogue chez [[Artaban III|Artabane]] le Parthe<ref name="Flavius Josèphe_22.3"/>{{,}}<ref name="a"/>.}}
{{citation bloc|Quand Izatès eut pris la royauté et qu'arrivant en Adiabène il vit ses frères et ses autres parents enchaînés, il fut mécontent de ce qui était arrivé. Regardant comme impie de les tuer ou de les garder enchaînés, mais jugeant dangereux de les laisser libres auprès de lui alors qu'ils se souviendraient des offenses reçues, il envoya les uns comme otages à Rome près de l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] avec leurs enfants et il expédia les autres sous un prétexte analogue chez [[Artaban III|Artabane]] le Parthe<ref name="Flavius Josèphe_22.3"/>{{,}}<ref name="a"/>.}}
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=== Émancipation ===
=== Émancipation ===


Alors que plusieurs guerres se déclenchent dans les pays alentours, Izatès parvient à maintenir son royaume à l'écart de ces conflits. Bien qu'il soit théoriquement vassal de l'[[Parthie|Empire parthe]], il observe une stricte neutralité, lorsqu'en 34, à la mort d'[[Artaxias III Zénon|Artaxias III d'Arménie]], le roi parthe [[Artaban III]] (roi de 12 à 38), tente de mettre son fils [[Arsace Ier d'Arménie|Arsace]] sur le trône d'Arménie, qui était un protectorat romain depuis [[65 av. J.-C.]] Cette action déclencha deux années de guerre, pendant lesquelles les Romains suscitèrent l'invasion de l'[[royaume d'Arménie|Arménie]] par des forces [[sarmates]]<ref group="N">Appelés « Alains » (Ἀλαοὺς) par Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', XVIII-IV, 4</ref>, [[Royaume d'Ibérie|ibères]]<ref group="N">Les « Ibéres » selon Tacite et « Ibernes » selon Flavius Josèphe appartenaient à un royaume correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l'actuelle [[Géorgie (pays)|]]</ref> et [[Aghbanie|albaniennes]] ([[Daghestan]]), et différents complots pour que les nobles [[parthes]] déposent [[Artaban III]] et le remplacent par un roi favorable aux Romains. Pendant toute cette période troublée, l'Adiabène ne fit aucun acte hostile envers les Romains et l'on peut supposer que des accords avaient été passés entre Izatès et [[Lucius Vitellius]], le [[légat]] romain de [[Syrie]]. Les Romains parviennent à installer [[Mithridate d'Arménie]] sur le trône et Artaban III faillit perdre le sien<ref>Tacite, ''Annales'', Livre VI, de XXXI à XXXVIII</ref>{{,}}<ref name=" Flavius Josèphe, XVIII-IV, 4-5">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', XVIII-IV, 4-5</ref>.
Alors que plusieurs guerres se déclenchent dans les pays alentour, Izatès parvient à maintenir son royaume à l'écart de ces conflits. Bien qu'il soit théoriquement vassal de l'[[Parthie|Empire parthe]], il observe une stricte neutralité, lorsqu'en 34, à la mort d'[[Artaxias III Zénon|Artaxias III d'Arménie]], le roi parthe [[Artaban III]] (roi de 12 à 38), tente de mettre son fils [[Arsace Ier d'Arménie|Arsace]] sur le trône d'Arménie, qui était un protectorat romain depuis [[65 av. J.-C.]] Cette action déclencha deux années de guerre, pendant lesquelles les Romains suscitèrent l'invasion de l'[[royaume d'Arménie|Arménie]] par des forces [[sarmates]]<ref group="N">Appelés « Alains » (Ἀλαοὺς) par Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', XVIII-IV, 4</ref>, [[Royaume d'Ibérie|ibères]]<ref group="N">Les « Ibères » selon Tacite et « Ibernes » selon Flavius Josèphe appartenaient à un royaume correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l'actuelle [[Géorgie (pays)|]]</ref> et [[Aghbanie|albaniennes]] ([[Daghestan]]), et différents complots pour que les nobles [[parthes]] déposent [[Artaban III]] et le remplacent par un roi favorable aux Romains. Pendant toute cette période troublée, l'Adiabène ne fit aucun acte hostile envers les Romains et l'on peut supposer que des accords avaient été passés entre Izatès et [[Lucius Vitellius]], le [[légat]] romain de [[Syrie]]. Les Romains parviennent à installer [[Mithridate d'Arménie]] sur le trône et Artaban III faillit perdre le sien<ref>Tacite, ''Annales'', Livre VI, de XXXI à XXXVIII</ref>{{,}}<ref name=" Flavius Josèphe, XVIII-IV, 4-5">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', XVIII-IV, 4-5</ref>.


Au sortir de cette crise, l'Adiabène n'est plus vassale des [[Parthes]] mais du [[royaume d'Arménie]]. Elle a en fait gagné une plus large autonomie, surtout parce qu'à la mort de [[Tibère]] (mars [[37]]), la folie de [[Caligula]] vient tout compromettre pour les Romains. Sans raison, l'empereur convoque [[Mithridate d'Arménie]] à Rome et le déchoit de sa royauté ([[37]]). Les Parthes ne manquent pas de profiter de cette faute pour réoccuper l'Arménie, et l'Adiabène en profite pour affirmer encore plus son autonomie en rejetant sa vassalité arménienne, qui de fait n'a guère duré plus d'un an<ref name="René Grousset">[[René Grousset]], ''Histoire de l'Arménie'', Payot, 1984 {{ISBN|2-228-13570-4}}, {{p.}} 105.</ref>.
Au sortir de cette crise, l'Adiabène n'est plus vassale des [[Parthes]] mais du [[royaume d'Arménie]]. Elle a en fait gagné une plus large autonomie, surtout parce qu'à la mort de [[Tibère]] (mars [[37]]), la folie de [[Caligula]] vient tout compromettre pour les Romains. Sans raison, l'empereur convoque [[Mithridate d'Arménie]] à Rome et le déchoit de sa royauté ([[37]]). Les Parthes ne manquent pas de profiter de cette faute pour réoccuper l'Arménie, et l'Adiabène en profite pour affirmer encore plus son autonomie en rejetant sa vassalité arménienne, qui de fait n'a guère duré plus d'un an<ref name="René Grousset">[[René Grousset]], ''Histoire de l'Arménie'', Payot, 1984 {{ISBN|2-228-13570-4}}, {{p.}} 105.</ref>.
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{{citation bloc|Il arriva donc chez Izatès, entouré d'environ mille parents et serviteurs, et le rencontra en route<ref name="Flavius Josèphe_XX_III_1">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', Livre XX III - 1</ref>.}}
{{citation bloc|Il arriva donc chez Izatès, entouré d'environ mille parents et serviteurs, et le rencontra en route<ref name="Flavius Josèphe_XX_III_1">[[Flavius Josèphe]], ''[[Antiquités judaïques]]'', Livre XX III - 1</ref>.}}


Izatès s'empresse d'accepter<ref name="JEA"/> en réservant à son invité tous les honneurs dus à un « roi des rois ». Cette attitude le propulse au niveau du « roi des rois », car cette décision n'est due qu'à sa seule volonté, puisqu'il n'est plus le vassal des rois parthes.
Izatès s'empresse d'accepter<ref name="JEA"/> en réservant à son invité tous les honneurs dus à un « roi des rois ». Cette attitude le propulse au niveau du « roi des rois », car cette décision n'est due qu'à sa seule volonté, puisqu'il n'est plus le vassal des rois parthes.


{{citation bloc|Prends courage: lui dit-il, ô roi, et que la présente calamité ne te bouleverse pas comme si elle était irréparable : ton chagrin se changera rapidement en joie. Tu trouveras en moi un ami et un allié meilleur que tu ne l'espérais ; en effet, où je te réinstallerai dans le royaume des Parthes, ou je perdrai le mien<ref name="Flavius Josèphe_XX_III_1"/>.}}
{{citation bloc|Prends courage: lui dit-il, ô roi, et que la présente calamité ne te bouleverse pas comme si elle était irréparable : ton chagrin se changera rapidement en joie. Tu trouveras en moi un ami et un allié meilleur que tu ne l'espérais ; en effet, où je te réinstallerai dans le royaume des Parthes, ou je perdrai le mien<ref name="Flavius Josèphe_XX_III_1"/>.}}
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{{citation bloc|Artabane mourut en laissant le trône à son fils [[Vardanès Ier de Parthie|Vardane]]. Celui-ci se rendit auprès d'Izatès et essaya de le convaincre, comme il était sur le point de faire la guerre aux Romains, de s'allier avec lui et de lui fournir son appui. Mais il ne le convainquit point, car Izatès connaissait la puissance et la fortune des Romains et croyait l'entreprise impossible. [...] Le Parthe, irrité de cela, déclara immédiatement la guerre à Izatès ; mais il ne retira aucun profit de cette entreprise, car Dieu anéantit toutes ses espérances. En effet, lorsque les Parthes apprirent les projets de Vardane et sa décision de combattre les Romains, ils se débarrassèrent de lui et donnèrent le pouvoir à son frère [[Gotarzès II de Parthie|Cotardès]]<ref group="N">Gotarzès selon [[Tacite]], ''Annales'', XI, 8-17.</ref>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.4"/>{{,}}<ref name="a"/>.}}
{{citation bloc|Artabane mourut en laissant le trône à son fils [[Vardanès Ier de Parthie|Vardane]]. Celui-ci se rendit auprès d'Izatès et essaya de le convaincre, comme il était sur le point de faire la guerre aux Romains, de s'allier avec lui et de lui fournir son appui. Mais il ne le convainquit point, car Izatès connaissait la puissance et la fortune des Romains et croyait l'entreprise impossible. [...] Le Parthe, irrité de cela, déclara immédiatement la guerre à Izatès ; mais il ne retira aucun profit de cette entreprise, car Dieu anéantit toutes ses espérances. En effet, lorsque les Parthes apprirent les projets de Vardane et sa décision de combattre les Romains, ils se débarrassèrent de lui et donnèrent le pouvoir à son frère [[Gotarzès II de Parthie|Cotardès]]<ref group="N">Gotarzès selon [[Tacite]], ''Annales'', XI, 8-17.</ref>{{,}}<ref name="Flavius Josèphe_22.4"/>{{,}}<ref name="a"/>.}}


Vers 47-49, après la mort de [[Vardanès Ier de Parthie|Vardanès {{Ier}}]], l’empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] soutient le parti parthe qui tente de porter au pouvoir [[Meherdatès de Parthie|Meherdatès]] contre le roi [[Gotarzès II de Parthie|Gotarzès II]]<ref name="JEA"/>. Cassius, le gouverneur de Syrie, et Carénès, le principal partisan parthe de Merherdatès, rallient à Méherdatès Izatès et l'Arabe [[Abgar V|Abgar V Ukomo Bar Ma'Nu]] (13-50), roi d'[[Şanlıurfa|Édesse]]. Mais selon Richard Gottheil, « Izatès joue double jeu, alors qu'il a secrètement pris parti pour Gotarzès<ref name="JEA"/>. » Il en est probablement de même pour son parent [[Abgar V]]. Après avoir perdu trop de temps à Édesse, ils commencent à faire mouvement vers l'[[Adiabène]] en passant par l'[[royaume d'Arménie|Arménie]], alors que l'hiver approche.
Vers 47-49, après la mort de [[Vardanès Ier de Parthie|Vardanès {{Ier}}]], l’empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]] soutient le parti parthe qui tente de porter au pouvoir [[Meherdatès de Parthie|Meherdatès]] contre le roi [[Gotarzès II de Parthie|Gotarzès II]]<ref name="JEA"/>. Cassius, le gouverneur de Syrie, et Carénès, le principal partisan parthe de Merherdatès, rallient à Méherdatès Izatès et l'Arabe [[Abgar V|Abgar V Ukomo Bar Ma'Nu]] (13-50), roi d'[[Şanlıurfa|Édesse]]. Mais selon Richard Gottheil, « Izatès joue double jeu, alors qu'il a secrètement pris parti pour Gotarzès<ref name="JEA"/>. » Il en est probablement de même pour son parent [[Abgar V]]. Après avoir perdu trop de temps à Édesse, ils commencent à faire mouvement vers l'[[Adiabène]] en passant par l'[[royaume d'Arménie|Arménie]], alors que l'hiver approche.


{{citation bloc|Ils passent le Tigre et traversent l'Adiabénie, dont le roi Izatès, en apparence allié de Méherdate, penchait secrètement pour Gotarzès et le servait de meilleure foi<ref>[[Tacite]], ''Annales'', Livre XII, § XIII.</ref>.}}
{{citation bloc|Ils passent le Tigre et traversent l'Adiabénie, dont le roi Izatès, en apparence allié de Méherdate, penchait secrètement pour Gotarzès et le servait de meilleure foi<ref>[[Tacite]], ''Annales'', Livre XII, § XIII.</ref>.}}
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=== Mort et succession ===
=== Mort et succession ===


Selon [[Heinrich Graetz]], Izatès mourut vers 55, à l'âge de 55 ans<ref name ="Graetz_XVI"/>. Hélène, sa mère, semble avoir été profondément affectée par sa mort dont on ne connaît pas les circonstances, et ne lui survit d'ailleurds que peu de temps.
Selon [[Heinrich Graetz]], Izatès mourut vers 55, à l'âge de 55 ans<ref name ="Graetz_XVI"/>. Hélène, sa mère, semble avoir été profondément affectée par sa mort dont on ne connaît pas les circonstances, et ne lui survit d'ailleurs que peu de temps.


{{citation bloc|Un peu plus tard Izatès mourut, après avoir achevé sa cinquante-cinquième année et après vingt-quatre ans de règne (v. 34–58), laissant vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. La succession au trône devait revenir selon ses ordres à son frère [[Monobaze II|Monobaze]], en récompense de la fidélité avec laquelle il lui avait conservé son pouvoir en son absence, après la mort de leur père<ref name="Flavius Josèphe_24.3">Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', Livre XX IV - 3</ref>{{,}}<ref name="Izates_JE"/>.}}
{{citation bloc|Un peu plus tard Izatès mourut, après avoir achevé sa cinquante-cinquième année et après vingt-quatre ans de règne (v. 34–58), laissant vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. La succession au trône devait revenir selon ses ordres à son frère [[Monobaze II|Monobaze]], en récompense de la fidélité avec laquelle il lui avait conservé son pouvoir en son absence, après la mort de leur père<ref name="Flavius Josèphe_24.3">Flavius Josèphe, ''Antiquités judaïques'', Livre XX IV - 3</ref>{{,}}<ref name="Izates_JE"/>.}}

Version du 26 décembre 2012 à 01:40

Izatès II
Titre
Rois d'Adiabène
Prédécesseur Monobaze Ier
Successeur Monobaze II
Biographie
Dynastie Monobaze d'Adiabène
Père Monobaze Ier
Mère Hélène d'Adiabène
Conjoint Symacho, fille du roi Abennerigos de Charax Spasinu

Izatès II ou Izatès bar Monobaze (également connu sous le nom d'Izaatès ou Izaat ; v.1 - v. 57) était un prosélyte du judaïsme qui est devenu roi d'Adiabène[1]. Selon Flavius Josèphe, Izatès II était l'un des fils de la reine Hélène d'Adiabène et de Monobaze Ier.

Biographie

Conversion au judaïsme

La Characène vers 51 av. J.-C.

Durant sa jeunesse, le futur Izatès II fut envoyé par son père à la cour du roi Abennerigos (ou Abinerglo)[N 1] dans la cité fortifiée de Spasinès (ou Charax Spasinu) (Σπασίνου Χάραξ)[N 2], capitale du royaume de Characène aussi connu comme Mésène[2].

« craignant vivement que la haine de ses frères ne lui portât malheur, [Monobaze Ier] l'envoya, après lui avoir fait de grands présents, chez Abennerigos, roi du Camp de Spasinès à qui il confia sa sécurité. Abennerigos reçut le jeune homme avec empressement, manifesta une grande affection, lui donna pour femme sa fille nommée Symacho et le gratifia d'un pays qui lui rapporterait de gros revenus[3],[4]. »

Alors qu'il était à Spasinès, Izatès fit connaissance avec un riche marchand juif nommé Ananias, par ailleurs rabbi qui pratiquait un prosélytisme[2] militant et efficace pour sa religion à destination des classes supérieures des pays de la région[5]. Celui-ci le familiarisa avec les principes de la religion juive, ce qui l'intéressa vivement[1]. Izatès se maria avec Symacho la fille du roi Abennerigos[6] qui elle aussi avait été convertie au judaïsme par le prosélytisme d'Ananias[2],[5].

« Ananias, qui avait accès dans le gynécée royal, apprit aux femmes à adorer Dieu selon la coutume nationale des Juifs. Grâce à elles il se fit connaître d'Izatès et le persuada aussi[7],[5],[4]. »

Sans qu'il le sache, la mère d'Izatès, Hélène d'Adiabène, s'était à peu près au même moment convertie au judaïsme, mais de façon indépendante de lui[2],[1], puisqu'ils habitaient alors dans deux pays différents. En rentrant chez lui afin de monter sur le trône à la mort de son père, Izatès a découvert la conversion de sa mère et manifesta l'intention d'adopter le judaïsme. Il voulut même se soumettre à la circoncision. Il en a toutefois été dissuadé à la fois par son maître Ananias et par sa mère[2],[5],[1].

« En effet, il était roi, disait-elle, et il s'aliénerait beaucoup ses sujets s'ils apprenaient qu'il désirait adopter des mœurs étrangères et opposées aux leurs, car ils ne supporteraient pas d'avoir un roi juif[8]. »

Mais finalement, il s'est quand même fait circoncire, après en avoir été convaincu par Eléazar un autre rabbi juif, originaire de Galilée[2],[5],[1].

« [Ananias et Hélène] furent aussitôt saisis de stupeur et d'une grande crainte, se disant que, si la chose était connue, le roi risquerait de se voir chasser du pouvoir, parce que ses sujets ne supporteraient pas d'être gouvernés par un zélateur des coutumes étrangères, et qu'eux-mêmes seraient en danger, parce que la responsabilité en serait rejetée sur eux. Mais Dieu empêcha leurs craintes de se réaliser[8],[5]. »

Quand plusieurs parents du roi Izatès II, dont son frère Monobaze, ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d'Adiabène ont alors conspiré pour le destituer. Ils paient notamment Abia, un roi arabe, puis après son échec Vologèse Ier, roi des Parthes, pour que ceux-ci fassent la guerre au roi Izatès II. Mais celui-ci sort victorieux de chacune des confrontations.

Seigneur de Carrhes

Carte situant l'Adiabène, la Gordyène (ou Corduène), l'Osroène, la Sophène, la Commagène et l'Atropatène à l'époque de l'apogée de l'Arménie sous Tigrane II.

Son père lui donne le pays de Carrhes (au sud d'Édesse, à la frontière turco-syrienne), probablement après la mort du roi Abennerigos, vers 21.

« Monobaze était déjà vieux et comprenait qu'il n'avait plus guère de temps à vivre ; aussi voulut-il voir son fils avant de mourir. Il le fit donc venir, l'embrassa avec beaucoup d'affection et lui donna le pays dit de Carrhes[N 3] cette terre est très propre à produire en abondance de l'amome (une plante avec laquelle étaient fabriqués des onguents). C'est là également que se trouvent les restes de l'arche où, dit-on, Noé échappa au déluge, restes qui, jusqu'à nos jours, sont montrés à ceux qui veulent les voir. Izatès vécut donc dans cette région jusqu'à la mort de son père[9]. »

Ce don de la région de Carrhes par son père était semble-t-il la façon pour Monobaze Ier d'officialiser la désignation d'Izatès comme son successeur. Ce don par Monobaze Ier montre aussi que ce territoire qui appartenait à l'Osroène à l'époque de la bataille de Carrhes (-53) était passé sous le contrôle du royaume d'Adiabène.

Quant à Ananias qui avait converti Izatès et sa femme au judaïsme, le futur roi l'emmena avec lui.

« [Lorsque Izatès] fut rappelé par son père en Adiabène, Ananias l'accompagna, obéissant à ses pressantes sollicitations[7]. »

Accession au trône

Carte de la région, avant le partage du royaume d'Hérode (4 av. J.-C.).
* 7) Adiabène ;
* 8) Atropatène ;
* 9) Characène, Mésène ;
* 10) Élymaïde ;
* 2) Royaume d'Hérode ;
* 3) Royaume d'Iturée » ;
* 4) Royaume de Chacis ;
* 6) Commagène

À la mort de son père Monobaze Ier, sa mère Hélène eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils[2]. La transmission dynastique se faisait par désignation de son successeur par le roi encore vivant. Monobaze Ier avait désigné Izatès pour lui succéder, bien que son fils aîné soit Monobaze qui d'ailleurs succède à Izatès sous le nom de Monobaze II. Pour justifier son choix Monobaze Ier invoquait une voix divine qui lui aurait parlé alors qu'Hélène était enceinte d'Izatès.

À la mort de son père, Izatès vivait toujours dans le pays de Carrhes. Les grands du royaume d'Adiabène acceptèrent qu'Izatès succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C'était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères[2]. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze Ier. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme régent du royaume » Monobaze[N 4], son fils aîné[2],[9]. Izatès « revint, rapidement lorsqu'il eut appris la mort de son père et succéda à son frère Monobaze, qui lui céda le pouvoir[2],[9]. »

« Quand Izatès eut pris la royauté et qu'arrivant en Adiabène il vit ses frères et ses autres parents enchaînés, il fut mécontent de ce qui était arrivé. Regardant comme impie de les tuer ou de les garder enchaînés, mais jugeant dangereux de les laisser libres auprès de lui alors qu'ils se souviendraient des offenses reçues, il envoya les uns comme otages à Rome près de l'empereur Claude avec leurs enfants et il expédia les autres sous un prétexte analogue chez Artabane le Parthe[7],[4]. »

Ce statut d'otage ne semble avoir concerné que les fils des autres femmes de Monobaze Ier ; en effet la présence des fils d'Hélène (donc frères d'Izatès) est mentionnée plusieurs fois par Flavius Josèphe en Judée et à Jérusalem dans les années suivantes. Flavius Josèphe raconte qu'Hélène et ses fils possédaient un palais à Jérusalem. Les ruines de celui-ci ont d'ailleurs été découvertes en 2007.

Assez curieusement, après les conversions d'Hélène et d'Izatès et son accession au pouvoir, tous ses autres frères et la totalité de ses parents semblent s'être aussi convertis au judaïsme simultanément. Cette appartenance au judaïsme est de plus révélée publiquement. Quand plusieurs parents d'Izatès ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d'Adiabène ont secrètement écrit à Abia, un roi arabe, « en lui promettant une grosse somme d'argent » pour qu'il déclare la guerre à Izatès. Mais Izatès vainc son ennemi, qui se suicide de désespoir. Vers la fin du règne d'Izatès, les nobles, mécontents de sa conversion, conspirent à nouveau avec Vologèse Ier, roi des Parthes, mais au dernier moment celui-ci est empêché de mettre son plan à exécution, car au moment où il se met en route pour envahir l'Adiabène, une armée de Daces et de Scythes entre en Parthie et il doit lui faire face[10].

Émancipation

Alors que plusieurs guerres se déclenchent dans les pays alentour, Izatès parvient à maintenir son royaume à l'écart de ces conflits. Bien qu'il soit théoriquement vassal de l'Empire parthe, il observe une stricte neutralité, lorsqu'en 34, à la mort d'Artaxias III d'Arménie, le roi parthe Artaban III (roi de 12 à 38), tente de mettre son fils Arsace sur le trône d'Arménie, qui était un protectorat romain depuis 65 av. J.-C. Cette action déclencha deux années de guerre, pendant lesquelles les Romains suscitèrent l'invasion de l'Arménie par des forces sarmates[N 5], ibères[N 6] et albaniennes (Daghestan), et différents complots pour que les nobles parthes déposent Artaban III et le remplacent par un roi favorable aux Romains. Pendant toute cette période troublée, l'Adiabène ne fit aucun acte hostile envers les Romains et l'on peut supposer que des accords avaient été passés entre Izatès et Lucius Vitellius, le légat romain de Syrie. Les Romains parviennent à installer Mithridate d'Arménie sur le trône et Artaban III faillit perdre le sien[11],[12].

Au sortir de cette crise, l'Adiabène n'est plus vassale des Parthes mais du royaume d'Arménie. Elle a en fait gagné une plus large autonomie, surtout parce qu'à la mort de Tibère (mars 37), la folie de Caligula vient tout compromettre pour les Romains. Sans raison, l'empereur convoque Mithridate d'Arménie à Rome et le déchoit de sa royauté (37). Les Parthes ne manquent pas de profiter de cette faute pour réoccuper l'Arménie, et l'Adiabène en profite pour affirmer encore plus son autonomie en rejetant sa vassalité arménienne, qui de fait n'a guère duré plus d'un an[13].

Artaban III est alors en butte à une terrible fronde de ses nobles qui se sont choisis un roi, soutenu secrètement par les Romains. Il demande à Izatès d'accepter qu'il se réfugie chez lui[10].

« Il arriva donc chez Izatès, entouré d'environ mille parents et serviteurs, et le rencontra en route[14]. »

Izatès s'empresse d'accepter[10] en réservant à son invité tous les honneurs dus à un « roi des rois ». Cette attitude le propulse au niveau du « roi des rois », car cette décision n'est due qu'à sa seule volonté, puisqu'il n'est plus le vassal des rois parthes.

« Prends courage: lui dit-il, ô roi, et que la présente calamité ne te bouleverse pas comme si elle était irréparable : ton chagrin se changera rapidement en joie. Tu trouveras en moi un ami et un allié meilleur que tu ne l'espérais ; en effet, où je te réinstallerai dans le royaume des Parthes, ou je perdrai le mien[14]. »

Expansion du royaume

Izatès est alors tellement respecté qu'il parvient à se poser comme arbitre entre le roi parthe Artaban III, ses nobles en rébellion[1],[10] et l'usurpateur appelé Cinname[2]. Grâce à l'aide d'Izatès, Artaban retrouva son trône (v. 36). En remerciement, il donna à Izatès quelques cadeaux, dont la ville de Nisibe et sa région[10].

« [Artaban] ne fut pas ingrat pour les services qu'il avait reçus et il en récompensa Izatès par les plus grands honneurs : il lui permit de porter la tiare droite et de coucher dans un lit d'or, alors que cet honneur et cet insigne sont réservés aux seuls rois des Parthes. Il lui donna aussi un grand pays fertile qu'il détacha des possessions du roi d'Arménie. Ce pays s'appelle Nisibis. Les Macédoniens y fondèrent autrefois la ville d'Antioche qu'ils nommèrent Epimygdonienne[7]. »

Neutralité envers les Empires romain et parthe

Mais une première cause de friction naquit après la mort du monarque parthe :

« Artabane mourut en laissant le trône à son fils Vardane. Celui-ci se rendit auprès d'Izatès et essaya de le convaincre, comme il était sur le point de faire la guerre aux Romains, de s'allier avec lui et de lui fournir son appui. Mais il ne le convainquit point, car Izatès connaissait la puissance et la fortune des Romains et croyait l'entreprise impossible. [...] Le Parthe, irrité de cela, déclara immédiatement la guerre à Izatès ; mais il ne retira aucun profit de cette entreprise, car Dieu anéantit toutes ses espérances. En effet, lorsque les Parthes apprirent les projets de Vardane et sa décision de combattre les Romains, ils se débarrassèrent de lui et donnèrent le pouvoir à son frère Cotardès[N 7],[8],[4]. »

Vers 47-49, après la mort de Vardanès Ier, l’empereur Claude soutient le parti parthe qui tente de porter au pouvoir Meherdatès contre le roi Gotarzès II[10]. Cassius, le gouverneur de Syrie, et Carénès, le principal partisan parthe de Merherdatès, rallient à Méherdatès Izatès et l'Arabe Abgar V Ukomo Bar Ma'Nu (13-50), roi d'Édesse. Mais selon Richard Gottheil, « Izatès joue double jeu, alors qu'il a secrètement pris parti pour Gotarzès[10]. » Il en est probablement de même pour son parent Abgar V. Après avoir perdu trop de temps à Édesse, ils commencent à faire mouvement vers l'Adiabène en passant par l'Arménie, alors que l'hiver approche.

« Ils passent le Tigre et traversent l'Adiabénie, dont le roi Izatès, en apparence allié de Méherdate, penchait secrètement pour Gotarzès et le servait de meilleure foi[15]. »

Mais Gotarzès se retranche derrière le fleuve Corma et refuse le combat, jugeant son armée insuffisante.

« Il temporisait, changeait de positions, envoyait des corrupteurs acheter la trahison dans les rangs ennemis. Bientôt Izatès, et ensuite Acbare, se retirèrent avec les Adiabéniens et les Arabes : telle est l'inconstance de ces peuples[16]. »

Merherdatès, Carénès et Cassius affrontent quand même Gotarzès et sont vaincus.

Bienfaiteur du peuple juif

« Hélène, la mère du roi, voyait que la paix régnait dans le royaume et que son fils était heureux et même envié de tous, jusque chez les peuples étrangers, grâce à la providence divine. Elle eut le désir de se rendre dans la ville de Jérusalem pour se prosterner devant le temple de Dieu, célèbre dans tout l'univers, et y offrir des sacrifices d'actions de grâces, et en demanda la permission à son fils. Izatès consentit avec le plus grand empressement à la demande de sa mère, fit pour son voyage de grands préparatifs et lui donna même une très grande quantité d'argent. Elle descendit donc dans la ville de Jérusalem, non sans que son fils l'eût accompagnée fort loin[17]. »

À partir de son accession au trône, Hélène et ses fils semblent avoir passé une bonne partie de leur vie en Judée[2]. « Izatès envoya cinq de ses fils à Jérusalem pour les faire instruire dans la religion et la langue des Judéens[2]. » Flavius Josèphe mentionne qu'Hélène possédait un palais à Jérusalem[2]. Il semble que la famille avait aussi un palais fortifié (avec une tour) en Galilée dans le bourg de Migdal, près de Tarychée. Monobaze, le frère aîné, possédait lui aussi un palais à Jérusalem[2]. Selon Heinrich Graetz, la petite-fille d'Hélène d'Adiabène, la princesse Grapté, en avait fait bâtir un autre dans le quartier de l’Ophel[2].

Mort et succession

Selon Heinrich Graetz, Izatès mourut vers 55, à l'âge de 55 ans[2]. Hélène, sa mère, semble avoir été profondément affectée par sa mort dont on ne connaît pas les circonstances, et ne lui survit d'ailleurs que peu de temps.

« Un peu plus tard Izatès mourut, après avoir achevé sa cinquante-cinquième année et après vingt-quatre ans de règne (v. 34–58), laissant vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. La succession au trône devait revenir selon ses ordres à son frère Monobaze, en récompense de la fidélité avec laquelle il lui avait conservé son pouvoir en son absence, après la mort de leur père[18],[1]. »

Entrée ouest du tombeau des Rois (XIXe siècle)

Monobaze II succède effectivement à son frère Izatès. Il envoie ses restes et ceux de la reine Hélène à Jérusalem pour qu'ils y soient enterrés[1].

« Monobaze envoya [les] os [d'Hélène] et ceux de son frère à Jérusalem et les fit ensevelir dans les trois pyramides que sa mère avait fait construire à trois stades de la ville[18]. »

Ces catacombes sont désormais appelées le Tombeau des Rois[N 8].

Notes et références

Notes

  1. Abennerigos (ou Abinerglo d'après un de ses tétradrachmes) régna sur Charax Spasinu de 5 à 21 ap. J.-C. (cf. Georges MATHIEU)
  2. Charax Spasinu ou Spasinès était la capitale du royaume de Characène, aussi connu comme Mesene (חבל ימא), un royaume tributaire de l'Empire parthe situé au sommet du Golfe Persique.
  3. Carrhes en Mésopotamie (l'ancienne Charan ; cf. Besnier, Lexique de géographie ancienne) Quand plus tard Izatès reçoit la possession de Nisibe, cette acquisition doit assurer ses communications entre l'Adiabène et la Mésopotamie. (Georges Mathieu)
  4. Hélène « investit de la royauté Monobaze, le fils aîné du roi, en lui imposant le diadème et en lui donnant l'anneau portant le sceau de son père et ce qu'on nomme dans ce pays sampséra (c'était un sceptre portant l'image du soleil) » ; (Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 2.
  5. Appelés « Alains » (Ἀλαοὺς) par Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII-IV, 4
  6. Les « Ibères » selon Tacite et « Ibernes » selon Flavius Josèphe appartenaient à un royaume correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l'actuelle [[Géorgie (pays)|]]
  7. Gotarzès selon Tacite, Annales, XI, 8-17.
  8. À comparer avec L'histoire ecclésiastique, Eusèbe de Césarée, ii., ch. 12

Références

  1. a b c d e f g et h (en) Richard Gottheil et Isaac Broydé, « Izates » (d'Adiabène), sur Jewish Encyclopedia.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XVI — Dispersion de la nation judaïque et diffusion de sa doctrine — (40-49)
  3. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 1
  4. a b c et d Voir aussi Heinrich Graetz, op. cit.
  5. a b c d e et f H. G. Enelow, (en) « Ananias of Adiabene », sur Jewish Encyclopedia.
  6. Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité : études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Âge européen, Éditions Christian, 1991, Paris, p. 80.
  7. a b c et d Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 3
  8. a b et c Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 4
  9. a b et c Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 2
  10. a b c d e f et g (en) Richard Gottheil « Adiabene » sur Jewish Encyclopedia
  11. Tacite, Annales, Livre VI, de XXXI à XXXVIII
  12. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII-IV, 4-5
  13. René Grousset, Histoire de l'Arménie, Payot, 1984 (ISBN 2-228-13570-4), p.  105.
  14. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX III - 1
  15. Tacite, Annales, Livre XII, § XIII.
  16. Tacite, Annales, Livre XII, § XIV.
  17. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX V - 5
  18. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX IV - 3

Bibliographie