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« Patronages de l'Algérie française » : différence entre les versions

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| légende = 14 juin 1930 : les patronages algériens reçoivent les associations métropolitaines de la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]]. Bulletin hebdomadaire « Les Jeunes » {{numéro}} 455 du 29 juin 1930.
| légende = 14 juin 1930 : les patronages algériens reçoivent les associations métropolitaines de la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|FGSPF]].
| sport = [[Tir]] et [[militaire|préparation militaire]] (jusqu’en 1963), [[gymnastique]], [[athlétisme]], [[football]], [[basket-ball]], [[volley-ball]], balle au camp, [[natation]], canotage, [[cyclotourisme]], courses d’ânes, [[course de chameaux|courses de méhara]], séances récréatives, [[colonie de vacances|colonies et camps de vacances]], [[chant choral]].
| sport = [[Tir]] et [[militaire|préparation militaire]] (jusqu’en 1963), [[gymnastique]], [[athlétisme]], [[football]], [[basket-ball]], [[volley-ball]], balle au camp, [[natation]], canotage, [[cyclotourisme]], courses d’ânes, [[course de chameaux|courses de méhara]], séances récréatives, [[colonie de vacances|colonies et camps de vacances]], [[chant choral]].
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| affiliation = [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]] et [[Rayon sportif féminin]] jusqu’en 1947<br>[[Fédération sportive de France]] depuis 1947 jusqu’à l’[[Indépendance algérienne#Alg.C3.A9rie ind.C3.A9pendante|indépendance]]<br>''Fédérations délégataires''.
| clubs = Union régionale oranaise<br>Union régionale d’Alger<br>Rayon sportif féminin algérien<br>Société sportive saharienne (SSS)
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Les '''patronages de l’Algérie française''' apparaissent dans les institutions religieuses et les [[patronage paroissial en France|paroisses]] des grandes villes du Nord de l’[[Algérie française|Algérie]] au début du {{s|XX}}<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=203}}</ref>. Certains s’affilient déjà avant la [[Première Guerre mondiale]] à la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]] qui les assure de tout son soutien en organisant son grand concours national à [[Alger]] le 14 Juin 1930.
Les '''patronages de l’Algérie française''' apparaissent dans les institutions religieuses et les paroisses des grandes villes du Nord de l’Algérie au début du {{s-|XX}}. Certains s’affilient déjà avant la première guerre mondiale à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France qui les assure de tout son soutien en organisant son grand concours national à Alger le {{date-|14 juin 1930}}.


Les organisations féminines suivent et dès la fin de la guerre rejoignent rapidement le [[Rayon sportif féminin]] {{incise|organisme qui leur est spécifiquement dédié en Métropole<ref group="F" name="F2">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=213}}</ref>}} qui les prend particulièrement en charge au niveau de la formation des cadres. Parfois antérieure, la diffusion du sport dans le Sud, sous l’égide des [[Pères blancs]], concerne davantage les populations masculines autochtones et s'attache pour les nomades au développement et à l'organisation de leurs activités traditionnelles<ref group="F" name="F1"/>.
Les organisations féminines suivent et dès la fin de la guerre rejoignent rapidement le Rayon sportif féminin qui les prend particulièrement en charge au niveau de la formation des cadres. Parfois antérieure, la diffusion du sport dans le Sud, sous l’égide des Pères blancs, concerne davantage les populations masculines autochtones et s'attache pour les nomades au développement et à l'organisation de leurs activités traditionnelles.


== Contexte général ==
== Contexte général ==


Le patronage s’inscrit parmi les œuvres [[Catholicisme|catholiques]] qui apparaissent aux limites du {{s|XIX|e}} et du {{s|XX|e}} dans divers pays d’Europe, attachées dans un premier temps à l’éducation des jeunes gens. Le vocable d’''Orel'' caractérise ces institutions dans les provinces de l’[[Autriche-Hongrie|Empire austro-hongrois]] et le terme de patronage lui-même reste attaché à la francophonie : à la Belgique et plus encore à la France où ces institutions voient le jour à Marseille à la fin du [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] avec l’abbé [[Institut de l'œuvre de la jeunesse Jean Joseph Allemand|Jean-Joseph Allemand]] puis avec l’abbé [[Joseph-Marie Timon-David]]. Ce sont les même congrégations, associées aux [[Salésien|salésiens]] de [[Don Bosco]] qui commencent à développer les patronages d'Afrique du Nord au début du {{s|XX|e}}.
Le [[patronage paroissial|patronage]] s’inscrit parmi les œuvres [[Catholicisme|catholiques]] qui apparaissent aux limites des {{s2|XIX|e|XX}} dans divers pays d’Europe, attachées dans un premier temps à l’éducation des jeunes gens. Le vocable d'''Orel'' caractérise ces institutions dans les provinces de l'[[Autriche-Hongrie|Empire austro-hongrois]] et le terme de patronage lui-même reste attaché à la francophonie : à la Belgique et plus encore à la France où ces institutions voient le jour à Marseille à la fin du [[Consulat (histoire de France)|Consulat]] avec l’abbé [[Institut de l'œuvre de la jeunesse Jean Joseph Allemand|Jean-Joseph Allemand]] puis avec l’abbé [[Joseph-Marie Timon-David]]. Ce sont les mêmes congrégations, associées aux [[salésiens]] de [[Don Bosco]] qui commencent à développer les patronages d'Afrique du Nord au début du {{s-|XX}}{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=203}}.


Ceux-ci fonctionnent sur le modèle européen et visent la formation morale et religieuse de leurs membres à travers les activités physiques et culturelles. Les sources disponibles insistent peu sur les institutions sociales que l'on trouve attachées aux patronages, en France métropolitaine : ''conférences caritatives'', ''caisses de secours mutuel''. On peut émettre l'hypothèse que dans le Sud cette assistance est directement assumée par les missions des Pères blancs et que dans les villes d'Algérie la population des patronages n'en a pas la nécessité. En effet bien qu'ouverts à tous les publics, l'attachement aux paroisses et institutions catholiques dont ils redoutent le [[prosélytisme]] fait obstacle au recrutement des [[Islam|musulmans]] et les patronages urbains sont surtout fréquentés par les jeunes gens des familles européennes<ref group="F" name="F1">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=209}}</ref>.
Ceux-ci fonctionnent sur le modèle européen et visent la formation morale et religieuse de leurs membres à travers les activités physiques et culturelles. Les sources disponibles insistent peu sur les institutions sociales que l'on trouve attachées aux patronages, en France métropolitaine : ''conférences caritatives'', ''caisses de secours mutuel''. On peut émettre l'hypothèse que dans le [[Afrique subsaharienne|Sud]] cette assistance est directement assumée par les missions des [[Pères blancs]] et que dans les villes d'[[Algérie française|Algérie]] la population des patronages n'en a pas la nécessité. En effet bien qu'ouvert à tous les publics, l'attachement aux paroisses et institutions catholiques dont ils redoutent le [[prosélytisme]] fait obstacle au recrutement des [[Islam|musulmans]] et les patronages urbains sont surtout fréquentés par les jeunes gens des familles européennes{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}}.


En dépit de difficultés administratives des clubs musulmans autonomes se développent d'ailleurs entre les deux guerres. Ainsi à [[Geryville]], on pratique l’[[athlétisme]], le [[football]] et le [[basket-ball]] à la ''Vie au Grand air'', association déclarée le 6 décembre 1936. Sur les onze membres du bureau, trois sont musulmans, mais la coexistence est laborieuse et deux autres associations apparaissent en 1939 : l’''Union sportive geryvilloise'', présidée par l’agha Si Larbi Ben Eddine, [[chevalier de la Légion d’honneur]], chef de la [[Zaouïa (édifice religieux)|zaouïa]] des Oualed Sidi Cheikh et l’''Étoile du Sud'', sous la houlette des Pères blancs. La législation du [[régime de Vichy]] entraîne leur dissolution le 1er mars 1941 et une association unique est reformée : le ''Stade gérivyllois'' dont le supérieur de la mission des Pères blancs reste vice-président<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=207-208}}</ref>.
En dépit de difficultés administratives, des clubs musulmans autonomes se développent d'ailleurs entre les deux guerres. Ainsi à [[Geryville]], on pratique l'[[athlétisme]], le [[football]] et le [[basket-ball]] à la ''Vie au Grand air'', association déclarée le {{date-|6 décembre 1936}}. Sur les onze membres du bureau, trois sont musulmans mais la coexistence est laborieuse et deux autres associations apparaissent en 1939 : l’''Union sportive geryvilloise'', présidée par l’agha Si Larbi Ben Eddine, chevalier de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d’honneur]], chef de la [[Zaouïa (édifice religieux)|zaouïa]] des Oualed Sidi Cheikh et l’''Étoile du Sud'', sous la houlette des Pères blancs. La législation du [[régime de Vichy]] entraîne leur dissolution le {{date-|1 mars 1941}} et une association unique est reformée : le ''Stade gérivyllois'' dont le supérieur de la mission des Pères blancs reste vice-président{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=207-208}}.
[[Fichier:BrocheFGSPF.jpg|upright=0.6|thumb|Épinglette de la {{Abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}.]]


Le rôle des patronages dans le développement initial du sport algérien n'est pas négligeable. En effet l'[[Union des sociétés françaises de sports athlétiques]] (USFSA) n'a pas jusqu'en 1914 une politique d'expansion coloniale "agressive" et après sa disparition entre 1919 et 1920 les fédérations spécialisées sont surtout préoccupées par leur structuration jusqu'à la déclaration de [[Seconde Guerre mondiale|guerre]] ; à partir de 1947 la détérioration du climat socio-politique local freine tout nouveau développement. Ce sont donc essentiellement l'[[Union des sociétés de gymnastique de France]] (USGF) dont deux des plus grands champions, [[Marco Torrès]] et [[Joseph Martinez]], sont alors originaires d'Algérie et la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]] (FGSPF) qui marquent le développement du sport algérien à l’époque coloniale, la première en tant qu'alliée historique de l'Armée de la [[Troisième République (France)|IIIème République]]<ref name="instituteurs">{{Lien web |id= |lien auteur= |auteur=Guy Dessauw |coauteurs=Albert Bourzac |url=http://www.le-temps-des-instituteurs.fr/doc-bataillon-scolaire.html |titre=Les bataillons scolaires |série=Éducation physique |jour= |mois= |année= |site=le-temps-des-instituteurs.fr |éditeur=Association « le temps des instituteurs » |isbn= |page= |citation=Conditions d’émergence des bataillons scolaires |en ligne le= |consulté le=15 septembre 2012}}</ref> et la seconde derrière les missionnaires. Si leurs associations sont réputées surtout "gymniques", leur caractère encore très pluridisciplinaire<ref>{{Harvsp|Claude Piard|2001|p=84}}</ref> n'est pas un obstacle au développement en leur sein des autres sports y compris collectifs : basket-ball (voir [[Spartiates d’Oran]]) et football au prix parfois d'une double affiliation. La concurrence entre {{abréviation discrète|USGF|Union des sociétés de gymnastique de France}} et {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} est cependant bien réelle et se cristallise en 1930 où les deux fédérations organisent chacune à Alger leur championnat fédéral à quelques semaines d'écart pour célébrer le 100{{e}} anniversaire de la conquête de l'Algérie. Si l'{{abréviation discrète|USGF|Union des sociétés de gymnastique de France}} passe en premier, les patronages de la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} obtiennent de débuter leur championnat précisément le jour anniversaire du [[débarquement de Sidi-Ferruch]]<ref name="H">{{Harvsp|Robert Hervet|1948|p=80-144}}</ref>.
Le rôle des patronages dans le développement initial du sport algérien n'est pas négligeable. En effet l'[[Union des sociétés françaises de sports athlétiques]] (USFSA) n'a pas, jusqu'en 1914, une politique d'expansion coloniale "agressive" et après sa disparition entre 1919 et 1920 les fédérations spécialisées sont surtout préoccupées par leur structuration jusqu'à la déclaration de [[Seconde Guerre mondiale|guerre]] ; à partir de 1947 la détérioration du climat socio-politique local freine tout nouveau développement. Ce sont donc essentiellement l'[[Union des sociétés de gymnastique de France]] (USGF) {{incise|dont deux des plus grands champions, [[Marco Torrès]] et [[Joseph Martinez]], sont originaires d'Algérie}} et la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]] (FGSPF) qui marquent le développement du sport algérien à l’époque coloniale, la première en tant qu'alliée historique de l'Armée de la [[Troisième République (France)|Troisième République]]<ref name="instituteurs">{{Lien web |auteur=Guy Dessauw |coauteurs=Albert Bourzac |url=http://www.le-temps-des-instituteurs.fr/doc-bataillon-scolaire.html |titre=Les bataillons scolaires |série=Éducation physique |site=le-temps-des-instituteurs.fr |éditeur=Association « le temps des instituteurs » |citation=Conditions d’émergence des bataillons scolaires |consulté le=15 septembre 2012}}.</ref> et la seconde derrière les missionnaires. Si leurs associations sont réputées surtout "gymniques", leur caractère encore très pluridisciplinaire{{sfn|Claude Piard|2001|p=84}} n'est pas un obstacle au développement en leur sein des autres sports y compris collectifs : basketball (voir [[Spartiates d'Oran]]) et football au prix parfois d'une double affiliation. Créé en 1930 au sein du patronage des salésiens la ''Joyeuse Union Sportive'' d'Oran domine avec les Spartiates d’Eckmulh le basket-ball algérien tout en participant à l’éclosion du handball, du volley et du tennis de table<ref>[http://www.oran-la-marine.com/sport.htm Site des anciens élèves des écoles de la marine d’Oran]</ref>.
La concurrence entre {{abréviation discrète|USGF|Union des sociétés de gymnastique de France}} et {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} est cependant bien réelle et se cristallise en 1930 où les deux fédérations organisent chacune à [[Alger]] leur championnat fédéral à quelques semaines d'écart pour célébrer le {{100e|anniversaire}} de la conquête de l'Algérie. Si l'{{abréviation discrète|USGF|Union des sociétés de gymnastique de France}} passe en premier, les patronages de la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} obtiennent de commencer leur championnat précisément le jour anniversaire du [[débarquement de Sidi-Ferruch]]{{sfn|Robert Hervet|1948|p=80-144}}.


== Patronages masculins ==
== Patronages masculins ==
[[Fichier:BrocheFGSPF.jpg|upright=0.7|thumb|Épinglette de la [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|FGSPF]]]]
[[Fichier:Blason des Salésiens de Don Bosco logo BIS.gif|upright=0.7|thumb|left|[[Armoiries]] des [[salésiens]] de saint [[Jean Bosco]].]]


[[Fichier:Stemma big.png|upright=0.6|thumb|Armoiries des salésiens de saint Jean Bosco.]]
Dès 1905, un premier établissement est fondé par les [[timonien]]s à [[Oran]]. A leur instigation et celle des salésiens, les patronages sportifs apparaissent aussi à [[wilaya d'Alger|Alger]] en 1913<ref group="F" name="F3">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=210}}</ref> : le patronage ''Sainte-Croix'', qui se consacre déjà à la jeunesse ouvrière, le patronage ''Saint-Joseph'' d’[[Hussein Dey (commune)|Hussein Dey]] et l’''Avenir'' d’[[El Biar]]. Aussitôt affiliés à la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}, ils concernent surtout la jeunesse européenne. Comme en métropole, ils visent la formation morale et la [[militaire|préparation militaire]]<ref group="F" name="F1"/> et se structurent en unions régionales. La {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} enregistre à son congrès de 1912 les prémices d’unions régionales en [[Tunisie]] et en Algérie<ref>{{Harvsp|Jean-Marie Jouaret|2012|p=59}}</ref>. Ceux-ci se concrétisent l'année suivante : l’''Union oranaise'' est créée la première en novembre 1913, par l’abbé Koëger<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=211-212}}</ref>. Les religieux sont souvent plus représentés dans les structures régionales qu'en métropole, mais des laïcs, dont des femmes, sont également bien présents. En 1946, présidée par le chanoine Fabre avec l’abbé Jean, curé de [[Lourmel]] comme secrétaire général, l’''Union régionale d’Oran'' a pour vice-président M. Perisson alors que M. Fonclair en est le trésorier général. La même année, l'''Union régionale d’Alger'' est présidée par M. Eugène Simon.
Dès 1905, un premier établissement est fondé par les [[Congrégation du Sacré-Cœur|timoniens]] à [[Oran]]. À leur instigation et celle des salésiens, les patronages sportifs apparaissent aussi à [[wilaya d'Alger|Alger]] en 1913{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=210}} : le patronage ''Sainte-Croix'', qui se consacre déjà à la jeunesse ouvrière, le patronage ''Saint-Joseph'' d'[[Hussein Dey (commune)|Hussein Dey]] et l’''Avenir'' d'[[El Biar]]. Aussitôt affiliés à la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}, ils concernent surtout la jeunesse européenne. Comme en métropole, ils visent la formation morale et la [[Classe (armée)|préparation militaire]]{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}} et se structurent en unions régionales. La {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} enregistre à son congrès de 1912 les prémices d’unions régionales en [[Tunisie]] et en Algérie{{sfn|Jean-Marie Jouaret|2012|p=59}}. Ceux-ci se concrétisent l'année suivante : l' ''Union oranaise'' est créée la première en {{date-|novembre 1913}}, par l’abbé Koëger{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=211-212}}. Les religieux sont souvent plus représentés dans les structures régionales qu'en métropole mais les laïcs, dont des femmes, sont également bien présents. En 1946, présidée par le chanoine Fabre avec l’abbé Jean, curé de Lourmel, comme secrétaire général, l' ''Union régionale d'Oran'' a pour vice-président {{M.|Perisson}} alors que {{M.|Fonclair}} en est le trésorier général. La même année, l'''Union régionale d’Alger'' est présidée par {{M.|Eugène Simon}}.


Le développement des associations se poursuit après la Première Guerre mondiale : en 1924, l’''Union régionale de la province d’Alger'' recense six associations<ref group="F" name="F3"/> puis neuf en 1928. Depuis la métropole, la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} suit et soutient cette croissance avec intérêt et, à l’appel de {{Mgr}} Leynaud<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bleyn.html |titre= Archbishop Auguste-Fernand Leynaud (1865–1953)|id= |série= The Hierarchy of the Catholic Church : Current and historical information about its bishops and dioceses |auteur=C†H|lien auteur= |coauteurs= |date= |année= |mois= |site= catholic-hierarchy.org|éditeur= |isbn= |page= |citation= |en ligne le= |consulté le= 4 novembre 2011}}</ref>, archevêque d’Alger, 70 associations venues des [[Bouches-du-Rhône]], d’[[Alsace]], de la [[Seine (département)|Seine]], du [[Rhône (département)|Rhône]], des [[Landes (département)|Landes]], du [[Maine-et-Loire]]<ref>{{Harvsp|Léon Ligneau|2003|p=119}}</ref> passent la [[Méditerranée]] avec {{unité|3000}} [[gymnaste]]s et 500 [[musicien]]s pour participer, le 14 juin 1930<ref>{{ouvrage|auteur=Fabien Groeniger|année=2004|titre=Sport, religion et nation, la fédération des patronages d’une guerre mondiale à l’autre|éditeur= L'Harmattan|lieu=Paris|isbn=2-7475-6950-0|bnf=392441450}} p. 72</ref> {{incise|date anniversaire du débarquement de Sidi-Ferruch}} à un grand concours fédéral pour célébrer le centenaire de l’[[Algérie française]]<ref name="H"/>
Le développement des associations se poursuit après la Première Guerre mondiale : en 1924, l'''Union régionale de la province d’Alger'' recense six associations{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=210}} puis neuf en 1928. Depuis la métropole, la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} suit et soutient cette croissance avec intérêt et, à l’appel de {{Mgr|Leynaud}}<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bleyn.html |titre= Archbishop Auguste-Fernand Leynaud (1865–1953)|série= The Hierarchy of the Catholic Church : Current and historical information about its bishops and dioceses |auteur=C†H|date= |site= catholic-hierarchy.org|consulté le= 4 novembre 2011}}.</ref>, archevêque d’Alger, 70 associations venues d’[[Alsace]], d'[[Aquitaine (ancienne région)|Aquitaine]], des [[Bouches-du-Rhône]], de la [[Seine (département)|Seine]], du [[Rhône (département)|Rhône]], du [[Nord (département français)|Nord]] et du [[Maine-et-Loire]]{{sfn|Léon Ligneau|2003|p=119}} passent la [[Mer Méditerranée|Méditerranée]] avec {{unité|3000}} [[Gymnastique|gymnastes]] et 500 [[musicien]]s pour participer, le {{date-|14 juin 1930}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Fabien Groeniger|titre=Sport, religion et nation, la fédération des patronages d’une guerre mondiale à l’autre|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L'Harmattan]]|année=2004|isbn=2-7475-6950-0|bnf=392441450}} p. 72.</ref> {{incise|date anniversaire du [[débarquement de Sidi-Ferruch]]}} à un grand concours fédéral pour célébrer le centenaire de l’[[Algérie française]]{{sfn|Robert Hervet|1948|p=80-144}}{{,}}<ref>{{Article| auteur institutionnel=Fédération sportive et culturelle de France|titre=Concours d' Alger|périodique=Les Jeunes| numéro=455|jour=29|mois=juin|année=1930|page=couverture}}.</ref>.


[[Fichier:Spartiates Oran.jpg|thumb|Les [[Spartiates d'Oran]] dans la cour du patronage don Bosco d’Eckmülh]]
[[Fichier:Spartiates Oran.jpg|thumb|Les Spartiates d'Oran dans la cour du patronage don Bosco d’Eckmülh.]]


Malgré la crise économique, trois bateaux spéciaux partent de [[Marseille]] : le Lamoricière, le duc d’Aumale et l’Espagne. À bord du second se trouvent [[François Hébrard]], [[Armand Thibaudeau]] et le représentant officiel du [[sous-secrétaire d’État]] à l’[[Éducation physique]]. La Ganda de [[Gand]] (Belgique) complète les effectifs, rejoints sur place par sept sociétés d’Alger, une de [[Tunis]] et les Spartiates d'Oran<ref name="Les Jeunes 2529">{{article|langue=fr|auteur=Fédération sportive et culturelle de France|titre=Souvenir d’Alger|périodique=Les Jeunes|volume=|numéro=2529|jour=|mois=novembre|année=2011|page=32}}</ref>. Après les compétitions, qui consacrent l’Avant-Garde de Saint-Denis et Robert Herold, une réception a lieu chez le gouverneur général, Pierre-Louis Bordes, puis un dépôt de deux gerbes au [[monument aux morts]] : l’une par la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}, l’autre par l’''Alsace catholique reconnaissante'', qui a déplacé onze associations, suivie de près par la Lorraine avec huit. Ensuite, un déplacement est organisé à Sidi-Ferruch, où {{Mgr}} Leynaud pose la première pierre de l’église de cette localité : deux trains spéciaux et dix-huit autocars assurent le transfert<ref>{{article|auteur=Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|titre=À ceux qui reviennent d’Alger|périodique=Les Jeunes|numéro=455|jour=29|mois=juin|année=1930|pages=401-409}}</ref>. Les bateaux sont de retour à Marseille le mercredi 18 après la visite d’Alger et des gorges de la [[Chiffa]] et [[Tipaza]]<ref name="Les Jeunes 2529"/>. En 1931, Alger compte encore une association supplémentaire.
Malgré la crise économique, trois bateaux spéciaux partent de [[Marseille]] : le Lamoricière, le duc d'Aumale et l'Espagne. À bord du second se trouvent [[François Hébrard]], [[Armand Thibaudeau]] et {{M.|[[Gaston Simounet]]}} représentant officiel du [[sous-secrétaire d'État]] à l'[[Éducation physique et sportive|éducation physique]]. La Ganda de [[Gand]] (Belgique) complète les effectifs, rejoints sur place par sept sociétés d’Alger, une de [[Tunis]] et les Spartiates d'Oran<ref name="Les Jeunes 2529">{{article|langue=fr|auteur institutionnel=Fédération sportive et culturelle de France|titre=Souvenir d’Alger|périodique=Les Jeunes|lien périodique=Les Jeunes (journal)|numéro=2529|mois=novembre|année=2011|page=32}}.</ref>. Après les compétitions, qui consacrent l’Avant-Garde de Saint-Denis et Robert Hérold, une réception a lieu chez le gouverneur général, Pierre-Louis Bordes, puis un dépôt de deux gerbes au [[monument aux morts]] : l’une par la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}, l’autre par l'''Alsace catholique reconnaissante'', qui a déplacé onze associations, suivie de près par la Lorraine avec huit. Ensuite, un déplacement est organisé à Sidi-Ferruch, où {{Mgr|Leynaud}} pose la première pierre de l'église de cette localité : deux trains spéciaux et dix-huit autocars assurent le transfert<ref>{{article|auteur institutionnel=Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|titre=À ceux qui reviennent d’Alger|périodique=Les Jeunes|numéro=455|jour=29|mois=juin|année=1930|pages=401-409}}.</ref>. Les bateaux sont de retour à Marseille le mercredi 18, après la visite d’Alger et des gorges de la [[Chiffa]] et [[Tipaza]]<ref name="Les Jeunes 2529"/>. En 1931, Alger compte encore une association supplémentaire.


Certains patronages algériens font preuve d’anticipation dans des domaines où la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} ne s'est pas encore prononcée en métropole. Dès 1931, la ''Saint-Philippe'' d’Alger {{incise|fondée en 1922 et déclarée sous le {{numéro|921}} le 24 avril 1922, parution au [[Journal officiel de la République Française|Journal officiel]] {{numéro|124}} du 7 mai 1922}} où l’on pratique [[sport]], [[gymnastique]] et préparation militaire, accepte les féminines qui peuvent également être membres du bureau<ref group="F" name="F4"/>. Cependant, tous les adhérents doivent être majeurs, français et jouir de leurs droits civils et politiques, car la [[loi de 1901]] renvoie alors au statut peu enviable d’''association étrangère'' toute association dont un seul administrateur est étranger.
Certains patronages algériens font preuve d’anticipation dans des domaines où la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}} ne s'est pas encore prononcée en métropole. Dès 1931, la ''Saint-Philippe'' d'Alger {{incise|fondée en 1922 et déclarée sous le {{numéro|921}} le {{date-|24 avril 1922}}, parution au [[Journal officiel de la République française|Journal officiel]] {{numéro|124}} du {{date-|7 mai 1922}}}} où l’on pratique [[sport]], [[gymnastique]] et préparation militaire, accepte les féminines qui peuvent également être membres du bureau{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=211}}. Cependant, tous les adhérents doivent être majeurs, français et jouir de leurs droits civils et politiques, car la [[Association loi de 1901|loi de 1901]] renvoie alors au statut peu enviable d'''association étrangère'' toute association dont un seul administrateur est étranger.
D'autres atteignent l'excellence sportive. En 1929, ''les Spartiates d’Eckmülh''{{#tag:ref|Eckmülh est un quartier d’[[Oran]]<ref name="Eckmülh">[http://tarambana.over-blog.com/article-oran-jadis-le-quartier-d-eckmulh-2-61767292.html Oran, jadis : le quartier d’Eckmülh], ''tarambana'', 15 février 2011.</ref>.|group=N|name="Eckmülh"}} sont créés par le père Bailly, au sein du patronage [[Jean Bosco|don Bosco]] fondé, dès janvier 1893, par les salésiens. Cette association, plus connue sous le nom de Spartiates d’Oran, devient vite le plus grand club de basket d’Algérie, fournissant des joueurs à l’équipe de France<ref group="F" name="F4">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=211}}</ref>. En 1936, ses équipes remportent tous les titres d’[[Oranie]] et l’équipe première est championne d’Algérie<ref>{{article|auteur=Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|titre=Les Spartiates d’Oran|périodique=Les Jeunes|numéro=770|jour=14|mois=mars|année=1937|pages=5}}</ref>. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], les Spartiates d’Oran, champions d’[[Afrique du Nord]] 1948-1949, battent l’équipe de France militaire de 22 points puis l’[[Association sportive de Villeurbanne Éveil lyonnais]] (ASVEL) [[championnat de France de basket-ball|championne de France]] 1949 ; le 11 juin 1949, ils sont sacrés champions de l’''Union française''. Grâce à eux, Oran devient la capitale du basket nord-africain. Après l’[[Ind%C3%A9pendance_alg%C3%A9rienne#Alg.C3.A9rie_ind.C3.A9pendante|indépendance]], cette association de basket et de gymnastique poursuit ses activités<ref group="F" name="ref-1">{{Harvsp|Youssef Fatès|2009|p=47}}</ref>.
D'autres atteignent l'excellence sportive. En 1929, ''les Spartiates d’Eckmülh''{{#tag:ref|Eckmülh est un quartier d’[[Oran]]<ref name="Eckmülh">[http://tarambana.over-blog.com/article-oran-jadis-le-quartier-d-eckmulh-2-61767292.html Oran, jadis : le quartier d’Eckmülh], ''tarambana'', 15 février 2011.</ref>.|group=N|name="Eckmülh"}} sont créés par le père Bailly, au sein du patronage [[Jean Bosco|don Bosco]] fondé, dès {{date-|janvier 1893}}, par les salésiens. Cette association, plus connue sous le nom de Spartiates d’Oran, devient vite le plus grand club de basket d’Algérie, fournissant des joueurs à l’équipe de France{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=211}}. En 1936, ses équipes remportent tous les titres d'[[Oranie]] et l’équipe première est championne d’Algérie<ref>{{article|auteur institutionnel=Fédération gymnastique et sportive des patronages de France|titre=Les Spartiates d’Oran|périodique=Les Jeunes|numéro=770|jour=14|mois=mars|année=1937|pages=5}}.</ref>. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], les Spartiates d’Oran, champions d'[[Afrique du Nord]] 1948-1949, battent l’équipe de France militaire de 22 points puis l'[[Association sportive de Villeurbanne Éveil lyonnais]] (ASVEL) [[championnat de France de basket-ball|championne de France]] 1949 ; le {{date-|11 juin 1949}}, ils sont sacrés champions de l’''Union française''. Grâce à eux, Oran devient la capitale du basket nord-africain. Après l'[[Histoire de l'Algérie depuis 1962|indépendance]], cette association de basket et de gymnastique poursuit ses activités{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2009|p=47}}.


== Sport féminin ==
== Patronages féminins ==


[[Fichier:Chorale patronage Mascara 1961.jpg|thumb|Les [[patronage]]s féminins en [[Algérie]] : [[chant choral|chorale]] de jeunes filles à [[Mascara (Algérie)|Mascara]] en 1961.]]
[[Fichier:Chorale patronage Mascara 1961.jpg|thumb|Les patronages féminins en Algérie : chorale de jeunes filles à [[Mascara (Algérie)|Mascara]] en 1961.]]


Après la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]], les religieuses sont à l’origine de la création d’associations sportives féminines en Algérie<ref group="F" name="F4"/>. Les ''Libellules de la Redoute'' apparaissent à [[Birmandreis]] dès 1926<ref group="F" name="F4"/> mais les associations connaissent surtout une extension à la veille de la [[Seconde Guerre mondiale]] : en 1938 à Oran, les ''Mouettes oranaises'' et, l’année suivante à Alger, les ''Hirondelles de Notre-Dame d’Afrique'', les ''Mouettes d'Alger'', les ''Mimosas du champ de manœuvre'', les ''Marguerites de Mustapha'', les ''Capucines de Belcourt'', les ''Glycines de Mustapha'', les ''Coquelicots de Mustapha'', le ''Rayon sportif féminin algérien'', les ''Bleuets d’Alger'', les ''Boutons d’Or de Kouba'', les ''Bruyères d’Hussein Dey'' et les ''Cyclamens de Bab El Oued''<ref group="F" name="F2"/>.
Après la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]], les religieuses sont à l'origine de la création d'associations sportives féminines en Algérie{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=211}}. Les ''Libellules de la Redoute'' apparaissent à [[Birmandreis]] dès 1926{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=211}} mais les associations connaissent surtout une extension à la veille de la [[Seconde Guerre mondiale]] : en 1938 à Oran, les ''Mouettes oranaises'' et, l'année suivante à Alger, les ''Hirondelles de Notre-Dame d’Afrique'', les ''Mouettes d'Alger'', les ''Mimosas du champ de manœuvre'', les ''Marguerites de Mustapha'', les ''Capucines de Belcourt'', les ''Glycines de Mustapha'', les ''Coquelicots de Mustapha'', le ''Rayon sportif féminin algérien'', les ''Bleuets d’Alger'', les ''Boutons d’Or de Kouba'', les ''Bruyères d’Hussein Dey'' et les ''Cyclamens de Bab El Oued''{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=213}}. Le premier concours du Rayon algérien a lieu à [[Alger]] le {{date-|25 avril 1937}}. À cette occasion les Violettes de Saint-Vincent remportent le drapeau béni par {{Mgr|Leynaud}}<ref>{{Lien web|url= http://www.memoireafriquedunord.net/biog/biog05_leynaud.htm|titre= Augustin Fernand Leynaud |auteur=Alain Goinard |site=memoireafriquedunord.net|date=novembre 1937|consulté le=26 mars 2020}}.</ref>, archevêque d’Alger<ref>{{Lien web|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9820266r/f10.item.r=%22rayon%20sportif%20féminin%22.texteImage|titre=Le Rayon sportif féminin, n° 7|site=gallica.bnf.fr|périodique=L’Algérie catholique|date=juillet 1937|page=8|consulté le=26 mars 2020}}.</ref>.


Toutes sont affiliées au [[Rayon sportif féminin]] (RSF) {{incise|fondé en 1919 par les [[sœurs de Saint Vincent de Paul|filles de la Charité]]<ref group="F" name="F2"/>}} dont les comités régionaux d’outre-mer apparaissent en 1937<ref group="F" name="F2"/> à l’instigation de [[Marie-Thérèse Eyquem]]. Les sports pratiqués sont, outre la gymnastique : le basket-ball, le [[volley-ball]], la [[balle aux prisonniers|balle au camp]], la [[natation]], le [[canot|canotage]] et le [[cyclotourisme]]<ref group="F" name="F2"/>. Dans chaque diocèse, l’aumônier assure la formation spirituelle des monitrices qui reste l’apanage du clergé et des directeurs des œuvres. Le {{abréviation discrète|RSF|Rayon sportif féminin}} insiste sur l’obligation, pour les dirigeantes et les monitrices, d’être catholiques pratiquantes ; dans la revue fédérale ''Les Jeunes'' du 15 janvier 1939, on peut lire : {{citation|''Il ne s’agit pas de les faire entrer à l’église, mais de mettre l’[[Église (institution)|Église]] dans leur vie''}}.
Toutes ces associations sont affiliées au [[Rayon sportif féminin]] (RSF) {{incise|organisme qui leur est spécifiquement dédié en métropole}} fondé en 1919 par les [[sœurs de Saint Vincent de Paul|filles de la Charité]] et dont les comités régionaux d'outre-mer apparaissent en 1937{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=213}} à l'instigation de [[Marie-Thérèse Eyquem]] puis à la ''Fédération nationale d’éducation physique féminine'' (pendant de la {{Abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France}}) qui lui succède à partir de {{date-|novembre 1937}}<ref>{{Lien web|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98202623/f37.image.r=%22rayon%20sportif%20féminin%22?rk=64378;0|titre=la Fédération nationale d’éducation physique féminine |site=gallica.bnf.fr|périodique=L’Algérie catholique, n° 11|date=novembre 1937|page=35|consulté le=26 mars 2020}}.</ref>. Les sports pratiqués sont, outre la gymnastique : le basket-ball, le [[volley-ball]], la [[balle aux prisonniers|balle au camp]], la [[natation]], le [[canot]]age et le [[cyclotourisme]]{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=213}}. Dans chaque diocèse, l'aumônier assure la formation spirituelle des monitrices qui reste l'apanage du clergé et des directeurs des œuvres. Le {{abréviation discrète|RSF|Rayon sportif féminin}} insiste sur l'obligation, pour les dirigeantes et les monitrices, d'être catholiques pratiquantes ; dans la revue fédérale [[Les Jeunes (journal)|Les Jeunes]] du {{date-|15 janvier 1939}}, on peut lire : {{citation|Il ne s’agit pas de les faire entrer à l'église, mais de mettre l'[[Église (institution)|Église]] dans leur vie}}.


À l'instar des masculins, les unions régionales du {{abréviation discrète|RSF|Rayon sportif féminin}} organisent de grands concours placés sous l’autorité des plus hautes personnalités de la colonie, avec prière à [[Jeanne d’Arc]]<ref>{{Harvsp|Yves Chéné|2008|p=60}}</ref> et lever des couleurs<ref group="F" name="F5">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=214}}</ref>. Elles assurent des sessions diocésaines de formation de cadres ; le premier stage de monitrices du diocèse d’Oran, le 14 septembre 1942, sous la direction de {{Mlle}} Daumas, fournit ainsi des monitrices pour l’enseignement de l’éducation physique dans les écoles libres et l’encadrement des patronages paroissiaux<ref group="F" name="F5"/>. Elles bénéficient, à ce titre, de l’appui et du contrôle des cadres métropolitains dont [[Eugénie Duisit]] {{incise|secrétaire générale-adjointe de la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France chargée de la zone libre}}}} en mission à partir du 30 octobre 1942 et qui rejoint les forces de la [[France Libre]] dès leur débarquement à l’automne 1942<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=214-217}}</ref>.
À l'instar des masculins, les unions régionales du {{abréviation discrète|RSF|Rayon sportif féminin}} organisent de grands concours placés sous l'autorité des plus hautes personnalités de la colonie, avec prière à [[Jeanne d’Arc]]{{sfn|Yves Chéné|2008|p=60}} et lever des couleurs{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=214}}. Elles assurent des sessions diocésaines de formation de cadres ; le premier stage de monitrices du diocèse d'Oran, le {{date-|14 septembre 1942}}, sous la direction de {{Mlle|Daumas}}, fournit ainsi des monitrices pour l'enseignement de l’éducation physique dans les écoles libres et l'encadrement des patronages paroissiaux{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=214}}. Elles bénéficient, à ce titre, de l'appui et du contrôle des cadres métropolitains dont [[Eugénie Duisit]] {{incise|secrétaire générale-adjointe de la {{abréviation discrète|FGSPF|Fédération gymnastique et sportive des patronages de France chargée de la zone libre}}}} en mission à partir du {{date-|30 octobre 1942}} et qui rejoint les forces de la [[France libre]] dès leur débarquement à l'automne 1942{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=214-217}}.


Les musulmanes, qui pratiquent dans les patronages restent rares mais leur présence s’intensifie avec la guerre de libération ; parmi elles, on peut signaler Nini Derdéche de [[Philippeville]], vice-championne de France toutes catégories de [[cross-country]] en 1956<ref group="F" name="F5"/> et, la même année, Lila Khelif d’Alger, championne d’Algérie junior du 800 mètres, du [[lancer du poids]] et du [[lancer du javelot|javelot]]<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=241}}</ref>. La plupart des patronages féminins, trop longtemps réservés aux Européennes, disparaissent avec l’indépendance.
Les musulmanes, qui pratiquent dans les patronages restent rares mais leur présence s'intensifie avec la guerre de libération ; parmi elles, on peut signaler Nini Derdéche de [[Skikda|Philippeville]], vice-championne de France toutes catégories de [[cross-country]] en 1956{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=214}} et, la même année, Lila Khelif d’Alger, championne d’Algérie junior du {{unité|800|mètres}}, du [[lancer du poids]] et du [[lancer du javelot|javelot]]{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=241}}. La plupart des patronages féminins, trop longtemps réservés aux Européennes, disparaissent avec l’indépendance.


== Territoires du Sud ==
== Territoires du Sud ==
[[Fichier:Lavigerie Charles Martial cardinal chiesa di Sant'Agnese in Agone.jpg|thumb|upright=0.7|Charles Lavigerie, archevêque d’Alger, fondateur en 1868 de l’ordre des Pères blancs ou ''Missionnaires d’Afrique''.]]
[[Fichier:Cavalier a mehari.jpg|thumb|upright=0.8|left|Méhariste par [[Étienne Dinet]] (1861–1929)]]
[[Fichier:Cavalier a mehari.jpg|thumb|upright=0.7|Méhariste par [[Étienne Dinet]] (1861–1929).]]


Si, dès 1902, le Nord est constitué en trois [[départements français d'Algérie|départements français d’Algérie]] (Alger, Oran et [[Constantine (Algérie)|Constantine]]), le Sud algérien reste divisé en quatre territoires sous administration militaire : [[Ghardaïa]], [[Aïn Sefra]], [[Touggourt]] et les [[Oasis]], jusqu’au statut du 20 septembre 1947 qui les assimile aux départements<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=203-204}}</ref>. Jusque-là, la [[Légion étrangère]], les [[bataillons d’Afrique]] et les [[compagnies méharistes sahariennes]] y introduisent les activités sportives en faisant construire, par les indigènes, des courts de [[tennis]] qui s’ajoutent à ceux des grands hôtels<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=205}}</ref>. Toutefois, la diffusion du sport auprès de la population locale par leur intermédiaire reste restreinte<ref group="F" name="F1"/> et celle-ci relève surtout d’une autre institution<ref group="F" name="F6">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=206}}</ref> dont les liens avec l’autorité militaire restent cependant le plus souvent très étroits et complémentaires<ref group="F" name="F3"/>.
Si, dès 1902, le Nord est constitué en trois [[départements français d'Algérie|départements français d’Algérie]] (Alger, Oran et [[Constantine (Algérie)|Constantine]]), le Sud algérien reste divisé en quatre territoires sous administration militaire : [[Ghardaïa]], [[Aïn Sefra]], [[Touggourt]] et les [[Oasis]], jusqu’au statut du {{date-|20 septembre 1947}} qui les assimile aux départements{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=203-204}}. Jusque-là, la [[Légion étrangère]], les [[bataillons d’Afrique]] et les [[compagnies méharistes sahariennes]] y introduisent les activités sportives en faisant construire, par les indigènes, des courts de [[tennis]] qui s'ajoutent à ceux des grands hôtels{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=205}}. Toutefois, la diffusion du sport auprès de la population locale par leur intermédiaire reste restreinte{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}} et celle-ci relève surtout d’une autre institution{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=206}} dont les liens avec l'autorité militaire restent cependant le plus souvent très étroits et complémentaires{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=210}}.
[[Fichier:Lavigerie Charles Martial cardinal chiesa di Sant'Agnese in Agone.jpg|thumb|upright=0.8|[[Charles Martial Lavigerie|Charles Lavigerie]] (1825–1892), [[archidiocèse d'Alger|archevêque d’Alger]], fondateur en [[1868]] de l’ordre des [[Pères blancs]] ou ''Missionnaires d’Afrique'']]


Le cardinal [[Charles Martial Lavigerie]], professeur d’histoire ecclésiastique à la [[Collège de Sorbonne|Sorbonne]] de 1854 à 1856 puis évêque de [[Nancy]] en 1863, est nommé évêque d’Alger en 1867<ref>[http://www.lemonde.fr/idees/article/2004/12/17/j-ai-grandi-au-milieu-des-clochers-par-djemai-abdelkader_1282264_3232.html J’ai grandi au milieu des clochers], ''Point de vue'', par [[Abdelkader Djemaï]]. Le Monde, 17 décembre 2004. Consulté le 9 septembre 2011.</ref>{{,}}<ref group="N">[[Abdelkader Djemaï]] est écrivain, auteur d’une quinzaine de romans et de récits, dont : ''Camus à Oran'' ([[éditions Michalon]]), ''Pain'', ''Adour et fantaisie'' (éditions Le Castor astral), ''Gare du Nord'' et ''Un moment d’oubli'' ([[Éditions du Seuil]]).</ref>Sa gestion remarquable de l’épidémie de [[choléra]] qui y sévit alors lui vaut une grande popularité auprès de la population musulmane<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=216}}</ref>. Nommé par le pape [[Pie IX]], [[primatie|primat]] d’Afrique et délégué apostolique du [[Sahara]]<ref group="F" name="F6"/> et du [[Soudan]] en 1884, il fonde, à cette fin, la [[Charles Martial Lavigerie#Missionnaire| Société missionnaire des Pères blancs]], missionnée vers les tribus du [[Mzab|M’Zab]] pour y soigner les malades, évangéliser et scolariser les enfants<ref group="F" name="F7">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=207}}</ref>. La création d’associations sportives, à côté des dispensaires et des écoles, facilite les contacts quotidiens avec les jeunes et, dès 1884, les Pères blancs jouent déjà un rôle dans la diffusion du sport auprès des populations locales de [[Kabylie]]<ref group="F" name="F7"/>, puis du Sud.
Le cardinal [[Charles Lavigerie]], professeur d’histoire ecclésiastique à la [[Collège de Sorbonne|Sorbonne]] de 1854 à 1856 puis évêque de [[Nancy]] en 1863, est nommé évêque d'Alger en 1867<ref>[https://www.lemonde.fr/idees/article/2004/12/17/j-ai-grandi-au-milieu-des-clochers-par-djemai-abdelkader_1282264_3232.html J’ai grandi au milieu des clochers], ''Point de vue'', par [[Abdelkader Djemaï]]. Le Monde, 17 décembre 2004. Consulté le 9 septembre 2011.</ref>{{,}}<ref group="N">[[Abdelkader Djemaï]] est écrivain, auteur d'une quinzaine de romans et de récits, dont : ''Camus à Oran'' ([[éditions Michalon]]), ''Pain'', ''Adour et fantaisie'' (éditions Le Castor astral), ''Gare du Nord'' et ''Un moment d’oubli'' ([[Éditions du Seuil]]).</ref>. Sa gestion remarquable de l'épidémie de [[choléra]] qui y sévit alors lui vaut une grande popularité auprès de la population musulmane{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=216}}. Nommé par le pape [[Pie IX]], [[primatie|primat]] d'Afrique et délégué apostolique du [[Sahara]]{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=206}} et du [[Soudan]] en 1884, il fonde, à cette fin, la ''Société missionnaire des Pères blancs'', missionnée vers les tribus du [[Mzab|M’Zab]] pour y soigner les malades, évangéliser et scolariser les enfants{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=207}}. La création d'associations sportives, à côté des dispensaires et des écoles, facilite les contacts quotidiens avec les jeunes et, dès 1884, les Pères blancs jouent déjà un rôle dans la diffusion du sport auprès des populations locales de [[Kabylie]]{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=207}}, puis du Sud.


Les religieux, associés aux autorités militaires, organisent des courses de méhara, [[dromadaire]]s de monte, utilisés par les [[Compagnies méharistes sahariennes|méhariste]]s et les [[touareg]]s lors de [[méharée]]s. C’est un animal de selle, adapté aux [[razzia]]s et à la [[course de chameaux|course]], dont le berceau d’origine est l’Algérie. {{Mgr}} Lavigerie institue, dès 1890, la grande course annuelle Touggourt-[[Biskra]], de 220 kilomètres, dotée d’un premier prix de {{unité|1000|francs}}<ref group="F" name="F1"/>. En 1934, le succès constant entraîne une réglementation officielle des paris qui accompagnent l’évènement ; la circulaire {{numéro|7262}}, émanant du gouverneur général [[Jules Carde]] et promulguée le 30 juin 1934, précise que le règlement du [[pari mutuel]] du 31 mars 1898 {{incise|concernant les [[sport hippique|courses de chevaux]]}} et ses modifications particulières pour l’Algérie sont applicables aux courses d’ânes et de méhara.
Les religieux, associés aux autorités militaires, organisent des courses de méhara, [[dromadaire]]s de monte, utilisés par les [[Compagnies méharistes sahariennes|méhariste]]s et les [[touareg]]s lors de [[méharée]]s. C'est un animal de selle, adapté aux [[Razzia (militaire)|razzia]]s et à la [[course de chameaux|course]], dont le berceau d'origine est l'Algérie. {{Mgr|Lavigerie}} institue, dès 1890, la grande course annuelle Touggourt-[[Biskra]], de {{unité|220|kilomètres}}, dotée d'un premier prix de {{unité|1000|francs}}{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}}. En 1934, le succès constant entraîne une réglementation officielle des paris qui accompagnent l'évènement ; la circulaire {{numéro|7262}}, émanant du gouverneur général [[Jules Carde]] et promulguée le {{date-|30 juin 1934}}, précise que le règlement du [[pari mutuel]] du {{date-|31 mars 1898}} {{incise|concernant les [[sport hippique|courses de chevaux]]}} et ses modifications particulières pour l'Algérie sont applicables aux courses d'ânes et de méhara.


Comme dans les villes du Nord, le sport traditionnel connaît aussi un développement institutionnel important entre les deux guerres. En 1928, l’Union sportive et de préparation militaire de [[Laghouat]], créée le 23 juin et agréée le 8 mars 1929 sous le {{numéro|13 202}}, se propose de réaliser l’union des éléments français, [[Juifs|israélite]]s et [[arabe]]s de la localité. Sur les douze membres du conseil d’administration, quatre sont musulmans. Après 1941, la préparation militaire étant supprimée, elle devient l’''Union sportive de Laghouat''<ref group="F" name="F8">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=208}}</ref> (USL). La ''Société sportive saharienne'' (SSS) apparaît au Journal officiel du 15 novembre 1938. Son président est le révérend Lethielleux, supérieur des Pères blancs. Elle compte deux équipes de basket, deux de football et quarante postulants en pupilles<ref group="F" name="F8"/>.
Comme dans les villes du Nord, le sport traditionnel connaît aussi un développement institutionnel important entre les deux guerres. En 1928, l' ''Union sportive et de préparation militaire'' de [[Laghouat]], créée le {{date-|23 juin}} et agréée le {{date-|8 mars 1929}} sous le {{numéro|13.202}}, se propose de réaliser l'union des éléments français, [[Juifs|israélites]] et [[arabe]]s de la localité. Sur les douze membres du conseil d'administration, quatre sont musulmans. Après 1941, la préparation militaire étant supprimée, elle devient l'''Union sportive de Laghouat''{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=208}} (USL). La ''Société sportive saharienne'' (SSS) apparaît au Journal officiel du {{date-|15 novembre 1938}}. Son président est le révérend Lethielleux, supérieur des Pères blancs. Elle compte deux équipes de basket, deux de football et quarante postulants en pupilles{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=208}}.


Grâce aux Pères blancs et aux militaires, le sport implanté, surtout pour les Européens, dans les villes du Nord concerne aussi les [[sahraouis]] du Sud<ref group="F" name="F1"/>. La population sédentarisée accède à la pratique sportive principalement à travers le football, les nomades bédouins restant attachés aux activités physiques traditionnelles bien prises en compte et organisées par les autorités.
Grâce aux Pères blancs et aux militaires, le sport implanté, surtout pour les Européens, dans les villes du Nord concerne aussi les [[sahraouis]] du Sud{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}}. La population sédentarisée accède à la pratique sportive principalement à travers le football, les nomades bédouins restant attachés aux activités physiques traditionnelles{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=209}} bien prises en compte et organisées par les autorités.


== Après l'indépendance ==
== Après l'indépendance ==


Ce travail se limite aux patronages de l'[[Algérie française]] car les études publiées manquent trop pour apprécier l'évolution de la situation au-delà de cette période. Notons cependant que, dès 1962, l'indépendance entraîne des fermetures volontaires d'associations accompagnées, parfois, de démarches symboliques fortes. Ainsi le {{1er}} juillet 1962 à [[Troyes]] ([[Aube (département)|Aube]]), lors des championnats fédéraux de gymnastique masculine et de musique de la [[Fédération sportive de France]] (FSF) {{incise|future [[Fédération sportive et culturelle de France]] (FSCF)}}, un jeune gymnaste représentant des Unions d’Algérie vient symboliquement confier définitivement au président fédéral, maître [[Gilbert Olivier]], le drapeau de l’''Association sportive catholique de Philippeville'' conformément à la décision prise lors de l'assemblée de dissolution de ce patronage<ref>{{Harvsp|Jean-Marie Jouaret|1999|réf=Jean-Marie Jouaret tome 1|texte=Jean-Marie Jouaret, 1999, tome 1|p=173, note {{numéro|7}}}}</ref>. A contrario, d’autres, cependant, ne renoncent pas.
Ce travail se limite aux patronages de l'[[Algérie française]] car les études publiées manquent trop pour apprécier l'évolution de la situation au-delà de cette période. Notons cependant que, dès 1962, l'indépendance entraîne des fermetures volontaires d'associations accompagnées, parfois, de démarches symboliques fortes. Ainsi le {{date-|1 juillet 1962}} à [[Troyes]] ([[Aube (département)|Aube]]), lors des championnats fédéraux de gymnastique masculine et de musique de la [[Fédération sportive de France]] (FSF) {{incise|future [[Fédération sportive et culturelle de France]] (FSCF)}}, un jeune gymnaste représentant des Unions d'Algérie vient symboliquement confier définitivement au président fédéral, maître [[Gilbert Olivier]], le drapeau de l'''Association sportive catholique de Philippeville'' conformément à la décision prise lors de l'assemblée de dissolution de ce patronage<ref>{{Harvsp|Jean-Marie Jouaret|1999|réf=Jean-Marie Jouaret tome 1|texte=Jean-Marie Jouaret, 1999, tome 1|p=173, note {{numéro|7}}}}.</ref>. A contrario, d'autres, cependant, ne renoncent pas.


L’''Olympique du Petit Séminaire'' d'Alger est la dernière association sportive catholique créée en Algérie sous l’insurrection et enregistrée au Journal officiel {{numéro|167}} du 22 juillet 1959. Tous ses responsables appartiennent à l’élite sociale locale, un seul étant [[constitution civile du clergé|membre du clergé]]. On y pratique la gymnastique, le [[tir]], la préparation militaire, les sports, le [[chant choral]] et on y organise des séances récréatives et des [[colonie de vacances|colonies et camps de vacances]]. Les statuts précisent bien que les étrangers n’y sont pas admis<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=52}}</ref>. Après l’indépendance<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=215}}</ref>, ceux-ci sont modifiés le 27 janvier 1963. La préparation militaire disparaît et l’association devient l’''Olympique de Saint-Eugène'', moins marquée religieusement, mais dont les membres restent obligatoirement français. Néanmoins, l’association disparaît en 1967<ref group="F">{{harvsp|Youssef Fatès|2004|id=Fatès2004|p=212}}</ref>. Outre les difficultés locales, le positionnement de la hiérarchie catholique française à l’égard des patronages métropolitains<ref>{{Harvsp|Yvon Tranvouez|1999|p=337}}</ref>, en application du [[Concile Vatican II]] à partir de 1965<ref name="Gaudium et Spes">{{Lien web|url=http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html |titre= Gaudium et Spes|périodique= Constitution pastorale sur l’église dans le monde moderne|en ligne}} Consulté le 30 mars 2012</ref>, a peut-être eu des répercussions sur les patronages algériens qui avaient survécu jusque-là.
L' ''Olympique du Petit Séminaire'' d'Alger est la dernière association sportive catholique créée en Algérie sous l'insurrection et enregistrée au Journal officiel {{numéro|167}} du {{date-|22 juillet 1959}}. Tous ses responsables appartiennent à l'élite sociale locale, un seul étant [[constitution civile du clergé|membre du clergé]]. On y pratique la gymnastique, le [[tir]], la préparation militaire, les sports, le [[chant choral]] et on y organise des séances récréatives et des [[colonie de vacances|colonies et camps de vacances]]. Les statuts précisent bien que les étrangers n'y sont pas admis{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=52}}. Après l'indépendance{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=215}}, ceux-ci sont modifiés le {{date-|27 janvier 1963}}. La préparation militaire disparaît et l'association devient l'''Olympique de Saint-Eugène'', moins marquée religieusement mais dont les membres restent obligatoirement français. Néanmoins, l'association disparaît en 1967{{sfn|group="F"|Youssef Fatès|2004|p=212}}. Outre les difficultés locales, le positionnement de la hiérarchie catholique française à l'égard des patronages métropolitains<ref>{{Harvsp|Yvon Tranvouez|1999|p=337}}.</ref>, en application du [[Concile Vatican II]] à partir de 1965<ref name="Gaudium et Spes">{{Lien web|url=http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html |titre= Gaudium et Spes|périodique= Constitution pastorale sur l’église dans le monde moderne}} Consulté le 30 mars 2012.</ref>, a peut-être eu des répercussions sur les patronages algériens qui avaient survécu jusque-là.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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=== Références ===
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* Youssef Fatès :
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* Autres références :
* Autres références :
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
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* {{ouvrage|auteur=Yves Chéné|année=2008|titre=Union d'Anjou FSCF : D'hier à aujourd'hui, 100 ans de vie associative depuis les patronages (1907-2007)|éditeur=Association Ecrits et Mémoires|lieu=Angers|pages=176|isbn=978-2-914787-32-1}}.{{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Yves Chéné|titre=Union d'Anjou FSCF : D'hier à aujourd'hui, 100 ans de vie associative depuis les patronages (1907-2007)|lieu=Angers|éditeur=Association Ecrits et Mémoires|année=2008|pages totales=176|isbn=978-2-914787-32-1}}.{{plume}}
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* {{ouvrage|auteur=Youssef Fatès|année=2009|titre=Sport et politique en Algérie|éditeur=L’Harmattan|lieu=Paris|isbn=978-2-296-07865-9|bnf=39903765h}}.{{plume}}
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* {{article|prénom1=Jean-Marie|nom1=Jouaret|lien auteur1=Jean-Marie Jouaret|responsabilité1=|directeur1=|prénom2=|nom2=|lien auteur2=|responsabilité2=|directeur2=|et al.=|traducteur=|photographe=|titre=Souvenir d’Alger |sous-titre=|lien titre=|périodique=Les Jeunes|lien périodique=|éditeur= Fédération sportive et culturelle de France|lieu=|série=|volume=|titre volume=|numéro=|titre numéro=2529|jour=|mois=novembre|année=2011|page=32|issn=|issn2=|issn3=|isbn=|résumé=|format=|url texte=|doi=|consulté le=6 novembre 2011|id=|libellé=|COinS=}}.{{plume}}
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* {{Ouvrage|auteur1=[[Jean-Marie Jouaret]]|titre=Petite histoire partielle et partiale de la Fédération sportive et culturelle de France (1948-1998)|tome=1|lieu=Paris|éditeur=FSCF (à compte d’auteur, imp. Déja-Glmc)|année=1999|pages totales=1189|isbn=2-9528387-0-4|bnf=41363915m|id=Jean-Marie Jouaret tome 1}}.{{plume}}
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* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Marie Jouaret]]|titre=La fédération des sections sportives des patronages catholiques de France (1898-1998)|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L’Harmattan]]|année=2012|pages totales=245|isbn=978-2-296-55969-1|bnf=42598758n}}.{{plume}}
* {{ouvrage|auteur=Léon Ligneau|année=2003|titre=La Jeune France à Cholet, histoire d’un centenaire|éditeur=Hérault|lieu=Maulévrier|isbn=2-740701-94-2|bnf=390558571}}.{{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Léon Ligneau|titre=La Jeune France à Cholet, histoire d’un centenaire|lieu=Maulévrier|éditeur=Hérault|année=2003|pages totales=262|isbn=2-7407-0194-2|bnf=390558571}}.{{plume}}
* {{ouvrage|auteur=[[Claude Piard]]|année=2001|titre=Éducation physique et sport|sous-titre=Petit manuel d’histoire élémentaire|éditeur=L’Harmattan|lieu=Paris|collection=Espaces et Temps du sport|jour=25|mois=octobre| |pages=123|isbn=2-7475-1744-6|bnf=37716034h}}.{{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=[[Claude Piard]]|titre=Éducation physique et sport|sous-titre=Petit manuel d’histoire élémentaire|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions L'Harmattan|L’Harmattan]]|collection=Espaces et Temps du sport|année=2001|mois=octobre|jour=25|pages totales=123|isbn=2-7475-1744-6|bnf=37716034h}}.{{plume}}
* {{ouvrage|auteur=Yvon Tranvouez|année=1999|titre=Sport, culture et religion|éditeur=Université de Bretagne occidentale (UBO)|lieu=Brest|pages=|isbn=2-901737-39-0|bnf=370840913}}.{{plume}}
* {{Ouvrage|auteur1=Yvon Tranvouez|titre=Sport, culture et religion|lieu=Brest|éditeur=Université de Bretagne occidentale (UBO)|année=1999|isbn=2-901737-39-0|bnf=370840913}}.{{plume}}


{{Palette Patronages}}
== Articles connexes ==
{{Portail|Algérie|patronages sportifs catholiques|Empire colonial français}}
* [[Spartiates d'Oran]]
* [[Patronages paroissiaux]]
* [[Fédération gymnastique et sportive des patronages de France]]

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{{Bon article|vote=BA|oldid=83128736|date=19 septembre 2012}}
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Patronages de l’Algérie française
Image illustrative de l’article Patronages de l'Algérie française
14 juin 1930 : les patronages algériens reçoivent les associations métropolitaines de la FGSPF.

Sport(s) représenté(s) Tir et préparation militaire (jusqu’en 1963), gymnastique, athlétisme, football, basket-ball, volley-ball, balle au camp, natation, canotage, cyclotourisme, courses d’ânes, courses de méhara, séances récréatives, colonies et camps de vacances, chant choral.
Création 1913
Affiliation Fédération gymnastique et sportive des patronages de France et Rayon sportif féminin jusqu’en 1947
Fédération sportive de France depuis 1947 jusqu’à l’indépendance
Fédérations délégataires.
Clubs Union régionale oranaise
Union régionale d’Alger
Rayon sportif féminin algérien
Société sportive saharienne (SSS)

Les patronages de l’Algérie française apparaissent dans les institutions religieuses et les paroisses des grandes villes du Nord de l’Algérie au début du XXe siècle. Certains s’affilient déjà avant la première guerre mondiale à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France qui les assure de tout son soutien en organisant son grand concours national à Alger le .

Les organisations féminines suivent et dès la fin de la guerre rejoignent rapidement le Rayon sportif féminin qui les prend particulièrement en charge au niveau de la formation des cadres. Parfois antérieure, la diffusion du sport dans le Sud, sous l’égide des Pères blancs, concerne davantage les populations masculines autochtones et s'attache pour les nomades au développement et à l'organisation de leurs activités traditionnelles.

Contexte général

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Le patronage s’inscrit parmi les œuvres catholiques qui apparaissent aux limites des XIXe et XXe siècles dans divers pays d’Europe, attachées dans un premier temps à l’éducation des jeunes gens. Le vocable d'Orel caractérise ces institutions dans les provinces de l'Empire austro-hongrois et le terme de patronage lui-même reste attaché à la francophonie : à la Belgique et plus encore à la France où ces institutions voient le jour à Marseille à la fin du Consulat avec l’abbé Jean-Joseph Allemand puis avec l’abbé Joseph-Marie Timon-David. Ce sont les mêmes congrégations, associées aux salésiens de Don Bosco qui commencent à développer les patronages d'Afrique du Nord au début du XXe siècle[F 1].

Ceux-ci fonctionnent sur le modèle européen et visent la formation morale et religieuse de leurs membres à travers les activités physiques et culturelles. Les sources disponibles insistent peu sur les institutions sociales que l'on trouve attachées aux patronages, en France métropolitaine : conférences caritatives, caisses de secours mutuel. On peut émettre l'hypothèse que dans le Sud cette assistance est directement assumée par les missions des Pères blancs et que dans les villes d'Algérie la population des patronages n'en a pas la nécessité. En effet bien qu'ouvert à tous les publics, l'attachement aux paroisses et institutions catholiques dont ils redoutent le prosélytisme fait obstacle au recrutement des musulmans et les patronages urbains sont surtout fréquentés par les jeunes gens des familles européennes[F 2].

En dépit de difficultés administratives, des clubs musulmans autonomes se développent d'ailleurs entre les deux guerres. Ainsi à Geryville, on pratique l'athlétisme, le football et le basket-ball à la Vie au Grand air, association déclarée le . Sur les onze membres du bureau, trois sont musulmans mais la coexistence est laborieuse et deux autres associations apparaissent en 1939 : l’Union sportive geryvilloise, présidée par l’agha Si Larbi Ben Eddine, chevalier de la Légion d’honneur, chef de la zaouïa des Oualed Sidi Cheikh et l’Étoile du Sud, sous la houlette des Pères blancs. La législation du régime de Vichy entraîne leur dissolution le et une association unique est reformée : le Stade gérivyllois dont le supérieur de la mission des Pères blancs reste vice-président[F 3].

Épinglette de la FGSPF.

Le rôle des patronages dans le développement initial du sport algérien n'est pas négligeable. En effet l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) n'a pas, jusqu'en 1914, une politique d'expansion coloniale "agressive" et après sa disparition entre 1919 et 1920 les fédérations spécialisées sont surtout préoccupées par leur structuration jusqu'à la déclaration de guerre ; à partir de 1947 la détérioration du climat socio-politique local freine tout nouveau développement. Ce sont donc essentiellement l'Union des sociétés de gymnastique de France (USGF) — dont deux des plus grands champions, Marco Torrès et Joseph Martinez, sont originaires d'Algérie — et la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) qui marquent le développement du sport algérien à l’époque coloniale, la première en tant qu'alliée historique de l'Armée de la Troisième République[1] et la seconde derrière les missionnaires. Si leurs associations sont réputées surtout "gymniques", leur caractère encore très pluridisciplinaire[2] n'est pas un obstacle au développement en leur sein des autres sports y compris collectifs : basketball (voir Spartiates d'Oran) et football au prix parfois d'une double affiliation. Créé en 1930 au sein du patronage des salésiens la Joyeuse Union Sportive d'Oran domine avec les Spartiates d’Eckmulh le basket-ball algérien tout en participant à l’éclosion du handball, du volley et du tennis de table[3].

La concurrence entre USGF et FGSPF est cependant bien réelle et se cristallise en 1930 où les deux fédérations organisent chacune à Alger leur championnat fédéral à quelques semaines d'écart pour célébrer le 100e anniversaire de la conquête de l'Algérie. Si l'USGF passe en premier, les patronages de la FGSPF obtiennent de commencer leur championnat précisément le jour anniversaire du débarquement de Sidi-Ferruch[4].

Patronages masculins

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Armoiries des salésiens de saint Jean Bosco.

Dès 1905, un premier établissement est fondé par les timoniens à Oran. À leur instigation et celle des salésiens, les patronages sportifs apparaissent aussi à Alger en 1913[F 4] : le patronage Sainte-Croix, qui se consacre déjà à la jeunesse ouvrière, le patronage Saint-Joseph d'Hussein Dey et l’Avenir d'El Biar. Aussitôt affiliés à la FGSPF, ils concernent surtout la jeunesse européenne. Comme en métropole, ils visent la formation morale et la préparation militaire[F 2] et se structurent en unions régionales. La FGSPF enregistre à son congrès de 1912 les prémices d’unions régionales en Tunisie et en Algérie[5]. Ceux-ci se concrétisent l'année suivante : l' Union oranaise est créée la première en , par l’abbé Koëger[F 5]. Les religieux sont souvent plus représentés dans les structures régionales qu'en métropole mais les laïcs, dont des femmes, sont également bien présents. En 1946, présidée par le chanoine Fabre avec l’abbé Jean, curé de Lourmel, comme secrétaire général, l' Union régionale d'Oran a pour vice-président M. Perisson alors que M. Fonclair en est le trésorier général. La même année, l'Union régionale d’Alger est présidée par M. Eugène Simon.

Le développement des associations se poursuit après la Première Guerre mondiale : en 1924, l'Union régionale de la province d’Alger recense six associations[F 4] puis neuf en 1928. Depuis la métropole, la FGSPF suit et soutient cette croissance avec intérêt et, à l’appel de Mgr Leynaud[6], archevêque d’Alger, 70 associations venues d’Alsace, d'Aquitaine, des Bouches-du-Rhône, de la Seine, du Rhône, du Nord et du Maine-et-Loire[7] passent la Méditerranée avec 3 000 gymnastes et 500 musiciens pour participer, le [8] — date anniversaire du débarquement de Sidi-Ferruch — à un grand concours fédéral pour célébrer le centenaire de l’Algérie française[4],[9].

Les Spartiates d'Oran dans la cour du patronage don Bosco d’Eckmülh.

Malgré la crise économique, trois bateaux spéciaux partent de Marseille : le Lamoricière, le duc d'Aumale et l'Espagne. À bord du second se trouvent François Hébrard, Armand Thibaudeau et M. Gaston Simounet représentant officiel du sous-secrétaire d'État à l'éducation physique. La Ganda de Gand (Belgique) complète les effectifs, rejoints sur place par sept sociétés d’Alger, une de Tunis et les Spartiates d'Oran[10]. Après les compétitions, qui consacrent l’Avant-Garde de Saint-Denis et Robert Hérold, une réception a lieu chez le gouverneur général, Pierre-Louis Bordes, puis un dépôt de deux gerbes au monument aux morts : l’une par la FGSPF, l’autre par l'Alsace catholique reconnaissante, qui a déplacé onze associations, suivie de près par la Lorraine avec huit. Ensuite, un déplacement est organisé à Sidi-Ferruch, où Mgr Leynaud pose la première pierre de l'église de cette localité : deux trains spéciaux et dix-huit autocars assurent le transfert[11]. Les bateaux sont de retour à Marseille le mercredi 18, après la visite d’Alger et des gorges de la Chiffa et Tipaza[10]. En 1931, Alger compte encore une association supplémentaire.

Certains patronages algériens font preuve d’anticipation dans des domaines où la FGSPF ne s'est pas encore prononcée en métropole. Dès 1931, la Saint-Philippe d'Alger — fondée en 1922 et déclarée sous le no 921 le , parution au Journal officiel no 124 du  — où l’on pratique sport, gymnastique et préparation militaire, accepte les féminines qui peuvent également être membres du bureau[F 6]. Cependant, tous les adhérents doivent être majeurs, français et jouir de leurs droits civils et politiques, car la loi de 1901 renvoie alors au statut peu enviable d'association étrangère toute association dont un seul administrateur est étranger.

D'autres atteignent l'excellence sportive. En 1929, les Spartiates d’Eckmülh[N 1] sont créés par le père Bailly, au sein du patronage don Bosco fondé, dès , par les salésiens. Cette association, plus connue sous le nom de Spartiates d’Oran, devient vite le plus grand club de basket d’Algérie, fournissant des joueurs à l’équipe de France[F 6]. En 1936, ses équipes remportent tous les titres d'Oranie et l’équipe première est championne d’Algérie[13]. Après la Seconde Guerre mondiale, les Spartiates d’Oran, champions d'Afrique du Nord 1948-1949, battent l’équipe de France militaire de 22 points puis l'Association sportive de Villeurbanne Éveil lyonnais (ASVEL) championne de France 1949 ; le , ils sont sacrés champions de l’Union française. Grâce à eux, Oran devient la capitale du basket nord-africain. Après l'indépendance, cette association de basket et de gymnastique poursuit ses activités[F 7].

Patronages féminins

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Les patronages féminins en Algérie : chorale de jeunes filles à Mascara en 1961.

Après la Grande Guerre, les religieuses sont à l'origine de la création d'associations sportives féminines en Algérie[F 6]. Les Libellules de la Redoute apparaissent à Birmandreis dès 1926[F 6] mais les associations connaissent surtout une extension à la veille de la Seconde Guerre mondiale : en 1938 à Oran, les Mouettes oranaises et, l'année suivante à Alger, les Hirondelles de Notre-Dame d’Afrique, les Mouettes d'Alger, les Mimosas du champ de manœuvre, les Marguerites de Mustapha, les Capucines de Belcourt, les Glycines de Mustapha, les Coquelicots de Mustapha, le Rayon sportif féminin algérien, les Bleuets d’Alger, les Boutons d’Or de Kouba, les Bruyères d’Hussein Dey et les Cyclamens de Bab El Oued[F 8]. Le premier concours du Rayon algérien a lieu à Alger le . À cette occasion les Violettes de Saint-Vincent remportent le drapeau béni par Mgr Leynaud[14], archevêque d’Alger[15].

Toutes ces associations sont affiliées au Rayon sportif féminin (RSF) — organisme qui leur est spécifiquement dédié en métropole — fondé en 1919 par les filles de la Charité et dont les comités régionaux d'outre-mer apparaissent en 1937[F 8] à l'instigation de Marie-Thérèse Eyquem puis à la Fédération nationale d’éducation physique féminine (pendant de la FGSPF) qui lui succède à partir de [16]. Les sports pratiqués sont, outre la gymnastique : le basket-ball, le volley-ball, la balle au camp, la natation, le canotage et le cyclotourisme[F 8]. Dans chaque diocèse, l'aumônier assure la formation spirituelle des monitrices qui reste l'apanage du clergé et des directeurs des œuvres. Le RSF insiste sur l'obligation, pour les dirigeantes et les monitrices, d'être catholiques pratiquantes ; dans la revue fédérale Les Jeunes du , on peut lire : « Il ne s’agit pas de les faire entrer à l'église, mais de mettre l'Église dans leur vie ».

À l'instar des masculins, les unions régionales du RSF organisent de grands concours placés sous l'autorité des plus hautes personnalités de la colonie, avec prière à Jeanne d’Arc[17] et lever des couleurs[F 9]. Elles assurent des sessions diocésaines de formation de cadres ; le premier stage de monitrices du diocèse d'Oran, le , sous la direction de Mlle Daumas, fournit ainsi des monitrices pour l'enseignement de l’éducation physique dans les écoles libres et l'encadrement des patronages paroissiaux[F 9]. Elles bénéficient, à ce titre, de l'appui et du contrôle des cadres métropolitains dont Eugénie Duisit — secrétaire générale-adjointe de la FGSPF — en mission à partir du et qui rejoint les forces de la France libre dès leur débarquement à l'automne 1942[F 10].

Les musulmanes, qui pratiquent dans les patronages restent rares mais leur présence s'intensifie avec la guerre de libération ; parmi elles, on peut signaler Nini Derdéche de Philippeville, vice-championne de France toutes catégories de cross-country en 1956[F 9] et, la même année, Lila Khelif d’Alger, championne d’Algérie junior du 800 mètres, du lancer du poids et du javelot[F 11]. La plupart des patronages féminins, trop longtemps réservés aux Européennes, disparaissent avec l’indépendance.

Territoires du Sud

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Charles Lavigerie, archevêque d’Alger, fondateur en 1868 de l’ordre des Pères blancs ou Missionnaires d’Afrique.
Méhariste par Étienne Dinet (1861–1929).

Si, dès 1902, le Nord est constitué en trois départements français d’Algérie (Alger, Oran et Constantine), le Sud algérien reste divisé en quatre territoires sous administration militaire : Ghardaïa, Aïn Sefra, Touggourt et les Oasis, jusqu’au statut du qui les assimile aux départements[F 12]. Jusque-là, la Légion étrangère, les bataillons d’Afrique et les compagnies méharistes sahariennes y introduisent les activités sportives en faisant construire, par les indigènes, des courts de tennis qui s'ajoutent à ceux des grands hôtels[F 13]. Toutefois, la diffusion du sport auprès de la population locale par leur intermédiaire reste restreinte[F 2] et celle-ci relève surtout d’une autre institution[F 14] dont les liens avec l'autorité militaire restent cependant le plus souvent très étroits et complémentaires[F 4].

Le cardinal Charles Lavigerie, professeur d’histoire ecclésiastique à la Sorbonne de 1854 à 1856 puis évêque de Nancy en 1863, est nommé évêque d'Alger en 1867[18],[N 2]. Sa gestion remarquable de l'épidémie de choléra qui y sévit alors lui vaut une grande popularité auprès de la population musulmane[F 15]. Nommé par le pape Pie IX, primat d'Afrique et délégué apostolique du Sahara[F 14] et du Soudan en 1884, il fonde, à cette fin, la Société missionnaire des Pères blancs, missionnée vers les tribus du M’Zab pour y soigner les malades, évangéliser et scolariser les enfants[F 16]. La création d'associations sportives, à côté des dispensaires et des écoles, facilite les contacts quotidiens avec les jeunes et, dès 1884, les Pères blancs jouent déjà un rôle dans la diffusion du sport auprès des populations locales de Kabylie[F 16], puis du Sud.

Les religieux, associés aux autorités militaires, organisent des courses de méhara, dromadaires de monte, utilisés par les méharistes et les touaregs lors de méharées. C'est un animal de selle, adapté aux razzias et à la course, dont le berceau d'origine est l'Algérie. Mgr Lavigerie institue, dès 1890, la grande course annuelle Touggourt-Biskra, de 220 kilomètres, dotée d'un premier prix de 1 000 francs[F 2]. En 1934, le succès constant entraîne une réglementation officielle des paris qui accompagnent l'évènement ; la circulaire no 7262, émanant du gouverneur général Jules Carde et promulguée le , précise que le règlement du pari mutuel du — concernant les courses de chevaux — et ses modifications particulières pour l'Algérie sont applicables aux courses d'ânes et de méhara.

Comme dans les villes du Nord, le sport traditionnel connaît aussi un développement institutionnel important entre les deux guerres. En 1928, l' Union sportive et de préparation militaire de Laghouat, créée le et agréée le sous le no 13.202, se propose de réaliser l'union des éléments français, israélites et arabes de la localité. Sur les douze membres du conseil d'administration, quatre sont musulmans. Après 1941, la préparation militaire étant supprimée, elle devient l'Union sportive de Laghouat[F 17] (USL). La Société sportive saharienne (SSS) apparaît au Journal officiel du . Son président est le révérend Lethielleux, supérieur des Pères blancs. Elle compte deux équipes de basket, deux de football et quarante postulants en pupilles[F 17].

Grâce aux Pères blancs et aux militaires, le sport implanté, surtout pour les Européens, dans les villes du Nord concerne aussi les sahraouis du Sud[F 2]. La population sédentarisée accède à la pratique sportive principalement à travers le football, les nomades bédouins restant attachés aux activités physiques traditionnelles[F 2] bien prises en compte et organisées par les autorités.

Après l'indépendance

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Ce travail se limite aux patronages de l'Algérie française car les études publiées manquent trop pour apprécier l'évolution de la situation au-delà de cette période. Notons cependant que, dès 1962, l'indépendance entraîne des fermetures volontaires d'associations accompagnées, parfois, de démarches symboliques fortes. Ainsi le à Troyes (Aube), lors des championnats fédéraux de gymnastique masculine et de musique de la Fédération sportive de France (FSF) — future Fédération sportive et culturelle de France (FSCF) —, un jeune gymnaste représentant des Unions d'Algérie vient symboliquement confier définitivement au président fédéral, maître Gilbert Olivier, le drapeau de l'Association sportive catholique de Philippeville conformément à la décision prise lors de l'assemblée de dissolution de ce patronage[19]. A contrario, d'autres, cependant, ne renoncent pas.

L' Olympique du Petit Séminaire d'Alger est la dernière association sportive catholique créée en Algérie sous l'insurrection et enregistrée au Journal officiel no 167 du . Tous ses responsables appartiennent à l'élite sociale locale, un seul étant membre du clergé. On y pratique la gymnastique, le tir, la préparation militaire, les sports, le chant choral et on y organise des séances récréatives et des colonies et camps de vacances. Les statuts précisent bien que les étrangers n'y sont pas admis[F 18]. Après l'indépendance[F 19], ceux-ci sont modifiés le . La préparation militaire disparaît et l'association devient l'Olympique de Saint-Eugène, moins marquée religieusement mais dont les membres restent obligatoirement français. Néanmoins, l'association disparaît en 1967[F 20]. Outre les difficultés locales, le positionnement de la hiérarchie catholique française à l'égard des patronages métropolitains[20], en application du Concile Vatican II à partir de 1965[21], a peut-être eu des répercussions sur les patronages algériens qui avaient survécu jusque-là.

Notes et références

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  1. Eckmülh est un quartier d’Oran[12].
  2. Abdelkader Djemaï est écrivain, auteur d'une quinzaine de romans et de récits, dont : Camus à Oran (éditions Michalon), Pain, Adour et fantaisie (éditions Le Castor astral), Gare du Nord et Un moment d’oubli (Éditions du Seuil).

Références

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  • Youssef Fatès :
  1. Youssef Fatès 2004, p. 203.
  2. a b c d e et f Youssef Fatès 2004, p. 209.
  3. Youssef Fatès 2004, p. 207-208.
  4. a b et c Youssef Fatès 2004, p. 210.
  5. Youssef Fatès 2004, p. 211-212.
  6. a b c et d Youssef Fatès 2004, p. 211.
  7. Youssef Fatès 2009, p. 47.
  8. a b et c Youssef Fatès 2004, p. 213.
  9. a b et c Youssef Fatès 2004, p. 214.
  10. Youssef Fatès 2004, p. 214-217.
  11. Youssef Fatès 2004, p. 241.
  12. Youssef Fatès 2004, p. 203-204.
  13. Youssef Fatès 2004, p. 205.
  14. a et b Youssef Fatès 2004, p. 206.
  15. Youssef Fatès 2004, p. 216.
  16. a et b Youssef Fatès 2004, p. 207.
  17. a et b Youssef Fatès 2004, p. 208.
  18. Youssef Fatès 2004, p. 52.
  19. Youssef Fatès 2004, p. 215.
  20. Youssef Fatès 2004, p. 212.
  • Autres références :
  1. Guy Dessauw, Albert Bourzac, « Les bataillons scolaires », Éducation physique, sur le-temps-des-instituteurs.fr, Association « le temps des instituteurs » (consulté le ) : « Conditions d’émergence des bataillons scolaires ».
  2. Claude Piard 2001, p. 84.
  3. Site des anciens élèves des écoles de la marine d’Oran
  4. a et b Robert Hervet 1948, p. 80-144.
  5. Jean-Marie Jouaret 2012, p. 59.
  6. (en) C†H, « Archbishop Auguste-Fernand Leynaud (1865–1953) », The Hierarchy of the Catholic Church : Current and historical information about its bishops and dioceses, sur catholic-hierarchy.org (consulté le ).
  7. Léon Ligneau 2003, p. 119.
  8. Fabien Groeniger, Sport, religion et nation, la fédération des patronages d’une guerre mondiale à l’autre, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2-7475-6950-0, BNF 39244145) p. 72.
  9. Fédération sportive et culturelle de France, « Concours d' Alger », Les Jeunes, no 455,‎ , couverture.
  10. a et b Fédération sportive et culturelle de France, « Souvenir d’Alger », Les Jeunes, no 2529,‎ , p. 32.
  11. Fédération gymnastique et sportive des patronages de France, « À ceux qui reviennent d’Alger », Les Jeunes, no 455,‎ , p. 401-409.
  12. Oran, jadis : le quartier d’Eckmülh, tarambana, 15 février 2011.
  13. Fédération gymnastique et sportive des patronages de France, « Les Spartiates d’Oran », Les Jeunes, no 770,‎ , p. 5.
  14. Alain Goinard, « Augustin Fernand Leynaud », sur memoireafriquedunord.net, (consulté le ).
  15. « Le Rayon sportif féminin, n° 7 », sur gallica.bnf.fr, L’Algérie catholique, (consulté le ), p. 8.
  16. « la Fédération nationale d’éducation physique féminine », sur gallica.bnf.fr, L’Algérie catholique, n° 11, (consulté le ), p. 35.
  17. Yves Chéné 2008, p. 60.
  18. J’ai grandi au milieu des clochers, Point de vue, par Abdelkader Djemaï. Le Monde, 17 décembre 2004. Consulté le 9 septembre 2011.
  19. Jean-Marie Jouaret, 1999, tome 1, p. 173, note no 7.
  20. Yvon Tranvouez 1999, p. 337.
  21. « Gaudium et Spes », Constitution pastorale sur l’église dans le monde moderne Consulté le 30 mars 2012.

Bibliographie

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