Pippa Bacca
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À partir de |
| Nom de naissance |
Giuseppina Pasqualino di Marineo |
| Pseudonyme |
Pippa Bacca |
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| Activités | |
| Parentèle |
Piero Manzoni (nièce) |
| Site web |
Giuseppina Pasqualino di Marineo, née le et morte le , connue sous le nom de Pippa Bacca, est une artiste italienne. Avant sa fin tragique et prématurée, elle se situait dans la mouvance de l'art conceptuel et réalisait des performances artistiques parfois audacieuses, un peu comme le fait en France l'artiste Sophie Calle[1].
Sa dernière performance correspond à un projet ambitieux et risqué : pour promouvoir la paix mondiale, avec une autre artiste (Silvia Moro), elle prévoit de réaliser un trajet en auto-stop, fondé sur la confiance absolue en l'autre[1], de l'Italie du Nord jusqu'au Moyen-Orient, de mars à mai 2008, et en portant symboliquement une robe de mariée tout au long de son voyage. Une exposition était prévue au retour du périple dans une galerie de Vérone, confrontant chaque robe de mariée ayant voyagé (et portant tous les stigmates du temps et des espaces traversés) avec leurs homologues à l'état neuf, et présentant aussi des souvenirs et des photos prises lors du voyage[1],[2].
Le projet artistique de ce dispositif repose donc sur un paradoxe : il s'agit de porter longtemps un vêtement par nature éphémère, destiné normalement à n'être utilisé qu'une fois, la robe de mariée dont la blancheur connote la pureté virginale ; peut-être pour déconstruire un mythe patriarcal dans une optique néo-féministe[1]. Et le but symbolique de l'artiste-performeuse était aussi de faire « un mariage entre les différents peuples et nations » et de « porter un message de paix dans les pays en conflit ou en guerre »[3].
« Alors les deux artistes mettent au point un itinéraire précis, grâce à des associations locales, un itinéraire qui s'étend de Trieste jusqu'à Jérusalem »[4]. Plusieurs rendez-vous étaient prévus avec des sages-femmes des pays traversés, où Pippa Bacca devait laver les pieds de ces praticiennes dans une bassine de cuivre et les essuyer avec sa robe de mariée ― geste symbolique encore, d'inspiration biblique, appartenant à la culture du Moyen-Orient et reconduisant le geste du Christ dans le Nouveau Testament[1]. Silvia Moro a prévu pour sa part de demander aux femmes croisées de coudre des motifs sur sa robe de mariée à elle[5]. Pippa Bacca, sur des chemins défrichés avant elle par l'artiste française Sophie Calle, a placé au cœur de son travail et de son optique les inconnus, et la confiance inconditionnelle pour favoriser la rencontre[6]. Dans cette performance précise, ce « principe absolu et non négociable de confiance dans l'autre, dans la rencontre avec des inconnu(e)s, — l'Inconnu comme une sublimation d'altérité »[7], elle le traduit dans ce qu'elle appelle « une règle du jeu décidée au préalable », à savoir qu'elle ne doit jamais refuser de monter dans une voiture même si « la tête de son occupant ne lui revient pas »[8], règle qu'elle avait déjà pratiquée dans des performances préalables, car la pratique du voyage en auto-stop faisait partie de longue date de son expérience d'enfant, de jeune fille et d'artiste.
« Le départ est prévu, toujours pour le symbole, le 8 mars 2008, journée internationale des droits des femmes »[9]. Le périple croise donc plusieurs objectifs artistiques et plusieurs symboliques : sur le statut de l'art dans la société, sur la mystique du pèlerinage ancestral à Jérusalem, sur la paix dans le monde et la réparation symbolique des blessures et dommages de la guerre par la candeur virginale de la robe de mariée, dont la traîne est censée les effacer et les consoler par la confiance a priori en l'Autre, par l'amour, par l'union et le métissage ; sur l'enfantement comme renaissance ; sur la place enfin de la femme dans la société, et son rôle particulier dans la reconstruction civilisationnelle[1]…
Arrivée à Gebze en Turquie, tout juste au sud-est d'Istanbul, Pippa Bacca y est violée et assassinée par un homme, père de famille sans antécédents judiciaires[1], mais déjà connu de la police turque[10], qui l'avait prise en stop à une station-service[1],[10],[11].
Son histoire a fait l'objet de deux films, le pamphlet Pippa'ya Mektubum (« Ma lettre à Pippa ») par la réalisatrice turque Bingöl Elmas en 2010, et surtout le documentaire intitulé La Mariée[12], réalisé en 2012 par le cinéaste Joël Curtz, qui a restauré avec son équipe les images tournées dans la caméra de Pippa, lesquelles avaient été effacées par le meurtrier ou la police turque[13], ainsi que d'un roman de Nathalie Léger, La Robe blanche (2018), inspiré des images du film[14].
Le , sur la déclinaison italienne de la chaîne américaine Crime & Investigation est diffusé I'm in love with Pippa Bacca (Sono innamorato di Pippa Bacca), un documentaire réalisé par Simone Manetti qui raconte l'histoire de Pippa Bacca et de son voyage[15].
Le , sur France Inter, dans Affaires sensibles, Fabrice Drouelle raconte le voyage sans retour de Pippa Bacca avec Nathalie Léger comme intervenante (deux diffusions)[1].
Notes et références
- Fabrice Drouelle, « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », sur radiofrance.fr (consulté le )
- Nathalie Léger in La robe blanche, citée dans : « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 15’20’’
- Nathalie Léger, « La robe blanche », présentation du livre sur le site de l'éditeur, sur pol-editeur.com, (consulté le ).
- Fabrice Drouelle, « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », sur radiofrance.fr (consulté le ), à 16 minutes et 52 secondes du début de l'émission
- « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 16’46’’
- « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 17’33’’
- « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 18’21’’
- « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 18’50’’
- Fabrice Drouelle, « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », sur radiofrance.fr (consulté le ), à 17’04’’
- (it) Corriere della Sera, « L' ho violentata e strangolata » [« Je l'ai violée et étranglée »], sur corriere.it, (consulté le ).
- « Turquie : partie promouvoir la paix, elle est retrouvée morte, violée », sur L'Obs (consulté le )
- « The Bride (La Mariée) », sur JoëlCurtz.com, Joël Curtz
- « The Bride » [archive du ], International Documentary Film Festival Amsterdam
- « La robe blanche »
- (it) « Pippa Bacca, in abito da sposa da Milano a Gerusalemme: un docufilm sull'artista uccisa nel 2008 - Repubblica.it », sur Repubblica.it, Repubblica, (consulté le ).
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
