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Pippa Bacca

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Pippa Bacca
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 33 ans)
GebzeVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
À partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Giuseppina Pasqualino di MarineoVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Pippa BaccaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Parentèle
Piero Manzoni (nièce)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

Giuseppina Pasqualino di Marineo, née le et morte le , connue sous le nom de Pippa Bacca, est une artiste italienne. Elle se situe dans la mouvance de l'art conceptuel et réalise des performances artistiques parfois audacieuses[1]. Elle meurt tragiquement au cours d'une performance.

Son dernier projet artistique : dispositif, principe, objectifs et symboles

Sa dernière performance est ambitieuse et risquée : pour promouvoir la paix mondiale, avec une autre artiste (Silvia Moro), elle prévoit un trajet en auto-stop, fondé sur la confiance absolue en l'autre[1], de l'Italie du Nord jusqu'au Moyen-Orient, de mars à mai 2008,en portant symboliquement une robe de mariée tout au long du voyage. Une exposition est prévue au retour dans une galerie de Vérone ; dans celle-ci il est prévu que chaque robe de mariée ayant voyagé (et portant tous les stigmates du temps et des espaces traversés) soit confrontée avec son homologue à l'état neuf. Des souvenirs et des photos prises lors du voyage[1],[2] auraient dû être présentées.
Le projet repose sur un paradoxe : porter longtemps un vêtement qui est par nature éphémère, destiné normalement à n'être utilisé qu'une fois, la robe de mariée dont la blancheur connote la pureté virginale ; peut-être pour déconstruire un mythe patriarcal dans une optique néo-féministe[1]. Un autre but de l'artiste-performeuse est de faire « un mariage entre les différents peuples et nations » et de « porter un message de paix dans les pays en conflit ou en guerre »[3].

« Alors les deux artistes mettent au point un itinéraire précis, grâce à des associations locales, un itinéraire qui s'étend de Trieste jusqu'à Jérusalem »[4]. Plusieurs rendez-vous sont prévus avec des sages-femmes des pays traversés, où Pippa Bacca doit laver les pieds de ces praticiennes dans une bassine de cuivre et les essuyer avec sa robe de mariée ― geste d'inspiration biblique, appartenant à la culture du Moyen-Orient et reproduisant le geste du Christ dans le Nouveau Testament[1]. Silvia Moro a prévu pour sa part de demander aux femmes croisées de coudre des motifs sur sa robe de mariée à elle[5].

Pippa Bacca, sur des chemins défrichés par l'artiste française Sophie Calle, place au cœur de son travail et de son optique les inconnus, et la confiance inconditionnelle pour favoriser la rencontre[6]. Dans cette performance, ce « principe absolu et non négociable de confiance dans l'autre, dans la rencontre avec des inconnu(e)s, — l'Inconnu comme une sublimation d'altérité »[7], est transposé dans ce que Sophie Calle appelle « une règle du jeu décidée au préalable », qui n'est pas « vraiment l'abolition de [sa] propre volonté [...] mais décision de [s]'abandonner dans quelque chose [une aventure] qu'[on] a entièrement dessinée »[8]. Dans ce cas, Pippa Bacca choisit comme règle et défi qu'elle ne doit jamais refuser de monter dans une voiture même si « la tête de son occupant ne lui revient pas »[9], règle qu'elle avait déjà pratiquée dans des performances préalables, car la pratique du voyage en auto-stop fait partie de son expérience d'enfant, de jeune fille et d'artiste.

« Le départ est prévu, toujours pour le symbole, le 8 mars 2008, journée internationale des droits des femmes »[10]. Le périple croise plusieurs objectifs artistiques et plusieurs symboliques : le statut de l'art dans la société ; la mystique du pélerinage à Jérusalem ; la paix dans le monde ; la réparation symbolique des blessures et dommages de la guerre par la candeur virginale de la robe de mariée, que la traîne est censée effacer et consoler par la confiance a priori en l'Autre, par l'amour, par l'union et le métissage ; l'enfantement comme renaissance ; la place enfin de la femme dans la société, et son rôle particulier dans la reconstruction civilisationnelle[1].

Fin tragique et sens rétrospectif

Arrivée à Gebze en Turquie, au sud-est d'Istanbul, Pippa Bacca est violée et assassinée par un homme, père de famille sans antécédents judiciaires[1], mais déjà connu de la police turque[11], qui l'avait prise en stop à une station-service[1],[11],[12].

Postérité

Son histoire fait l'objet de deux films, le pamphlet Pippa'ya Mektubum (« Ma lettre à Pippa ») par la réalisatrice turque Bingöl Elmas en 2010, et le documentaire La Mariée[13], réalisé en 2012 par le cinéaste Joël Curtz, qui a restauré avec son équipe les images tournées dans la caméra de Pippa, lesquelles avaient été effacées par le meurtrier ou la police turque[14], ainsi que d'un roman de Nathalie Léger, La Robe blanche (2018), inspiré par les images du film[15].

Le , sur la version italienne de la chaîne américaine Crime & Investigation est diffusé I'm in love with Pippa Bacca (Sono innamorato di Pippa Bacca), un documentaire réalisé par Simone Manetti qui raconte l'histoire de Pippa Bacca et de son voyage[16].

Le , sur France Inter, dans Affaires sensibles, Fabrice Drouelle raconte le voyage sans retour de Pippa Bacca avec Nathalie Léger comme intervenante (deux diffusions)[1].

Notes et références

  1. a b c d e f g h et i Fabrice Drouelle, « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », sur radiofrance.fr (consulté le ).
  2. Nathalie Léger in La robe blanche, citée dans : « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 15’20’’.
  3. Nathalie Léger, « La robe blanche », présentation du livre sur le site de l'éditeur, sur pol-editeur.com, (consulté le ).
  4. Fabrice Drouelle, « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », sur radiofrance.fr (consulté le ), à 16 minutes et 52 secondes du début de l'émission.
  5. « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 16’46’’.
  6. « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 17’33’’.
  7. « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 18’21’’.
  8. Sophie Calle, au micro de Laure Adler le 5 mars 2019 dans son émission L'Heure bleue, extrait repris dans : « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 17’48’’.
  9. « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 18’50’’.
  10. « Affaires sensibles : le voyage sans retour de Pippa Bacca », à 17’04’’.
  11. a et b (it) Corriere della Sera, « L' ho violentata e strangolata » [« Je l'ai violée et étranglée »], sur corriere.it, (consulté le ).
  12. « Turquie : partie promouvoir la paix, elle est retrouvée morte, violée », sur L'Obs (consulté le ).
  13. « The Bride (La Mariée) », sur JoëlCurtz.com, Joël Curtz.
  14. « The Bride » [archive du ], International Documentary Film Festival Amsterdam.
  15. « La robe blanche ».
  16. (it) « Pippa Bacca, in abito da sposa da Milano a Gerusalemme: un docufilm sull'artista uccisa nel 2008 - Repubblica.it », sur Repubblica.it, Repubblica, (consulté le ).

Voir aussi

Article connexe

Liens externes