[go: nahoru, domu]

Aller au contenu

« Sigefroid de Luxembourg » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Aucun résumé des modifications
Balises : Modification par mobile Modification par le web mobile
m v2.05b - Bot T3 PCS#64 - Correction syntaxique (Lien interne avec cible identique au texte - Orthographe et typographie - Paramètre inutilisé)
 
(26 versions intermédiaires par 18 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Politicien
{{Infobox Politicien
| charte = Monarque
| charte = Monarque
| nom = Sigefroid de Luxembourg
| nom = Sigefroid de Luxembourg
| image = Siegfried I of Luxembourg.jpg
| image = Siegfried I of Luxembourg.jpg
| légende =
| légende =
| fonction1 = [[Liste des comtes et ducs de Luxembourg|Comte de Luxembourg]]
| fonction1 = [[Liste des comtes et ducs de Luxembourg|Comte de Luxembourg]]
| à partir du fonction1 =
| à partir du fonction1 =
| jusqu'au fonction1 =
| jusqu'au fonction1 =
| prédécesseur 1 = fondation du comté
| prédécesseur 1 = fondation du comté
| successeur 1 = [[Henri V de Bavière|Henri {{Ier}}]]
| successeur 1 = {{noble|Henri V de Bavière|Henri Ier}}
| dynastie = [[Maison de Luxembourg|Luxembourg]]
| dynastie = [[Maison d'Ardenne]]
| nom de naissance =
| nom de naissance =
| date de naissance = v.[[922]]
| date de naissance = v.[[922]]
| lieu de naissance =
| lieu de naissance =
| date de décès = [[998]]
| date de décès = [[998]]
| lieu de décès =
| lieu de décès =
| nature du décès =
| nature du décès =
| sépulture =
| sépulture =
| nationalité =
| nationalité =
| père = [[Wigéric de Bidgau]] ?
| père = [[Wigéric de Bidgau]] ?
| mère = [[Cunégonde de France]] ?
| mère = [[Cunégonde de France]] ?
| fratrie =
| fratrie =
| conjoint = Hedwige (937-992)
| conjoint = Hedwige (937-992)
| enfants =
| enfants =
| entourage =
| entourage =
| profession =
| profession =
| religion =
| religion =
| résidence =
| résidence =
| signature =
| signature =
| emblème =
| emblème =
| liste =
| liste =
}}
}}


'''Sigefroid'''<ref>[http://fmg.ac/Projects/MedLands/LUXEMBOURG.htm#Sigefroidied998 Généalogie de Sigefroid de Luxembourg sur le site Medieval Lands]</ref>, né vers [[922]] et mort en [[998]], fut le premier comte d'un territoire qui allait devenir le [[comté de Luxembourg]] il était le fils de [[Wigéric de Bidgau|Wigéric]], comte de Bigdau, puis [[Liste des gouvernants de Lotharingie|comte palatin de Lotharingie]], et de [[Cunégonde de France|Cunégonde]], petite-fille du [[carolingien]] [[Louis II le Bègue]].
'''Sigefroid'''<ref>[http://fmg.ac/Projects/MedLands/LUXEMBOURG.htm#Sigefroidied998 Généalogie de Sigefroid de Luxembourg sur le site Medieval Lands].</ref>, né vers [[922|930/940]] et mort en [[998]], fut le premier comte d'un territoire qui allait devenir le [[comté de Luxembourg]] il était le fils de [[Wigéric de Bidgau|Wigéric]], comte de Bigdau, puis [[Liste des gouvernants de Lotharingie|comte palatin de Lotharingie]], et de [[Cunégonde de France|Cunégonde]], petite-fille du [[carolingien]] {{noble|Louis II le Bègue}}.


== Ascendance ==
== Ascendance ==
La plupart des auteurs<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Léon | nom1 = Vanderkindere | lien auteur1 = Léon Vanderkindere | titre = La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge | éditeur = H. Lamertin | lieu = Bruxelles | année = 1902 | réimpression = 1981 | volume = II | pages totales = 88 | passage = 328-333 | lire en ligne = http://digistore.bib.ulb.ac.be/2006/DL2632839_002_f.pdf}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Stewart | nom1 = Baldwin | titre = The Henry Project | éditeur = | année = 2008 | mois = avril | jour = 5 | pages totales = | lire en ligne = http://sbaldw.home.mindspring.com/hproject/prov/kunig000.htm}}</ref> pensent que Sigefroid est le fils de Wigéric de Bidgau. Cette filiation est déduite d'un tableau généalogique dressé au {{s|XI|e}} en vue de rattacher à la race [[Carolingiens|carolingienne]] une fille de Sigefroid, [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]], femme du roi [[Henri II du Saint-Empire|Henri&nbsp;II]]. Ce tableau indique comme mère de Sigefroid [[Cunégonde de France|Cunégonde]], fille d'[[Ermentrude (fille de Louis le Bègue)|Ermentrude]] et petite-fille de [[Louis II de France|Louis le Bègue]]. Or, l'épouse de Wigéric s'appelait également Cunégonde.
La plupart des auteurs<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Léon | nom1 = Vanderkindere | lien auteur1 = Léon Vanderkindere | titre = La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge | éditeur = H. Lamertin | lieu = Bruxelles | année = 1902 | réimpression = 1981 | volume = {{II}} | pages totales = 88 | passage = 328-333 | lire en ligne = http://digistore.bib.ulb.ac.be/2006/DL2632839_002_f.pdf}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Stewart | nom1 = Baldwin | titre = The Henry Project | éditeur = | année = 2008 | mois = avril | jour = 5 | lire en ligne = http://sbaldw.home.mindspring.com/hproject/prov/kunig000.htm}}.</ref> pensent que Sigefroid est le fils de Wigéric de Bidgau. Cette filiation est déduite d'un tableau généalogique dressé au {{s|XI|e}} en vue de rattacher à la race [[Carolingiens|carolingienne]] une fille de Sigefroid, [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]], femme du roi {{noble|Henri II du Saint-Empire|-}}. Ce tableau indique comme mère de Sigefroid [[Cunégonde de France|Cunégonde]], fille d'[[Ermentrude (fille de Louis le Bègue)|Ermentrude]] et petite-fille de [[Louis II de France|Louis le Bègue]]. Or, l'épouse de Wigéric s'appelait également Cunégonde.


D'autres arguments soutiennent cette thèse. Dans un diplôme en faveur de l'église Saint-Lambert de Liège, le roi [[Charles III de France|Charles]] nomme ''nepotem'' l'évêque [[Adalbéron Ier de Metz|Adalbéron]]. Si la sœur de Charles, Ermentrude, est bien la grand-mère d'Adalbéron, l'emploi de ce terme peut être expliqué, même si ses significations les plus courantes sont « neveu » (au sens strict) et « petit-fils », car Charles le Simple n'avait pas de sœur ou de fille nommée Cunégonde. [[Léon Vanderkindere]] conteste néanmoins cet argument et avance de ''nepos'' pourrait simplement signifier « cousin ».
D'autres arguments soutiennent cette thèse. Dans un diplôme en faveur de l'église Saint-Lambert de Liège, le roi [[Charles III le Simple|Charles]] nomme ''nepotem'' l'évêque [[Adalbéron Ier de Metz|Adalbéron]]. Si la sœur de Charles, Ermentrude, est bien la grand-mère d'Adalbéron, l'emploi de ce terme peut être expliqué, même si ses significations les plus courantes sont « neveu » (au sens strict) et « petit-fils », car Charles le Simple n'avait pas de sœur ou de fille nommée Cunégonde. [[Léon Vanderkindere]] conteste néanmoins cet argument et avance de ''nepos'' pourrait simplement signifier « cousin ». Cependant, la balance des preuves est contre cela.


Ensuite, les noms utilisés chez les descendants de Sigefroid se retrouvent également dans la [[maison d'Ardenne]] : Sigefroid a ainsi des filles nommées [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]] et Liutgarde et des fils nommés Adalbéron, [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] et Giselbert.
Ensuite, les noms utilisés chez les descendants de Sigefroid se retrouvent également dans la [[maison d'Ardenne]] : Sigefroid a ainsi des filles nommées [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]] et Liutgarde et des fils nommés Adalbéron, [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] et Giselbert.


Une lettre de [[985]] de [[Gerbert d'Aurillac]] à l'impératrice [[Théophano Skleraina]] mentionne un comte Sigefroid en tant que ''patruus'', c'est-à-dire « oncle paternel », de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid le Captif]]. Ce comte Sigefroid serait donc un frère de Gozlin, donc un fils de Wigéric.
Une lettre de [[985]] de [[Gerbert d'Aurillac]] à l'impératrice [[Théophano Skleraina]] mentionne un comte Sigefroid en tant que ''patruus'', c'est-à-dire « oncle paternel », de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid le Captif]]. Ce comte Sigefroid serait donc un frère de Gozlin.


Enfin, il est possible que Sigefroid soit la même personne que le Sigebert mentionné dans plusieurs documents comme le frère de Gozlin.
Enfin, il est possible que Sigefroid soit la même personne que le Sigebert mentionné dans plusieurs documents comme le frère de Gozlin.


Vanderkindere soutient que la chronologie s'oppose à cette généalogie. Adalbéron est devenu évêque en [[929]], rendant improbable sa naissance après [[910 (nombre)|910]]. Il fait également valoir que {{noble-|Louis II}} et Adélaïde se sont mariés vers 878, conduisant à une situation extrêmement serrée. Cependant, ils peuvent s'être mariés dès 870, rendant l'argument invalide.
Cependant, la chronologie s'oppose à cette généalogie. Adalbéron est devenu évêque en [[929]] ; même en supposant qu'il n'eût alors que vingt ans et qu'il fût né en 909, sa mère Cunégonde devrait avoir vu le jour au plus tard en 892 et sa grand-mère Ermentrude, toujours en admettant le mariage le plus précoce, en 876. Ce sont là des limites extrêmement resserrées et qui par là-même deviennent peu vraisemblables. Or [[Louis II de France|Louis le Bègue]] avait eu une première épouse, [[Ansgarde de Bourgogne|Ansgarde]], que son père l'obligea à répudier. Il est donc assez peu vraisemblable qu'Ermentrude eût vu le jour avant 878. Le ''nepos'' de Charles le Simple ne peut donc être le petit-fils de sa sœur ; on peut par contre voir en lui un cousin. Cependant, on sait qu'Adalbero n'avait pas atteint l'âge canonique quand il est devenu évêque et il est peu probable que Louis ait épousé Adélaïde aussi tard que 878 et qu'ils soient probablement 870, donc cet argument n'est pas valide.


Un autre argument est l'antagonisme constant qui existe entre les descendants de Wigéric et ceux de Sigefroid : on sait que {{noble|Henri III du Saint-Empire|-}}, dans sa lutte contre [[Godefroy II de Basse-Lotharingie|Godefroid le Barbu]], se tourna vers [[Frédéric de Basse-Lotharingie|Frédéric de Luxembourg]] et lui confia le duché de [[Basse-Lotharingie]] ; mais déjà sous {{noble|Henri II du Saint-Empire|-}}, {{noble|Godefroy Ier de Basse-Lotharingie|-}} fut appelé à lutter contre le comte [[Gérard III de Metz|Gérard]], qui avait épousé Éva, fille de Sigefroid. Dans le [[Methingowe]] et dans le [[Bidgau]], Sigefroid lui-même s'agrandit aux dépens de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid de Verdun]]. Cependant, cet argument n'est pas valide car il n'était pas inconnu pour parents, même les proches, d'être des ennemis.
La solution serait alors de supposer l'existence de deux Cunégonde. Celle mentionnée dans la généalogie de l'impératrice [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]] serait bien la mère de Sigefroid (qui ne mourut qu'en [[998]]) et la petite-fille de [[Louis II de France|Louis le Bègue]], mais pas l'épouse de [[Wigéric de Bidgau]]. L'autre Cunégonde, femme de Wigéric, aurait également des ancêtres illustres. La ''Vita Johannis Gorziensis'', écrite en [[980]], indique qu'[[Adalbéron Ier de Metz|Adalbéron de Metz]] était de sang royal du côté paternel comme du côté maternel, mais le texte indique que cette origine remonte à un passé beaucoup plus lointain. Cet argument n'est pas valide.


Vanderkindere soutient également que mariages furent conclus entre des descendants de Sigefroid et des descendants de Wigéric. [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]], fils de Sigefroid, épouse la petite-fille de Gerberge. [[Léon Vanderkindere]] a vu dans cette Gerberge probablement une fille de Gozlin, et doute une proche parente de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid]]. L'argument tombe cependant considérant Gerberge étant, en fait, une sœur du vice-duc de [[Basse-Lotharingie]] [[Godefroy de Basse-Lotharingie|Godefroid]] et une fille d'un autre Godefroid.
Un autre argument est l'antagonisme constant qui existe entre les descendants de Wigéric et ceux de Sigefroid : on sait que [[Henri III du Saint-Empire|Henri&nbsp;III]], dans sa lutte contre [[Godefroy II de Basse-Lotharingie|Godefroid le Barbu]], se tourna vers [[Frédéric de Basse-Lotharingie|Frédéric de Luxembourg]] et lui confia le duché de [[Basse-Lotharingie]] ; mais déjà sous [[Henri II du Saint-Empire|Henri&nbsp;II]], [[Godefroy Ier de Basse-Lotharingie|Godefroid&nbsp;I{{er}}]] fut appelé à lutter contre le comte [[Gérard III de Metz|Gérard]], qui avait épousé Éva, fille de Sigefroid. Dans le [[Methingowe]] et dans le [[Bidgau]], Sigefroid lui-même s'agrandit aux dépens de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid de Verdun]]. Dans aucune de ces circonstances, les chroniqueurs ne signalent la parenté des adversaires qui se trouvent en présence. Or, un des traits les plus frappants du haut [[Moyen Âge]], c'est l'étroite solidarité des membres des grandes lignées seigneuriales. Cependant, cet argument n'est pas valide car il n'était pas inconnu pour les proches, même les proches, d'être des ennemis.


Il faut également considérer l'âge des enfants de Sigefroid. Wigéric était mort entre 916 et 919. La date la plus reculée qu'on puisse assigner à la naissance de Sigefroid, en le supposant fils de Wigéric, ne peut donc être éloignée de 919. Or, son fils [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] est mort en [[1019]] ; son fils [[Henri V de Bavière|Henri]], [[Liste des ducs de Bavière|duc de Bavière]], en [[1026]] ; son fils {{noble|Thierry de Luxembourg|Thierry II de Metz}} en [[1047]] ; [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]], femme de {{noble-|Henri II}}, née vraisemblablement après 978, vécut jusqu'en [[1033]] ; Giselbert, fils de Sigefroid, fut tué à [[Pavie]], jeune encore, en [[1004]], et Adalbéron de [[Trèves (Allemagne)|Trèves]] est en [[1008]] qualifié par Thietmar de « jeune homme pas encore mûr » (''immaturus juvenis''). Tous ces enfants ont dû naître de [[955]] à [[980]], et dès lors il est invraisemblable que leur père eût vu le jour dès 919. La première mention que l'on rencontre de Sigefroid ne remonte qu'à 959. Le problème de chronologie peut cependant se résoudre si on suppose que Sigefroid s'est marié à un âge tardif (environ quarante ans) avec une femme beaucoup plus jeune, qu'il a encore eu des enfants à la soixantaine, qu'il est mort à plus de quatre-vingts ans et que ses enfants eurent également une longue vie.
En outre, des mariages furent conclus entre des descendants de Sigefroid et des descendants de Wigéric. [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]], fils de Sigefroid, épouse la petite-fille de Gerberge. [[Léon Vanderkindere]] a vu dans cette Gerberge probablement une fille de Gozlin, et doute une proche parente de [[Godefroy Ier de Verdun|Godefroid]]. L'argument tombe cependant si on considère Gerberge comme une sœur du vice-duc de [[Basse-Lotharingie]] [[Godefroy de Basse-Lotharingie|Godefroid]] et une fille d'un autre Godefroid.


Dans une charte datée de 1037, Adalbéron de Trèves appelle une Judith, femme du duc [[Adalbert de Lorraine|Adalbert]], sa tante paternelle (''amita''). On devrait donc voir en elle une sœur du comte de Luxembourg Sigefroid. Or Judith fit encore en [[1037]] une donation à Saint-Mathieu, près de Trèves. Elle a donc vécu beaucoup trop tard pour pouvoir être considérée comme fille de Wigéric. Cependant la charte d'Adalbéron n'est pas authentique, car Adalbert n'était pas duc en 1037 et en outre Judith pourrait être un parent de Hedwige, la femme de Sigefroid, qui aurait été beaucoup plus jeune que lui.
Il faut également considérer l'âge des enfants de Sigefroid. Wigéric était mort entre 916 et 919. La date la plus reculée qu'on puisse assigner à la naissance de Sigefroid, en le supposant fils de Wigéric, ne peut donc être éloignée de 919. Or, son fils [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] est mort en [[1019]] ; son fils [[Henri V de Bavière|Henri]], [[Liste des ducs de Bavière|duc de Bavière]], en [[1026]] ; son fils [[Thierry de Luxembourg|Thierry II de Metz]] en [[1047]] ; [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]], femme de Henri&nbsp;II, née vraisemblablement après 978, vécut jusqu'en [[1033]] ; Giselbert, fils de Sigefroid, fut tué à [[Pavie]], jeune encore, en [[1004]], et Adalbéron de [[Trèves (Allemagne)|Trèves]] est en [[1008]] qualifié par Thietmar de « jeune homme pas encore mûr » (''immaturus juvenis''). Tous ces enfants ont dû naître de [[955]] à [[980]], et dès lors il est invraisemblable que leur père eût vu le jour dès 919. La première mention que l'on rencontre de Sigefroid ne remonte qu'à 959. Le problème de chronologie peut cependant se résoudre si on suppose que Sigefroid s'est marié à un âge tardif (environ quarante ans) avec une femme beaucoup plus jeune, qu'il a encore eu des enfants à la soixantaine, qu'il est mort à plus de quatre-vingts ans et que ses enfants eurent également une longue vie.


Avec toutes les objections écartées, on peut conclure que Sigefroid était, vraiment, fils de Wigéric et Cunégonde.
Dans une charte datée de 1037, Adalbéron de Trèves appelle une Judith, femme du duc [[Adalbert de Lorraine|Adalbert]], sa tante paternelle (''amita''). On devrait donc voir en elle une sœur du comte de Luxembourg Sigefroid. Or Judith fit encore en [[1037]] une donation à Saint-Mathieu, près de Trèves. Elle a donc vécu beaucoup trop tard pour pouvoir être considérée comme fille de Wigéric. Cependant la charte d'Adalbéron n'est pas authentique, car Adalbert n'était pas duc en 1037 et en outre Judith pourrait être issue d'un second mariage de Hedwige, épouse de Sigefroid.


== Biographie ==
On suggère aussi parfois que Sigefroid serait issu d'un troisième mariage de [[Cunégonde de France|Cunégonde]], contracté après le décès de Ricuin ([[923]])<ref>{{Ouvrage | prénom1 = Gilbert | nom1 = Trausch | directeur1 = oui | prénom2 = Claude | nom2 = Gengler | prénom3 = Michel | nom3 = Margue | prénom4 = Jeannot | nom4 = Metzler | prénom5 = Gilbert | nom5 = Trausch | titre = Histoire du Luxembourg, le destin européen d'un « petit pays » | éditeur = éditions Privat | lieu = Toulouse | année = 2002 | mois = novembre | pages totales = 333 | isbn = 978-2-7089-4773-3 | isbn10 = 2-7089-4773-7}}, p. 91.</ref>. Cependant, il y a peu de raisons de compliquer les choses en donnant à Cunegonde un troisième mari.

Donc, le consensus selon lequel Sigefroid était fils de Wigeric et Cunegonde est valide.

==Biographie== diogo


Sigefroid possédait des biens en [[Haute-Lotharingie]] (qu'il reçut peut-être de son supposé père Wigéric de Bidgau). Afin de les protéger efficacement, il fit construire en [[963]] au centre de ses domaines une forteresse, qui est le château de [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]]. Une ville se créa rapidement autour du château.
Sigefroid possédait des biens en [[Haute-Lotharingie]] (qu'il reçut peut-être de son supposé père Wigéric de Bidgau). Afin de les protéger efficacement, il fit construire en [[963]] au centre de ses domaines une forteresse, qui est le château de [[Luxembourg (ville)|Luxembourg]]. Une ville se créa rapidement autour du château.
Ligne 68 : Ligne 64 :


== Union et postérité ==
== Union et postérité ==
Sigefroid épousa vers [[950]] Hedwige (937-992)
Sigefroid épousa vers [[955]] Hedwige. Ils avaient eu :
* [[Henri V de Bavière|Henri {{Ier}} le Vieux]] († 1026), comte à Luxembourg
* {{noble|Henri V de Bavière|Henri Ier le Vieux}} († 1026), comte à Luxembourg ;
* Sigefroid, cité en 985
* Sigefroid, cité en 985 ;
* [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] († 1019), comte en Moselgau
* [[Frédéric de Luxembourg|Frédéric]] (~965 -6/10/1018), comte en Moselgau ;
* [[Thierry de Luxembourg|Thierry II]] († 1047), [[Liste des évêques de Metz|évêque de Metz]]
* {{noble|Thierry de Luxembourg|Thierry II}} († 1047), [[Liste des évêques de Metz|évêque de Metz]] ;
* Adalbéron (mort après 1037<ref>[http://fmg.ac/Projects/MedLands/LUXEMBOURG.htm#Sigefroidied998 Medieval Lands]</ref>), chanoine puis élu en 1008 archevêque de Trêves
* Adalbéron (mort après 1037<ref>[http://fmg.ac/Projects/MedLands/LUXEMBOURG.htm#Sigefroidied998 Medieval Lands].</ref>), chanoine puis élu en 1008 [[Liste des évêques et archevêques de Trèves|archevêque de Trêves]] ;
* Gislebert († 1004), comte en Moselgau
* Gislebert († 1004), comte en Moselgau ;
* [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]], mariée à [[Henri II du Saint-Empire|Henri II]], [[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur romain germanique]]
* [[Cunégonde de Luxembourg|Cunégonde]] (~975 Wettenberg - † 3/3/1033 Kaufungen), mariée à {{noble|Henri II du Saint-Empire|-}}, [[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur romain germanique]] ;
* Ève, mariée à Gérard III de Bouzonville<ref>[http://gw0.geneanet.org/index.php3?b=dhunebourg37&lang=de;pz=vincent;nz=hombourger;ocz=0;p=gerard;n=de+bouzonville 1260 ans d'Histoire par Daniel Hombourger, les Mérovingiens d'hier et d'aujourd'hui, 4-2. Gérard de Bouzonville ]</ref>, [[Liste des comtes de Metz|comte de Metz]]
* Ève, mariée à {{noble-|Gérard III}} de Bouzonville<ref>[http://gw0.geneanet.org/index.php3?b=dhunebourg37&lang=de;pz=vincent;nz=hombourger;ocz=0;p=gerard;n=de+bouzonville 1260 ans d'Histoire par Daniel Hombourger, les Mérovingiens d'hier et d'aujourd'hui, 4-2. Gérard de Bouzonville].</ref>, [[Liste des comtes de Metz|comte de Metz]] ;
* Ermentrude, abbesse
* Ermentrude, abbesse ;
* [[Luitgarde de Luxembourg|Luitgarde]], mariée à [[Arnould de Hollande|Arnould {{Ier}}]], [[Liste des comtes de Hollande|comte en Frise occidentale]]
* [[Luitgarde de Luxembourg|Luitgarde]] (~ 955 Bruxelles - ), mariée à {{noble|Arnould de Hollande|Arnould Ier}}, [[Liste des comtes de Hollande|comte en Frise occidentale]] ;
* une fille, mariée à [[Thietmar (margrave de la Marche de l’Est saxonne)]].
* une fille, mariée à [[Thietmar (margrave de la Marche de l’Est saxonne)]].


Ligne 86 : Ligne 83 :


== Sources ==
== Sources ==
* {{Ouvrage | prénom1 = Léon | nom1 = Vanderkindere | lien auteur1 = Léon Vanderkindere | titre = La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge | éditeur = H. Lamertin | lieu = Bruxelles | année = 1902 | réimpression = 1981 | volume = II | pages totales = 88 | passage = 328-333 | lire en ligne = http://digistore.bib.ulb.ac.be/2006/DL2632839_002_f.pdf}}
* {{Ouvrage | prénom1 = Léon | nom1 = Vanderkindere | lien auteur1 = Léon Vanderkindere | titre = La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge | éditeur = H. Lamertin | lieu = Bruxelles | année = 1902 | réimpression = 1981 | volume = {{II}} | pages totales = 88 | passage = 328-333 | lire en ligne = http://digistore.bib.ulb.ac.be/2006/DL2632839_002_f.pdf}}.
* {{Ref-Lefort-Luxembourg}}
* {{Ref-Lefort-Luxembourg}}.


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* {{Autorité}}
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}


{{Palette|Souverains de Luxembourg}}
{{Palette|Souverains de Luxembourg}}
Ligne 96 : Ligne 95 :


{{DEFAULTSORT:Luxembourg, Sigefroid}}
{{DEFAULTSORT:Luxembourg, Sigefroid}}
[[Catégorie:Maison d'Ardennes]]
[[Catégorie:Maison d'Ardennes du haut Moyen Âge]]
[[Catégorie:Comte de Luxembourg|Sigefroid]]
[[Catégorie:Comte de Luxembourg|Sigefroid]]
[[Catégorie:Personnalité du haut Moyen Âge par nom]]
[[Catégorie:Naissance en 922]]
[[Catégorie:Naissance en 922]]
[[Catégorie:Décès en 998]]
[[Catégorie:Décès en 998]]

Dernière version du 22 avril 2023 à 02:55

Sigefroid de Luxembourg
Illustration.
Titre
Comte de Luxembourg
Prédécesseur fondation du comté
Successeur Henri Ier
Biographie
Dynastie Maison d'Ardenne
Date de naissance v.922
Date de décès
Père Wigéric de Bidgau ?
Mère Cunégonde de France ?
Conjoint Hedwige (937-992)

Sigefroid[1], né vers 930/940 et mort en 998, fut le premier comte d'un territoire qui allait devenir le comté de Luxembourg il était le fils de Wigéric, comte de Bigdau, puis comte palatin de Lotharingie, et de Cunégonde, petite-fille du carolingien Louis II le Bègue.

La plupart des auteurs[2],[3] pensent que Sigefroid est le fils de Wigéric de Bidgau. Cette filiation est déduite d'un tableau généalogique dressé au XIe siècle en vue de rattacher à la race carolingienne une fille de Sigefroid, Cunégonde, femme du roi Henri II. Ce tableau indique comme mère de Sigefroid Cunégonde, fille d'Ermentrude et petite-fille de Louis le Bègue. Or, l'épouse de Wigéric s'appelait également Cunégonde.

D'autres arguments soutiennent cette thèse. Dans un diplôme en faveur de l'église Saint-Lambert de Liège, le roi Charles nomme nepotem l'évêque Adalbéron. Si la sœur de Charles, Ermentrude, est bien la grand-mère d'Adalbéron, l'emploi de ce terme peut être expliqué, même si ses significations les plus courantes sont « neveu » (au sens strict) et « petit-fils », car Charles le Simple n'avait pas de sœur ou de fille nommée Cunégonde. Léon Vanderkindere conteste néanmoins cet argument et avance de nepos pourrait simplement signifier « cousin ». Cependant, la balance des preuves est contre cela.

Ensuite, les noms utilisés chez les descendants de Sigefroid se retrouvent également dans la maison d'Ardenne : Sigefroid a ainsi des filles nommées Cunégonde et Liutgarde et des fils nommés Adalbéron, Frédéric et Giselbert.

Une lettre de 985 de Gerbert d'Aurillac à l'impératrice Théophano Skleraina mentionne un comte Sigefroid en tant que patruus, c'est-à-dire « oncle paternel », de Godefroid le Captif. Ce comte Sigefroid serait donc un frère de Gozlin.

Enfin, il est possible que Sigefroid soit la même personne que le Sigebert mentionné dans plusieurs documents comme le frère de Gozlin.

Vanderkindere soutient que la chronologie s'oppose à cette généalogie. Adalbéron est devenu évêque en 929, rendant improbable sa naissance après 910. Il fait également valoir que Louis II et Adélaïde se sont mariés vers 878, conduisant à une situation extrêmement serrée. Cependant, ils peuvent s'être mariés dès 870, rendant l'argument invalide.

Un autre argument est l'antagonisme constant qui existe entre les descendants de Wigéric et ceux de Sigefroid : on sait que Henri III, dans sa lutte contre Godefroid le Barbu, se tourna vers Frédéric de Luxembourg et lui confia le duché de Basse-Lotharingie ; mais déjà sous Henri II, Godefroy Ier fut appelé à lutter contre le comte Gérard, qui avait épousé Éva, fille de Sigefroid. Dans le Methingowe et dans le Bidgau, Sigefroid lui-même s'agrandit aux dépens de Godefroid de Verdun. Cependant, cet argument n'est pas valide car il n'était pas inconnu pour parents, même les proches, d'être des ennemis.

Vanderkindere soutient également que mariages furent conclus entre des descendants de Sigefroid et des descendants de Wigéric. Frédéric, fils de Sigefroid, épouse la petite-fille de Gerberge. Léon Vanderkindere a vu dans cette Gerberge probablement une fille de Gozlin, et doute une proche parente de Godefroid. L'argument tombe cependant considérant Gerberge étant, en fait, une sœur du vice-duc de Basse-Lotharingie Godefroid et une fille d'un autre Godefroid.

Il faut également considérer l'âge des enfants de Sigefroid. Wigéric était mort entre 916 et 919. La date la plus reculée qu'on puisse assigner à la naissance de Sigefroid, en le supposant fils de Wigéric, ne peut donc être éloignée de 919. Or, son fils Frédéric est mort en 1019 ; son fils Henri, duc de Bavière, en 1026 ; son fils Thierry II de Metz en 1047 ; Cunégonde, femme de Henri II, née vraisemblablement après 978, vécut jusqu'en 1033 ; Giselbert, fils de Sigefroid, fut tué à Pavie, jeune encore, en 1004, et Adalbéron de Trèves est en 1008 qualifié par Thietmar de « jeune homme pas encore mûr » (immaturus juvenis). Tous ces enfants ont dû naître de 955 à 980, et dès lors il est invraisemblable que leur père eût vu le jour dès 919. La première mention que l'on rencontre de Sigefroid ne remonte qu'à 959. Le problème de chronologie peut cependant se résoudre si on suppose que Sigefroid s'est marié à un âge tardif (environ quarante ans) avec une femme beaucoup plus jeune, qu'il a encore eu des enfants à la soixantaine, qu'il est mort à plus de quatre-vingts ans et que ses enfants eurent également une longue vie.

Dans une charte datée de 1037, Adalbéron de Trèves appelle une Judith, femme du duc Adalbert, sa tante paternelle (amita). On devrait donc voir en elle une sœur du comte de Luxembourg Sigefroid. Or Judith fit encore en 1037 une donation à Saint-Mathieu, près de Trèves. Elle a donc vécu beaucoup trop tard pour pouvoir être considérée comme fille de Wigéric. Cependant la charte d'Adalbéron n'est pas authentique, car Adalbert n'était pas duc en 1037 et en outre Judith pourrait être un parent de Hedwige, la femme de Sigefroid, qui aurait été beaucoup plus jeune que lui.

Avec toutes les objections écartées, on peut conclure que Sigefroid était, vraiment, fils de Wigéric et Cunégonde.

Sigefroid possédait des biens en Haute-Lotharingie (qu'il reçut peut-être de son supposé père Wigéric de Bidgau). Afin de les protéger efficacement, il fit construire en 963 au centre de ses domaines une forteresse, qui est le château de Luxembourg. Une ville se créa rapidement autour du château.

Il portait le titre de comte, mais ce fut un de ses descendants, Guillaume qui s'intitula 150 ans plus tard comte de Luxembourg. Il fut également avoué des abbayes Saint-Maximin de Trèves et Saint-Willibrord d'Echternach.

Union et postérité

[modifier | modifier le code]

Sigefroid épousa vers 955 Hedwige. Ils avaient eu :

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Généalogie de Sigefroid de Luxembourg sur le site Medieval Lands.
  2. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 328-333.
  3. Stewart Baldwin, The Henry Project, (lire en ligne).
  4. Medieval Lands.
  5. 1260 ans d'Histoire par Daniel Hombourger, les Mérovingiens d'hier et d'aujourd'hui, 4-2. Gérard de Bouzonville.
  • Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 328-333.
  • Alfred Lefort, La Maison souveraine de Luxembourg, Reims, Imprimerie Lucien Monge, , 262 p. [détail de l’édition].

Liens externes

[modifier | modifier le code]