Langues algonquiennes
Les langues algonquiennes[2],[3] sont une famille de langues parlées en Amérique du Nord, pratiquées par les Algonquiens et qui incluent la plupart des langues de la famille algique (les autres étant le wiyot et le yurok du nord-ouest de la Californie). Il ne faut pas confondre les langues algonquiennes avec l'algonquin, qui est l'une des nombreuses langues algonquiennes.
Langues algonquiennes | |
Région | Amérique du Nord |
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Classification par famille | |
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Codes de langue | |
ISO 639-2 | alg[1]
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Glottolog | algo1257
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Carte | |
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Avant la colonisation européenne des Amériques, les peuples parlant les langues algonquiennes s'étendaient de la côte est de l'Amérique du Nord jusqu'aux Montagnes Rocheuses.
Famille
modifierCette famille peut se diviser sommairement en trois sous-familles majeures :
Branche dite des plaines
modifierBranche centrale
modifier- Chaîne dialectale
- cri
- atikamekw
- innu-aimun (montagnais)
- naskapi
- kickapoo
- menominee
- mesquakie, aussi appelé sauk et fox
- miami-illinois (†)
- potawatomi
- shawnee
- ojibwé qui forme une chaîne dialectale avec
Branche orientale
modifier- Inteligibles dans la Confédération Wabanaki
- nipmuck (†)
- delaware
- quiripi (†)
- powhatan (†) et nanticoke (†)
- mohican (†)
- mohegan (†)
- narragansett (†), montauk et wampanoag
- massachusett (†)
Le groupe pourrait également inclure la langue disparue beothuk de Terre-Neuve, même si les indices sont rares. L'etchemin et le langage pré-colonial des Lumbee étaient peut-être des langues algonquiennes, mais dans les deux cas la documentation est quasi inexistante.
La famille des langues algonquiennes est renommée pour sa morphologie complexe et son système de verbes sophistiqué. Des phrases qui prennent un nombre important de mots en français peuvent s'exprimer en un seul « mot ». Par exemple, « Il est entendu par des puissances supérieures » se dit en menominee « enae:ni:hae:w » ; « cela nous effraie » se traduit en Cree des Plaines par « kāstāhikoyahk ». Typiquement, les langues de cette famille utilisent au moins deux troisièmes personnes distinctes, afin que les locuteurs puissent suivre les personnages principaux dans le récit. Elles ont été notamment étudiées par Leonard Bloomfield et Edward Sapir[4]. Beaucoup de ces langues sont gravement menacées, et d'autres ont complètement disparu.
Comme les langues algonquiennes sont parmi les premières que les Européens ont découvertes en Amérique du Nord, elles ont donné aux langues des colons de nombreux mots. Beaucoup d'États de l'Est des États-Unis portent des noms d'origine algonquienne : Massachusetts, Illinois, Michigan, Ohio, Wisconsin, ainsi que de nombreuses villes : Milwaukee, Chicago, etc. Trois provinces canadiennes ont aussi un nom d'origine algonquienne, le Québec, le Manitoba et la Saskatchewan. Le nom de la capitale du Canada provient d'une nation algonquienne, les Outaouais.
Mots d'origine algonquienne
modifier- carcajou (kuekwatsheu) : nom couramment donné en Amérique au glouton.
- maskinongé (littéralement brochet difforme) : poisson apparenté au brochet.
- caribou (voir aussi « caribou des bois »).
- mocassin : chaussure.
- moose « orignal » en anglais uniquement.
- opossum (et « possum » en anglais).
- papoose « enfant d'Amérindien ».
- pacane ou noix de pécan en français (« pecan » en anglais, pakan via le langage mobile) : noix.
- pemmican.
- persimmon en anglais qui signifie « plaqueminier » ou « kaki ». Le mot persimmon dérive de putchamin, pasiminan, ou pessamin, du Powhatan, relié au Blackfoot, Cri et Mohican signifiant « un fruit sec »[5].
- pone (pain de maïs en anglais) (Powhatan appoans) : pain.
- Potawatomi.
- powwow dérive d'un mot narragansett powwaw signifiant « leader spiritual ».
- quahog.
- racoon (ou raccoon en anglais) : raton laveur, dérive de l'algonquin ärähkun ou ahrah-Koon-em - (d'autres transcriptions existent) qui est la prononciation utilisée par le Chef Powhatan et sa fille Pocahontas pour l'animal, qui signifie « celui qui dérobe, frotte et érafle avec ses mains »[6].
- sachem dérive de l'algonquin central hākimāw: ogimaa en ojibwé[7]; et écrit ogimà en algonquin[8], gimaa en Ottawa[9], wgema en potawatomi; anglicisé sous la forme d'Ogema.
- skunk en anglais (signifiant mouffette en français) dérive d'un mot abénaki, segongw, segonku, qui signifie « celui qui éjecte ». De shekãkwa : pulvérisation d'eau malodorante.
- squash en anglais (signifiant courge en français), de askootaskwash) : fruit de la santé/vie.
- squaw qui signifie « femme ».
- succotash est un mot qui dérive de msikwatash : aliments mélangés, plat de maïs traditionnel de nombre de célébrations de Thanksgiving.
- toboggan (otoban) qui signifie à proprement parler « traîne », traîneau sans patins fait de planches de bois minces recourbées à l’avant (on le désigne encore aujourd'hui chez les Québécois comme « traîne sauvage »).
- tomahawk de tomah'hauk : hache de guerre[10].
- wampum de wapapyaki : biens commerciaux, est une corde ou une ceinture.
- wapiti (wapitik) : daim blanc ; grand cerf d'Amérique du Nord et de Sibérie.
- wigwam (wikiwam) : hutte ou tente des Amérindiens.
- woodchuck dérive de wuchak.
Noms d'origine algonquienne
modifier- Chicago du mot Illinois-Miami sikaakwa, déformé par les Français en « Checagou » ou « Checaguar », qui signifie « oignon sauvage »[11]. Selon Serge Bouchard anthropologue, le mot chicago désigne une moufette en Ilnu. Les Ilnus appelaient la ville ainsi parce qu'elle empestait littéralement. D'ailleurs pour régler les problèmes de salubrité de cette ville, on a dû creuser le Canal Chicago qui détourna les eaux de la Rivière Chicago qui se jetaient alors dans le Lac Michigan pour les rediriger vers le bassin du Mississippi.
- Massachusetts signifie « un endroit d'une grande colline ».
- Ottawa (adawe): c'est-à-dire « commercer ». C'est le nom qu'on donnait au peuple qui contrôlait le commerce sur la rivière.
- Québec (kebek): la région qui entourait la ville de Québec, terme qui décrit un « passage étroit » ou un « détroit », soit le rétrécissement du fleuve au cap Diamant.
Code
modifierNotes et références
modifier- code générique, correspondant aux langues algonquiennes.
- Dictionnaire historique du français québécois sous la direction de Claude Poirier.
- Au Canada, on différencie Algonquien, terme utilisé pour désigner un ensemble de nations amérindiennes apparentées par la langue (famille algonquienne), et Algonquin, qui désigne spécifiquement l'un de ces peuples, ainsi que leur langue, ce que les néophytes ne font habituellement pas. Voir notamment [1] et [2].
- Emmanuel Désveaux et Michel De Fornel, « De l'Ojibwa au Dakota : pour une analyse transformationnelle des langues amérindiennes », Journal de la Société des américanistes, vol. 92, nos 1/2, , p. 165-201 (ISSN 0037-9174, lire en ligne)
- (en) Mish, Frederic C., Éditeur in Chef Webster's Ninth New Collegiate Dictionary Springfield, Massachusetts, U.S.A. : 1984 -Merriam-Webster Page 877
- (en) Holmgren, Virginia C. (1990). « Raccoons in Folklore, History and Today's Backyards ». Page 23, Santa Barbara, California: Capra Press. (ISBN 978-0-88496-312-7)
- (en) Nichols, John, and Earl Nyholm. (1995). A Concise Dictionary of Minnesota Ojibwe. Minneapolis: University of Minnesota Press
- (en) Mcgregor, Ernest. (1994). Algonquin Lexicon. Maniwaki, QC: Kitigan Zibi Education Council.
- (en) Rhodes, Richard A. (1985). Eastern Ojibwa-Chippewa-Ottawa Dictionary. Berlin: Mouton de Gruyter.
- d'après l'Encyclopédie des symboles La Pochothèque, Le livre de poche, (ISBN 2-253-13010-9)
- (en) Michael McCafferty, A Fresh Look at the Place Name Chicago
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- (fr) Article d'introduction sur la phonologie du proto-algonquien en français
- (fr) Les langues autochtones du Québec
- (en) Les langues algonquiennes dans ethnologue.com
- (en) La famille des langues algonquiennes
- (en) Ressources linguistiques algonquiennes
- (fr) Grammaire algonquine ou des sauvages de l'Amérique septentrionale, avec la description du pays, journaux de voyages, mémoires, remarques sur l'histoire naturelle. Manuscrit / composé à ce qu'il paraît en 1672, 1673, 1674 par Louis Nicolas, prêtre missionnaire.