[go: nahoru, domu]

Kōsen-rufu (広宣流布?) ou kosen rufu est une expression figurant dans la traduction japonaise du Sutra du lotus, et communément traduite par « proclamer et répandre largement »[1]. Elle définit le prosélytisme propre au bouddhisme Nichiren.

Origine

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La propagation, ou transmission de l'enseignement, appartient à la tradition mahayana. Ainsi dans le chapitre XXIII, dit chapitre Yakuo[2], le Bouddha après avoir fait l'éloge du Sûtra du Lotus[3] s'adresse au bodhisattva Fleur-souveraine-Constellation (une femme selon la traduction en référence) : « Quand je serai entré dans l'état d'extinction dans la dernière période de cinq cents ans, il te faudra le propager largement en terres étrangères, et à travers tous le Jambuvipa, sans le laisser jamais disparaître […] tu devras utiliser tes pouvoirs transcendentaux pour veiller sur ce Sûtra et le protéger. »[4]

Nichiren Daishonin (1222-1282) va accorder une grande importance à ce concept : « Il est dit dans le septième volume du Sūtra du Lotus : “Dans la cinquième période de cinq cents ans après ma mort, accomplissez kōsen-rufu dans le monde entier et ne laissez jamais son flot tarir”. »[5] . Il considère que cela permettra de faire revenir le pays à un âge d'or semblable à celui de Fu Xi ou de Shen Nong[6], (des rois légendaires chinois qui auraient permis des découvertes exemplaires au service de leurs peuples), où « [Tous] jouiront de la paix et de la sécurité dans leur existence présente. »[7]

Le Kosen-Rufu et la Soka Gakkai

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Josei Toda (1900-1958), second président de l'organisation bouddhiste controversée Soka Gakkai, lui donnera une connotation plus contemporaine, et l'interprétera comme « bonheur humain et la paix mondiale en général »[8].

Comme Nichiren, Toda considère que les maux de son temps (catastrophe nucléaire, famine d'après-guerre…) proviennent d'un irrespect des enseignements du bouddhisme. Il engage un vaste mouvement de propagation du bouddhisme de Nichiren, proclamant : « Quand la Loi se sera propagée largement, le Japon entier récitera Nam-myōhō-renge-kyō, aussi sûrement qu’une flèche pointée vers la terre ne peut manquer sa cible. »[9].

D'après Toda, une estrade d'ordination (le kaidan) serait érigée lorsque le kosen rufu serait réalisé et que tout le Japon serait adepte du bouddhisme de Nichiren. Certains ont alors dénoncé un exclusivisme dénonciateur des autres obédiences bouddhiques. L'une des méthodes employées pour ces conversions, le shakubuku, a aussi crée de fortes oppositions [10] (voir : la Soka Gakkaï s'est fait des ennemis et la conviction de Joseï Toda).

En 1970, la Soka Gakkaï renonce officiellement à la construction d'un Grand Sanctuaire national[11]. La référence au Kaïdan en tant qu'estrade d'ordination disparaît alors de son discours.

Notes et références

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  1. Traduction René de Berval (trad. de l'anglais), Dictionnaire du Bouddhisme : Termes et concepts, Monaco/Paris, Editions du Rocher, , 602 p. (ISBN 2-268-01122-4), p. 262.
  2. « DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES Yakuo bosatsu : bodhisattva Roi-des-remèdes ou Roi-de-la-médecine. », sur nichiren-etudes.net.
  3. Traduction en anglais de Burton Watson puis en français par Sylvie Servan-Schreiber et Marc Albert (trad. du chinois), Le Sûtra du Lotus : chapitre XXIII, Les actes antérieurs du boddhisttva Roi-de-la-Médecine, Paris, Les Indes Savantes, , 326 p. (ISBN 978-2-84654-180-0), p. 272 : « ce sûtra est roi parmi tous les sûtras. […] Si quelqu'un est en mesure d'entendre ce Sûtra du Lotus, s'il le copie lui-même ou le fait copier par d'autres, les bienfaits qu'il en obtiendra seront tels que toute la sagesse du Bouddha ne suffirait pas à en calculer l'étendue. ».
  4. Traduction en anglais de Burton Watson puis en français par Sylvie Servan-Schreiber et Marc Albert (trad. du chinois), Le Sûtra du Lotus, Paris, Les Indes Savantes, , 321 p. (ISBN 978-2-84654-180-0), p. 273-274.
  5. Lettres et traités de Nichiren Daishonin. Volume I, ACEP, , 386 p. (ISBN 2-9507206-0-9), « Sur les prédictions du Bouddha », p. 119.
  6. [1] Urbain Olivier, Daisaku Ikeda's philosophy of peace: Human revolution, dialogue and global civilization. Editions Bradford University. P57 "The time will come when all people will abandonthe various kinds of vehicles and take up the single vehicle of Buddhahood, and the Mystic Law alone will flourish throughout the land. When the people all chant Nam-myoho-renge-kyo, the wind will no longer buffet the branches, and the rain will nolonger break the clods of soil. The world will become as it was in the ages of Fu Hsi and Shen Nung" (WND 1999: 392)
  7. Nchiren (trad. Marc Tardieu sous la direction de Nicole Gira et Dennis Gira), Les Écrits de Nichiren : ÉCRIT 42, Sur la pratique telle que le Bouddha l'enseigne, , 1300 p. (ISBN 978-4-88417-029-5, lire en ligne), p. 396.
  8. (en) Urbain Olivier, Daisaku Ikeda's philosophy of peace : Human revolution, dialogue & global civilization, Bradford, University of Bradford, (lire en ligne), p. 88 ..for Toda it was enlarged to mean human happiness and world peace in general….
  9. Nichiren, Les Écrits de Nichiren : La réalité ultime de tous les phénomènes, (lire en ligne), p. 386.
  10. (en) Kiyoaki Murata, Japan's New Buddhism, New York, Walker Weatherhill, , p. 115 : « Lorsque kosen rufu sera achevé ou sur le point de l'être, tous les hommes, qu'ils soient hommes d'affaires, journalistes, cinéastes, gouvernants, qu'ils soient au sommet de la hiérarchie ou simples portiers, tous auront compris la valeur du Gohonzon. Il y aura des membres de la Diète parmi ces personnes et ils présenteront une pétition pour la construction du Honmon no Kaidan qui sera approuvé par la Diète. Alors l'empereur comprendra le grand bienfait divin du Gohonzon. Et alors kosen rufu sera achevé. ».
  11. Hiroshi Aruga sous la direction de David Machacek et Bryan Wilson (trad. de l'anglais), Citoyens du monde, Oxford, L'Harmattan, , 308 p. (ISBN 2-7475-6710-9), p. 87 et 143.