[go: nahoru, domu]

La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »)

livre de Lénine

La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») (en russe Детская болезнь «левизны» в коммунизме, Detskaïa bolezn' «levizny» v kommounizme) est un livre de Lénine achevé le et portant initialement le sous-titre suivant : Essai de causerie populaire sur la stratégie et la tactique marxistes (sous-titre supprimé dans la plupart des éditions[1],[2]).

La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »)
Couverture de l'édition en anglais de 1920, The Infantile Sickness of 'Leftism' in Communism
Titre original
(ru) Детская болезнь "левизны" в коммунизмеVoir et modifier les données sur Wikidata
Langue
Auteur
Genre
Critique sociale (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sujet
Date de parution
Lieu de publication
ISBN 10
85-7277-048-8Voir et modifier les données sur Wikidata
ISBN 13
978-85-7277-048-4Voir et modifier les données sur Wikidata

Contenu

modifier

Dans cet essai, Lénine critique durement la stratégie suivie par une partie des communistes, membres de la Troisième Internationale, notamment les Hollandais, les Allemands, les Anglais et les Italiens. Leur ligne de refus de participation aux syndicats et aux élections, en régime de démocratie parlementaire, lui semble relever de la plus pure « puérilité » : au nom de la sauvegarde de la pureté et de la virginité des principes, il faudrait donc se priver de ces tribunes alors que l'immense majorité de la population travailleuse y croit encore.

Lénine donne sa logique de l'enchaînement des événements révolutionnaires et notamment les grands traits de sa vision stratégique. Il exprime sa vision de la lutte politique en vue d'une prise de pouvoir.

Dans quel sens peut-on parler de la portée internationale de la Révolution russe ?

modifier

Dans le premier chapitre, Lénine décrit que la Révolution d'octobre possède une «portée» internationale «au sens étroit du mot» dans la mesure où son action «montre à tous les pays quelque chose de tout à fait essentiel, de leur inévitable et prochain avenir»[3]. Cette valeur internationale s'applique aux principes de la théorie et de la tactique bolchévique.

Lénine accuse aussi les chefs de l'Internationale ouvrière, notamment Karl Kautsky en Allemagne, Otto Bauer et Friedrich Adler en Autriche, de s'être « révélé des réactionnaires, les défenseurs du pire opportunisme et de la social-trahison » en rejetant le bolchevisme[3]. Le chapitre se termine en citant un article intitulé Les Slaves et la révolution écrit par Kautsky pour le journal Iskra en 1902. Dans cet article, Kautsky fait l'éloge du mouvement révolutionnaire russe naissant :

« […] En 1848, les Slaves furent ce gel rigoureux qui fit périr les fleurs du printemps populaire. Peut-être leur sera-t-il donné maintenant d'être la tempête qui rompra la glace de la réaction et apportera irrésistiblement un nouveau, un radieux printemps pour les peuples »

— Karl Kautsky, « Les Slaves et la révolution », Iskra n° 18, 10 mars 1902

L'extrait sert à relever l'inconsistance de la ligne de Kausky qui rejette désormais l’exemple de la révolution d'Octobre.

Une des conditions essentielles du succès des bolcheviks

modifier
 
Le Bolchevik, de Boris Koustodiev.

Le second chapitre porte principalement sur l'importance de la discipline comme fondement de l'organisation révolutionnaire. Lénine indique que les bolcheviques « ne se seraient pas maintenu au pouvoir « sans la discipline la plus rigoureuse [et] l'appui total et indéfectible accordé [au parti] par la masse de la classe ouvrière »[4]. Cette discipline est d'autant plus nécessaire dans la mesure où la bourgeoisie, « dont la résistance est décuplée du fait de son renversement », possède, en plus de ces liens internationaux, «la force de l'habitude ». Cette force de l'habitude réside dans la petite production « qui engendre le capitalisme et la bourgeoisie constamment, chaque jour, à chaque heure, d'une manière spontanée et dans de vastes proportions »[4]. Cette conjoncture exige une grande centralisation et justifie la dictature du prolétariat comme une des conditions essentielles pour vaincre la bourgeoisie[4].

Lénine décrit le bolchévisme comme un véritable courant de pensée et un parti politique qui prend ses origines de la scission de 1903 dans le Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Il liste les conditions nécessaires pour cimenter la discipline dans le parti révolutionnaire :

  • « […] la conscience de l'avant-garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme »
  • « son aptitude à se lier, à se rapprocher et […] à se fondre jusqu'à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. »
  • « la justesse de la direction politique réalisée par cette avant-garde, la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les plus grandes masses se convainquent de cette justesse par leur propre expérience »[4]

De plus, le processus révolutionnaire est décrit comme né d'un « long travail et d'une dure expérience ». Ce processus a été facilité par une théorie révolutionnaire juste, le marxisme, « qui n'est pas un dogme » et par les particularités historiques de la Russie tsariste[4]. Lénine explique ensuite l'émergence de la théorie révolutionnaire en Russie, fruit d'un « demi-siècle de souffrances et de sacrifices inouïs, d'héroïsme révolutionnaire sans exemple, d'énergie incroyable, d'abnégation dans la recherche et l'étude, d'expériences pratiques, de déceptions, de vérification, de confrontation avec l'expérience de l'Europe ». L'émigration imposée par le tsarisme aura permis au révolutionnaires russes d'être « infiniment plus riche en relations internationales, infiniment mieux renseignée qu'aucun autre pays sur les formes de théories du mouvement révolutionnaire dans le monde entier »[4]. Enfin, la conjoncture politique de la Russie au début du XXe siècle a permis aux révolutionnaire d'être confrontés à une « concentration [sans précédant] de formes, de nuances, de méthodes, dans la lutte de toutes les classes »[4].

Plan de l'ouvrage

modifier

Relativement court, l'ouvrage se compose de dix chapitres et de cinq annexes :

  1. Dans quel sens peut-on parler de la portée internationale de la Révolution russe ?
  2. Une des conditions essentielles du succès des bolcheviks.
  3. Principales étapes de l'histoire du bolchévisme.
  4. Dans la lutte contre quels ennemis au sein du mouvement ouvrier le bolchévisme s'est-il développé, fortifié, aguerri ?
  5. Le communisme de « gauche » en Allemagne. Dirigeants, parti, classe, masse.
  6. Les révolutionnaires doivent-ils militer dans les syndicats réactionnaires ?
  7. Faut-il participer aux parlements bourgeois ?
  8. Jamais de compromis ?
  9. Le communisme de « gauche » en Angleterre.
  10. Quelques conclusions.

Annexes

  1. La scission des communistes allemands.
  2. Communistes et indépendants en Allemagne.
  3. Turati et Cie en Italie.
  4. Conclusions fausses de prémisses justes.
  5. (sans titre)

Critique

modifier

Le communiste anti-léniniste Otto Rühle a sévèrement critiqué le contenu de cette brochure :

« un écrit polémique plein de poison et de bile, agressif, grossier, un tissu de fausses interprétations, de suspicion et de falsifications […] un vrai régal pour tout contre-révolutionnaire […]. Quand Hitler interdit en Allemagne en 1933 toute la littérature socialiste et communiste, ce fut le seul écrit dont il maintint la publication. Et il savait ce qu’il faisait[5]. »

Édition française

modifier
  • Vladimir Ilitch Lénine, La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), Éditions du Progrès, Moscou, 1979, 184 p. 

Notes et références

modifier
  1. La Maladie infantile du communisme, introduction p. 7. Cette suppression fut opérée dès le vivant de Lénine.
  2. Selon Otto Rühle, ce sous-titre « fut plus tard supprimé parce que le bluff faisait honte. Car s’appuyer sur Marx pour écrire cela, c’était du bluff et rien d’autre. » (Otto Rühle, Lénine combat la Gauche allemande, p. 43).
  3. a et b « La maladie infantile du communisme - I. », sur marxists.org (consulté le )
  4. a b c d e f et g « La maladie infantile du communisme - II. », sur marxists.org (consulté le )
  5. Otto Rühle, Lénine combat la Gauche allemande, p. 43.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier
  • Otto Rühle, Lénine combat la Gauche allemande, 1939, dans Fascisme brun, fascisme rouge, Spartacus, 1975

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier