Abbaye Saint-Germain d'Auxerre
L'abbaye Saint-Germain, à Auxerre, est une ancienne abbaye bénédictine qui tire ses origines de l'oratoire Saint-Maurice, fondé au Ve siècle par saint Germain d'Auxerre, évêque d'Auxerre de 418 à 448.
Abbaye Saint-Germain | |
Vue de l'abbaye Saint-Germain au-dessus des bords de l'Yonne, à Auxerre. | |
Présentation | |
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Culte | Culte catholique |
Type | Abbaye |
Rattachement | Ordre de Saint-Benoît dès 725, Congrégation de Saint-Maur à partir de 1629 |
Début de la construction | Ve siècle |
Protection | Classée MH (1971) |
Site web | www.auxerre.culture.gouv.fr/fr |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Bourgogne-Franche-Comté |
Département | Yonne |
Ville | Auxerre |
Coordonnées | 47° 48′ 02″ nord, 3° 34′ 22″ est |
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Histoire
modifierFondation
modifierSaint Germain d'Auxerre, fondateur et évêque d'Auxerre, fut inhumé le dans l'oratoire modeste qu'il avait fondé en l'honneur de saint Maurice[1]. Avant la fin de ce même siècle, l'oratoire commence à être appelé du nom d'église Saint-Germain[2].
VIe siècle : l'essor
modifierLe véritable essor de l'abbaye date du VIe siècle, lorsqu'elle est reconstruite par la reine Clotilde, deuxième femme de Clovis et princesse de Bourgogne, voulant honorer saint Germain[3], puis au IXe siècle sous le règne de Charles le Chauve[4]. Les moines bénédictins sont attestés dès 725. Une nouvelle église de 100 mètres de longueur est donc construite en 841-865[n 1], en ex-voto de la guérison du comte Conrad[n 2] de la famille des Guelfes et oncle de Charles le Chauve. La translation de la dépouille de saint Germain a lieu en 859 dans la crypte, l'évêque Héribald, bâtisseur de la crypte, y ayant été inhumé en 857. Dès lors, les évêques d'Auxerre y sont enterrés. La crypte est le témoin de cette époque. L'école de Saint-Germain d'Auxerre devient l'une des plus réputées de Francie occidentale et de l'Occident chrétien.
En 815, Saint-Germain comptait jusqu'à six cents moines et le nombre d'étudiants pouvait avoisiner les cinq mille[5]. Le rayonnement intellectuel de l'école d'Auxerre est essentiel dans la période de renaissance carolingienne, grâce à ses maîtres : Murethach, Haymon, Heiric (élève de Loup de Ferrières, qui joua peut-être lui aussi un rôle à Auxerre), et Remi.
Décadence et renouveau du Xe siècle
modifierIl semble que l'abbaye ait été sujette à la décadence au Xe siècle : Lebeuf écrit qu'à l'arrivée d'Héribert à l'épiscopat « ce monastère était si dérangé que depuis longtemps il n'était gouverné que par des prévôts sans abbé »[6].
Héribert, évêque d'Auxerre de 971 à 996, est le demi-frère du roi Hugues Capet et du duc de Bourgogne Henri. De plus Henri aime voir l'ordre régner dans les établissements religieux. Enfin, saint Mayeul est abbé de Cluny et ami personnel de leur père commun Hugues Capet. Henri demande donc à saint Mayeul de faire restaurer la discipline et le respect de la règle à l'abbaye Saint-Germain[7]. Mayeul vient en personne pour ce faire et, une fois ceci accompli, y installe Heldric comme abbé pour lui succéder. Saint-Germain obtient le privilège royal d'élire son abbé en 994. Héribert et son frère Henri seront particulièrement attentifs et généreux envers les besoins de l'abbaye et de son abbé Heldric, qui reçoit d'Héribert une donation de onze églises de son diocèse[6],[n 3].
Des agrandissements et rénovations se succèdent. L'abbaye est profondément transformée au milieu du XIIe siècle, avec une grande nef et un narthex romans, puis deux tours romanes sont bâties sur la façade, dont il ne reste aujourd'hui que la tour sud, dite clocher Saint-Jean. En 1256, les moines de cette abbaye s'associent avec ceux de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun[8] et obtiennent leur indépendance de l'abbaye de Cluny. Saint-Germain, par l'intercession de Alain de Larrivour, avait déjà obtenu d'Anastase IV en une bulle pontificale confirmant l'évêque dans tous ses droits sur l'abbaye (par opposition à l'abbé de Cluny réclamant les prérogatives épiscopales pour ce qui concernait l'abbaye) et, pour lever toute ambiguïté, ordonnant clairement à l'abbaye de ne pas recevoir le bâton abbatial des mains de l'abbé de Cluny[9].
En 1277, l'abbé Jean de Joceval décide d'une réédification en style gothique (à l'emplacement du chœur et de trois travées de la nef) qui se poursuit jusqu'en 1398. Les travaux sont interrompus et ne sont pas achevés. L'abbaye est épargnée par la Guerre de Cent Ans.[réf. nécessaire]
Temps modernes
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Époque contemporaine
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Architecture
modifierLe sol et les bâtiments avec l'ancienne église abbatiale font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [10].
La crypte
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Abbés
modifier- ? - 622 : Pallade d'Auxerre ;
- ? - 886 : Hugues l'Abbé[11] (mort le ) ;
- 894-921 : Richard duc de Bourgogne[12] ;
- ?-? : Heldric[6],[13] (mort en 999), contemporain de saint Sévin évêque de Sens[14] ;
- 1010-1024 : Achard[15]
- 1104 : Hugues de Montaigu, fils de Dalmace de Semur dit le Jeune[n 4] approuve en cette année une charte au bénéfice du prieuré Saint-Marcel de Fleurey-sur-Ouche, signée par le duc Hugues II de Bourgogne[16]. Il deviendra évêque d'Auxerre ;
- 1154 : Arduin, Ardouin, Harduin, Hardouin... ; se fait adresser une bulle du pape Adrien IV lui interdisant le duel judiciaire[n 5],[17] ;
- 1re moitié du XIIIe siècle : Renaud de Jocenal (en vie le )[18] ;
- 1186 : Humbaud obtient de Urbain III un rappel à l'ordre adressé à Hugues de Noyers évêque d'Auxerre concernant les dépenses causées par ce dernier[19] ;
- 1193 : Radulfe (succède à Humbaud), En 1183 il obtient de Célestin III que leur juge ordinaire soit l'évêque de Sens[19] ;
- Raoul (succède à Radulfe)[19] ;
- 1285-1309 : Guy de Munois ;
- 1309-1334 : Gaucher Dignon de Chéu ;
- 1334-1353 : Étienne 1er de Chitry ;
- 1353-1362 : Guillaume Grimoard, futur pape Urbain V ;
- 1362-1381 : Étienne II de Chitry ;
- 1381-1408 : Hugues V de Ballore ;
- 1409-1422 : Jean II de Nanton ;
- 1422/1423-1453 : Hervé de Lugny ;
- 1453-1495 : Hugues VI de Tyard, ou Thiard[20].
Abbés commendataires
modifier- 1540-1568 : Louis de Lorraine[20] ;
- 1568-1591 : François de Beaucaire de Péguillon ;
- 1591-1603 : Pierre du Lyon ;
- 1603-1646 : Octave de Saint-Lary de Bellegarde ;
- 1646-1600 : Armand de Bourbon-Conti ;
- 1600-1661 : Jules Mazarin ;
- 1661-1720 : Charles-François de Loménie de Brienne ;
- 1720-1721 : Henri de Charpin des Halles ;
- 1721-1735 : Jean-Michel de Charpin des Halles, son neveu ;
- 1735-1738 : Jean Bouhier ;
- 1738-1758 : François de Crussol d'Uzès ;
- 1758-1761 : François-Bénigne du Trousset d'Héricourt ;
- 1761-1791 : Jean-Baptiste du Plessis d'Argentré.
Prieurs
modifier- 1731 : dom Léonard Le Texier, grand prieur (1731).
Moines et personnalités notables
modifier- Remi (v. 841-avant 908), maître à l'école de l'abbaye ;
- Heiric (841-v. 876), maître à l'école de l'abbaye, élève de Loup de Ferrières qui joue peut-être lui aussi un rôle à Auxerre ;
- Haymon († v. 865), maître à l'école de l'abbaye ;
- Murethach (IXe siècle), lettré et écolâtre irlandais, maître à l'école de l'abbaye ;
- dom Georges Viole (1598-1669), prieur après 1629, hagiographe, historien, généalogiste, il se retire ici après avoir tenu des responsabilités dans diverses abbayes et y meurt le ;
- dom Jean Thiroux, y meurt le .
Dépendances
modifier- Prieuré Saint-Baudèle de Cessy-les-Bois (Nièvre) ;
- Prieuré Sainte-Cécile de Chatillon-en-Bazois (Nièvre) ;
- Prieuré de Mazilles à Isenay (Nièvre) ;
- Prieuré Saint-Pierre de Decize (Nièvre) ;
- Prieuré Sainte-Marie de La Chapelle-aux-Chasses (Allier) ;
- Prieuré Saint-Valentin de Griselles (Côte-d'Or) ;
- Monastère d'Héry (Yonne).
Terriers, propriétés et revenus
modifierÀ la fin du Xe siècle, l'archevêque (978-999) saint Sevin fait bâtir deux moulins sur l'Armançon, sur un terrain possédé en communauté avec l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. L'abbé de Saint-Germain, Heldric, attaque Sevin en justice pour violation de territoire. Les deux prélats décident de jouer l'affaire en duel et choisissent leurs défenseurs[n 5] avant de trouver un accord de propriété en communauté pour les moulins. Heldric donne alors des reliques de saint Étienne à Sevin[14].
Notes et références
modifierNotes
modifier- L'évêque d'Auxerre, du nom de Chrétien, consacre la nouvelle église en 865.
- Le comte Conrad est le protecteur laïc de l'abbaye.
- Les onze églises données par Héribert à l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre sont : église Saint-Cyr de Perrigny, église Saint-Maurice de Venoy, église Saint-Germain d'Irancy, église Saint-Georges d'Écan, église Saint-Pierre de Praiy, église Saint-Martin de Diges, église Notre-Dame de Baine, église Saint-Germain d'Airy (Héry), église Saint-Loup du faubourg d'Auxerre, église Saint-Martial de Seignelay et église Saint-Pierre de monasterio, probablement de Moutiers-en-Puisaye. Pour certaines de ces églises, dont Héry, Beine et Seignelay, la donation est confirmée par le pape Eugène III en 1152 ; voir Vaast-Barthélemy Henry, Mémoires historiques sur la ville de Seignelay, vol. 1, (lire en ligne), p. 138.
- Hugues de Montaigu est le petit-fils de Dalmace Ier de Semur.
- Le duel judiciaire, auquel les religieux recouraient également pour régler leurs différends, a été interdit par le pape seulement en 1156 dans une mesure poussée par l'abbé Arduin. Voir Henry 1833, p. 148.
Références
modifier- Fondation de l'oratoire - Ve siècle sur auxerre.culture.gouv.fr.
- Oratoire Saint-Maurice : Lebeuf 1743, vol. 1, p. 71, 72, 73, 104.
- « La basilique de Clothilde - VIe siècle », sur auxerre.culture.gouv.fr (consulté en ).
- « La reconstruction carolingienne - IXe siècle », sur auxerre.culture.gouv.fr (consulté en ).
- Henry 1833, vol. 1, p. 146.
- Lebeuf 1848, vol. 1, p. 245.
- Lebeuf 1848, vol.1, p. 244.
- Cartulaire de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, Charte no LX.
- Lebeuf 1848, vol. 1, p. 319.
- Notice no PA00113579, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Ancienne abbaye de Saint-Julien d'Auxerre », in Annuaire historique de l'Yonne, 1849, sur echo.auxerre.free.fr., p.221.
- Jean Lebeuf (abbé), Mémoires concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre..., vol. 2, Auxerre, Perriquet, , 923 p. (lire en ligne), p. 43.
- Lebeuf 1743, vol. 1, p. 53, 227, 237, 279.
- Henry 1833, vol. 1, p. 148.
- Rodulfus Glaber (985-1046), Histoires, Brepols, (ISBN 2503504205 et 9782503504209, OCLC 300237512, lire en ligne), n58 p131.
- Claude Courtépée, Histoire générale et particulière du duché de Bourgogne, vol. 1, Dijon, Antoine de Fay, , 532 p. (lire en ligne), p. 234-235.
- Bulle du pape Adrien IV Pour l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre, 08 avril 1156, sur cn-telma.fr - Adrien IV interdit les duels judiciaires à Arduin.
- Henry 1833, vol. 1, p. 174.
- Lebeuf 1743, vol. 1, p. 325.
- Lebeuf 1743, vol. 1, p. 125.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Dom Michel Germain, Matériaux du Monasticon Gallicanum, ms. Latin 11821 « Abbatiæ regalis Sancti Germani Autissidiorensis scenographia »
- Noëlle Deflou-Leca, Saint-Germain d'Auxerre et ses dépendances (Ve – XIIIe siècle), PSE, 2010, 773 p., (ISBN 978-2-86272-455-3).
- [Henry 1833] Vaast-Barthélemy Henry, Mémoires historiques sur la ville de Seignelay, département de l'Yonne, depuis sa fondation au VIIIe siècle, jusqu'en 1830 ; précédés de recherches sur l'état du pays au temps des Gaulois et des Romains ; et suivie d'une notice historique sur les communes environnantes, avec les principales pièces justificatives, vol. 1 et 2, Avallon, Éd. Comynet, , 369 et 370 p. (lire en ligne). (les deux volumes sont sur la même page web liée.)
- [Henry 1853] Vaast-Barthélemy Henry, Histoire de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, ordre de Saint Benoît et de la congrégation de Saint-Maur, Auxerre, Ch. Gallot, , sur archive.org (lire en ligne).
- [Lebeuf 1743 (1)] Jean Lebeuf (abbé), Mémoires concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre..., vol. 1, Auxerre, Perriquet, , 886 p. (lire en ligne).
- [Lebeuf et al. 1848] Jean Lebeuf (abbé), Ambroise Challe et Maximilien Quantin, Mémoires concernant l’histoire ecclésiastique et civile d’Auxerre : continués jusqu'à nos jours avec addition de nouvelles preuves et annotations, vol. 1, Perriquet, , 544 p. (lire en ligne).
- Christian Sapin (Dir.), Peindre à Auxerre au Moyen Âge. IXe – XIVe siècles. 10 ans de recherche à l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre et à la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre, Centre d'études médiévales d'Auxerre et Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Auxerre et Paris, 1999, 312 p. (ISBN 978-2-7355-0416-9).
- Christian Sapin (Dir.), Archéologie et architecture d'un site monastique. 10 ans de recherche à l'abbaye Saint-Germain d'Auxerre, Centre d'études médiévales d'Auxerre et Éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques, Auxerre et Paris, 2000, 493 p., (ISBN 978-2-7355-0421-3).
- [Tillet 1907] Jules Tillet, « L'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre », dans Congrès archéologique de France. 74e session. Avallon. 1907, Paris/Caen, Société française d'archéologie, (lire en ligne), p. 627-653
Articles connexes
modifier- Liste des évêques d'Auxerre
- Liste des abbayes et monastères
- Musée Saint-Germain
- Liste des monuments historiques d'Auxerre
Liens externes
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- Site officiel
- Ressource relative à l'architecture :
- Site sur l'abbaye sur auxerre.culture.gouv.fr
- Page consacrée à l'abbaye Saint-Germain sur auxerre.com
- Descriptif de l'ancienne abbaye Saint-Germain d'Auxerre sur bourgogneromane.com