« Bataille de Sadowa » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
→Antécédents : quelques corrections Balises : Modification par mobile Modification par application mobile Modification avec l’application Android |
m →Antécédents : Ponctuation. |
||
(41 versions intermédiaires par 22 utilisateurs non affichées) | |||
Ligne 6 :
| légende = ''La bataille de Sadowa'', huile sur toile de Georg Bleibtreu (1869).
| date = {{date|3|juillet|1866}}
| lieu = [[Sadová]], [[Royaume de Bohême|Bohême]] <br /> ([[République tchèque]] actuelle)
| issue = Victoire prussienne décisive
| combattants1 = {{Prusse 1803}}
Ligne 22 :
La '''bataille de Sadowa''' ou '''bataille de Königgrätz''' eut lieu sur un plateau entre l'[[Elbe (fleuve)|Elbe]] et la [[Bystřice (affluent de la Cidlina)|Bistritz]], non loin de la ville [[République tchèque|tchèque]] de [[Hradec Králové]] (en allemand ''Königgrätz''), le {{date|3|juillet|1866}}. Affrontement décisif de la [[guerre austro-prussienne]], cette bataille est une grande victoire du général [[royaume de Prusse|prussien]] [[Helmuth Karl Bernhard von Moltke|Helmuth von Moltke]].
Cette bataille faisait suite à une autre victoire des [[Royaume de Prusse|Prussiens
Cette bataille marqua la fin de la lutte de pouvoir entre la Prusse et l'Autriche au sein du monde germanique. L'Autriche dut accepter de la Prusse de dissoudre la [[Confédération germanique]] et de la remplacer par la [[confédération de l'Allemagne du Nord]].
Ligne 31 :
Le roi du Danemark, depuis 1806, avait obtenu des duchés de langue allemande : les duchés de [[Duché de Schleswig|Schleswig]] et de [[Duché de Holstein|Holstein]]. L'annexion de ces duchés par le Danemark provoque une insurrection dans le Holstein en 1848, puis une crise exploitée par Bismarck : la Prusse et l'Autriche conduisent en 1864 la [[guerre des Duchés]] pour forcer le Danemark à les évacuer. En 1865, par la [[convention de Gastein]], le Danemark renonce à ces territoires : le Holstein revient à l'Autriche, le Schleswig à la Prusse. Mais, multipliant les incidents, la Prusse occupe le Holstein, ce qui conduit l'Autriche à mobiliser l'armée confédérale du Deutscher Bund. La Prusse se retire alors de la Confédération et déclare la guerre à l'Autriche le {{date|19|juin|1866}}.
Du côté de l'[[Empire d'Autriche|Autriche]] se
Aux côtés de la [[Royaume de Prusse|Prusse]] se rangent la [[Thuringe]], quelques petits États du Nord de l'Allemagne, ainsi que l'[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie]], qui voit là l'occasion de s'emparer de la région de [[Venise]] encore sous souveraineté autrichienne.
À la veille de la [[guerre austro-prussienne]], la Prusse avait envoyé des centaines d'observateurs
== Importance dans l'histoire militaire ==
Ligne 41 :
[[Fichier:1866 prinz-friedrich-karl-bei-koeniggraetz 1b-640x428.jpg|thumb|left|Le prince Frédéric-Charles salué par les troupes.]]
La
Dans le même temps, c'est la tactique de commandement qui est bouleversée. Jusqu'alors, sous l'influence de Frédéric {{II}} de Prusse, la tactique imposait un strict respect des consignes de l'État-major par les officiers de troupe, ceci pour la mise en œuvre de la «
Peut-être encore plus important : la mobilisation et le transport des troupes sont opérés par le chemin de fer. Le commandant en chef [[Helmuth Karl Bernhard von Moltke|Helmuth von Moltke]], ancien élève de [[Carl von Clausewitz]], utilise les moyens fournis par les techniques modernes pour mettre en œuvre des plans complexes, fondés sur le respect exact de mouvements quasi minutés. Tout aussi novatrice est la révolution des communications : le messager à cheval de l'époque pré-industrielle est de plus en plus remplacé par le [[télégraphe]]. Là encore, la bataille de Sadowa
Le plan de bataille du comte von Moltke était, comme il le décrivit lui-même nonchalamment, {{Citation|des plus simples}}. Il se fondait sur le principe simple, quoique difficile à mettre en œuvre dans la pratique : {{Citation|Marcher séparément, frapper ensemble}} (''Getrennt marschieren, vereint schlagen''). Ainsi, trois armées sont mises en marche par le haut-commandement prussien à la fin de juin 1866 : la première sous le commandement du Prince [[Frédéric-Charles de Prusse]], la seconde sous celui de son cousin, le prince héritier Frédéric-Guillaume (le futur [[Frédéric III (empereur allemand)|Frédéric {{III}})]] et la troisième, l'[[armée de l'Elbe]], sous le commandement du général [[Karl Eberhard Herwarth von Bittenfeld|Herwarth von Bittenfeld]]. Celles-ci devaient, par un large mouvement d'encerclement, anéantir l'armée autrichienne du maréchal [[Ludwig von Benedek]]. Si ce plan fonctionna, c'est sans doute également grâce à l'absence de cohésion au sein de la coalition dirigée par l'Autriche. Benedek disposait lui aussi de trois armées, mais dont deux ne lui obéissaient que très théoriquement et assuraient la défense de Francfort et de Munich. Le maréchal autrichien était donc isolé sur l'aile droite du front puisqu'il se trouvait en Bohême.
Après quelques combats dans les régions du Nord-Est de la Bohême
== Déroulement ==
[[Fichier:Karte zur Schlacht bei Koeniggraetz (3. Juli 1866).jpg|thumb|300px|Carte de la bataille de Sadowa.]]
La {{7e|division}} d'
L'artillerie autrichienne arrête les Prussiens vers {{heure|11
Déjà, les généraux autrichiens se bercent de l'illusion d'une victoire facile, ce qui les conduit d'ailleurs à ne pas « finir le travail » en ordonnant une charge de cavalerie au moment où la bataille pouvait être décidée en leur faveur. Du côté prussien, les premiers signes de mauvaise humeur apparaissaient contre le plan peu orthodoxe de von Moltke (Guillaume {{Ier}} lui-même, ainsi que son [[ministre-président de Prusse|ministre-président]], le [[Otto von Bismarck|comte Bismarck]], craignirent une défaite). Bismarck souffla même à un proche que si l'armée du prince héritier n'arrivait pas avant qu'il n'ait fini son cigare, il se tirerait une balle dans la tête<ref> Alain Gouttman, La grande défaite 1870-1871, Perrin(Tempus), 2020, p8.</ref>.
À midi, le maréchal Benedek ordonne l'utilisation des troupes de réserve, qui ne parviennent cependant pas à reconquérir la colline.
À environ {{heure|14
Le « {{1er}} régiment de la chrétienté » ({{1er|régiment}} de Gardes, ainsi surnommé par les contemporains) prend Chlum, à l'est de Sadowa et derrière le centre autrichien, tandis que dans le même temps l'armée de l'Elbe prend Probluz et enfonce le flanc gauche autrichien.
Ligne 73 :
La signification de la bataille n'échappe pas aux contemporains. Dans le Paris du Second Empire, on craint que ne se crée, sur la frontière est, un voisin puissant et uni sous la domination de la Prusse. Très vite apparaît le slogan d'appel à la bataille pour empêcher la Prusse d'unir plus avant l'Allemagne : {{Citation|Revanche pour Sadowa !}}<ref>{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Alfred|nom1=Colling|titre=La prodigieuse histoire de la bourse|éditeur=Société d'éd. écon. et financières|date=1949|oclc=249909286|lire en ligne=https://www.worldcat.org/title/prodigieuse-histoire-de-la-bourse/oclc/249909286&referer=brief_results|consulté le=2020-03-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Heinrich Von|nom1=Sybel|titre=Les Droits de L'Allemagne Sur L'Alsace Et La Lorraine|éditeur=BiblioBazaar|date=2008-10|isbn=978-0-559-21284-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DXWurjQK33sC|consulté le=2020-03-01}}</ref> Le but est d'étouffer le mouvement d'unification allemande, ce qui aboutit à la [[guerre franco-prussienne de 1870]]. On peut affirmer que le refus français de soutenir l'Autriche s'est révélé un bien mauvais calcul : la Prusse est renforcée, assurée de ne pas être attaquée par la Russie, et pourra bientôt se tourner contre la France.
La bataille a aussi de profondes conséquences pour l'Empire autrichien. Malgré les victoires de [[Bataille de Custoza (1866)|Custoza]] le 24 juin et de [[Bataille de Lissa (1866)|Lissa]] le 20 juillet contre les Italiens, alliés des Prussiens, l'empereur François-Joseph est contraint, à la suite de la défaite catastrophique de Sadowa,
Le maréchal autrichien [[Ludwig von Benedek]], certes un stratège doué, est tenu pour responsable de cette débâcle. À la suite de la défaite, il est démis de son poste et traduit en conseil de guerre. La procédure est suspendue sous la pression de l'Empereur, mais il est ordonné à Benedek de se taire jusqu'à la fin de ses jours à propos de cette bataille. Les historiens en Autriche sont de nos jours plutôt de l'avis que bien que Benedek ait commis des erreurs (sur le choix du terrain notamment), la défaite est plutôt à mettre au compte des officiers hongrois qui, à l'encontre des ordres de Benedek, contre-attaquèrent dans les bois de Swiep, ce qui a conduit à rompre le front autrichien et à permettre l'encerclement par le régiment prussien « en retard ». Quant à la supériorité des fusils Dreyse, Benedek semble en avoir été bien informé, ce qui le conduisit à essayer d'obliger les Prussiens à se battre dans des bois épais (comme celui de Swiep). Les lignes étant ainsi plus rapprochées, l'armement supérieur des Prussiens ne leur était que de peu d'utilité. Cette tactique fonctionna plutôt bien, jusqu'à la contre-attaque fatale des Prussiens.
Ligne 82 :
=== Suites financières ===
Sur le plan économique et financier, la défaite autrichienne a précipité la [[crise de 1866]], qui avait déjà posé ses germes en mai en Angleterre. Dans les jours précédant Sadowa, le marché obligataire avait chuté, car on pensait que la guerre serait interminable, la victoire prussienne ayant été précédée par une victoire autrichienne en Italie, qui était censée mettre fin aux espoirs du ''[[Risorgimento]]''. La netteté de la victoire [[Royaume de Prusse|prussienne]] à [[Sadová|Sadowa]] renverse complètement la tendance sur les [[Emprunt d'État|emprunts d'État]] [[Royaume d'Italie (1861-1946)|italiens]] et [[Second Empire|français]], qui repartent très fortement à la hausse, après avoir été [[vente à découvert|vendus à découvert]] par de nombreux [[Agent de change|agents de change]] : le [[5 juillet|5]] [[Juillet 1866|juillet]] [[1866 en France|1866]], le cours de l'emprunt français à 3 % passe de {{unité|64
Dans son roman ''[[L'Argent]]'', [[Émile Zola]] met en personnage fictif mais inspiré de la réalité, le [[Banque|banquier]] Saccard, héros de l'histoire, qui s'enrichit au lendemain de Sadowa
==
Dans le [[Roman (littérature)|roman]] de [[Theodor Fontane]] ''[[Effi Briest]]'' ([[1895 en littérature|1895]]), l'héroïne met au monde
C'est de cette bataille que vient le [[proverbe]] {{Citation|Les Prussiens ne tirent pas si vite !}}. S'agit-il d'un rappel ironique à la supériorité des [[Fusil Dreyse|fusils prussiens]], leur permettant de tirer plus vite ? [[Sebastian Haffner]] affirme le contraire dans son livre ''Preußen ohne Legende'' : {{Citation|Le proverbe […] ne se réfère pas aux tirs des Prussiens avec leurs fusils modernes {{Incise|et ils tiraient particulièrement vite !}} mais il vient du fait qu'ils étaient beaucoup plus lents quand il s'agissait de fusiller les déserteurs… En Prusse, on recevait certes dans ce cas là une raclée qui vous laissait à demi-mort, mais on était ensuite remis sur pieds pour pouvoir servir à nouveau. Les déserteurs avaient trop de valeur pour être fusillés ; ici aussi, l'économie prussienne}}.
[[Paul von Hindenburg|Hindenburg]], futur maréchal,
Le prince [[Gaëtan de Bourbon-Siciles]], [[officier]] dans l'armée autrichienne, fut très affecté par la défaite. Il mit fin à une vie qui n'avait connu que l'échec cinq ans plus tard. Il avait 25 ans.
== Annexes ==
Ligne 104 ⟶ 106 :
* {{Ouvrage|langue=en|titre=Twenty decisive battles of the world|prénom1=Joseph|nom1=Mitchell|auteur2=Sir Edward S. Creasy|lieu=New York|éditeur=Konecky & Konecky|année=2004|pages totales=365|isbn=978-1-568-52458-0|numéro chapitre=17|titre chapitre=The Battle of Sadowa, A.D. 1866}}.
* {{Ouvrage|lang=de|prénom1=Gordon A.|nom1=Craig|lien auteur1=Gordon A. Craig|titre=Königgrätz. 1866 - eine Schlacht macht Weltgeschichte|éditeur=Zsolnay|lieu=Vienne|année=1997|isbn=3-552-04824-3|id=Craig}}.
* {{de}} [[Karl Bleibtreu]]: ''Schlacht von Königgrätz am 3. Juli 1866'', 1903, Reprint 2006 [[Verlag Rockstuhl]], Bad Langensalza, {{ISBN|978-3-938997-65-9}}.
* {{Gartenlaube |Wikisource=Bei Königsgrätz am Tage nach der Schlacht |Titel=Bei Königsgrätz am Tage nach der Schlacht. Von einem schlesischen Gutsbesitzer |Autor= |Jahr=1866 |Heft=33 |Seite=512–514}}
* {{Gartenlaube |Wikisource=Der Dampf auf der Flucht |Autor= |Jahr=1866 |Heft=47 |Seite=737–739}}
=== Notes et références ===
Ligne 109 ⟶ 114 :
== Liens externes ==
* {{lien web|langue=de
* {{lien web|langue=de
|url=http://www.preussenweb.de/kriege5.htm|titre=Chiffres et cartes en allemand
| }}.
* {{lien web|langue=de
|url=http://www.deutsche-schutzgebiete.de/deutscher_krieg_schlacht_bei_koeniggraetz.htm|titre=Illustrations et portraits
| }}.
* {{lien web|langue=de
|url=http://historische-uniformen.de/Truppen/1GRzF/1GRzF.htm|titre=Sur le régiment de Gardes prussiens
| }}.
* {{lien web
* {{lien web
|url=http://www.radio.cz/fr/rubrique/special/1866-la-bataille-de-sadowa|titre=La bataille de Sadowa|site=radio.cz
}}.
* {{YouTube|0Ov_hwgnne4|Sur le Champ - Accélération logistique : La Bataille de Sadowa}}, chaine ''Sur le champ''.
{{Portail|histoire militaire|Royaume de Prusse|Empire autrichien|Royaume de Saxe|années 1860}}
{{DEFAULTSORT:Sadowa}}
Ligne 138 ⟶ 144 :
[[Catégorie:District de Hradec Králové]]
[[Catégorie:Juillet 1866]]
[[Catégorie:Guerre ou conflit opposant la Prusse et l'Autriche]]
|