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« Bataille de Sadowa » : différence entre les versions

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| légende = ''La bataille de Sadowa'', huile sur toile de Georg Bleibtreu (1869).
| date = {{date|3|juillet|1866}}
| lieu = [[Sadová]], [[Royaume de Bohême|Bohême]] <br /> ([[République tchèque]] actuelle)
| issue = Victoire prussienne décisive
| combattants1 = {{Prusse 1803}}
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Aux côtés de la [[Royaume de Prusse|Prusse]] se rangent la [[Thuringe]], quelques petits États du Nord de l'Allemagne, ainsi que l'[[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie]], qui voit là l'occasion de s'emparer de la région de [[Venise]] encore sous souveraineté autrichienne.
 
À la veille de la [[guerre austro-prussienne]], la Prusse avait envoyé des centaines d'observateurs auaux côtécôtés des Nordistes, durant la [[guerre de Sécession]] américaine, pour observer l'utilisation des moyens militaires modernes ainsi que la mise en place de stratégies adéquates. L'introduction d'une ''[[Oberste Heeresleitung]]'' («  haut-commandement »), c'est-à-dire une direction stratégique centralisée des armées, fut l'un des résultats de ces observations.
 
== Importance dans l'histoire militaire ==
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La bataille de Sadowa est importante à la fois dans le contexte politique général et dans le développement de la stratégie militaire en Europe. Avec Sadowa débute l'époque des manœuvres d'armées massives qui, à la différence des armées napoléoniennes, mènent des combats où l'arme à feu devient centrale. La [[baïonnette (arme)|baïonnette]] qui jusqu'alors décidait de l'issue d'une bataille par des combats au corps à corps devient accessoire avec l'élévation de la cadence de feu. Il faut ici remarquer l'introduction de nouveaux armements : la Prusse utilise des [[Fusil Dreyse|fusils Dreyse]] à aiguille (en allemand : ''{{lang|de|Preußisches Nadelgewehr}}'' ou ''{{lang|de|ZündNadelgewehr}}''), une arme ultramoderne pour l'époque, qui permettait aux fantassins de tirer allongés 6 à 8 coups par minute car il se rechargeait par la culasse, alors que les Autrichiens n'étaient équipés que de fusils à piston, qui les obligeaient à recharger debout après chaque tir.
 
Dans le même temps, c'est la tactique de commandement qui est bouleversée. Jusqu'alors, sous l'influence de Frédéric {{II}} de Prusse, la tactique imposait un strict respect des consignes de l'État-major par les officiers de troupe, ceci pour la mise en œuvre de la «  tactique de la ligne », c'est-à-dire la progression des troupes en lignes formant un carré ou un rectangle. Cette tactique datant du {{s-|XVIII|e}} permettait d'optimiser le temps de tir mais présentait de sérieux inconvénients, notamment une faiblesse sur les flancs. De fait, les batailles d'[[Bataille d'Iéna|Iéna]] et d'[[bataille d'Auerstaedt|Auerstaedt]] en 1806 en avaient consacré la faillite. À présent une marge de manœuvre plus large et une plus grande responsabilité est laissée aux hommes de terrain. Dès lors, les chefs de compagnies {{Incise|c'est-à-dire les officiers au grade de capitaine ou lieutenant}} peuvent, en cas de doute, prendre des décisions selon leur propre appréciation et sans craindre de sanctions pour désobéissance.
 
Peut-être encore plus important : la mobilisation et le transport des troupes sont opérés par le chemin de fer. Le commandant en chef [[Helmuth Karl Bernhard von Moltke|Helmuth von Moltke]], ancien élève de [[Carl von Clausewitz]], utilise les moyens fournis par les techniques modernes pour mettre en œuvre des plans complexes, fondés sur le respect exact de mouvements quasi minutés. Tout aussi novatrice est la révolution des communications : le messager à cheval de l'époque pré-industrielle est de plus en plus remplacé par le [[télégraphe]]. Là encore, la bataille de Sadowa tient lieu de première expérimentation.
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== Déroulement ==
[[Fichier:Karte zur Schlacht bei Koeniggraetz (3. Juli 1866).jpg|thumb|300px|Carte de la bataille de Sadowa.]]
Au départInitialement, l'armée autrichienne n'a que la {{1re|armée}} prussienne et l'armée de l'Elbe face à elle, les unités du prince héritier étant encore en chemin. En effet, à la suite d'une coupure des lignes télégraphiques, l'ordre d'attaque décidé le soir précédent par Frédéric-Charles n'est transmis à l'armée emmenée par le prince héritier que vers {{heure|4}} du matin (deux cavaliers ont dû chevaucher toute la nuit). En conséquence, la pression se fait au fil des heures de plus en plus forte sur les [[Armée prussienne|troupes prussiennes]] en sous-effectif.
 
La {{7e|division}} d'infanterie prussienne du [[Major général|général-major]] [[Eduard von Fransecky]], et en particulier le [[27e régiment d'infanterie « prince Louis-Ferdinand de Prusse » (2e régiment d'infanterie magdebourgeois)|{{2e27e|régiment}} d'infanterie [[Magdebourg|magdebourgeois]], attaque dans les bois de Swiep. Il se retrouve face à deux [[corps d'armée]] [[Empire d'Autriche|autrichiens]]. Un carnage effroyable s'ensuit. Le roi de Prusse ordonne à la {{1re|armée}} (au centre) de marcher et de soutenir Fransecky. Le village de Sadowa est pris mais les combats font toujours rage dans les bois.
 
L'artillerie autrichienne arrête les Prussiens vers {{heure|11}} du matin, la {{1re|armée}} prussienne qui s'était placée au départ à l'ouest de la rivière Bystřice ne pouvant que difficilement faire traverser son artillerie. Sans en référer à l'état-major autrichien, le comte Festetics et ses troupes tentent alors de reprendre le bois.
 
Déjà, les généraux autrichiens se bercent de l'illusion d'une victoire facile, ce qui les conduit d'ailleurs à ne pas « finir le travail » en ordonnant une charge de cavalerie au moment où la bataille pouvait être décidée en leur faveur. Du côté prussien, les premiers signes de mauvaise humeur apparaissaient contre le plan peu orthodoxe de von Moltke (Guillaume {{Ier}} lui-même, ainsi que son [[ministre-président de Prusse|ministre-président]], le [[Otto von Bismarck|comte Bismarck]], craignirent une défaite). Bismarck souffla même à un proche que si l'armée du prince héritier n'arrivait pas avant qu'il n'ait fini son cigare, il se tirerait une balle dans la tête<ref> Alain Gouttman, La grande défaite 1870-1871, Perrin(Tempus), 2020, p8.</ref>.
 
À midi, le maréchal Benedek ordonne l'utilisation des troupes de réserve, qui ne parviennent cependant pas à reconquérir la colline.
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La signification de la bataille n'échappe pas aux contemporains. Dans le Paris du Second Empire, on craint que ne se crée, sur la frontière est, un voisin puissant et uni sous la domination de la Prusse. Très vite apparaît le slogan d'appel à la bataille pour empêcher la Prusse d'unir plus avant l'Allemagne : {{Citation|Revanche pour Sadowa !}}<ref>{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Alfred|nom1=Colling|titre=La prodigieuse histoire de la bourse|éditeur=Société d'éd. écon. et financières|date=1949|oclc=249909286|lire en ligne=https://www.worldcat.org/title/prodigieuse-histoire-de-la-bourse/oclc/249909286&referer=brief_results|consulté le=2020-03-01}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Heinrich Von|nom1=Sybel|titre=Les Droits de L'Allemagne Sur L'Alsace Et La Lorraine|éditeur=BiblioBazaar|date=2008-10|isbn=978-0-559-21284-0|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=DXWurjQK33sC|consulté le=2020-03-01}}</ref> Le but est d'étouffer le mouvement d'unification allemande, ce qui aboutit à la [[guerre franco-prussienne de 1870]]. On peut affirmer que le refus français de soutenir l'Autriche s'est révélé un bien mauvais calcul : la Prusse est renforcée, assurée de ne pas être attaquée par la Russie, et pourra bientôt se tourner contre la France.
 
La bataille a aussi de profondes conséquences pour l'Empire autrichien. Malgré les victoires de [[Bataille de Custoza (1866)|Custoza]] le 24 juin et de [[Bataille de Lissa (1866)|Lissa]] le 20 juillet contre les Italiens, alliés des Prussiens, l'empereur François-Joseph est contraint, à la suite de la défaite catastrophique de Sadowa, àde remettre la [[Vénétie]] à l'Italie. L'Autriche est exclue de la Confédération germanique, dissoute de fait, et la Prusse annexe le [[Schleswig-Holstein]], le [[Hanovre]], la [[Landgraviat de Hesse-Cassel|Hesse]] Électorale, le [[Duché de Nassau]] et Francfort-sur-le-Main tout en fondant la [[confédération d'Allemagne du Nord]]. Pourtant, l'Autriche ne doit céder aucun de ses territoires à la Prusse, de par la volonté de Bismarck et malgré les pressions des généraux prussiens et même du roi : Bismarck refuse d'humilier l'Autriche, ce qui pourrait pousser celle-ci à chercher sa revanche notamment par une alliance avec la France. Le 26 juillet 1866 est conclue la paix provisoire de [[Mikulov|Nikolsburg]], suivie du traité (définitif) de [[Prague]] le 23 août.
 
Le maréchal autrichien [[Ludwig von Benedek]], certes un stratège doué, est tenu pour responsable de cette débâcle. À la suite de la défaite, il est démis de son poste et traduit en conseil de guerre. La procédure est suspendue sous la pression de l'Empereur, mais il est ordonné à Benedek de se taire jusqu'à la fin de ses jours à propos de cette bataille. Les historiens en Autriche sont de nos jours plutôt de l'avis que bien que Benedek ait commis des erreurs (sur le choix du terrain notamment), la défaite est plutôt à mettre au compte des officiers hongrois qui, à l'encontre des ordres de Benedek, contre-attaquèrent dans les bois de Swiep, ce qui a conduit à rompre le front autrichien et à permettre l'encerclement par le régiment prussien « en retard ». Quant à la supériorité des fusils Dreyse, Benedek semble en avoir été bien informé, ce qui le conduisit à essayer d'obliger les Prussiens à se battre dans des bois épais (comme celui de Swiep). Les lignes étant ainsi plus rapprochées, l'armement supérieur des Prussiens ne leur était que de peu d'utilité. Cette tactique fonctionna plutôt bien, jusqu'à la contre-attaque fatale des Prussiens.
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=== Suites financières ===
Sur le plan économique et financier, la défaite autrichienne a précipité la [[crise de 1866]], qui avait déjà posé ses germes en mai en Angleterre. Dans les jours précédant Sadowa, le marché obligataire avait chuté, car on pensait que la guerre serait interminable, la victoire prussienne ayant été précédée par une victoire autrichienne en Italie, qui était censée mettre fin aux espoirs du ''[[Risorgimento]]''. La netteté de la victoire [[Royaume de Prusse|prussienne]] à [[Sadová|Sadowa]] renverse complètement la tendance sur les [[Emprunt d'État|emprunts d'État]] [[Royaume d'Italie (1861-1946)|italiens]] et [[Second Empire|français]], qui repartent très fortement à la hausse, après avoir été [[vente à découvert|vendus à découvert]] par de nombreux [[Agent de change|agents de change]] : le [[5 juillet|5]] [[Juillet 1866|juillet]] [[1866 en France|1866]], le cours de l'emprunt français à 3 % passe de {{unité|64,40 [[Franc français|francs]]}} à {{unité|70 francs}}, soit une progression de presque 10 % en une seule journée<ref name="Colling" />. Parallèlement, le cours de l'emprunt italien à 5 % passe de {{unité|42,60 à 70 [[Lire italienne|lires]]}}, soit une progression de presque 40 % en une seule séance<ref name="Colling" />. Les pertes subies par les [[Agent de change|agents de change]] qui avaient [[vente à découvert|vendu à découvert]] rendent la [[crise de 1866]] très aiguë sur la [[Bourse de Paris|place de Paris]] ; les [[Agents de change en France|agents de change]] [[Charles-Marie Doyen|Doyen]] et Porché se retrouvent en [[faillite]], avec des pertes respectives de {{unité|1,38 million}} et {{unité|350000 francs}}. La [[Agents de change en France|Chambre syndicale des agents de change]] propose que les opérateurs sur la place de Paris se soutiennent solidairement pour éviter des faillites en cascade, mais la Compagnie des agents de change s'y oppose, et le sauvetage fut opéré par une souscription privée<ref name="Colling">{{Ouvrage|langue=French|prénom1=Alfred|nom1=Colling|titre=La prodigieuse histoire de la bourse|lien auteur1=Alfred Colling|lien titre=La Prodigieuse Histoire de la Bourse|passage=279|éditeur=Société d'éd. écon. et financières|date=1949|oclc=249909286}}</ref>.
 
Dans son roman ''[[L'Argent]]'', [[Émile Zola]] met en personnage fictif mais inspiré de la réalité, le [[Banque|banquier]] Saccard, héros de l'histoire, qui s'enrichit au lendemain de Sadowa en rachetant à la baisse des [[Action (finance)|actions]] qui vont ensuite bénéficier de la fin rapide de la [[Guerre austro-prussienne|guerre]]<ref>Émile Zola, ''L'Argent'', nouvelle édition augmentée, page 165 {{Lire en ligne|url=https://books.google.fr/books?id=hhHfAgAAQBAJ&pg=PA170&dq=sadowa+BOURSE+VICTOIRE&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi16New8aHJAhUCUhoKHZzyAf0Q6AEIRjAF#v=onepage&q=sadowa&f=false}}.</ref>.
 
== Anecdotes ==
 
Dans le [[Roman (littérature)|roman]] de [[Theodor Fontane]] ''[[Effi Briest]]'' ([[1895 en littérature|1895]]), l'héroïne met au monde sa fille Annie le jour de la bataille de [[Hradec Králové|Königgrätz]]. Citation du chapitre 14 : {{Citation|… et au matin du 3 juillet se tenait à côté du lit de Effi un berceau. Le docteur Hannemann tapota la main de la jeune mère et dit : Aujourd'hui c'est le jour de Königgrätz ; c'est dommage que vous ayez une fille. Mais vous aurez peut-être un garçon un jour, car les Prussiens ont beaucoup de belles victoires (devant eux).}}
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* {{Ouvrage|langue=en|titre=Twenty decisive battles of the world|prénom1=Joseph|nom1=Mitchell|auteur2=Sir Edward S. Creasy|lieu=New York|éditeur=Konecky & Konecky|année=2004|pages totales=365|isbn=978-1-568-52458-0|numéro chapitre=17|titre chapitre=The Battle of Sadowa, A.D. 1866}}.
* {{Ouvrage|lang=de|prénom1=Gordon A.|nom1=Craig|lien auteur1=Gordon A. Craig|titre=Königgrätz. 1866 - eine Schlacht macht Weltgeschichte|éditeur=Zsolnay|lieu=Vienne|année=1997|isbn=3-552-04824-3|id=Craig}}.
* {{de}} [[Karl Bleibtreu]]: ''Schlacht von Königgrätz am 3. Juli 1866'', 1903, Reprint 2006 [[Verlag Rockstuhl]], Bad Langensalza, {{ISBN|978-3-938997-65-9}}.
* {{Gartenlaube |Wikisource=Bei Königsgrätz am Tage nach der Schlacht |Titel=Bei Königsgrätz am Tage nach der Schlacht. Von einem schlesischen Gutsbesitzer |Autor= |Jahr=1866 |Heft=33 |Seite=512–514}}
* {{Gartenlaube |Wikisource=Der Dampf auf der Flucht |Autor= |Jahr=1866 |Heft=47 |Seite=737–739}}
 
=== Notes et références ===
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== Liens externes ==
* {{lien web|langue=de|auteur1=|url=http://www.preussenchronik.de/episoden/007090.jsp|titre=Chronique de la bataille|site=|périodique=|consulté le=|brisé le=01/03/2020|date=}}.
* {{lien web|langue=de|auteur1=
|url=http://www.preussenweb.de/kriege5.htm|titre=Chiffres et cartes en allemand
|site=|périodiquedate=
|consulté le=|date=
}}.
* {{lien web|langue=de|auteur1=
|url=http://www.deutsche-schutzgebiete.de/deutscher_krieg_schlacht_bei_koeniggraetz.htm|titre=Illustrations et portraits
|site=|périodiquedate=
|consulté le=|date=
}}.
* {{lien web|langue=de|auteur1=
|url=http://historische-uniformen.de/Truppen/1GRzF/1GRzF.htm|titre=Sur le régiment de Gardes prussiens
|site=|périodiquedate=
|consulté le=|date=
}}.
* {{lien web|langue=|auteur1=|url=http://perso.orange.fr/histoire-militaire/cartes/sadowa.htm|titre=Carte de la bataille|site=|périodique=|consulté le=|brisé le=01/03/2020|date=}}.
* {{lien web|langue=|auteur1=Pierre Meignan
|url=http://www.radio.cz/fr/rubrique/special/1866-la-bataille-de-sadowa|titre=La bataille de Sadowa|site=radio.cz|périodique=
|consulté le=|date=juillet 2016
}}.
* {{YouTube|0Ov_hwgnne4|Sur le Champ - Accélération logistique : La Bataille de Sadowa}}, chaine ''Sur le champ''.
 
{{Portail|histoire militaire|Royaume de Prusse|Empire autrichien|Royaume de Saxe|années 1860}}
 
{{DEFAULTSORT:Sadowa}}
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[[Catégorie:District de Hradec Králové]]
[[Catégorie:Juillet 1866]]
[[Catégorie:Guerre ou conflit opposant la Prusse et l'Autriche]]
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