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« Histoire de l'agriculture » : différence entre les versions

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De même la consommation de céréales a privilégié des lignées d'individus produisant plus d'[[amylase]] salivaire et digérant mieux l'[[amidon]]<ref>{{Article |auteur1=Marc-André Selosse |titre=L'évolution culturelle, évolution biologique |périodique=ESPÈCES |date=juin-août 2021 |pages=61 }}</ref>.
 
L'agriculture a permis d'augmenter fortement la taille de la population (de 2 à 8 fois, en Europe<ref name=":12">{{Article |prénom1=Sean S. |nom1=Downey |prénom2=Emmy |nom2=Bocaege |prénom3=Tim |nom3=Kerig |prénom4=Kevan |nom4=Edinborough |titre=The Neolithic Demographic Transition in Europe: Correlation with Juvenility Index Supports Interpretation of the Summed Calibrated Radiocarbon Date Probability Distribution (SCDPD) as a Valid Demographic Proxy |périodique=PLOS ONE |volume=9 |numéro=8 |date=2014-08-25 |issn=1932-6203 |doi=10.1371/journal.pone.0105730 |lire en ligne=http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0105730 |consulté le=2017-08-27 |pages=e105730 }}</ref>). La population humaine passe probablement de 5 millions à 50 millions de personnes entre - 8000 et - 3000 puis à 100 millions en - 1000<ref>{{Ouvrage|prénom1=Mazoyer, Marcel,|nom1=1933-|titre=Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine|éditeur=Éditions du Seuil|année=2002|passage=89|isbn=978-2-02-053061-3|oclc=300189713}}</ref>. Elle a aussi entraîné, environ {{nombre|1000|ans}} après le passage à l'agriculture, le passage à un nouveau régime démographique caractérisé par une forte natalité et une forte mortalité (nommé ''Transition Démographique Néolithique''). L'augmentation de la fertilité est expliquée par l'augmentation de la productivité agricole à l'hectare et par la production d'aliments à plus forte teneur en énergie, comparativement au régime alimentaire des chasseurs-cueilleurs<ref name=":13" />. Ce régime s'accompagne également d'une forte instabilité de la taille de la population, avec des épisodes d'effondrement démographique, où la taille de la population peut chuter de 20 à 30 %<ref name=":12" />. L'augmentation de la mortalité s'explique par la dégradation de l'état de santé expliquée ci-dessus (famines, épidémies), auquel s'ajoute une augmentation de la mortalité infantile liée à une moindre disponibilité du lait maternel pour les enfants, lorsque la fréquence des grossesses augmente<ref name=":13" />. Ce régime se maintiendra jusqu'au {{s minisp-|XIX}}-{{s mini|-|XX}} siècle, dans la plupart des zones cultivées, jusqu'à la [[transition démographique]] contemporaine.
 
[[Fichier:Fıstık.jpg|vignette|Verger de pistachiers et pistaches en cours de séchage, Turquie. L'utilisation de [[Fruit sec|fruits secs]] dont la pistache sauvage, attestée à [[Çayönü]], il y a {{nombre|10000|ans}}, est un bon moyen de diversifier la ration et de constituer des réserves.]]
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On cite souvent [[Jéricho]] comme étant la première des villes ; c'est à Jéricho et dans ses alentours que la notion de [[Néolithique précéramique]] (PPNA puis PPNB) a été forgée, principalement par [[Kathleen Kenyon]].
 
[[Fichier:Sifting Grain (8352533158).jpg|vignette|Scène de vannage en Érythrée]]
Pendant la culture du [[néolithique précéramique B]] (v. 8500 à 7000 av. J.-C.), la part de la cueillette dans l’alimentation diminue et le nombre d'espèces domestiquées augmente. La liste des céréales s'enrichit de l'[[épeautre]] et du [[blé dur]] (une espèce de blé nu), les légumineuses de la gesse (''[[Lathyrus sativus]]''), du [[pois chiche]] (''Cicer arietinum'')<ref>{{Ouvrage|nom1=Prance, Ghillean T., 1937-|nom2=Nesbitt, Mark.|titre=The cultural history of plants|éditeur=[[Routledge]]|année=2005|isbn=0-203-02090-1|isbn2=978-0-203-02090-6|isbn3=978-0-415-92746-8|oclc=57480711|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/57480711|consulté le=2020-09-15}}</ref> et de la vesce (''[[vicia ervilia]]'' ou ers); les graines de ces deux plantes nécessitent plusieurs cuissons à l'eau avant d'être consommables. Le [[câprier]]<ref name=":54">{{Lien web|auteur1=Carolyne Douché|titre=« Révolution agricole » au Néolithique proche-oriental : quelle réalité ?
Exemples de Dja’de el-mughara et Tell Aswad|url=http://books.openedition.org/psorbonne/6764?lang=fr|site=Éditions de la Sorbonne|date=2017|consulté le=16 mai 2018}}</ref>, le [[lin cultivé]] oléagineux et textile apparaissent aussi<ref name=":39">{{Article|auteur1=Laurent Bouby (CNRS)|titre=Diffusion des plantes cultivées|périodique=Dossiers d'Archéologie (Éditions Faton)|date=septembre/octobre 2012|issn=1141-7137|pages=56 à 61}}</ref>, ce dernier est la première plante textile à avoir été domestiquée<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Yong-Bi|nom1=Fu|titre=Genetic evidence for early flax domestication with capsular dehiscence|périodique=Genetic Resources and Crop Evolution|volume=58|numéro=8|date=2011-12-01|issn=0925-9864|issn2=1573-5109|doi=10.1007/s10722-010-9650-9|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s10722-010-9650-9|consulté le=2018-04-01|pages=1119–1128}}</ref> comme le montrent les fouilles de {{Lien|langue=en|trad=Tell Ramad|fr=}} en Syrie. Les techniques semblent s'améliorer : emploi de la faucille courbe, de la [[houe]], [[Van (agriculture)|vannage]]. La proportion de plantes [[Adventice|adventices]] augmente fortement, signe d'une probable intensification<ref name=":54" />.
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La culture du blé tendre ou froment apparaît vers 6000 av. J.-C. au Proche-Orient<ref name=":39" />. Elle permettra la fabrication des pains de froment levés à Sumer et en Égypte.
 
[[Fichier:Sennedjem and Iineferti in the Fields of Iaru MET DT11771.jpg|vignette|Une fresque de la tombe de [[Sennedjem (artisan)|Sennedjem]] illustrant l'[[agriculture dans l'Égypte antique]] dans les [[champs d'Ialou]] : au-dessus d'un canal bordé de palmiers à dattes, scènes de récolte à la faucille de l'orge et du lin, de semailles et de labourage avec une [[araire]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Fiona Macdonald|titre=Ancient Egyptians|éditeur=Barron's|année=1993|passage=13|isbn=}}.</ref>.]]
Sumer est la première grande civilisation, du moins la mieux connue, à partir de 3200 av. J.-C. Outre les céréales, légumineuses et fruitiers cités, on y cultivait l'[[oignon]], l'[[Ail cultivé|ail]], la [[Laitue cultivée|laitue]], la moutarde, le [[poireau]], le [[pommier]], le [[pavot]] et le [[Melon (plante)|melon]].
 
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==== Diffusion vers l'Europe ====
[[Fichier:Expansion of farming in western Eurasia, 9600–4000 BCE.png|vignette|Voies de diffusion de l'agriculture néolithique en Europe]]
{{Article détaillé|Europe néolithique|Premiers agriculteurs européens}}
[[Fichier:Genetic matrilineal distances between European Neolithic Linear Pottery Culture populations (5,500–4,900 calibrated BC) and modern Western Eurasian populations.jpg|gauche|vignette|Distances génétiques matrilinéaires entre les populations de la [[Culture rubanée]] (-5500 à -4900) et les populations eurasiatiques occidentales modernes. Vert : proche, Brun : éloigné.]]
 
L’agriculture proche-orientale commence à se diffuser vers d'autres régions à partir de - 7000, soit de {{formatnum:1500}} à {{nombre|2000|ans}} après son apparition. Les phénomènes à l'origine de son expansion sont mal compris, mais le début de la diffusion vers l'ouest de l'Anatolie puis vers l'Europe pourrait être lié à l'apparition de nouvelles sous-espèces domestiques plus adaptées au climat ([[blé tendre]], orge nue, pavot<ref name=":39" />, porc, bovins), de nouvelles pratiques agricoles et d'élevage (meilleure complémentarité culture-élevage-horticulture, par exemple), à des modifications climatiques ([[Événement climatique de 8200 BP|évènement climatique de 8200 BP]]) ou à des modifications sociales (fragmentation des gros villages en hameaux)<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Bleda S.|nom1=Düring|titre=Breaking the Bond: Investigating The Neolithic Expansion in Asia Minor in the Seventh Millennium BC|périodique=Journal of World Prehistory|volume=26|numéro=2|date=2013-06-01|issn=0892-7537|issn2=1573-7802|doi=10.1007/s10963-013-9065-6|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s10963-013-9065-6|consulté le=2017-08-31|pages=75–100}}</ref>.
[[Fichier:Homo sapiens - Neolithic - reconstruction - MUSE.jpg|vignette|Paysanne de la Culture rubanée. Reconstruction au Musée de la science de [[Trente (Italie)|Trente]].]]
 
L'agriculture apparaît en Europe dès -7000. Le plus ancien site néolithique repéré est la [[Grotte Franchthi]] en [[Argolide]] (Grèce). On y a retrouvé des restes d'orge à deux rangs, d'amidonnier, de chèvres et de moutons domestiqués en rupture radicale avec la période précédente où l'on utilise que des espèces sauvages<ref>{{Lien web|titre=Sous les eaux grecques à la recherche du plus vieux village d'Europe|url=https://www.letemps.ch/sciences/eaux-grecques-recherche-plus-vieux-village-deurope|site=Le Temps|date=18 août 2015}}</ref>. L'agriculture progresse d'abord en Europe du Sud à partir de - 6500 puis en Europe centrale vers - 5000 et en Europe du Nord vers - 4000, à partir d'un foyer balkanique, où les agriculteurs arrivés du Proche-Orient se sont mélangés avec les chasseurs-cueilleurs locaux<ref name=":52">I. Olalde et al, A common genetic origin for early farmers from Mediterranean Cardial and Central European LBK cultures, 2015, http://mbe.oxfordjournals.org/content/early/2015/09/02/molbev.msv181.abstract</ref>. Deux courants partent ensuite en direction de l'ouest. Un premier courant longe la côte méditerranéenne, en progressant ''à saute-mouton'' (''leapfrog colonization''), c'est-à-dire par la formation de villages isolés d'agriculteurs, enclaves au sein d'une zone peuplée par les chasseurs-cueilleurs<ref>{{Ouvrage|auteur1=Georges Duby|auteur2=Armand Wallon|titre=Histoire de la France rurale, tome 1|sous-titre=Des origines à 1340|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=2000|isbn=}}</ref>. Ce courant est lié à la diffusion des cultures de la [[Culture de la céramique imprimée|céramique imprimée]] et de la [[Culture de la céramique cardiale|céramique cardiale]]. Un autre courant, lié à la [[Culture rubanée|culture de la céramique rubanée]], remonte la vallée du Danube puis continue vers l'ouest, traversant le nord de l'actuelle France. Dans cette zone, la progression de l'agriculture est liée à l'avancée (''demic diffusion'') de petits groupes d'agriculteurs au sein des zones de chasseurs-cueilleurs<ref>{{Article|prénom1=Qiaomei|nom1=Fu|prénom2=Pavao|nom2=Rudan|prénom3=Svante|nom3=Pääbo|prénom4=Johannes|nom4=Krause|titre=Complete Mitochondrial Genomes Reveal Neolithic Expansion into Europe|périodique=PLOS ONE|volume=7|numéro=3|date=2012-03-13|issn=1932-6203|doi=10.1371/journal.pone.0032473|lire en ligne=http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0032473|consulté le=2017-08-27|pages=e32473}}</ref>. Les agriculteurs ont peu à peu éliminé et supplanté les chasseurs-cueilleurs<ref name=":52" /> sauf une minorité d'entre-eux qui a été assimilée<ref>{{Article|prénom1=Iain|nom1=Mathieson|prénom2=Iosif|nom2=Lazaridis|prénom3=Nadin|nom3=Rohland|prénom4=Swapan|nom4=Mallick|titre=Genome-wide patterns of selection in 230 ancient Eurasians|périodique=Nature|volume=528|numéro=7583|date=2015|doi=10.1038/nature16152|lire en ligne=http://www.nature.com/doifinder/10.1038/nature16152|pages=499–503}}</ref>.
 
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==== Vers l'Arabie et l'Afrique ====
{{Article détaillé|Néolithique pastoral}}
[[Fichier:Sennedjem and Iineferti in the Fields of Iaru MET DT11771.jpg|vignette|Une fresque de la tombe de [[Sennedjem (artisan)|Sennedjem]] illustrant l'[[agriculture dans l'Égypte antique]] dans les [[champs d'Ialou]] : au-dessus d'un canal bordé de palmiers à dattes, scènes de récolte à la faucille de l'orge et du lin, de semailles et de labourage avec une [[araire]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Fiona Macdonald|titre=Ancient Egyptians|éditeur=Barron's|année=1993|passage=13|isbn=}}.</ref>.]]
L'Arabie est touchée par la culture présumérienne d'[[Période d'Obeïd|Obeïd]], vers - 4000<ref>{{Ouvrage|prénom1=Potts, Daniel|nom1=T.,|prénom2=Nābūdah, Ḥasan|nom2=Muḥammad,|prénom3=Hellyer,|nom3=Peter,|titre=Archaeology of the United Arab Emirates|éditeur=|année=|isbn=978-1-900724-88-3|isbn2=1-900724-88-X|oclc=54405078|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/54405078}}</ref>. Le [[dromadaire]] y est domestiqué vers - 3000.
[[Fichier:Algerien 5 0049.jpg|vignette|Pasteurs armés d'arc défendant leur troupeau, [[Gravures rupestres de l'Oued Djerat]], [[Tassili n'Ajjer]], Algérie, vers - 5000|gauche]]
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=== Centres secondaires de domestication ===
Dans certaines régions, l'arrivée de l'agriculture entraîne un mouvement important de domestication d'espèces locales. Ces zones sont appelées centres secondaires de domestication.
[[Fichier:BuraoKhat qatfields sellerin western yemen.jpg|vignette|Homme proposant des bottesPlantations de Khat sur(arbustes lealignés) marchéau deYémen [[Burao]] (Somalie)occidental. Le khat, une des principales plantes [[psychotrope]]s, a été domestiqué en Éthiopie]]
 
 
En Afrique, il est encore difficile d'établir s'il s'agit de centres secondaires ou d'apparitions autonomes de l'agriculture<ref name=":11" />{{,}}<ref name=":53" /> : l'importance de ce continent est probablement sous-estimée. Il peut en être de même pour le Sud-Est asiatique :[[Fichier:Vigna subterranea Taub135.png|gauche|vignette|Le pois bambara (''[[Vigna subterranea]]''), légumineuse domestiquée en Afrique de l'Ouest et très appréciée localement]]
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* dans le sud de la Chine et le Sud-Est asiatique sont domestiqués la [[fève]], le [[Taro (plante)|taro]], l'igname, la rave, le [[Litchi (genre)|litchi]], le [[durian]], le [[mandarinier]], le bananier, l'[[abaca]] (une espèce de bananier qui donne une fibre très solide : le [[chanvre de Manille]]), le [[kapok]] (''[[Bombax ceiba]]'' qui donne une fibre similaire au coton), une canne à sucre<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":9" />, le bétel ([[Piper betle|''Piper Betle'']]) à usage médicinal, le palmier à bétel (''[[Areca catechu]]'', un stimulant), la [[poule]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Valérie|nom1=Chansigaud|titre=Histoire de la domestication animale|lieu=Paris/61-Lonrai|éditeur=Delachaux et Niestlé / Impr. Normandie roto|année=2020|pages totales=400|isbn=978-2-603-02474-4|isbn2=2-603-02474-4|oclc=1197971506|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1197971506|consulté le=2021-07-25}}</ref>, les premiers ossements répertoriés en Thaïlande venant de {{Lien|langue=en|trad=Ban Non Wat}} et datant d'environ -1500<ref>{{Article|auteur1=Morgane Gibert|titre=Nouveau regard sur la domestication de la poule : une histoire de riz et d’oiseau exotique|périodique=cnrs info|date=26août 2022|lire en ligne=https://www.inee.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/nouveau-regard-sur-la-domestication-de-la-poule-une-histoire-de-riz-et-doiseau-exotique}}</ref>, le [[canard colvert]], un porc (''[[Sus celebensis]]'', le sanglier des [[Célèbes]]) et des bovins : le [[Gayal|gaur]] ou ''gayal'' et le [[Banteng domestique|banteng]] (à [[Java (île)|Java]]). Lorsque l'agriculture chinoise diffuse dans le Sud-Est asiatique elle influence diverses communautés de chasseurs-cueilleurs qui pratiquent une proto-agriculture<ref>Bentley, R.A. and Pietrusewsky, M. and Douglas, M.T. and Atkinson, T.C. (2005) 'Matrilocality during the prehistoric transition to agriculture in Thailand?', Antiquity., 79 (306). {{p.|865-881}}</ref> ;
[[Fichier:Gabna sameby i Nord-Sverige (1).jpg|gauche|vignette|capture de rennes au lasso dans un élevage sami. Nord de la Suède, 2009.]]
 
* en Sibérie, les [[Samis]] (Lapons) ont domestiqué puis exploité le [[Rangifer tarandus|renne]] suivant un système pastoral après - 1000, avant d'occuper leurs parcours de l'extrême nord de l'Europe (aujourd'hui nord de la Scandinavie, péninsule de Kola, Carélie)<ref name=":56">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Mériot,|nom1=Christian.|titre=Les lapons et leur société|sous-titre=étude d'ethnologie historique|lieu=Toulouse|éditeur=[[Éditions Privat|Privat]]|année=1980|pages totales=370|isbn=2-7089-7407-6|isbn2=9782708974074|oclc=6919922|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/6919922}}</ref>. Les [[Iakoutes]] avaient domestiqué l'[[élan]], animal particulièrement adapté à la vie dans les marais et les forêts, il fut utilisé surtout comme animal de trait et ponctuellement pour son lait et comme monture (atteignant {{unité|60|km/h}}, l'élan peut distancer les chevaux)<ref>{{Lien web|titre=élan|url=http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/%C3%A9lan/184558|site=Encyclopédie Larousse|consulté le=15 juin 2018}}</ref>.
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Dans les régions tropicales humides, où les fonds de vallée sont périodiquement submergés par les pluies et les crues, se développent des systèmes de [[Culture du riz|riziculture]] aquatique. En Asie, ces systèmes se développent à partir de - 4000, mais ce n'est qu'à partir du {{-s-|XI}} en Chine, et à partir de -800 dans [[Gange|vallée du Gange]], que se développent des cités-états basés sur les systèmes hydrauliques rizicoles. En Afrique, la riziculture se développe à partir de - 1500 dans le [[delta du Niger]]. Elle gagne ensuite les vallées du [[Niger (fleuve)|Niger]], du [[Sénégal (fleuve)|Sénégal]], de la [[Gambie (fleuve)|Gambie]] et de la [[Casamance (fleuve)|Casamance]], et la côte guinéenne. Après la colonisation européenne des Amériques, la riziculture gagne également l'Amérique, ainsi que certaines zones d'Europe ([[delta du Rhône]], [[plaine du Pô]], côte méditerranéenne de l'[[Espagne]])<ref name=":27" />. À partir de - 200 se mettent en place les systèmes de rizières irriguées du sud-est asiatique, associés au [[buffle]] pour la traction animale et aux outils en fer<ref name=":18" />.
 
Les premières rizières sont implantées dans des plans d'eau naturels et utilisent des variétés de riz flottant<ref>{{Article|auteur1=Brice Arlet|titre=Au pays où le riz flotte|nature article=|périodique=Gavroche Thaïlande|numéro=82|pages=10|date=Janvier 2001|lire en ligne=https://www.gavroche-thailande.com/wp-content/uploads/2021/04/Gavroche-2001-Jan..pdf|format=pdf}}</ref>, capables d'adapter la longueur de leur tige aux fluctuations du niveau d'eau. Des casiers rizicoles, à fond plat et entourés d'une digue en terre de quelques dizaines de centimètres ont ensuite été construits, d'abord sur des zones surélevées afin de faciliter le drainage. Les casiers sont remplis par les eaux de pluie ([[riz pluvial]]) puis vidés par l'agriculteur qui pratique une brèche dans la diguette. La construction de [[rizière]]s en terrasse a ensuite permis dStructurationla structuration de l'espace agricole et d'étendre la riziculture le long des versants des vallées (par exemple, [[rizières en terrasses des cordillères des Philippines]]). Dans les vallées inondables et les deltas, l'extension des casiers rizicoles a nécessité la mise en place de véritables systèmes agraires hydrauliques: construction de digues pour protéger les cultures de la crue ou de la mer, construction de canaux pour étaler les eaux de la crue (cas des cultures de décrue) ou apporter l'eau d'irrigation, et pour évacuer les excès d'eau. La mise en place de systèmes d'irrigation a également permis l'extension de la riziculture dans les zones tropicales sèches et en zone méditerranéenne<ref name=":27" />.
 
Parallèlement, le développement du repiquage, le travail du sol amélioré par la traction animale, le développement de variétés non photopériodiques (cultivables en toute saison) et à cycle court ont entraîné une augmentation de la productivité et permis d'atteindre jusqu'à trois récoltes de riz dans certaines régions.
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[[Fichier:Fire-sav-S-slope-3720.jpg|vignette|Savane à chênes à gros fruits (''[[Quercus macrocarpa]]'') nettoyée par le feu. Cette pratique, souvent interdite, épargne ces arbres parce qu'ils ont une écorce très épaisse. [[Wisconsin]], États-Unis ]]
 
* des systèmes avec élevage associé, dans les savanes d'altitude de l'[[Afrique des Grands Lacs|Afrique des grands lacs]]. Le bétail pâture la journée dans la savane. La nuit, il est regroupé dans des enclos à proximité des maisons et situés au sommet d'une colline. Les cultures se situent en contrebas de l'enclos, et se succèdent les unes aux autres sans phase de jachère. Les cultures profitent du ruissellement des nutriments provenant des déjections animales dans l'enclos. Les déjections sont également transportées quotidiennement à la main depuis l'enclos vers les cultures. Lorsque la densité de population augmente dans ces systèmes, {{Référence nécessaire|l'élevage tend à régresser}} et à laisser la place à des systèmes d'agroforesterie basés sur l'utilisation d'arbres et de cultures pérennes ([[Jardin créole|jardins créoles]] des Antilles<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Le Bellec,|nom1=Fabrice.|titre=Le jardin créole|sous-titre=produire en respectant l'environnement|lieu=Saint-Denis (Réunion)|éditeur=[[Éditions Orphie|Orphie]]|date=impr. 2008|pages totales=44|isbn=978-2-87763-412-0|isbn2=2-87763-412-4|oclc=470949967|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/470949967}}</ref>, du [[Yucatán]] et d'Asie du Sud-Est) ;
[[Fichier:Chaco Paraguay,cattle ranch, Presidente Hayes Province.JPG|vignette|Élevage bovin dans un grand ranch du Chaco paraguyen]]
* des systèmes à jachère et élevage, des zones sahéliennes et soudaniennes, similaires aux systèmes de culture attelée légère méditerranéens et européens. Les cultures sont regroupés sur les sols les plus fertiles, où sont également installées les maisons. Les animaux pâturent les zones les moins productives de la steppe ou de la savane. Pendant la saison sèche, les troupeaux sont parqués la nuit sur les champs, qui sont laissés en jachère, afin d'enrichir le sol par leurs déjections. Les troupeaux d'éleveurs nomades ou transhumants peuvent également s'ajouter aux troupeaux du village. Pendant la saison des pluies, les troupeaux sont tenus loin du village ou parqués la nuit dans des parcs à bétail. La terre des parcs à bétail, mélangée aux déjections, est prélevée et transportée dans les champs. Des situations semblables ont pu prévaloir dans le [[Gran Chaco|Chaco]] sud-américain ;
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Dans les premiers siècles de notre ère, ce système à rotation biennale et jachère s'étend à l'Europe tempérée. Les proportions du territoire occupées par l'ager, le saltus et la silva varient suivant les conditions pédoclimatiques. Dans les grandes plaines limoneuses et les vallées alluviales, tout le territoire peut-être mis en culture. La surface destinée à la forêt et au pâturage est alors réduite au minimum nécessaire pour répondre aux besoins de bois et de l'élevage. Dans d'autres régions aux sols plus minces et plus pauvres, la déforestation donne naissance à des [[lande]]s (sur sol siliceux) ou à des [[pelouses calcicoles]] (sur [[rendosol]]) qui feront office de saltus. L'ager est alors concentré dans les fonds de vallée. Certains massifs forestiers sont inexploitables avec les techniques de la culture attelée légère ([[Taïga|forêt boréale]], [[Forêts de conifères tempérées|forêts d'altitude]], forêts sur terrains humides, pierreux, accidentés, filtrants...) et se maintiendront jusqu'au Moyen Âge. Les zones de l'Europe tempérée qui avant l'arrivée de l'agriculture ne portaient pas de forêt sont intégrées au saltus, dans le cas où elles sont situées sur des sols peu fertiles (landes sur [[Podzosol|podzol]], sur sol sableux filtrant ou sur [[ranker]], [[pelouse]]s d'altitude), ou elles sont mises en culture, lorsqu'elles sont situées sur des sols fertiles comme les [[Tchernoziom|tchernozems]] (cas de la [[steppe eurasienne]])<ref name=":34" />.
 
Selon des études récentes (Roland Viader et Christine Rendu, 2014), la part de l'ager dans l'ensemble du paysage agricole aurait été largement surestimée par les historiens. Dans les régions de terres difficiles, la rotation biennale de l'ager est remplacée par une alternance cultures temporaires-pâturages, par exemple dans le cas des Ardennes : seigle-avoine-avoine-foin-pâturage 8 ans. Sur la plus grande part des terres cultivables, qui est alors comparable au saltus, une seule année de culture après brûlis prend place entre des périodes de landes d'une durée de trois à vingt ans dans le cas des Ardennes. Des systèmes approchant auraient été communs dans les régions de demi-montagne, de tourbières et de marais dans les Îles Britanniques, dans le Sud de la France, en Scandinavie, en Espagne et en Italie (en dehors de la PlaineduPlaine du Pô)<ref>{{Ouvrage|prénom1=Roland|nom1=Centre culturel de l'abbaye de Flaran|prénom2=Christine|nom2=Rendu|titre=Cultures temporaires et féodalité: les rotations culturales et l'appropriation du sol dans l'Europe médiévale et moderne actes des XXXIVe Journées internationales d'histoire de l'abbaye de Flaran, 12 et 13 octobre 2012|éditeur=Presses universitaires du Mirail|collection=Flaran|date=2014|isbn=978-2-8107-0340-1|consulté le=2024-05-03}}</ref>.
 
Au fil du temps, le système est perfectionné par la création de [[Culture en terrasses|terrasses]] sur les versants, qui permettent de retenir le sol et d'étendre l'espace cultivé, l'utilisation de l'[[irrigation]] et par le développement des vergers et de l'[[agroforesterie]] (vigne, figuier, [[amandier]], olivier, châtaignier, [[caroubier]], chêne, [[frêne]]), les arbres utilisant les ressources minérales profondes du sol et supportant mieux la [[sécheresse]] estivale des zones méditerranéennes. La vigne poursuit sa progression autour de la Méditerranée et vers le Nord suivant l'expansion grecque puis romaine. Bien que le vin soit conservé principalement en [[amphore]]s, le [[Tonneau (récipient)|tonneau]] est mentionné dans des textes autour du passage à l'ère actuelle après avoir été probablement inventé par les [[Rhètes]]<ref>{{Article |auteur1=Marguerite Gagneux-Granade |titre=La tonnellerie dans l'Antiquité |périodique=Archéologia |date=avril 2005 |pages=30-40 }}</ref>. Les Gallo-romains pratiquent le vieillissement en fûts de chêne.
 
==== L'organisation féodale et communautaire prévalente au début du Moyen-Âge ====
À la fin de l'Empire romain, le statut de [[Colonat partiaire|colon]] évolue. Désormais, les colons, sont liés juridiquement à la terre qu'ils exploitent ou au propriétaire de la terre, dans une forme qui préfigure le [[servage]]. Les troubles sociaux et les [[Invasions barbares|invasions]] qui accompagnent le [[Déclin de l'Empire romain d'Occident|déclin de l'empire]] poussent les grands propriétaires à se retirer sur leurs domaines (''[[Villa romaine|villa]]''), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte. Ces nouveaux colons voient cependant leur liberté se réduire. Progressivement ce système évolue vers le système médiéval caractérisé par la [[seigneurie]], le [[servage]] et le [[domaine médiéval]] organisé en [[Réserve (histoire)|réserve]] et [[Tenure (féodalité)|tenures]] serves ou libres<ref name=":34" />. AuDès le début du Moyen-Âge, les tenanciers, vilains ou serfs, des parcelles concédées ([[Tenure (féodalité)|tenures]]) sont astreints à des redevances ([[Cens (droit seigneurial)|cens]] ou [[champart]], [[chevage]] pour les serfs) et à des [[corvée]]s sur les terres du propriétaireseigneur, la [[Réserve (histoire)|réserve]] qu'il exploite pour lui-même. Les serfs exploitent des tenures petites sans attelage et ne peuvent quitter leur terre. Les [[Alleu|alleux]], terres sans seigneur présumées dépendre directement du roi, tendent à disparaître pour passer, volontiers ou de force, sous la protection seigneuriale<ref>{{Ouvrage|prénom1=Georges|nom1=Editions du Seuil|prénom2=Georges|nom2=Duby|prénom3=Armand|nom3=Wallon|titre=La formation des campagnes françaises|sous-titre=des origines au XIVe siècle|éditeur=[[Éditions du Seuil|Éd. du Seuil]]|collection=Histoire de la France rurale|année=1987|pages totales=620|isbn=978-2-02-004267-3|consulté le=2023-05-28}}</ref>. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents. Cette organisation est commune à toute l'Europe occidentale<ref name="Malassis p129" />.
 
Les tenanciers libres et les alleutiers qui possêdent un attelage sont aussi appelés [[Laboureur|''laboureurs'']]. Ceux qui n'exploitent qu'une tenure insuffisante doivent se louer à la tâche, ce sont les ''brassiers. Dans une catégorie intermédiaire, on trouve les [[Ménager|ménagers]] qui ne se louent pas<ref>''[[Dictionnaire du monde rural]]'' [[Marcel Lachiver]], [[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] 2006</ref>
 
Sur la réserve le seigneur installe et entretient des équipements (moulins, four, pressoir, forge …) que les paysans peuvent utiliser contre redevance. Il en bannit la construction ailleurs sur son domaine ([[Banalité (droit seigneurial)|Banalité]]). Le seigneur banal est donc un entrepreneur bénéficiant de privilèges. Le seigneur met à la disposition des paysans une partie de la réserve (forêt, landes, parcours, sources) le plus souvent à titre gratuit<ref name=":77" />.
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== Révolution agricole du Moyen Âge en Europe : les systèmes de culture attelée lourde ==
Au début du Moyen-Âge, la situation des paysans est marquée par leur grande dépendance soit comme [[serfs]], soit comme libres protégés et obligés du [[seigneur]]. Le servage disparaît en partie pendant la guerre de Cent-Ans en Europe occidentale (à l'ouest de l'[[Elbe (fleuve)|Elbe]]) mais persistera en Europe orientale et centrale.
 
Le changement de système de culture est caractérisé notamment par le passage de l'[[assolement biennal]] à l'[[assolement triennal]] ainsi que par la mise en défens de prés de fauche, ce qui permet le développement de l'élevage.
 
=== Nouvelles technologies ===
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L'augmentation de la population (elle double en Europe occidentale entre 1000 et 1340 <ref name=":48" /> et triple en France où « elle atteint à peu près 15 millions en 1328 »<ref name=":61">{{Ouvrage|prénom1=Gauvard, Claude, 1942-|nom1=...|titre=Le temps des Capétiens|sous-titre={{sp-|X|-|XIV}}|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|date=impr. 2013|passage=55|isbn=978-2-13-060825-7|isbn2=2130608256|oclc=847558166|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/847558166|consulté le=2019-01-23}}</ref>) et de ses besoins en bois, le développement de la métallurgie (consommation de bois de feu), la construction de nouveaux bâtiments agricoles et urbain (consommation de bois de construction) s'ajoutent aux défrichements et [[Essartage|essarts]] qui se multiplient à partir du {{S|X}}. La forêt européenne régresse et se dégrade. En réponse, les seigneurs commencent à réduire les droits d'usage des forêts et réglementent les coupes. Les modes d'exploitation en [[taillis]], [[futaie régulière]] et [[taillis sous futaie]] apparaissent à ce moment<ref name=":36" />.
 
Selon Mazoyer et Roudart, le rendement devait être de 8 q/ha pour la première céréale de la rotation et de 6 q/ha pour la deuxième. Ce système pourrait supporter une densité de population de 30 habitants par km² dans les zones défavorables (climat froid qui nécessite plus de bois et de fourrage, sol lessivé) et de 80 habitants par km² dans les zones les plus favorables (climat doux, sol de lœss fertile), avec une moyenne de 55 habitants par km², ce qui explique le triplement de la population. C'est surtout un système qui permet aux paysans de dégager d'importants surplus alimentaires, alors que le système précédent permettait juste de nourrir la famille paysanne. Ces surplus alimentaires vont stimuler le développement de groupes sociaux comme les artisans et les commerçants, ainsi que le développement des villes. Les succès de la [[Hanse]] ou des [[foires de Champagne]] sont une conséquence du développement des flux commerciaux agricoles. En retour, le développement de l'artisanat ([[métallurgie]], [[Charron (métier)|charronnerie]], [[bourrelier]]s, métiers du bâtiment) accélère le développement de l'agriculture en assurant la fabrication des outils nécessaires. Des industries d'aval, comme les moulins ou les tanneries se développent également. Les artisans et commerçants, qui sont regroupés dans lesdes villes forment des [[guilde]]s et obtiennent des [[Charte de franchises|chartes de franchise]], donnant naissance aux [[Commune (Moyen Âge)|communes médiévales]]<ref name=":36" />. On peut aussi faire la remarque que cesCes chartes, qui comportent des exemptions de taxes, créent un nouveau groupe de privilégiés (que l'on commence à appeler [[Bourgeoisie|bourgeois]]) et renforce le fait que les paysans sont les seuls ou presque à payer des impôts<ref name=":62" />.
 
L'augmentation de la population stimule les défrichements. De plus, les matériels du système de culture attelée lourde permettent la mise en culture d'écosystèmes jusque-là difficilement cultivables : sols sableux, filtrants et lessivés (incultivables sans apports de fumier), landes, sols argileux lourds (cultivables avec la charrue mais pas avec l'araire), marais côtiers et intérieurs, sols humides, zones froides d'altitude (Alpes, Jura, Carpates, collines et plateaux d'Europe centrale) ou d'Europe du Nord (Pologne, pays baltes, Scandinavie). Ce système s'étend donc dans toute l'Europe, à l'exception des zones les plus septentrionales (taïga, toundra) ou les plus en altitude où les besoins en bois et en fourrage sont trop importants et où survit l’agriculture sur abattis-brûlis et à l'exception des zones de steppe trop arides et des zones méditerranéennes, qui ne connaissent pas de déficit fourrager hivernal justifiant de lourds investissements (; le déficit fourrager estival est compensé par la transhumance, le séchage de l'herbe sur pied et le pâturage dans les maquis et garrigues)<ref name=":36" />.
 
Ainsi vers 1200, en [[Prusse (région)|Prusse]], alors peuplée par les Borusses, un peuple [[Pays baltes|balte]] païen, les défrichements ont été précédés de croisades menées par les [[Chevaliers Teutoniques]]. Ces croisades furent suivies par l'installation de colons germaniques, connaissant les techniques de la culture attelée lourde, et la constitution d'un bassin céréalier autour de la Baltique dont les exportations étaient assurées par la [[Hanse]]. Les moines-soldats de l'Ordre porte une grande attention à l'agriculture ainsi le défrichement et la bonification des terrains du [[delta de la Vistule]] permit de gagner 150 000 ha à l'agriculture<ref>{{Ouvrage|nom1=Nikolaus von Jeroschin|titre=The chronicle of Prussia: a history of the teutonic knights in Prussia, 1190-1331 by Nicolaus von Jeroschin|éditeur=Ashgate|collection=Crusade texts in translation|date=2010|isbn=978-0-7546-5309-7|consulté le=2024-05-27}}</ref>. Les Borusses disparurent en tant que peuple ([[Prussiens]]). Ces mouvements de [[Colonisation germanique de l'Europe orientale|colonisation germanique]] ont concerné de nombreuses régions d'Europe de l'Est ([[Drang nach Osten]] ou ''marche vers l'est'')<ref>Les effets de cette colonisation sont complètement effacés en 1945 par les Soviétiques en application des accords de Yalta</ref>.
 
C'est aussi à cette époque que sont aménagés les [[polder]]s des [[Comté de Flandre|Flandres]], dans les estuaires de l'[[Aa (fleuve)|Aa]], de l'[[Yser]] et du [[Rhin]]. L'expertise des ingénieurs flamands et hollandais sera ensuite appréciée pour l'aménagement des polders des côtes de la mer du Nord, de la Baltique, puis de l'Atlantique ([[Baie du Mont-Saint-Michel]], [[Marais poitevin]], îles de [[Île de Ré|Ré]], [[Île d'Oléron|Oléron]] et [[Île de Noirmoutier|Noirmoutier]], [[estuaire de la Gironde]]).
[[Fichier:Villeron - Grange de Vaulerent - 3.jpg|vignette|[[Grange de Vaulerent|Grange cistercienne de Vaulerent]], grange et pigeonnier. [[Villeron]], France, XIII<sup>ème</sup>siècle.]]Les seigneurs encouragent les défrichements en diminuant les impôts sur les terres nouvellement défrichées ([[essart]]s), et en investissant ([[Banalité (droit seigneurial)|Banalitébanalité]]) pour attirer les paysans et les aider à s'installer. Ces installations sont rendues nécessaires par le départ de chevaliers et paysans-soldats vers les pays conquis : Allemands et [[Flamands]] vers l'Est, Normands, Angevins vers la Grande-Bretagne et la Sicile, Poitevins vers la Grande-Bretagne, [[Royaume de Chypre|Chypre]], la Palestine et même en [[Couronne de Castille|Castille]] lors de la [[Reconquista]], expansion italienne et [[Couronne d'Aragon|aragonnaise]] en Méditerranée, puis conquête du Nouveau Monde. Enfin, il faut repeupler les territoires dévastés par les guerres ou les épidémies. En installant la banalité, le seigneur s'assure le monopole de services qu'il pourra ensuite parfois monnayer au prix fort. Les besoins importants en investissements financiers conduisent à la création du [[Paréage|contrat de pariage]]<ref name=":61" />. Un nouveau monde se crée sur les terres défrichées, composé d'investisseurs, de salariés et de paysans libres ([[Cens (droit seigneurial)|censitaires]], fermiers ou métayers[[Alleutier|alleutiers]]). Dans les zones cultivées anciennement, les rapports sociaux n'évoluent tout d'abord pas et la culture attelée lourde se développe peu. Néanmoins, laLa concurrence exercée par les denrées agricoles produites à plus faible coût dans les territoires nouvellement défrichés va obliger les seigneurs des anciens terroirs à s'adapter et va progressivement conduire à l'abandon du servage en Europe occidentale. Les corvées manuelles, peu productives, régressent tandis que les seigneurs salarient parfois des laboureurs, propriétaires de leur attelage, pour exploiter leurs propres terres.
 
Une couche de paysans riches (les grands fermiers qui ne s'inscrivent plus dans le système féodal) prend à ferme les terres des réserves ecclésiastiques ou seigneuriales dont les propriétaires abandonnent la mise en valeur directe dans le quart nord-est de la France à partir de 1450<ref name=":78" />. Ailleurs dans le pays le [[métayage]] se développe dans des villages éventuellement [[Remembrement|remembrés]] par les seigneurs<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Bernadette|nom1=Bucher|titre=Descendants de Chouans|sous-titre=histoire et culture populaire dans la Vendée contemporaine|lieu=Paris|éditeur=Ed. Maison des sciences de l'homme|année=1995|pages totales=338|isbn=2-7351-0644-6|isbn2=978-2-7351-0644-8|oclc=406802703|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/406802703|consulté le=2021-04-10}}</ref>, c'est le cas de la [[Gâtine poitevine|Gâtine de Parthenay]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Hugues|nom1=Editions du Seuil|prénom2=Jean|nom2=Jacquart|prénom3=Emmanuel|nom3=Le Roy Ladurie|prénom4=Georges|nom4=Duby|titre=L' âge classique des paysans|sous-titre=1340-1789|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Histoire de la France rurale|année=1986|pages totales=658|isbn=978-2-02-004268-0|consulté le=2023-05-28}}</ref>. À l'autre bout de l'échelle sociale les [[paysans sans terre]] se multiplient. Le servage reste la règle en Europe à l'est de l'[[Elbe (fleuve)|Elbe]] et en Russie ([[Servage en Russie]]).
Les [[Ordre cistercien|moines cisterciens]] gèrent de grands domaines. Ils sont particulièrement impliqués dans ces défrichements et l'élevage (ainsi que dans le développement de la métallurgie). Ils mettent au point la [[pisciculture]] et l'élevage moderne des [[lapin]]s avec séparation des sexes. Ils portent une grande attention à l'élaboration de la [[cire]], du [[miel]], des vins (invention des [[climats]] à [[Clos-de-vougeot]]), des fromages et à l'élevage des [[pigeons]] ([[colombiculture]])<ref>{{Lien web|titre=L'histoire des pigeons|url=http://www.cosaanimalia.org/projet-pigeonniers/l-histoire-des-pigeons/|site=Cosa animalia|consulté le=6 avril 2018}}</ref> pour la chair. Ils construisent de magnifiques [[Colombier (édifice)|colombiers]] permettant, en outre, de récupérer la colombine, un engrais très apprécié pour les jardins. Cet élevage était alors règlementé et réservé aux propriétés seigneuriales et ecclésiastiques, les pigeons se nourrissant gratuitement chez les paysans. Ces productions permettent en effet de passer le [[carême]] avec des plats « sans viande » ou réputés tels (lapereaux, pigeonneaux).
 
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== Échange colombien ==
{{Article détaillé|Échange colombien|Plantation}}
[[Fichier:New World's main domesticated plants.jpg|vignette|Exemples de plantes domestiquées originaires d'Amérique : maïs, tomate, pomme de terre, tabac, cacao, vanille aujourd'hui considérées comme indispensables.]]
[[Fichier:Daktulosphaira vitifoliae from CSIRO.jpg|vignette|Le [[Phylloxéra]], un ravageur de la vigne venu d'Amérique et finalement combattu en utilisant des plants de vigne venus d'Amérique.|alt=|175x175px|gauche]]
À la suite des [[grandes découvertes]] et de la « [[Découverte et exploration de l'Amérique|découverte de l'Amérique]] », se produit un mouvement d'échange d'espèces entre les différents continents qui modifie en profondeur les systèmes agraires, et entraîne une homogénéisation biotique du monde<ref>Philippe Norel et Laurent Testot, Une histoire du monde global, coll. « Sciences humaines », 2012 {{ISBN|9782361060930}}, {{p.|432}}</ref>{{,}}<ref name=":19">[[Nathan Nunn]] & Nancy Qian, « The Columbian Exchange: À History of Disease, Food, and Ideas », ''Journal of Economic Perspectives'', Spring, {{vol.}} 24, {{n°}} 2, 2010, {{p.}} 163–188, http://scholar.harvard.edu/files/nunn/files/nunn_qian_jep_2010.pdf</ref>. Parmi les espèces domestiques, le haricot, les courges, le maïs, le tournesol, le topinambour, le tabac, la pomme de terre, la [[tomate]], les espèces de fraisiers parentes de ''[[Fragaria ×ananassa]]'' (fraisier cultivé), le piment, le poivron, la patate douce, le vanillier, le cacaoyer et le manioc originaires d’Amérique s'intègrent aux systèmes agricoles des autres continents. Plusieurs de ces cultures sont capables de croitre en des lieux ou à des saisons où aucune culture de l'[[Ancien Monde]] ne poussait précédemment<ref name=":19" />.
 
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L'introduction de la pomme de terre en Europe provoque une augmentation de la population du fait de sa bonne productivité et de son aptitude à la conservation<ref>{{Article|prénom1=Nathan|nom1=Nunn|prénom2=Nancy|nom2=Qian|titre=The Potato's Contribution to Population and Urbanization: Evidence From A Historical Experiment|périodique=The Quarterly Journal of Economics|volume=126|numéro=2|date=2011-05-01|issn=0033-5533|doi=10.1093/qje/qjr009|lire en ligne=https://academic.oup.com/qje/article/126/2/593/1868756/The-Potato-s-Contribution-to-Population-and|consulté le=2017-08-30|pages=593–650}}</ref>.
 
[[Fichier:Daktulosphaira vitifoliae from CSIRO.jpg|vignette|Le [[Phylloxéra]], un ravageur de la vigne venu d'Amérique et finalement combattu en utilisant des plants de vigne venus d'Amérique|alt=|175x175px]]
De leur côté, les céréales européennes, le [[gombo]], l'[[igname]], le [[caféier]], la [[canne à sucre]], la [[banane]] commencent à être cultivés en Amérique et plus généralement dans toute la zone intertropicale. Le développement de ces cultures dans les [[colonies européennes]] est lié à celui de l'[[esclavage]] et des [[plantation]]s.
 
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En Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande, l'[[élevage extensif]] repousse aussi les populations locales. La colonisation britannique de l'[[Australie]], à partir de 1788, introduit l'agriculture dans une île qui commençait seulement à la découvrir. La population indigène de [[Tasmanie]] est totalement exterminée par les colons<ref>{{Ouvrage|prénom1=Boyce,|nom1=James.|titre=Van Diemen's land|éditeur=Black Inc|année=2010|pages totales=388|isbn=978-1-86395-491-4|oclc=618121229|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/618121229}}</ref>.
 
En Amérique tropicale, dès la fin du {{s-|XIX}}, des firmes américaines mettent en place d'immenses plantations. Ces firmes deviennent parfois plus puissantes que les états indépendants et en profitent pour installer des gouvernements à leur dévotion ([[république bananière]]). La plus connue de ces firmes fut la [[United Fruit Company]]<ref name=":66">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Dufumier,|nom1=Marc.|titre=Agricultures et paysanneries des Tiers mondes|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Karthala|Éd. Karthala]]|année=2004|pages totales=598|isbn=2-84586-548-1|oclc=470269094|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/470269094}}</ref>, aujourd'hui Chiquita Brands International. La ''Hawaïan Pineapple Company'' soutint efficacement le coup d'état de 1894 qui permit de renverser la reine [[LiliuokalaniLiliʻuokalani]] puis aux États-Unis d'annexer [[Hawaï]] en 1898. C'est aujourd'hui la [[Dole Food Company]], seconde compagnie bananière mondiale. La [[Compagnie Fruitière]] ([[Marseille]], France) créée en 1939, est, après le rachat d'une partie des actifs de Dole, la première compagnie fruitière opérant en Afrique (2014).
[[Fichier:Francisco Oller - Hacienda Aurora.jpg|vignette|Une hacienda à [[Porto Rico]] en 1899 (au moment où l'île est annexée par les États-Unis). ''Hacienda Aurora'' de [[Francisco Oller]].]]
À la fin du {{s-|XIX}}, après l'interdiction de l'esclavage, dans certaines zones tropicales, des plantations furent mises en place dans les colonies pour des cultures de type industriel comme l'[[hévéa]]<ref>{{Lien web|titre=Les plantations d'hevea|url=http://belleindochine.free.fr/Plantations.htm|site=L'Indochine coloniale|consulté le=15 mars 2018}}</ref>, le [[cacaoyer]] ou le [[palmier à huile]]. Ces plantations étaient établies soit sur des terrains expropriés où l'on employait des travailleurs libres déplacés ([[coolie]]s) soumis à des conditions très dures selon les contrats d'[[indenture]] ou d'[[engagisme]], soit sur les terres des paysans selon des systèmes proches du travail forcé . Ce fut le cas dans les [[Philippines]] américaines, sur l'île de [[Formose (île)|Formose]] japonaise (canne à sucre, riz), au [[Suriname]] et dans les [[Antilles néerlandaises]], en [[Malaisie]] et sur [[Ceylan britannique]], au [[Congo belge]] et aux Comores (plantations de vanilliers et de plantes à parfum comme l'[[ylang-ylang]]{{Note|texte=utilisé notamment dans le Chanel n°5}}) et en [[Indochine française]]... Les coolies étaient principalement Indiens ou Chinois mais pouvaient provenir de n'importe quels endroits du globe. Il y eut comme travailleurs soumis à ces types de contrats des Irlandais, des Bretons, des Malgaches, des Mélanésiens en Australie ([[Blackbirding]]), des Japonais ([[Immigration japonaise au Brésil]]), des Népalais dans les plantations britanniques de [[thé]] en Inde ([[Histoire du thé]]), des Indonésiens en Nouvelle-Calédonie où les conditions imposées par les Français étaient un peu moins dures que celles des Hollandais en Indonésie ([[Indonésiens de Nouvelle-Calédonie]]).[[Fichier:Edmond Albius.jpg|gauche|vignette|Portrait de [[Edmond Albius]] qui inventa, alors jeune esclave à [[La Réunion]], une méthode révolutionnaire de [[pollinisation]] de la vanille|alt=|257x257px]]
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* [[Histoire de la sélection végétale]]
* [[Histoire de l'agriculture biologique]]
* [[Glossaire politique et social de l'agriculture]]
}}