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« Léopold Ier (roi des Belges) » : différence entre les versions

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Dès le printemps 1814, alors qu'il accompagne le tsar en [[Angleterre]], il est question d'un projet matrimonial concernant Léopold. Ayant appris que la princesse de Galles, [[Charlotte de Galles (1796-1817)|Charlotte]], le seul enfant légitime du prince régent, le futur {{souverain2|George IV|du Royaume-Uni}}, est promise au futur {{souverain3|Guillaume II (roi des Pays-Bas)}}, alors [[Principauté d'Orange#Liste des princes d'Orange|prince d'Orange]], l'empereur de Russie, incité par [[Robert Stewart (vicomte Castlereagh)|Lord Castlereagh]], le [[Parti whig (Royaume-Uni)|parti Whig]] et une part importante de la [[gentry]], décide {{incise|afin d'empêcher une union personnelle entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas qui engendrerait une nouvelle domination des mers par les {{Citation|puissances maritimes}}}} de présenter son propre candidat qu'il trouve en la personne du prince Léopold. Le tsar a désormais un sérieux rival à opposer au prince d'Orange{{sfn|Puraye|1973|p=102||id=Pu}}. En {{date||juin|1814}}, Léopold est donc présenté à la cour et à Charlotte qui se montre d'abord indifférente. Les mois passent sans que rien se dessine ; mais Charlotte rejette l'option imposée par son père et encourage par lettre le retour de Léopold en Grande-Bretagne afin qu'il demande sa main{{sfn|Defrance|2004|group=D|p=57}}. Ce dernier juge cependant bon de temporiser afin de s'attirer la sympathie de son futur beau-père. Léopold aura donc attendu presque deux ans avant de s'engager dans des fiançailles. Léopold doit d'ailleurs encore régler des affaires politiques à [[Paris]], participer au [[congrès de Vienne]] et se rendre à [[Berlin]] avant de regagner définitivement l'Angleterre en {{date||février|1816}}. Là, le prince-régent se montre conciliant à l'égard de Léopold. Le mariage est décidé et a lieu le {{date|2|mai|1816}} à [[Carlton House]]{{sfn|Huberty|1976|id=Hu|p=485}}.
 
[[Fichier:Sir Thomas Lawrence (1769-1830) - Prince Leopold of Saxe-Coburg, later Leopold I, King of the Belgians (1790-1865) - RCIN 405144 - Royal Collection.jpg|vignette|redresse|Altalt=Homme en pied avec des cheveux noirs et revêtu d'un cosyume d'apparât.|Léopold de Saxe-Cobourg-Saalfeld en tenue de [[Liste des chevaliers de la Jarretière|chevalier de la Jarretière]] par [[Thomas Lawrence|Sir Thomas Lawrence]].]]
Le couple passe sa lune de miel au [[palais d'Oatlands]], la résidence du [[Frédéric d'York|duc d'York]] dans le [[Surrey (comté)|Surrey]]. Deux jours après leur mariage, ils reçoivent la visite du prince-régent qui paraît bien disposé à leur égard<ref>{{Ouvrage |prénom1=James |nom1=Chambers |titre=Leopold and Charlotte |lieu=Londres |éditeur=Old Street Publishing |année=2007 |pages totales=274 |passage=188-189 |isbn=978-1-905847-23-5}}.</ref>. Le prince Léopold et son épouse rentrent ensuite à [[Londres]] lors de la saison parlementaire. Leur présence au théâtre est saluée par un tonnerre d'applaudissements et un ''[[God Save the King]]'' entonné par la troupe. Un jour qu'elle se sent mal à l'opéra, on s'inquiète beaucoup pour elle. Charlotte vient de faire une fausse couche{{note|La princesse Charlotte a accouché de deux enfants mort-nés : le premier à Camelford House entre le 22 et le {{date|30|juillet|1816}} et le second entre {{date||septembre|1816}} et {{date||janvier|1817}}{{sfn|Huberty|1976|id=Hu|p=507}}.|group=N}}.
 
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Léopold aide, dès cette époque, des membres de sa parenté dans leur ascension vers les différents trônes européens. Dès [[1818]], il remarie sa sœur [[Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld|Victoire]], veuve depuis quatre ans du prince [[Émile-Charles de Leiningen]], à [[Édouard-Auguste de Kent|Édouard-Auguste duc de Kent]], frère cadet du [[George IV|prince-régent]]. De cette union, naît la future [[Victoria (reine)|reine Victoria]] en 1819 qui devient orpheline de père dès 1820. Léopold recueille provisoirement à Claremont sa sœur de nouveau veuve et sa fille pour laquelle il devient un père de substitution et un conseiller écouté. Léopold obtient du roi {{souverain2|George IV}} que soient libérés pour elles des appartements à [[Palais de Kensington|Kensington]], tout en pourvoyant durant plusieurs années à l'entretien de sa sœur et de sa nièce{{sfn|Defrance|2004|group=D|p=82}}.
 
[[Fichier:Leopold of Saxe-Coburg by Reynolds.jpg|vignette|redresse|Altalt=Portrait d'un homme aux cheveux noirs en habit vert assis sur un fauteuil rouge devant une fenêtre donnant sur un paysage|Portrait du prince Léopold, [[Peinture à l'huile|huile sur toile]] de [[Samuel William Reynolds]].]]
Après la mort de Charlotte, le prince Léopold, favorablement apprécié en Grande-Bretagne, reste encore quatorze années sur le sol britannique. Il entretient des relations souvent difficiles avec {{souverain2|George IV}}, roi depuis 1820, principalement en raison du soutien qu'il a accordé à son épouse, [[Caroline de Brunswick]], dans le conflit qui les opposait. Léopold a en effet ostensiblement rendu visite à la reine Caroline alors que son mari s'apprêtait à être couronné en veillant à ce que cette dernière ne fût pas présente{{sfn|Kirchen|1998|group=K|p=174|id=1}}. Profitant de sa situation exempte d'obligations, Léopold voyage très régulièrement en Europe : Cobourg, [[Gênes]], [[Florence]], [[Rome]], [[Naples]] et [[Vienne (Autriche)|Vienne]] (en 1821), Paris (1822), Cobourg (1824), Naples (1826) où une fièvre fait croire que ses jours sont en danger, la [[Silésie]] (1828){{sfn|Kirchen|1998|group=K|p=177|id=1}}...
 
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=== Roi des Belges ===
[[Fichier:1840 portrait of King Leopold I (King of the Belgians) by Winterhalter.jpg|vignette|redresse|Altalt=portrait d'un homme en pied et en costume d'apparat à épaulettes, veste noire, pantalon blanc, bottes, devant une tenture carmin.|''Léopold {{Ier}}, roi des Belges'', [[Peinture à l'huile|huile sur toile]] de [[Franz Xaver Winterhalter]] (1840).]]
En [[Belgique]], le {{Date|4|octobre|1830}}, à l'issue de la [[révolution belge]] contre les [[Pays-Bas]], le [[Congrès national (Belgique)|Congrès national]] proclame l'[[Déclaration d'indépendance de la Belgique|indépendance]]. Celle-ci est reconnue internationalement le {{Date|20|décembre|1830}}. Le {{Date|3|février|1831}}, le Congrès élit d'abord roi des Belges [[Louis d'Orléans (1814-1896)|Louis d'Orléans]], duc de Nemours, deuxième fils de {{souverain2|Louis-Philippe Ier}}, qui vient d'être élu [[roi des Français]] par le Parlement. La Grande-Bretagne s'oppose à ce qu'un prince français règne à Bruxelles<ref>{{harvsp|Rossel|1905|p=57-58}}.</ref>, et Louis-Philippe refuse le titre au nom de son fils de peur de déclencher une guerre européenne dans laquelle la France serait isolée{{sfn|Defrance|2004|group=D|p=110}}.
 
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Tandis que les rédacteurs de la [[Constitution de la Belgique|Constitution de 1831]] assignent au souverain en sa qualité d'arbitre neutre et impartial le pouvoir modérateur dans lequel ils voient le trait essentiel de la fonction royale, Léopold parvient, dès le début de son règne, à s'octroyer une place très influente au sein du gouvernement{{sfn|de Lichtervelde|group=L|1929|p=145}}. En effet, le roi exerce une action personnelle et directe dans les domaines diplomatique, administratif et militaire{{sfn|de Lichtervelde|group=L|1929|p=147}}. La Belgique demeure un pays fort divisé mais en grande partie rassemblé par son roi<ref name="Gita Deneckere p.129.">Gita Deneckere in Gustaaf Janssens & Jean Strengers (dir.), ''Nouveaux regards sur {{Léopold Ier}} et {{Léopold II}}'', Fonds d'Archives Goffinet, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, 1997, {{p.|129}}.</ref>.
 
De 1831 à 1846, la politique est polarisée entre les [[Histoire du libéralisme économique classique|libéraux]] et les [[Parti catholique|catholiques]], lesquels forment des [[Unionisme (Belgique)|gouvernements unionistes]]{{sfn|de Lichtervelde|group=L|1929|pp=217-244}}. L'[[Église catholique]] est dès le début un des principaux piliers de l'État belge. [[Luthéranisme|Luthérien]], refusant de se convertir au [[catholicisme]], les convictions religieuses du roi n'influencent pas sa politique intérieure<ref name="Gita Deneckere">{{Ouvrage|auteur1=Gita Deneckere|directeur1=Gustaaf Janssens|directeur2=Jean Strengers|titre=Nouveaux regards sur {{Léopold Ier}} et {{Léopold II}}|lieu=Bruxelles|éditeur=Fonds d'Archives Goffinet|année=1997|passage=129|isbn=}}.</ref>. Le roi s'attache à entretenir les meilleures relations avec le [[Saint-Siège]], de façon à pouvoir agir sur l'épiscopat par l'intermédiaire de la seule autorité qui possède sur lui un ascendant incontesté{{sfn|de Lichtervelde|group=L|1929|p=240}}. La Belgique étant très majoritairement catholique, le roi voit dans le catholicisme un moyen de paix sociale. Il espère que le catholicisme {{incise|dans un pays dont l'identité nationale ne peut s'appuyer sur une langue commune}} soit le vecteur de l'unification du pays dans un [[Conservatisme|esprit conservateur]]. À lui revient la tâche de trouver {{Citation|un modus vivendi avec la constitution libérale et les règles du jeu démocratique<ref name="Gita Deneckere"/>}}.
 
Bientôt, la lutte entre les catholiques et les libéraux commence à sourdre derrière la façade [[Unionisme (Belgique)|unioniste]]. Ainsi, la chute du [[Gouvernement de Theux I|gouvernement de Theux]] en {{date-|avril 1840}} est probablement l’un des événements politiques que {{Léopold Ier}} redoutait le plus. C’est la première fois dans l’histoire belge que la Chambre laisse tomber un gouvernement. Le jugement de Léopold est que le Parlement a voté contre le traitre [[Jacques Van der Smissen|Van der Smissen]] et non un vote négatif envers le gouvernement de Theux. L’unionisme qui régnait jusque-là en maitre dans les différents gouvernements et au sein du Parlement associé aux événements internationaux donnaient beaucoup de force à la parole conservatrice du souverain<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Mark Van Den Wijngaert |auteur2=Dana Brants |auteur3=Lieve Beullens |traducteur=Anne-Laure Vignaux |titre=Pouvoir et monarchie |sous-titre=La Belgique et ses rois |lieu=Bruxelles |éditeur=[[La Renaissance du livre|La Renaissance du Livre]] |année=2002 |pages totales=432 |passage=171 |isbn=978-2-87415-157-6}}.</ref>. Le rôle du roi dans cette crise est essentiel pour la formation rapide d’un nouveau gouvernement mené par [[Joseph Lebeau|Lebeau]]. C’est contre ses opinions mais pressé par la crise économique qu’il envoie le premier gouvernement libéral au pouvoir.
 
En 1846, le [[Parti de la liberté et du progrès (unitaire)|parti libéral]], lors d'un congrès qui réunit trois cent cinquante délégués venus de tout le pays, se donne une organisation et un programme mettant au premier plan l'indépendance du pouvoir civil{{sfn|de Lichtervelde|group=L|1929|p=237}}. À partir du [[Gouvernement Rogier I|gouvernement dirigé]] par [[Charles Rogier]] en 1847, naît un nouveau système où le lien entre le gouvernement et le [[Parlement fédéral (Belgique)|parlement]] gagne en importance et minore le rôle du roi<ref name="Els Witte p.164.">{{Ouvrage|auteur1=Els Witte|auteur2=Jan Craeybecxk|titre=La Belgique politique de 1830 à nos jours|sous-titre=les tensions d'une démocratie bourgeoise|lieu=Bruxelles|éditeur=[[Éditions Labor|Labor]]|année=1987|passage=164|isbn=}}.</ref>. Dorénavant, les gouvernements sont tantôt dirigés par des libéraux, tantôt par des catholiques. Les libéraux sont opposés à l'influence de l'Église catholique dans les domaines politiques et sociaux, prônant le [[libre-échange]], les [[Libertés fondamentales|libertés individuelles]] et la [[sécularisation]]. Les catholiques œuvrent pour un enseignement religieux comme base de l'État et de la société. Durant la seconde partie du règne de {{Léopold Ier}}, les libéraux sont presque en permanence au pouvoir et dirigent des cabinets ministériels homogènes. En effet, de 1847 à 1870 (hormis de 1855 à 1857 où [[Gouvernement De Decker|le dernier gouvernement unioniste]] belge est dirigé par [[Pierre De Decker]]), le chef de cabinet est invariablement libéral. Les relations avec ses ministres prouvent que le roi considère comme sa prérogative la nomination et la révocation des membres du gouvernement. Il veut être informé préalablement de toutes les décisions de ses ministres<ref>{{Ouvrage|auteur1=Guido Provoost|titre=La monarchie et les problèmes de politique intérieure|sous-titre=150 ans de monarchie constitutionnelle|lieu=Bruxelles|éditeur=|année=1981|passage=109|isbn=}}.</ref>.