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Modification de Santo Gato

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[[File:Santa Agueda - Zurbarán (detalle).png|thumb|Agathe de Catane présentant ses seins sur un plateau]]
[[Fichier:Santo Gato.jpg|thumb| Sainte Agathe, devenue Santo Gato, jetant ses sorts et ses maléfices lors de la nuit du 4 au 5 février]]
'''Santo Gato''' ('''santa Gata''' en graphie occitane classique), littéralement « Sainte Chatte », est la désignation [[occitan]]e d'[[Agathe de Catane]]. Ce glissement sémantique de ''Santa Agata'', par aphérèse du '''a''' est le reliquat d'un folklore religieux très vivace au [[Moyen Âge]] ayant attribué à la [[martyr]]e aux seins coupés des prétendus pouvoirs sur les éléments et les saisons.
'''Santo Gato''', littéralement Saint Chat, est la désignation [[occitan]]e d'[[Agathe de Catane]]. Ce glissement sémantique de ''Santa Agata'', par aphérèse du '''a''', et son passage au masculin, sont les reliquats d'un folklore religieux très vivace au [[Moyen Âge]] ayant attribué à la [[martyr]]e aux seins coupés des prétendus pouvoirs sur les éléments et les saisons.


== Agathe héritière d'Isis ==
==Agathe héritière d'Isis==
[[Pierre Chuvin]], dans ''Chronique des derniers païens'', relate comment [[Isis]], protectrice de [[Catane]], considérée comme la ''bonne déesse'' (''Agathè Daimôn'') fut, dès que le [[christianisme]] devint la religion dominante, métamorphosée en sainte Agathe<ref>Pierre Chuvin, ''Chronique des derniers païens. La disparition du paganisme dans l'Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien'', Éd. Fayard, Paris, pp. 270-271.</ref>.
[[Pierre Chuvin]], dans ''Chronique des derniers païens'', relate comment [[Isis]], protectrice de [[Catane]], considérée comme la ''bonne déesse'' (''Agathè Daimôn'') fut, dès que le [[christianisme]] devint la religion dominante, métamorphosée en sainte Agathe<ref>Pierre Chuvin, ''Chronique des derniers païens. La disparition du paganisme dans l'Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien'', Éd. Fayard, Paris, pp. 270-271.</ref>.


[[Pierre Sauzeau]], qui professa à l'Université Paul Valéry – Montpellier III,
[[Pierre Sauzeau]], qui professa à l'Université Paul Valéry – Montpellier III,
explique comment Agathe, devint l'héritière d’Isis à Catane. La déesse, venue d'Égypte, y assumait les fonctions de protectrice de la navigation (Euploia, Ploiaphèsa). Elle était fêtée au cours d'une procession carnavalesque qui perdura jusqu'au {{s|VI}}, et au cours de laquelle on lui offrait du lait dans des seaux en forme de sein. Quand Agathe la détrôna, ce furent désormais ses seins mutilés qui furent mis à l'honneur<ref>[http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHR_2243_0289 Pierre Suzeau, ''De la déesse Héra à la Panaghia. Réflexions sur le problème des continuités religieuses en Grèce et en Grande-Grèce'']</ref>.
explique comment Agathe, devint l'héritière d’Isis à Catane. La déesse, venue d'Égypte, y assumait les fonctions de protectrice de la navigation (Euploia, Ploiaphèsa). Elle était fêtée au cours d'une procession carnavalesque qui perdura jusqu'au {{s|VI}}, et au cours de laquelle on lui offrait du lait dans des seaux en forme de sein. Quand Agathe la détrôna, ce furent désormais ses seins mutilés qui furent mis à l'honneur<ref>[http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHR_2243_0289 Pierre Suzeau, ''De la déesse Héra à la Panaghia. Réflexions sur le problème des continuités religieuses en Grèce et en Grande-Grèce'']</ref>.


== De sainte Agathe à Santo Gato ==
==De sainte Agathe à Santo Gato==
Son culte s'est étendu de la [[Provence]] au [[Languedoc]] voisin, on le retrouve jusqu'en [[Ariège (département)|Ariège]]<ref name="FB226">Fernand Benoit, {{opcit}}, p. 226.</ref> et à [[Saint-Chaptes]], camouflage à peine voilé de ''Saint Chat'', pour la ''villa santa Agatha'' attestée dès [[1121]]. Il remonte, selon la toponymie,le long de l'axe [[Rhône]]/[[Saône]], avec [[Sainte-Agathe (Puy-de-Dôme)|Sainte-Agathe]], dans le [[Puy-de-Dôme]] et deux paroisses de la [[Loire (département)|Loire]], [[Sainte-Agathe-en-Donzy]] et [[Sainte-Agathe-la-Bouteresse]] ([[1080]])<ref>[[Albert Dauzat]] et [[Charles Rostaing]], ''Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France'', Éd. Larousse, 1968, p. 1905.</ref>.
[[Fichier:Santa Agueda - Zurbarán (detalle).png|thumb|Agathe de Catane présentant ses seins sur un plateau]]
Son culte s'est étendu de la [[Provence]] au [[Languedoc]] voisin, on le retrouve dans les [[Pyrénées]], notamment en [[Ariège (département)|Ariège]]{{sfn|Benoit|1992|p=226}} et à [[Saint-Chaptes]], pour la ''villa santa Agatha'' attestée dès [[1121]]. Il remonte, selon la toponymie,le long de l'axe [[Rhône]]/[[Saône]], avec [[Sainte-Agathe (Puy-de-Dôme)|Sainte-Agathe]], dans le [[Puy-de-Dôme]] et deux paroisses de la [[Loire (département)|Loire]], [[Sainte-Agathe-en-Donzy]] et [[Sainte-Agathe-la-Bouteresse]] ([[1080]])<ref>[[Albert Dauzat]] et [[Charles Rostaing]], ''Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France'', Éd. Larousse, 1968, p. 1905.</ref>.


Fêtée, le {{date-|5 février}}, date présumée de son [[martyre]] à [[Catane]], elle était invoquée contre les feux du ciel et les fléaux du temps. Dans chaque église, la cloche de ''Santo Gato'' sonnait toute la nuit, la veille de sa fête, afin de chasser les démons responsables de ces méfaits. Pour rendre son carillon plus efficace, la cloche était toujours gravée, par {{Citation|magie sympathique}} de formules incompréhensibles<ref>Fernand Benoit, ''Les cloches de sainte Agathe en Provence'', Revue du folklore français, 1936, p. 142.</ref>. L'abbé Louis Boiteux en a relevé une restée intacte ''{{Citation|Mentem sanctam spontaneam honorem Deo et patriæ liberationem}}''<ref>Louis Boiteux, ''L'épitaphe de sainte Agathe sur les cloches antiques'', Revue archéologique, 1927, p. 264.</ref>.
Fêtée, le 5 février, date présumée de son [[martyre]] à [[Catane]], elle était invoquée contre les feux du ciel et les fléaux du temps. Dans chaque église, la cloche de ''Santo Gato'' sonnait toute la nuit, la veille de sa fête, afin de chasser les démons responsables de ces méfaits. Pour rendre son carillon plus efficace, la choche était toujours gravée, par {{Citation|magie sympathique}} de formules incompréhensibles<ref>Fernand Benoit, ''Les cloches de sainte Agathe en Provence'', Revue du folklore français, 1936, p. 142.</ref>. L'abbé Louis Boiteux en a relevé une restée intacte ''{{Citation|Mentem sanctam spontaneam honorem Deo et patriæ liberationem}}''<ref>Louis Boiteux, ''L'épitaphe de sainte Agathe sur les cloches antiques'', Revue archéologique, 1927, p. 264.</ref>.
[[Fichier:Eglise à Maillane.JPG|thumb|Église Sainte-Agathe à Maillane]]
Le culte de ''Santo Gato'' prit une autre dimension, à la fin du {{s|XIII}}, quand [[Guillaume des Porcellets]], seigneur de [[Maillane]] et seul rescapé provençal des [[vêpres siciliennes]], revint, en [[1282]], rapportant une ''ymage'' de la vierge de Catane à laquelle il vouait un culte{{sfn|Clébert|1972|p=295}}. [[Claude-François Achard]], historien du {{s|XVIII}}, indiquait : {{Citation|On pardonna à un seul homme, Provençal de naissance, appelé Guillaume des Porcellets, qui, dans le gouvernement d'une place où il commandait, s'était toujours distingué par son équité, sa modération, par sa douceur et par sa piété, et qui fut en cette occasion redevable de la vie à la seule impression extraordinaire que sa vertu avait faite sur l'esprit des Peuples}}<ref>Claude-François Achard, ''Dictionnaire de la Provence et du Comté-Venaissin'', J. Mossy, 1787.</ref>.


Le culte de ''Santo Gato'' pris une autre dimension, à la fin du {{s|XIII}}, quand [[Guillaume des Porcellets]], seigneur de [[Maillane]] et seul rescapé provençal des [[vêpres siciliennes]], revint, en [[1282]], rapportant une ''ymage'' de la vierge de Catane à laquelle il vouait un culte<ref name="JPC295">Jean-Paul Clébert, {{opcit}}, p. 295.</ref>. [[Claude-François Achard]], historien du {{s|XVIII}}, indiquait : {{Citation|On pardonna à un seul homme, Provençal de naissance, appelé Guillaume des Porcellets, qui, dans le gouvernement d'une place où il commandait, s'était toujours distingué par son équité, sa modération, par sa douceur et par sa piété, et qui fut en cette occasion redevable de la vie à la seule impression extraordinaire que sa vertu avait faite sur l'esprit des Peuples}}<ref>Claude-François Achard, ''Dictionnaire de la Provence et du Comté-Venaissin'', J. Mossy, 1787.</ref>.
Un dicton [[Ariège (département)|ariégeois]] indique : ''{{Citation|Pèr Santo Gato, semeno la pourato, tire l'aigo del prat, que l'hiber es passat}}''<ref>Violet Alford et Rodney Gallop, ''Traces of a Dianic Cult from Catalonia to Portugal'', Folk-Lore, XVI, 1935, p. 357.</ref>. [[Fernand Benoit]] indique que la date du {{date-|5 février}}, dans cette partie des [[Pyrénées]], était marqué par des rites de sorcellerie pour accélérer le passage de l'hiver au printemps{{sfn|Benoit|1992|p=225-226}}.


Un dicton [[Ariège (département)|ariégeois]] indique : ''{{Citation|Pèr Santo Gato, semeno la pourato, tire l'aigo del prat, que l'hiber es passat}}''<ref>Violet Alford et Rodney Gallop, ''Traces of a Dianic Cult from Catalonia to Portugal'', Folk-Lore, XVI, 1935, p. 357.</ref>. [[Fernand Benoit]] indique que la date du 5 février, dans cette partie des [[Pyrénées]], était marqué par des rites de sorcellerie pour accélérer le passage de l'hiver au printemps<ref>Fernand Benoit, {{opcit}}, pp. 225-226.</ref>.
Par association avec les rituels supposés de sorcellerie, où les sorcières provoquaient orages et tempêtes en faisant tourbillonner l’eau d’un étang ou même d’un récipient quelconque, il était interdit de faire la lessive le jour de la fête de sainte Agathe. Cette superstition était largement répandue dans les Pyrénées et en Gascogne.
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Cassatelle di Sant'Agata.JPG|Minni di Sant'Aita de Catane
|[[File:Cassatelle di Sant'Agata.JPG|thumb|Minni di Sant'Aita de Catane]]
Mons Ste-Agathe Pain.JPG|Pain de sainte Agathe de Mons
|[[Fichier:Mons Ste-Agathe Pain.JPG|thumb|Pain de sainte Agathe de Mons]]
Mons Ste Agathe 919.JPG|Figuration sculptée des seins de sainte Agathe dans les remparts de Mons
|[[Fichier:Mons Ste Agathe 919.JPG|thumb|left|Figuration sculptée des seins de sainte Agathe dans les remparts de Mons]]
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==Les pains de sainte Agathe==
Les [[pain de la Sainte-Agathe|pains de Sainte-Agathe]] étaient cuit au four, le 4 février, pour être béni le lendemain au cours de la messe. Ils sont proches, par leur forme, des ''cassateddi di Sant'Aita'' ou ''minni di Sant'Aita'', gâteaux réalisés à Catane pour la fête de la sainte<ref>{{en}} [http://briciole.typepad.com/blog/2007/06/minni_di_santai.html ''Cassateddi'' ou ''minni di Sant'Aita'']</ref>. Cette tradition des pains de la sainte est toujours vivace à [[Mons (Var)|Mons]] dans le [[Var (département)|Var]] où un bas-relief de ses seins figure même à la base du rempart du village<ref>{{en}} [http://www.stagatha.webhero.com/st_agatha_patron_saint.html Les patronages de sainte Agathe]</ref>.


Cette bénédiction des pains provenait de la tradition erronée qu'[[Agathe de Catane]], dans ses représentations, portait sur un plateau des miches de pain<ref name="Seins">[http://sacredspace.ie/livingspace/F0205S/ Les seins de sainte Agathe]</ref>. Pour préserver l'efficacité de son intercession, il était interdit aux ménagères de faire des miches le jour de sa fête. Car la sainte, appelée en [[occitan]] Santo-Gato (Saint Chat) était censée, tous les 5 février, apparaître sous cette forme pour venir punir les femmes qui lui avaient déplu en travaillant en ce jour<ref>[http://www.sniksnak.com/lore13.html Sainte Agathe dite Saint Chat]</ref>. Solennellement bénis, après la consécration, ces petits pains devenaient ainsi les pains de Sainte-Agathe<ref>[http://www.newadvent.org/cathen/01203c.htm La bénédiction des pains de sainte Agathe]</ref> particulièrement efficaces pour préserver gens et biens contre l'incendie et la foudre<ref name="Seins"/>.
== Les pains de sainte Agathe ==
Les [[pain de la Sainte-Agathe|pains de Sainte-Agathe]] étaient cuits au four, le {{date-|4 février}}, pour être bénis le lendemain au cours de la messe. Ils sont proches, par leur forme, des ''cassateddi di Sant'Aita'' ou ''minni di Sant'Aita'', gâteaux réalisés à Catane pour la fête de la sainte<ref>{{en}} [http://briciole.typepad.com/blog/2007/06/minni_di_santai.html ''Cassateddi'' ou ''minni di Sant'Aita'']</ref>. Cette tradition des pains de la sainte est toujours vivace à [[Mons (Var)|Mons]] dans le [[Var (département)|Var]] où un bas-relief de ses seins figure même à la base du rempart du village<ref>{{en}} [http://www.stagatha.webhero.com/st_agatha_patron_saint.html Les patronages de sainte Agathe]</ref>.


==Notes et références==
Cette bénédiction des pains provenait de la tradition erronée qu'[[Agathe de Catane]], dans ses représentations, portait sur un plateau des miches de pain<ref name="Seins">[http://sacredspace.ie/livingspace/F0205S/ Les seins de sainte Agathe]</ref>. Pour préserver l'efficacité de son intercession, il était interdit aux ménagères de faire des miches le jour de sa fête. Car la sainte était censée, tous les {{date-|5 février}}, apparaître sous la forme d'un chat pour venir punir les femmes qui lui avaient déplu en travaillant en ce jour<ref>[http://www.sniksnak.com/lore13.html Sainte Agathe dite Saint Chat]</ref>. Solennellement bénis, après la consécration, ces petits pains devenaient ainsi les pains de Sainte-Agathe<ref>[http://www.newadvent.org/cathen/01203c.htm La bénédiction des pains de sainte Agathe]</ref>, réputés particulièrement efficaces pour préserver gens et biens contre l'incendie et la foudre<ref name="Seins"/>.
<references />
==Bibliographie==


==Voir aussi==
== Notes et références ==
===Lien externe===
{{Références|colonnes=2}}

== Bibliographie ==
* {{Ouvrage |langue= |auteur1= [[Fernand Benoit]]|titre= La Provence et le Comtat Venaissin, Arts et traditions populaires|sous-titre= |éditeur=éd. Aubanel |collection= |lieu= Avignon|année=1992 |volume= |tome= |pages totales=|passage= |isbn= 2-7006-0061-4|lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |langue= |auteur1=[[Jean-Paul Clébert]] |titre=Guide de la Provence mystérieuse |sous-titre= |éditeur= Éd. Tchou |collection= |lieu=Paris |année=1972 |volume= |tome= |pages totales=|passage= |isbn= |lire en ligne= }}.

== Voir aussi ==
===Articles connexes===
* [[Pain de la Sainte-Agathe]]
* [[Gâteau de Saint-Genix]]

=== Lien externe ===
* [http://polymathe.over-blog.com/article-27790972.html Le chat et les mystères de la nuit de sainte Agathe]
* [http://polymathe.over-blog.com/article-27790972.html Le chat et les mystères de la nuit de sainte Agathe]


{{Portail|Provence|Languedoc-Roussillon|Christianisme}}
{{Palette Créatures légendaires}}

{{Portail|Provence|Languedoc-Roussillon|Pyrénées|Christianisme|créatures légendaires|mythes et légendes|fêtes et traditions}}


[[Catégorie:Animal du folklore français]]
[[Catégorie:Provence]]
[[Catégorie:Créature maléfique]]
[[Catégorie:Anthropologie sociale et culturelle]]
[[Catégorie:Histoire du catholicisme]]
[[Catégorie:Agathe de Catane]]

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Entités de Wikidata utilisées sur cette page

  • Santo Gato : Titre, Liens de site, Déclaration : P31, Description : fr

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