Tortue verte
Chelonia mydas · Tortue verte, Tortue franche
EN A2bd : En danger
Statut CITES
Chelonia mydas, unique représentant du genre Chelonia, est une espèce de tortues de la famille des Cheloniidae[1]. En français, elle est appelée Tortue verte ou Tortue franche.
Distribution et lieux de ponte
La Tortue verte est une tortue marine présente dans les eaux tropicales de tous les océans, mais plus ou moins rare selon les régions. Elle préfère les eaux peu profondes et riches en zostères sans pour autant s'y circonscrire. Les adultes parcourent de très longues distances entre les herbiers et la zone de nidification. Contrairement aux autres tortues marines, on a observé des Tortues vertes sur les plages à prendre le Soleil[2] comme d'autres reptiles marins.
Description
Cette tortue marine est la plus grande des Cheloniidae. La carapace mesure en moyenne 110 cm et l'animal pèse entre 80 et 130 kg. Certains spécimens peuvent atteindre un poids de 300 kg pour une longueur de carapace de 1,5 m. Sa carapace ovale est aplatie pour une meilleure hydrodynamique, sa largeur est d'environ 88 % de sa longueur. Sa tête est petite et représente environ 20 % de la longueur de la carapace. Elle ne dispose que d'une seule paire d'écailles préfrontales. Le bord de sa mâchoire inférieure est grossièrement dentelé tandis que la supérieure est munie de fortes crêtes sur la face interne.
Sa dossière dispose de quatre plaques latérales, la paire antérieure est non contiguë à la plaque précentrale. Le plastron est constitué de quatre paires de plaques inframarginales. Contrairement aux Eretmochelys et au Caretta, il n'y a qu'une seule griffe sur chaque nageoire. Celle-ci est très développée chez les mâles.
La dossière est brun olive, les plaques brillantes avec des taches radiaires jaunes, vertes et noires, le plastron est jaune pâle, crème ou blanchâtre.
C’est la plus rapide des tortues marines : elle peut atteindre une vitesse de près de 35 km/h.
La maturité sexuelle peut être atteinte entre 8 et 15 ans.
Nourriture
Jusqu'au stade juvénile benthique, sûrement pour s'assurer une croissance la plus rapide possible, cette tortue est essentiellement carnivore, elle consomme des petits invertébrés et des œufs de poissons. Puis elle se nourrit presque exclusivement de plantes des herbiers marins. Ce régime alimentaire est supposé donner une couleur verdâtre à sa chair. Leur régime alimentaire herbivore distingue les individus de cette espèce, en danger d'extinction, des autres tortues marines.
Elles peuvent aussi manger quelques mollusques et des éponges.
Reproduction
Quand elle a atteint sa maturité sexuelle, la femelle vient pondre tous les 3 à 6 ans sur la plage où elle est née (ou du secteur) puis elle retourne dans l'océan. Elle s'accouple près des plages et les femelles vont y pondre jusqu'à six fois, ce qui lui prendra environ un mois et demi. Elle commence par s'assurer de la sécurité de la plage depuis le bord de l'eau. Elle ne devra pas être bordée de végétation, ni trop large, ni trop étroite.
Une fois arrivée assez haut sur la plage, elle va creuser sa cavité corporelle, un trou d'une fois à une fois et demie son épaisseur. Cela prend environ vingt minutes. Puis elle creuse son puits de ponte avec ses pattes arrières. Ce trou est peu large et est profond d'environ 70 cm. Encore 20 vingt à peu près.[Quoi ?]
Enfin, elle pond une centaine d'œufs (de 20 à 250), mous, de la taille d'une balle de golf soit de 5 à 6 kg. Elle rebouche son trou après environ vingt minutes de ponte. Puis elle avance sur à peu près trois mètres dans n'importe quelle direction en jetant du sable derrière elle si bien qu'il est impossible de savoir où elle a pondu. Les trous restants sur la plage ne sont qu'un leurre. Elle retourne à la mer environ une heure et demie après avoir pondu. La durée d’incubation est de 45 à 70 jours suivant la température.
Une tortue verte adulte peut nager 1 000 km entre sa zone de ponte et celle où elle se nourrit.
Prédateurs et menaces
La prédation animale agit surtout lors de l'éclosion des œufs car l'espèce est menacée par les crabes, oiseaux et mammifères s'aventurant sur les plages. Mais, les œufs sont aussi directement menacés par les insectes. Une fois arrivées à l'eau, les jeunes tortues vertes ne sont pas encore en sécurité, elles deviennent les proies des céphalopodes (poulpes, calmars) et gros poissons.
Une fois le stade juvénile benthique atteint, ses prédateurs deviennent les requins et les crocodiles marins au large de l'Australie mais surtout les hommes qui la pêchent, quelquefois par inadvertance mais surtout pour sa chair. La pollution est une menace certaine et la multiplication des maladies tel que la fibropapillomatose semble le témoigner[3]. Enfin la prédation sur les œufs reste très importante malgré certaines précautions prises par les autorités locales.
Systématique
Étymologie
Leur nom de « tortue verte » leur vient de la couleur de leur graisse, légèrement verdâtre, du fait des algues qu'elles consomment.
Chelonia vient du grec χελωνη, Chélonê, « tortue ».
Taxonomie
La taxonomie de cette tortue a suivi l'évolution des connaissances sur la phylogénétique des tortues, qui a défini petit à petit des taxons plus précis. Cette espèce s'est donc retrouvée, tour à tour, classée dans les Testudo par Linné 1758, puis Chelonia. En 1868, Bocourt décrit une autre tortue, la tortue franche du Pacifique ou tortue noire qu'il nomme Chelonia agassizi. Ces deux populations, bien que morphologiquement légèrement différentes, font partie de la même espèce.
Chelonia mydas admet les synonymes suivant :
- Testudo mydas Linnaeus, 1758
- Testudo viridis Schneider, 1783
- Testudo japonica Schneider, 1787
- Testudo macropus Gmelin, 1789
- Testudo bomarii Mayer, 1790
- Testudo chloronotus Bechstein, 1800
- Testudo rugosa Daudin, 1801
- Testudo cepediana Daudin, 1801
- Chelonia virgata schweigger, 1812
- Caretta cepedii Merrem, 1820
- Caretta esculenta Merrem, 1820
- Caretta thunbergii Merrem, 1820
- Chelonia lachrymata Cuvier, 1829
- Chelonia maculosa Cuvier, 1829
- Chelonia bicarinata Lesson, 1831
- Chelonia marmorata Duméril & Bibron, 1835
- Chelonia formosa Girard, 1858
- Chelonia tenuis Girard, 1858
- Chelonia albiventer Nardo, 1864
- Chelonia agassizii Bocourt, 1868
- Chelonia lata Philippi, 1887
- Chelonia mydas carrinegra Caldwell, 1962
et Chelonia
- Chelone Brongniart, 1805
- Chelonias Rafinesque, 1814
- Chelona Fleming, 1828
- Mydas Cocteau in Cocteau & Bibron, 1838
- Mydasea Gervais, 1843
- Euchelonia Tschudi, 1846
- Megemys Gistel, 1848
- Euchelys Gistel, 1858
Classification phylogénétique
Les principaux groupes évolutifs relatifs sont décrites ci-dessous par phylogénie[4] selon Hirayama, 1997, 1998, Lapparent de Broin, 2000, and Parham, 2005 : Modèle:Arbre début
- Procoelocryptodira
- Chelonioidea Oppel, 1811 c’est-à-dire les tortues marines
- †Toxochelyidae
- Modèle:Arbre/Branche finale Cheloniidae Oppel, 1811
- Caretta Rafinesque, 1814
- Natator McCulloch, 1908
- Modèle:Arbre/Branche finale Chelonini Oppel, 1811
- Eretmochelys Fitzinger, 1843
- Lepidochelys Fitzinger, 1843
- Modèle:Arbre/Branche finaleChelonia Brongniart, 1800
- Dermochelyidae dont la tortue luth
- Modèle:Arbre/Branche finale Chelomacryptodira, c'est-à-dire les autres tortues cryptodires
- Chelonioidea Oppel, 1811 c’est-à-dire les tortues marines
La Tortue verte et l'Homme
Longtemps (et parfois encore) pourchassée pour la consommation de sa chair, pour la consommation de ses œufs (parfois même réputés aphrodisiaques[5]) ou pour l'utilisation de sa carapace, qui permet de fabriquer des objets en écaille de tortue, la tortue verte est aujourd'hui le plus souvent protégée. L'espèce est également utilisée pour la préparation de sous-produits tels que l'huile, les cartilages (calipee) et le cuir. En outre comme les autres tortues marines, elles sont menacées par la pêche et la pollution.
Plusieurs pays ont adopté des mesures allant de la protection partielle à la protection totale des œufs et des femelles adultes.
Protection
En France elle est concernée par un plan de restauration des tortues marines des Antilles françaises (plan local et régional qui concerne aussi d'autres tortues marines des Antilles Françaises (Tortue imbriquée, Tortue verte, Tortue luth, Tortue caouanne, Tortue olivâtre). Ce plan est subdivisé en :
- un Plan de Restauration des Tortues Marines de Guadeloupe ;
- un Plan de Restauration des Tortues Marines de Martinique ;
- un projet de programme de coopération internationale à développer à échelle géographique plus large, voire planétaire afin de mieux prendre en compte les métapopulations et la diversité génétique des espèces.
Publications originales
- Linnaeus, 1758 : Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, ed. 10 (texte intégral).
- Brongniart, 1800 : Essai d'une classification naturelle des reptiles. Bulletin de la Société philomatique, vol. 2, n. 36, p. 89-91 (texte intégral).
Liens externes
- Genre Chelonia :
- (fr + en) Référence CITES : genre Chelonia (sur le site de l’UNEP-WCMC) (consulté le )
- Modèle:Faunaeur
- (fr + en) Référence ITIS : Chelonia Brongniart, 1800 (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Chelonia (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Chelonia (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Chelonia Batsch 1788 (consulté le )
- Modèle:UBIO
- (en) Référence UICN : taxon Chelonia (consulté le )
- (en) Référence WoRMS : Chelonia Brongniart, 1800 (+ liste espèces) (consulté le )
- Espèce Chelonia mydas :
- (fr + en) Référence CITES : espèce Chelonia mydas (Linnaeus, 1758) (+ répartition) (sur le site de l’UNEP-WCMC) (consulté le )
- (fr) Référence CITES : taxon Chelonia mydas (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- Modèle:Faunaeur
- (fr + en) Référence ITIS : Chelonia mydas (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Chelonia mydas (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence Reptarium Reptile Database : Chelonia mydas (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (fr) Référence SeaLifeBase : (consulté le )
- (en) Référence TFTSG : [PDF]
- (en) Référence Paleobiology Database : Chelonia mydas Linnaeus 1758 (consulté le )
- Modèle:UBIO
- (en) Référence UICN : espèce Chelonia mydas (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (en) Référence Wild Herps : photographies de Chelonia mydas (consulté le )
- (en) Référence WoRMS : espèce Chelonia mydas (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- Pour découvrir les tortues de Mayotte et contribuer à leur protection
- Réseau de protection et d'études des tortues marine en Guadeloupe
- « fiche technique », IFRECOR
- « Comment les tortues marines reviennent pondre sur la même plage », CNRS,
Notes et références
- TFTSG, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- (en) « Green Sea Turtle (Chelonia mydas) », National Geographic Society,
- (en) « Green turtle », WWF
- « Chelonioinea turtles and relatives », Mikko's Phylogeny Archive (consulté le )
- David Graff et Javier Juste Ballesta, « Les tortues marines des îles du Golfe de Guinée », Canopée, vol. 5, (lire en ligne)
Bibliographie
- René Márquez M. et M.-L. Bauchot, Les tortues, FAO (lire en ligne)