bouler
Étymologie
modifierVerbe
modifierbouler \bu.le\ intransitif ou transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
- Enfler, en parlant du pain, former une boule. Se mettre en boule, se pelotonner.
- […] le soir, elle [Mme Désableau] se boulait sur sa chaise. — (Joris-Karl Huysmans, En ménage, 1881, page 67)
- Prendre une forme arrondie.
Tout l’horizon se hérissait d’arbres tors et coudés, des branches fourchues, hersant les bords du ciel, d’un vaste ciel pâle où se boulaient, en des cernes ardoisés, de grands nuages pénétrés de lumière diffuse, vitrifiée, blanche comme l’amiante.
— (Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines, 1911, page 201)
- Enfler de la racine, en parlant du grain semé [1].
- Enfler sa gorge, en parlant du pigeon [1].
- Avoir du mal à prononcer, par précipitation, au théâtre, faire une boulette.
Naturellement tu as encore beaucoup de progrès à faire, ta voix est insuffisamment travaillée et tu « boules » certains mots, mais ta tenue de scène est excellente et je suis certain…
— (Jean-Pierre Ferrière, Maquillage, éditions Ditis, 1957)Chaque soir, j’attendais impatiemment la fin de la bouffonnerie quotidienne, je courais à mon lit, je boulais ma prière, je me glissais entre mes draps.
— (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 99)Avez-vous remarqué comme il parle mal ? Il boule ses phrases. Si je lui faisais prendre des leçons de diction avec cette personne, ça arrangerait tout, n’est-ce pas, monsieur Garcia ? C’est tellement beau de pouvoir réciter les jolis vers qu’on aime.
— (Antoine Blondin, Monsieur Jadis ou l'École du soir, 1970, réédition Folio, 1972, page 51)
- Chuter en se ramassant sur soi-même, en parlant d’un animal, lièvre ou lapin, et par extension d’une personne.
Juste après le coup de fusil, on le vit bouler.
La balle atteignit la tête, ainsi que je l’avais calculé, et j’eus l’impression que les pattes de derrière du chevreuil montaient en l’air. Il retomba lourdement sur ses bois, et, boulant comme un vulgaire lapin, fit gicler la neige à droite et à gauche de sa mouvante tache brune.
— (Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé, 1928, réédition Nelson, page 219)À une pause, ivre de sommeil, je distingue mal la berme pour m’asseoir et je boule jusqu’au bas de la digue.
— (Julien Gracq, Manuscrits de guerre, vers 1941-1942, page 61)Sous le tir des policiers des fenêtres, deux étaient tombés au milieu de la rue, les genoux à la poitrine, comme des lapins boulés; […].
— (André Malraux, La condition humaine, 1946, réédition Folio Plus Classiques, 2019, page 98)C’était tantôt celui-là qui marchait dans le sentier et il boulait comme un lièvre, tantôt celle-là en train de souffler son feu et elle tombait, le visage dans la braise.
— (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 276)L’un des molosses, pour esquiver un sabot de Jehol, boula, se releva, et Zéré eut devant elle sa tête épouvantable, dépouillée d’oreilles, aux babines retroussées sur un flot de bave et les yeux inondés de sang.
— (Joseph Kessel, Les Cavaliers, Gallimard, 1967)
- Renverser, faire rouler à terre.
Le jeu consista, dès lors, dans un semblant de combat ou le bouquillon boulait le chiot et l’empêchait de se relever, tandis que celui-ci lui mordillait et tirait l’oreille.
— (Charles Vildrac, Amadou le Bouquillon, 1949, page 126)
- Tuer un animal, qui se ramasse alors sur lui-même comme une boule.
Oh ! les quelques lièvres de la Borderie, il en rêvait, il risquait la prison, pour en bouler un de temps à autre, d’un coup de feu.
— (Émile Zola, La Terre, quatrième partie, chapitre III)On voyait d’autres empreintes ; d’un côté celles qui montraient par où les loups, en quelques bonds allongés, avaient sauté sur les chiens ; et de l’autre celles qui disaient par où ils les avaient emportés après les avoir boulés ; de traces des chiens il n’en existait plus, à l’exception d’une traînée de rouge qui çà et là ensanglantait la neige.
— (Hector Malot, Sans famille, 1878)
- (Par extension) S’applique aux êtres humains.
Le vent était si fort, que j’ai été boulé !
- (Par extension) S’applique à un objet.
Je guette chaque passage, chaque frisson sur la pierre, chaque papier qui boule, poussé par la respiration des corridors.
— (Jean-Marie Le Clézio, Fantômes dans la rue, nouvelle, 2000, page 42)
- (Lorraine) Détruire, écrouler, particulièrement s’agissant d’une construction ou d’un bâtiment
Le terrassier est venu ; c'était le seul moyen de bouler ce mur proprement.
Elle faisait de grands efforts pour remonter le fleuve, avec ses vagues qui venaient du bout de l’horizon et qui déferlaient, et l’eau salée repoussait le fleuve en arrière, et la vague plate s’élançait entre les deux lèvres de l’estuaire, en boulant les galets, de toutes ses forces, de toute sa puissance de mer, mais elle se fatiguait, l’eau douce du fleuve poussait en sens inverse, et la vague plate s’étalait encore, elle essayait de gagner quelques mètres dans le chenal, quelques pouces, elle n’arrivait pas, elle s’épuisait, l’eau douce du fleuve la recouvrait et la vague retombait en arrière en cataracte pleine de mousse, elle redescendait à toute vitesse la pente de l’estuaire, entraînant les galets en sens inverse, vers la mer qui l’aspirait, qui la buvait.
— (J. M. G. Le Clézio, Les Géants, Gallimard, 1973)
- (transitif) (Argot) Tabasser, passer à tabac quelqu'un.
Je me suis fait bouler
- (Québec) (Populaire) Effectuer un travail de terrassement avec un bulldozer.
- Avant les lois sur l'environnement, on pouvait faire bouler tout le terrain jusqu'au lac, pour l'égaliser et le niveler en pente douce.
Dérivés
modifierTraductions
modifier- Espagnol : rodar como una bola (es)
- Russe : чебурахнуться (ru) čeburakhnuťsja
Prononciation
modifier- France (Vosges) : écouter « bouler [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « bouler [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « bouler [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « bouler [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « bouler [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- [1]Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, 1827
- « bouler », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
Étymologie
modifierVerbe 1
modifierbouler *\Prononciation ?\
Variantes orthographiques
modifierVerbe 2
modifierbouler *\Prononciation ?\
Verbe 3
modifierbouler *\Prononciation ?\
Références
modifier- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage
Étymologie
modifier- Étymologie manquante ou incomplète. Si vous la connaissez, vous pouvez l’ajouter en cliquant ici.
Verbe
modifierbouler \bulø\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison) (graphie francisante)
- Tomber en roulant par terre.
Références
modifier- Atelier de gallo de la maison de retraite La Perrière, Dictionnaire / motier, Maison de retraite La Perrière → [version en ligne] / [pdf]