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Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/133

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-t-elle précipitamment. — C’est un homme très intelligent, n’est-il pas vrai ?

Chatoff jeta sur elle un regard rapide, puis il baissa les yeux.

— Nicolas Vsévolodovitch m’a aussi beaucoup parlé de vous…

Chatoff rougit tout à coup.

— Du reste, voici les journaux, dit la jeune fille qui se hâta de prendre sur une chaise un paquet de journaux noués avec une ficelle, — j’ai essayé de noter ici les faits qu’on pourrait choisir et j’ai mis des numéros… vous verrez.

Le visiteur prit le paquet.

— Emportez cela chez vous, jetez-y un coup d’œil, où demeurez- vous ?

— Rue de l’Épiphanie, maison Philipoff.

— Je sais. C’est là aussi, dit-on, qu’habite un certain capitaine Lébiadkine ? reprit vivement Lisa.

Pendant toute une minute, Chatoff resta sans répondre, les yeux attachés sur le paquet.

— Pour ces choses-là vous feriez mieux d’en choisir un autre, moi je ne vous serai bon à rien, dit-il enfin d’un ton extrêmement bas.

Lisa rougit.

— De quelles choses parlez-vous ? Maurice Nikolaïévitch ! cria-t- elle, donnez-moi la lettre qui est arrivée ici tantôt.

Maurice Nikolaïévitch s’approcha de la table, je le suivis.

— Regardez cela, me dit-elle brusquement en dépliant la lettre avec agitation. Avez-vous jamais rien vu de pareil ? Lisez tout haut, je vous prie ; je tiens à ce que M. Chatoff entende.

Je lus à haute voix ce qui suit :

À LA PERFECTION DE MADEMOISELLE TOUCHINE

_Mademoiselle Élisabeth Nikolaïevna_

Ah ! combien est charmante Élisabeth Touchine, Quand, à côté de son parent, D’un rapide coursier elle presse l’échine Et que sa chevelure ondoie au gré du vent,