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Page:Dostoïevski - Les Possédés, Plon, 1886, tome 1.djvu/377

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des principes qui l’ont inspiré jusqu’à présent. Allons, faites-moi ce plaisir, je vous prie.

— Chère, assez ! N’insistez pas, c’est impossible. Je lirai mon étude sur la Madone, mais je soulèverai un orage qui crèvera sur eux tous, ou dont je serai la seule victime !

— Cette dernière conjecture est la plus probable, Stépan Trophimovitch.

— Eh bien, que mon destin s’accomplisse ! Je flétrirai le lâche esclave, le laquais infect et dépravé qui le premier se hissera sur un échafaudage pour mutiler avec des ciseaux la face divine du grand idéal, au nom de l’égalité, de l’envie et… de la digestion. Je ferai entendre une malédiction suprême, quitte ensuite à…

— À entrer dans une maison de fous ?

— Peut-être. Mais, en tout cas, vainqueur ou vaincu, le même soir je prendrai ma besace, ma besace de mendiant, j’abandonnerai tout ce que je possède, tout ce que je tiens de votre libéralité, je renoncerai à toutes vos pensions, à tous les biens promis par vous, et je partirai à pied pour achever ma vie comme précepteur chez un marchand, ou mourir de faim au pied d’un mur. J’ai dit. _Alea jacta est ! _

Il se leva de nouveau.

Barbara Pétrovna, les yeux étincelants de colère, se leva aussi.

— J’en étais sûre ! dit-elle ; — depuis des années déjà j’étais convaincue que vous gardiez cela en réserve, que, pour finir, vous vouliez me déshonorer, moi et ma maison, par la calomnie ! Que signifie cette résolution d’entrer comme précepteur chez un marchand ou d’aller mourir de faim au pied d’un mur ? C’est une méchanceté, une façon de me noircir, et rien de plus !

— Vous m’avez toujours méprisé ; mais je finirai comme un chevalier fidèle à sa dame, car votre estime m’a toujours été plus chère que tout le reste. À partir de ce moment je n’accepterai plus rien, et mon culte sera désintéressé.

— Comme c’est bête !