[go: nahoru, domu]

Aller au contenu

Dust My Broom

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 5 novembre 2019 à 12:19 et modifiée en dernier par Step101 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
I Believe I'll Dust My Broom
Description de cette image, également commentée ci-après
Etiquette du 78 tours édité par Conqueror
Single de Robert Johnson
Face A I Believe I'll Dust My Broom
Face B Dead Shrimp Blues
Sortie [1],[2]
Enregistré [3]
San Antonio
Durée 2:56
Genre Blues
Format 78 tours
Auteur Robert Johnson
Producteur Don Law
Label Vocalion (Vo 03475)

Singles de Robert Johnson

Dust my Broom est l'une des chansons de blues de Robert Johnson parmi les plus fréquemment interprétées par de nombreux artistes, surtout après sa reprise par Elmore James. De fait sa sonorité, son tempo, son phrasé, sa couleur semblent familiers tant ils évoquent immédiatement le standard de la musicalité blues.

Enregistrement et publication

La chanson est enregistrée le à San Antonio, Texas par le producteur Don Law. Elle est éditée par le label Vocalion en mars 1937 avec Dead Shrimp Blues en face B. Le single elle également publié par Perfect et Romeo en avril, puis par Conqueror en mai de la même année[4].

Style

Appartenant au courant musical Delta blues, cette chanson fut créée en 1936 par le bluesman et guitariste Robert Johnson sous le titre I Believe I'll Dust My Broom (en français littéral « Je pense que je vais épousseter mon balai »), une expression populaire pour dire « partir », « tout nettoyer et repartir à zéro »[5],[6]. Originellement, ce titre a été interprété en style picking, y compris par les premiers artistes à la reprendre après Johnson, mais elle fut généralement jouée en style « slide », après sa reprise par Elmore James.

Sa sonorité particulière provient le plus souvent de la technique slide qui se joue avec un bottleneck (« goulot de bouteille », mais on employait aussi un couteau) que l'on fait glisser sur les cordes. La guitare est souvent accordée spécialement, selon la méthode dite en « open tuning » (accord ouvert) où les cordes jouées à vide donnent un accord (les plus courants étant mi, sol et ré). Utilisée à l'extrême, cette technique donne une couleur sonore qualifiée d'hawaïenne. Aujourd'hui les guitaristes utilisent un tube d'acier ou de verre passé à l'annulaire ou à l'auriculaire, ou plus rarement sur le majeur, comme Bonnie Raitt.

L'« open tuning » est aussi utilisé par les guitaristes pratiquant le style picking et plusieurs reprises de ce morceau, spécialement par des guitaristes électriques, privilégient cette approche (entre autres celles de Fleetwood Mac, Ben Harper et ZZ Top) qui permet de « slider » (donner un effet de glissement comparable à celui d'une slide guitar) le morceau par un glissando tout en autorisant un jeu plus classique. L'intérêt de l’open tuning en ce cas est l'usage habituel par le blues d'une progression pentatonique, respectée dans ce morceau, qui autorise à « glisser » d'un accord à l'autre en donnant l'impression du « slide ».

Dust My Broom

Single de Elmore James
Face A Dust My Broom
Face B Catfish Blues par Bobo Thomas
Sortie [7]
Enregistré
Jackson (Mississippi)
Durée 2:44
Genre Blues
Format 78 tours
Auteur Robert Johnson (Elmore James crédité)
Label Trumpet (No. 146)

Version d'Elmore James

Dust My Broom est l'une des premières chansons régulièrement interprétées par Elmore James alors qu'il vivait encore dans le Mississippi Delta à la fin des années 1930[8]. En 1951, Elmore James interprète la chanson, en compagnie de Sonny Boy Williamson II, lors d'une audition pour Trumpet Records, qui vaut lui vaut d'être engagé[9]. Le , il enregistre Dust My Broom au studio Radio Service d'Ivan Scott à Jackson, dans le Mississippi[9]. James (chant et guitare slide), est accompagné de Williamson à l'harmonica, Leonard Ware à la basse et de Frock O'Dell à la batterie. La version de James emprunte les quatre premiers couplets à Robert Johnson et se termine par un extrait similaire à celui présent dans l'enregistrement d'Arthur « Big Boy » Crudup en 1949. La version de James suit également la mélodie, la tonalité et le tempo de Johnson, mais utilise davantage les changements d’accord typiques d’un blues à 12 mesures. L'ajout le plus notable à la chanson est l'utilisation d'une guitare slide saturée, qui joue la figure répétitive de triolet et ajoute un solo de douze mesures après le cinquième couplet.

Après cette session, Elmore James n'enregistre plus aucun travail personnel pour Trumpet, bien qu'il apparaisse encore en tant que sideman[8]. La propriétaire Lillian McMurry, qui ignore l’existence d'enregistrements antérieurs de la chanson, inscrit le copyright de Dust My Broom au nom de James, et publie ensuite le single, avec une interprétation de Catfish Blues par Bobo Thomas en face B. Les deux chansons sont attribuées à « Elmo James », bien que celui-ci ne joue pas avec Thomas. Les hit-parades régionaux montrent que Dust My Broom gagne progressivement en popularité dans différentes parties des États-Unis[9]. Il entre finalement dans le palmarès national des meilleurs ventes Rhythm & Blues du magazine Billboard le , et culmine en 9e position[10].

Elmore James enregistre Dust My Broom à nouveau lors de sa première session à Chicago en 1959, et sa dernière session à New York, fin 1962 ou début 1963, pour la firme Fire Records[11]. Ces interprétations ultérieures, qui figurent sur de nombreuses compilations consacrées à James, n'incluent pas l'harmonica, mais ont un accompagnement au piano[11].

Le succès du single de Trumpet Records, même modeste, conduit d’autres maisons de disques à engager James[9]. Joe Bihari, propriétaire de Modern Records, basé à Los Angeles, est l’un des premiers. Une session à Chicago engendre I Believe, un imitation de Dust My Broom, qui se classe numéro 9 du hit-parade, et devient le premier disque paru sur Meteor Records, la nouvelle filiale de Modern, en 1953. En 1955, Flair Records, un autre label de Bihari, publie un remaniement de la chanson intitulée Dust My Blues[9]. Enregistré à la Nouvelle-Orléans aux studios J & M de Cosimo Matassa, James est soutenu par des musiciens vétérans de la Nouvelle-Orléans, dont le bassiste Frank Fields, le batteur Earl Palmer et le pianiste Edward Frank.

Dust My Broom d'Elmore James est intronisé au Blues Hall of Fame de la Blues Foundation en 1983 ; Jim O'Neal déclare qu'il a reçu plus de voix que tout autre disque pour la première année de vote dans la catégorie « Enregistrement classique du Blues — Single »[12]. La chanson est également intronisée au Grammy Hall of Fame en 1998[13]. En 2003, l'enregistrement original de 1951 pour Trumpet est sélectionné pour être conservé dans le Registre national des enregistrements de la Bibliothèque du Congrès, qui indique : « James est connu pour avoir bricolé ses micros de guitare et les fans se disputent encore pour savoir comment il a réussi à obtenir sa signature sonore. Quelle que soit la combinaison choisie, Elmore James a créé le riff de guitare le plus reconnaissable de l’histoire du blues »[14].

Reprises

Arthur « Big Boy » Crudup reprend la chanson de Robert Johnson en 1949 sous le titre raccourci Dust My Broom. C'est en 1951 qu'Elmore James et Robert Lockwood Jr. la reprennent simultanément. Les moyens techniques et l'accès à la musique ne sont plus comparables à ceux disponibles vingt ans auparavant, ce qui explique aussi que la paternité de la chanson soit souvent attribuée à James. Depuis, Dust My Broom est redécouverte régulièrement par les musiciens de blues ou de rock 'n' roll qui, souvent, reprennent la technique de slide originale dans leur interprétation. On peut citer en particulier[15] :

En France :

On peut encore citer Howlin' Wolf, Eddie Taylor et Sunnyland Slim qu'on retrouve sur les excellentes compilations American Folk Blues Festival, respectivement pour les années 1964, 1980 et 1981. Également Johnny Littlejohn, Chuck Berry, B. B. King, Albert King, R. L. Burnside, Willy DeVille, Jeff Healey, plus récemment Jack Johnson et enfin Homesick James & his Dusters lequel s'est inspiré du titre de la chanson pour dénommer son groupe.

La chanson est également présente sur l'excellent album Hellhound on My Trail gravé en 2001, en hommage à Robert Johnson, par divers artistes. C'est Joe Louis Walker qui l'interprète. En 1975, Frank Zappa y fait référence dans sa chanson Debra Kadara, sur l'album Bongo Fury.

En 2005, le groupe Boozoo Bajou nomme son second album Dust my broom, bien que la chanson n'y figure pas.

Cinéma

En 2013, la chanson apparaît dans le film Le Loup de Wall Street (The Wolf of Wall Street) de Martin Scorsese.

Notes et références

  1. (en) Edward Komara, The Road to Robert Johnson, Hal Leonard, (ISBN 978-0-63400-907-5), p. 63
  2. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - I Believe I'll Dust My Broom / Dead Shrimp Blues - Vocalion - USA - 03475 », sur 45worlds.com (consulté le )
  3. (en) Stephen LaVere, Robert Johnson, The Complete Recordings (livret du coffret CD), collection Roots N'Blues - Columbia Records, 1990 (C3 46222)
  4. (en) « 78 RPM - Robert Johnson - I Believe I'll Dust My Broom / Dead Shrimp Blues - Conqueror - USA - 8871 », sur 45worlds.com (consulté le )
  5. (en) Definition of Dust My Broom - About.com
  6. Une chanson enregistrée par Carl Rafferty en décembre 1933, Mr Carl’s Blues, disait « I do believe, I do believe I’ll dust my broom. And after I dust my broom, anyone may have my room », en français : « Je pense, je pense que je vais épousseter mon balai. Et quand j'aurai épousseté mon balai, n'importe qui pourra louer ma chambre » (voir (en) Dust My Broom - The Story Behind the Song - Richard Havers, 12 octobre 2007)
    Le Dust My Broom de Robert Johnson (1936) dit « I believe I'll dust my broom (2x), Girlfriend, the black man you been lovin', girlfriend, can get my room », soit « Je pense que je vais épousseter mon balai (2x), mon amie, l'homme noir que tu aimes, mon amie, pourra avoir ma chambre ».
  7. (en) « 78 RPM - Elmo James - Dust My Broom / Catfish Blues - Trumpet - USA - No. 146 », sur 45worlds.com (consulté le )
  8. a et b (en) Gayle Dean Wardlow, Chasin' that Devil Music: Searching for the Blues, San Francisco, Miller Freeman Books, (ISBN 0-87930-552-5, lire en ligne)
  9. a b c d et e (en) Ray Topping, Elmore James: The Classic Early Recordings 1951–1956 (livret du coffret), Beverly Hills, Californie, Virgin Records/Flair,
  10. (en) Joel Whitburn, Top R&B Singles 1942–1988, Record Research, Inc, (ISBN 0-89820-068-7), p. 216
  11. a et b (en) Chris Morris, Elmore James: King of the Slide Guitar (livret du coffret), Nashville, Tennessee, Capricorn Records,
  12. (en) « Dust My Broom - Elmore (Elmo) James (Trumpet , 1951) », sur The Blues Foundation (consulté le )
  13. (en) « Grammy Hall of Fame », sur Grammy Awards (consulté le )
  14. (en) « Complete National Recording Registry Listing », sur Library of Congress (consulté le )
  15. (en) « Cover versions of I Believe I'll Dust My Broom », sur SecondHandSongs