Félix Platel
Conseiller général de la Loire-Inférieure | |
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Maire de Saint-Lumine-de-Coutais | |
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Nom de naissance |
Félix Platel |
Pseudonymes |
Étienne Pall, Ignotus |
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Le baron Félix Platel est un écrivain, journaliste et homme politique français né le à Saint-Lumine-de-Coutais (Loire-Inférieure) où il est mort le . Il est surtout connu pour ses chroniques hebdomadaires du Figaro sous le pseudonyme d’Ignotus, de 1875 à 1888.
Biographie
[modifier | modifier le code]Du droit au journalisme
[modifier | modifier le code]Félix Platel naît au domaine du Grand-Clavier à Saint-Lumine-de-Coutais (Loire-Inférieure) le 8 avril 1832, de Victorique Platel, colonel d'artillerie, et de Joséphine Monnier. Son enfance est partagée entre les environs du lac de Grand-Lieu où se trouvent la maison familiale et les lieux d’affectation de son père (Constantine, Lyon). Après des études de droit à Paris, il s’inscrit au barreau de la capitale. Il est un temps sous-bibliothécaire à la Bibliothèque Mazarine où Charles Monselet le rencontre[1]. Il débute dans le journalisme par une étude critique sur le casino de Hombourg (aujourd’hui Bad Homburg vor der Höhe) alors en vogue. Elles valent à leur auteur et aux journaux[2] qui le publient pressions et procès intentés par le casino.
Une belle jeunesse italienne
[modifier | modifier le code]Au début de 1858, Platel se voit confier par le ministre de l’Instruction publique une mission littéraire en Italie doublée d’une recommandation près des représentations diplomatiques française[3]. Il rencontre plusieurs hommes politiques de Piémont et Savoie dont le souverain Victor Emmanuel II et le comte Camillo Cavour[4] président du conseil du royaume de Piémont-Sardaigne. En juillet 1858, à la veille de l’entrevue de Plombières entre Napoléon III et Cavour qui va décider du sort de la Savoie, il publie les Causeries Franco-Italiennes qui lui valent des articles hostiles dans la presse officielle du duché de Savoie[5] et un duel dans le jardin des Charmettes avec le rédacteur en chef du Progrès de Chambéry. Cette publication et la proximité de Cavour lui valent de fréquenter la société d’Aix-les-Bains et notamment le salon littéraire de la comtesse de Solms née Marie-Laetitia Bonaparte-Wyse, petite fille de Lucien Bonaparte et opposante au régime de Napoléon III exilée sur les bords du lac du Bourget[6]. Au Chalet de Marie de Solms, amie de Béranger (Pierre-Jean de Béranger) et Eugène Sue, il rencontre le dramaturge François Ponsard, le futur député de Belleville Tony Révillon et Sainte-Beuve. Au cours de l’été 1859, après les succès français et piémontais sur les Autrichiens (victoires de Magenta et de Solferino) Platel prête sa plume aux Matinées d’Aix, journal dirigé par Marie de Solms et au premier numéro de la Revue Internationale publiée à Genève. Après l'armistice de Villafranca qui met fin au conflit franco-autrichien, Cavour démissionne. Suivant son témoignage, Félix Platel devient son secrétaire et l’accompagne en Suisse et à Aix-les-Bains, il remplit des missions pour Cavour à Rome et près du roi Victor-Emmanuel II. Après l’annexion de la Savoie à la France en 1860 et la mort de Cavour devenu en 1861 le premier président du conseil du nouveau royaume d’Italie, Platel rentre à Paris.
Homme politique
[modifier | modifier le code]En 1869, il devient maire de Saint-Lumine-de-Coutais et en 1871 est élu conseiller général du canton de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Inférieure). Il est secrétaire de l’assemblée départementale jusqu’à sa mort. Monarchiste libéral[7], il échoue à la députation en 1876 devant le légitimiste Henri Le Loup de la Biliais.
Ignotus, chroniqueur du Figaro
[modifier | modifier le code]En 1875, Félix Platel débute comme chroniqueur au Figaro sous le pseudonyme d’Ignotus. Le succès est immédiat et ne se démentit pas jusqu’à sa disparition (1875-1888). Il s’impose comme spécialiste du portrait en dressant celui de nombreux hommes politiques français et étrangers (Gambetta, Grévy, la reine Victoria, le tsar …) Ses articles, devenus rapidement hebdomadaires évoquent également les célébrités du monde littéraire (Victor Hugo, Renan, Littré, Lamartine …) des artistes, des acteurs (Sarah Bernhard), des musiciens (Wagner, Verdi…). Il passe en revue les grands journalistes de son temps et de nombreux personnages oubliés qui figurent dans l’actualité d’alors.
À partir de 1877, Platel utilise ses connaissances juridiques pour introduire dans ses chroniques des études « criminalistes ». Ces textes évoquent les grandes questions du droit civil ou criminel (la peine de mort, la récidive, la démence, le divorce …) ceux qui sont chargés de l’appliquer (juges, avocats, policiers…), et décrivent les lieux où il s’exerce (tribunaux, prisons…)[8]
Ses séjours dans l’ouest sont l’occasion d’articles où se mêlent aux souvenirs d’enfance des récits de chasse et de pêche. Il évoque parfois les séances du Conseil général, les conseils de révision et plus généralement la perception de la politique nationale dans un canton rural.
De février 1875 à août 1888, Ignotus publie environ 550 articles qui vont très vite rencontrer le succès et participer à la popularité du journal, notamment dans les milieux catholiques[9]
Avec ses portraits aux dimensions physiques et psychologiques, Platel s’impose comme un spécialiste du portrait de presse. Ses études sociales en font un précurseur du journalisme moderne dont le Figaro est un organe pionnier[10]. Son style rebute le plus souvent ses contemporains, particulièrement ses collègues journalistes[11]. Le romancier et journaliste Paul Perret son compatriote nantais, plus versé dans la rhétorique, en témoigne : « Avec ses grands défauts, sa préoccupation de l'antithèse, une certaine redondance et des naïvetés d'enfant, malgré l'avis de Sarcey (Francisque Sarcey), de Rochefort (Henri Rochefort) et de Richepin (Jean Richepin), qui le malmenèrent souvent, il était ce qu'on peut appeler quelqu'un. Son style, monté sur échasses, coloré jusqu'à l'excès, lui appartenait en propre et reflétait exactement son tempérament enthousiaste et sa nature robuste de Breton né aux bords du vaste océan. »[12]
Publications de Félix Platel
[modifier | modifier le code]Sous le pseudonyme d’Étienne Pall
[modifier | modifier le code]- Les Échos de Hombourg, scènes de jeu Ed. Taride, 2 ou 3 vol. 1855-1856 ?
De larges extraits ont été repris dans des journaux et revues : Le Figaro, 29 juin et 3 juillet 1856, le Mousquetaire, 23 et 24 mai 1856, Les Matinées d’Aix, 1er et 8 juillet 1859.
- Simple note pour : M. Félix Platel. - Etienne Pall. - auteur des "Echos de Hombourg", contre M. Panis, fermier d'annonces des grands journaux. Demande de dommages-intérêts pour refus d'insertion de deux annonces, Édition : Paris : imp. de De Soye et Bouchet , 1857
Mémoire consécutif aux pressions du casino de Hombourg pour empêcher la parution dans la presse d’extraits des Echos de Hombourg.
Sous le nom de Félix Platel
[modifier | modifier le code]- Causeries franco-italiennes par Félix Platel (Etienne Pall) lib. Alphonse Taride
Dans la 1re édition (1858), l’auteur dit renoncer à la préface
la 2e édition (1859) comporte une préface à la fin de laquelle il annonce un prochain livre supplément : Les Italiens du Nord (non paru ?)
- Lettres de Florence à M le duc de Persigny, Lib. Frédéric Henry 1865 59 p.
- Les Confessions d’un économiste, 1re partie ; Les Impôts devant le suffrage universel, lib. Fréd. Henry et J. Lepin 1874
Sous le pseudonyme d'Ignotus
[modifier | modifier le code]- Portraits d’Ignotus, éd. Arnaud et Labat 1878
- Saint-Père, restez ! éd. Perrin 1884
- Les Hommes de mon temps, 1re et 2e série, 2x 50 portraits éd. Victor-Havard 1889
- Paris secret, éd. Victor-Havard 1889
- L’Armée du crime, éd. Victor-Havard 1890
Une édition de certains des articles de Platel sous le titre La mer et la campagne est projetée mais n’aboutit pas.
Avec le caricaturiste Cham (Amédée de Noé)
[modifier | modifier le code]- Album Cham, 1879 : textes par Ignotus du Figaro et les rédacteurs de la France illustrée
Plusieurs éditions 1879-1880 de ces albums vendus au profit des Orphelins d’Auteuil (imp. des apprentis orphelins) (une réédition en 1992)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « M. Ignotus (de son vrai nom Félix Platel, qu’il n’a jamais caché d’ailleurs) est avant tout un lettré, un érudit. Je l’ai connu bibliothécaire à la Mazarine, homme aimable, curieux de toutes choses, au point d’avoir lâché les livres pour s’en aller courir l’Italie … » Charles Monselet, Encore un ! 1885
- Notamment Le Mousquetaire, journal d’Alexandre Dumas et le Figaro qui vient d’être relancé par Hippolyte de Villemessant.
- "La baronne Platel, sur le conseil de sa famille, demanda pour son fils aîné une mission à l'étranger, ce qui lui fut accordé par l'Empereur malgré le jeune âge de Félix Platel. Il partit donc pour l'Italie chargé d'une mission littéraire par le ministre de l'instruction publique, avec une autre mission spéciale du ministre des affaires étrangères" Léon Bouchet Profils bretons
- Voir les articles de Platel concernant le roi Victor-Emmanuel(le Figaro du11 avril 1875) et le comte de Cavour (le Figaro du 12 avril 1882).
- La Gazette de Savoie du 19 au 21 novembre 1858.
- Les Matinées espagnoles 1885 voir aussi Le Figaro littéraire du 5 septembre 1885
- "Il prône dans les colonnes du Figaro la nécessité de constituer un grand parti conservateur mais il ne s’illusionne pas sur les chances d’y parvenir... En évoquant les séances de l’assemblée départementale (En séance le Figaro du 27 août 1884) les campagnes électorales dans le canton (Mon élection le Figaro du 25 août 1886) il nourrit une réflexion amère et ironique sur les impossibles compromis politiques de son temps" P. Pipaud, Le Baron Félix Platel dit Ignotus, quand la politique locale nourrit le champ littéraire.
- Ces études sont regroupées dans les recueils Paris secret (1889) et L'armée du crime (1890).
- Jusqu’ici plutôt abonnés au très catholique Univers de Louis Veuillot ou à La Croix qui reproche à Ignotus d’avoir fait pénétrer le Figaro dans beaucoup de familles chrétiennes : « … C’est une responsabilité qui sollicite pour lui des prières en ce moment» La Croix du 11 novembre 1888 et par la conquête d’un public féminin.
- Mélodie Simard-Houde, Le Reporter, médiateur, écrivain et héros, Thèse de doctorat en études littéraires, Universités de Laval, Québec et Paul Valéry, Montpellier.
- « Pourquoi ce bon gros garçon très insignifiant – ce qu’il est – a-t-il l’étrange manie d’écrire un tas de calembredaines dans un style apocalyptique qui finira par abrutir et lui-même et ses lecteurs ? » Anonyme, Le Petit Parisien du 27 décembre 1880.
- Paul Perret (sous le pseudonyme de Tout-Paris) : Le Baron Platel dans Bloc-Notes parisien, Le Gaulois du 11 novembre 1888.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- George Bastard, Ignotus du « Figaro », baron Félix Platel dans Nos écrivains, Revue de Bretagne Anjou Vendée 1909
- Marie-Laetitia Bonaparte-Wyse, Ignotus, dans Les Matinées espagnoles (revue) 1885 (vol. 2) p. 123-130
- Léon Bouchet, Ignotus dans Profils bretons 1888
- Edmond Deschaumes, Ignotus, les hommes de mon temps, La Revue générale, avril 1888 p. 145-149
- Edmond Héry, Un grand méconnu le baron Félix Platel, dit "Ignotus" Bulletin de la Société des historiens du pays de Retz N°11 1991
- Charles Monselet, Ignotus, dans Encore un ! p. 77-81, 1885
- Paul Perret, (sous le pseudonyme de Tout-Paris) Le Baron Platel dans Bloc-notes parisien, Le Gaulois du 11 novembre 1888
- P. Pipaud, Le Baron Félix Platel dit Ignotus, quand la politique locale nourrit le champ littéraire, Regards N° 11, revue de l’Association abbatiale et découvertes, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu 2015 pp 36-40
- Saint-Genest (Emmanuel-Arthur Bucheron dit Saint-Genest), Ignotus, Le Figaro du 10 novembre 1888
- Saint-Patrice (James Aloysus Harden-Hickey dit Saint-Patrice), Ignotus (le baron Félix Platel, dit) dans Nos écrivains, 1887
Liens externes
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- Naissance en avril 1832
- Naissance dans la Loire-Inférieure
- Personnalité politique française du XIXe siècle
- Écrivain français du XIXe siècle
- Journaliste français du XIXe siècle
- Conseiller général de la Loire-Atlantique
- Maire de la Loire-Atlantique
- Étudiant de la faculté de droit de Paris
- Décès en novembre 1888
- Décès dans la Loire-Inférieure
- Décès à 56 ans