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Les Derniers et les Premiers

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Les Derniers et les Premiers
Titre original
(en) Last and First MenVoir et modifier les données sur Wikidata
Format
Langue
Auteur
Genres
Future history (en)
Science-fictionVoir et modifier les données sur Wikidata
Personnage
Last and First Men human species (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Date de création
Date de parution
Pays
Éditeur
Œuvre dérivée
Last and First Men (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Séquence
Univers
Last Men universe (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Les Derniers et les Premiers (titre original : Last and First Men : a story of the near and far future) est un roman de science-fiction de l'auteur britannique Olaf Stapledon, paru en 1930. Il relate l'aventure de l'humanité durant les deux prochains milliards d'années. Au cours de cette période, pas moins de dix-huit différentes espèces humaines croîtront et disparaîtront tour à tour.

Considérations générales et buts de l’auteur

Le propos du roman est philosophique, éthique, moral ; c'est en quelque sorte à une philosophie de l'Histoire par l'illustration qu'est convié le lecteur.

Ce dernier ne suivra pas à proprement parler les tribulations d'un individu, mais bien celles de l'« humanité » dans son ensemble, de guerres mondiales en républiques universelles, de civilisations en civilisations, et de l'extinction de toute une espèce à l'avènement de la suivante, en une lente, longue, douloureuse, émouvante et vertigineuse progression vers une certaine sagesse et une certaine idée de ce qu'est l'« humanité », entendue comme une qualité morale. En dépit d'un sujet particulièrement abstrait, Olaf Stapledon parvient à captiver le lecteur par une inventivité et une ampleur de vue prodigieuses, et à l'émouvoir en lui peignant - mais attention, à l'échelle cosmique ! - les souffrances et les joies des hommes, à quoi qu'ils pussent ressembler ou croire.

Ce roman forme un triptyque avec deux autres romans de Stapledon : Les Derniers Hommes à Londres (1932) et Créateur d'étoiles (1937). En effet, tous trois appartiennent à la même grande fresque décrivant l'histoire de la vie consciente dans l'univers. Star Maker est le plus ample : il couvre tout simplement l'Histoire de l'univers, c'est-à-dire, pour Stapledon, de ses espèces pensantes, soit quinze milliards d'années. L'histoire de l'humanité contée dans Les Derniers et les Premiers y est résumée en seulement onze lignes ! Enfin, Les Derniers Hommes à Londres est un zoom dans la matière de Les Derniers et les Premiers : ce dernier roman ne couvre « que » les quelques siècles prochains.

Les Derniers et les Premiers est considéré, avec Créateur d'étoiles, comme le meilleur roman d'Olaf Stapledon.

Résumé

Le narrateur de ce récit est double. Le citoyen britannique qui narre en 1930 le fait sous l'influence, voire la dictée, d'un représentant de la dix-huitième et ultime espèce humaine, laquelle est établie sur Neptune et est sur le point de s'éteindre. En effet, dans deux milliards d'années, le soleil sera sur le point de se transformer en nova, rendant toute vie impossible dans le système solaire.

Adaptation au cinéma

Ce roman d'Olaf Stapledon a fait l'objet d'une adaptation cinématographique — ce qui, pour un roman aussi ambitieux et aux dimensions tellement hors de proportion représente à l'évidence une gageure — par le compositeur et réalisateur islandais Jóhann Jóhannsson, sous le simple titre : Last and First Men. Celle-ci a été créée en 2017 (sous forme abrégée et comme "performance" ou œuvre audiovisuelle interprétée en direct) au Festival International de Manchester (en), biennale d'art contemporain intitulée "MIF 17"[1]. Puis, complétée et finalisée sous forme d'un film long métrage, elle a été présentée en 2020 au Festival international du film de Berlin[2]. Jóhannsson en a aussi composé la musique originale, pour laquelle il a reçu le prix du compositeur de cinéma de l'année 2018 aux World Soundtrack Awards (avec les musiques qu'il a signées pour trois autres films sortis en 2018). Ce film a été diffusé entre autres sur la chaîne Arte le 14 février 2022 (à 0H30)[3].

Ce premier long métrage de Jóhannsson en tant que réalisateur[4] (mais aussi co-scénariste en plus de compositeur) sera aussi son dernier car il meurt prématurément le 9 février 2018[Note 1], peu après avoir mis sa dernière touche à son film[1], ce qui donne inévitablement un aspect testamentaire à cette œuvre, en plus de la dimension philosophique et prophétique du roman qu'elle illustre.

Ce film relève le défi de l'adaptation au cinéma d'un tel roman en adoptant résolument une posture qui a été qualifiée de contemplative, esthétisante et puissamment hypnotique[6] : fable de science-fiction entre onirisme narratif et fascination, le film présente des images de sculptures géantes en noir et blanc filmées en lumière réelle contrastée, de l'aube au couchant, dans une lande déserte, et sur un fond de ciel aux formations nuageuses en dégradé de gris qui évoquent certaines recherches de la peinture abstraite. La narration est assurée le plus souvent en voix off, « portée par la voix troublante de l'actrice Tilda Swinton »[6], le tout étant soutenu par la musique de Jóhannsson, en une sorte de "contrepoint rigoureux" à trois voix : images/texte (voix)/musique[1]. Son sujet est ainsi présenté : « en voie d'extinction, l'humanité du futur s'adresse aux hommes d'aujourd'hui et leur demande de l'aide »[6], leur proposant aussi leur aide en retour pour leur présent.

Le catalogue du "MIF 17" (Festival International de Manchester 2017) présentait l'avant-première "live" de ce film ainsi :

« Last and First Men, basé sur le roman culte de l’écrivain de science-fiction britannique Olaf Stapledon, brouille la frontière entre fiction et documentaire. L’œuvre met en scène un paysage monumental futuriste mais délabré, magnifiquement filmé en 16 mm noir et blanc dans les anciennes républiques yougoslaves, en contrepoint de la narration de Swinton et de la bande-son orchestrale envoûtante de Jóhannsson. Le résultat est un requiem à couper le souffle pour la dernière espèce humaine de la civilisation... Le film sera projeté au festival, avec une partition live interprétée en direct par l'Orchestre philharmonique de la BBC[7]. »

L'auteur lui-même commentait ainsi son travail, fin 2017 :

« Je finis en ce moment mon premier film [Les derniers et les Premiers]. [...] C’est un développement de l’œuvre audiovisuelle qui a fait ses débuts cet été au Festival International du Film de Manchester, que je transforme en un long métrage. J'espère le soumettre cette année prochaine à des festivals et le faire tourner [aussi en performance live]. C’est un de mes projets favoris sur lequel je travaille depuis très longtemps, environ dix ans, et qui m’enthousiasme beaucoup. [...] Nous voulions filmer ces sculptures d’une manière très formaliste, pour souligner leur étrange beauté asymétrique. Nous nous réveillions tous les matins à quatre heures pour nous préparer au lever du soleil et restions dehors à filmer toute la journée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lumière. Ce fut l’une des expériences les plus heureuses de ma vie, et l’une des plus épuisantes[8] ! »

Notes

  1. À propos du décès prématuré de Jóhann Jóhannsson, consulter : ▶ Le Figaro et AFP agence, « Johann Johannsson, compositeur des musiques de Sicario et Blade Runner 2049, meurt à 48 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ). Ainsi que : ▶ « Le compositeur islandais Johann Johannsson est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne). Et : ▶ « Johann Johannsson, le compositeur de Prisoners et Sicario, est mort », sur Premiere.fr, (consulté le ). Pour les causes de ce décès accidentel dû à un surdosage médicamenteux, lire (en allemand) : ▶ Matthias Becker, « Mysteriöser Tod von Musik-Guru Johannsson aufgeklärt » [« Le mystère de la mort du gourou* musical Johannsson enfin révélé »], B.Z.,‎ (lire en ligne, consulté le ). *Dans ce dernier article, Jóhannsson est surnommé "gourou musical" probablement parce qu'il a impulsé un style de musiques de film particulier, style qui a fait des émules ; par exemple, il est ailleurs qualifié de « mentor de Hildur Guðnadóttir »[2], autre musicienne et compositrice (entre autres de musiques de film) islandaise, elle aussi aujourd'hui internationalement reconnue et multi-récompensée. C'est d'ailleurs elle qui a finalisé le film de Jóhannsson avant sa présentation à la Berlinale 2020[5].

Références

  1. a b et c Longue interview de Jóhannsson réalisée en anglais fin 2017 par Chris O'Falt, « Jóhann Jóhannsson’s Fight to Be Visionary, From His Film Scores to His Directorial Debut » [« Le combat de Jóhann Jóhannsson pour être (considéré comme) visionnaire, de ses partitions de film à ses débuts de réalisateur »], sur IndieWire.com, (consulté le ).
  2. a et b (en) Zack Sharf, « Jóhann Jóhannsson’s First and Final Directorial Feature ‘Last and First Men’ Heads to Berlinale » [« Le premier et dernier long métrage de Jóhannsson ‘Les Derniers et les Premiers’ sera présenté à la Berlinale »], sur IndieWire.com, (consulté le )
  3. Le film est encore visible sur la plate-forme numérique d'Arte pour une durée limitée : Jóhann Jóhannsson (à partir d'Olaf Stapledon), « Last and First Men », sur arte.tv, 2017/2020/2022 (consulté le ).
  4. Il avait déjà réalisé ou scénarisé deux courts métrages vidéo ou documentaires
  5. John Rogers, « Alien Communication : From Hafnarfjörður To Hollywood, Hildur Guðnadóttir Hits The Big Time » [« Communication extraterrestre : de Hafnarfjörður à Hollywood, Hildur Guðnadóttir frappe un grand coup »], The Reykjavik Grapevine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a b et c « Last and First Men », sur tv-programme.com, (consulté le ).
  7. Notre traduction du catalogue de la biennale d'art contemporain de Manchester 2017, cité dans : (en) Chris O'Falt, « Jóhann Jóhannsson’s Fight to Be Visionary, From His Film Scores to His Directorial Debut » [« Le combat de Jóhann Jóhannsson pour être [considéré comme] visionnaire, de ses partitions de film à ses débuts de réalisateur »], sur IndieWire.com, (consulté le ).
  8. Notre traduction de l'interview de l'auteur, extraits cités dans : (en) Chris O'Falt, « Jóhann Jóhannsson’s Fight to Be Visionary, From His Film Scores to His Directorial Debut » [« Le combat de Jóhann Jóhannsson pour être [considéré comme] visionnaire, de ses partitions de film à ses débuts de réalisateur »], sur IndieWire.com, (consulté le ). Et dans : (en) Zack Sharf, « Jóhann Jóhannsson’s First and Final Directorial Feature ‘Last and First Men’ Heads to Berlinale » [« Le premier et dernier long métrage de Jóhannsson ‘Les Derniers et les Premiers’ sera présenté à la Berlinale »], sur IndieWire.com, (consulté le )

Voir aussi

Article connexe


Liens externes