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Racisme

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 Racisme


Le racisme est une idéologie basée sur une croyance qui postule l'existence de "races" au sein de l'espèce humaine, correspondant généralement aux grands ensembles continentaux de groupes ethniques, et qui de surcroît les hiérarchise. On désigne aussi, sous le terme de raciste, les doctrines politiques préconisant la domination d'une race (dite pure et/ou supérieure) aux autres (dites impures et/ou inférieures), ces dernières devant se soumettre, ou parfois mourir au gré des dominateurs.

Cependant, le sens le plus courant, faisant la confusion avec xénophobie et ethnocentrisme, désigne une attitude de mépris et d'hostilité, pouvant aller jusqu'à la violence, envers des individus appartenant à une ethnie différente. Ces comportements, conscients ou non, sont supposés s'accorder avec une théorie raciste, en considérant telle catégorie de personnes comme inférieure.

Le « racisme », tant dans le sens de théorie que dans le sens d'attitude, est majoritairement considéré en Occident - et en Occident seulement - comme socialement inacceptable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, quelles qu'en soient ses manifestations.

Un Noir-Américain buvant de l'eau uniquement reservée aux gens de "race" noire, en 1939, à Oklahoma City.

Histoire du racisme

Historique

Le racisme idéologique a au cours de l'Histoire justifié de nombreux massacres et traitements discriminatoires :

Les précurseurs du racisme

Antérieurement au racisme européen des siècles derniers, d'autres théories utilisent la notion de transmission héréditaire pour justifier des discriminations. Parmi celles-ci :

Les distinctions entre classes sociales

  • l'hindouisme : qui fonctionne selon un système de castes héréditaires absolument imperméables, l'appartenance à une caste fixant les droits de chacun. Ainsi les personnes naissant hors-castes nommées les Intouchables ne disposent d'aucun droit et sont donc traitées de façon humiliante.
  • les cultures antiques grecques et romaine (systèmes de castes simplifiés) ;
  • les anciennes monarchies et la noblesse : l'organisation de la société est basée sur l'hérédité (dont dépendent les droits des personnes).

Le racisme aux États-Unis

Dans un discours télévisé prononcé en 1963, le président américain John Fitzgerald Kennedy aborde de front la question de la discrimination raciale aux États-Unis :

Le bébé noir qui naît aujourd'hui en Amérique, quelle que soit la région du pays dans laquelle il voit le jour, a environ la moitié des chances de terminer ses études secondaire dont bénéficie un bébé blanc, né au même endroit le même jour ; le tiers de ses chances de terminer ses études universitaires ; le tiers de ses chances d'exercer une profession libérale ; deux fois plus de chances de se retrouver au chômage ; un septième environ de ses chances de gagner 10 000 dollars par année. Son espérance de vie est plus courte de sept ans et il doit envisager la perspective de gagner deux fois moins.
C'est essentiellement à un problème moral que nous avons à faire face. Il est aussi ancien que les Écritures et aussi clair que la constitution des États-Unis. Le cœur du sujet est de savoir si tous les Américains doivent se voir octroyer des droits égaux et des chances égales, si nous voulons traiter nos concitoyens comme nous voulons être traités. Si un Américain, parce que sa peau est sombre, ne peut déjeuner dans un restaurant ouvert au public, s'il ne peut envoyer ses enfants dans la meilleur école publique, s'il ne peut voter pour les hommes qui le représentent, si, en bref, il ne peut jouir de la vie pleine et libre que nous voulons tous, alors qui donc, parmi nous, accepterait de changer de couleur de peau et de prendre sa place ? Qui donc, parmi nous, accepterait les conseils de patience et de temporisation ? Cent ans se sont écoulés depuis que le président Lincoln a affranchi les esclaves ; pourtant, leurs descendants, leurs petit-fils, ne sont pas encore libres. Ils ne sont pas encore libérés des entraves de l'injustice. Ils ne sont pas encore libérés de l'oppression économique et sociale, et notre pays, en dépit de tout ce qu'il espère et de tout ce dont il se targue, ne sera pas complètement libre tant que tous ses citoyens ne seront pas libres.
Nous prêchons la liberté date nous sommes sincères, et nous la chérissons la liberté dont nous jouissons ici, mais dirons-nous au monde, et, ce qui est beaucoup plus important, nous dirons-nous les uns aux autres que ce pays est celui des hommes libres à l'exception des noirs ? Que nous n'avons pas de citoyens de seconde classe à l'exception des Noirs? Que nous n'avons pas de système de classes ou de castes, que nous n'avons pas de ghetto, pas de race supérieure, excepté en ce qui concerne les noirs ?

John Kennedy, le 12 juin 1963

Le racisme en France

Établi dans le but d'éviter les abus liés à l'esclavage, le Code noir établi par Colbert n'en a pas moins institutionalisé le racisme justifiant la mise en esclavage des déportés africains sur les colonies des Antilles et de la Guyane francaise. Aboli par la Constituante en 1794, rétabli par Napoléon Ier en 1802, l'esclavage est resté en vigueur en France jusqu'en 1848.

Notons que dans les trois derniers cas, il s'agit de classes sociales ; passer de l'une à l'autre est difficile.

Le racisme scientifique

Le racisme est généralement assimilé à une idéologie se fondant sur l'hypothèse scientifique erronée du racialisme qui classifie les êtres humains d'après leurs différences morphologiques en application d'une méthode apparentée à celle de la zoologie pour justifier la mise en place de législations ségrégationnistes et la discrimination politique.

  • Historiquement, cette considération a été liée au droit (et même au « devoir », selon Jules Ferry) pour une race supérieure d'en dominer au moins temporairement une ou plusieurs autres, notamment dans un cadre colonial.
  • Le comte Joseph-Arthur de Gobineau fait publier en 1853-1855, L'Essai sur l'inégalité des races humaines. Il apparaît comme la théorisation d'idées racistes prégnantes dans la France du XIXe siècle. Dès le premier chapitre, il écrit : « Toute civilisation découle de la race blanche, aucune ne peut exister sans le concours de cette race. » À l'école d'anthropologie de Paris, on pèse les cerveaux pour classer les individus dans une hiérarchie des races. Dans le dictionnaire Larousse de 1866, l'article « Nègre » affirme que le cerveau des Noirs est moins volumineux que celui des Blancs. Ce racisme violent a justifié les exactions de l'armée coloniale française.
  • Darwin a écrit un livre intitulé "De l'Origine des Espèces" (avec comme sous-titre: "La préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie"). Il n'y eut pour Hitler qu'un petit pas à faire, lui qui était un fervent évolutionniste, pour aller du concept de "survie" à celui de "domination" des races

Sur le plan politique, le darwinisme social a servi à justifier le colonialisme, l'eugénisme, le fascisme et surtout le nazisme. En effet, cette idéologie considère légitime que les « races humaines » et les êtres les plus faibles disparaissent et laissent la place aux races et aux êtres les mieux armés pour survivre. Ernst Haeckel. Voir Race humaine. De nos jours, le darwinisme social inspire encore certaines idéologies d'extrême droite.


Soulignons qu'indépendamment de toute comparaison de la valeur de ces races, le racisme a également désigné le droit pour un groupe de pratiquer un eugénisme visant à se « protéger » contre les conséquences supposées néfastes pour les générations futures d'un métissage.

Le racisme aujourd'hui

Aujourd'hui le terme de race reste toujours d'usage courant dans certains milieux et le racisme se manifeste toujours sur les cinq continents.

Racisme individuel

Le racisme à l'échelle des relations individuelles, c'est accomplir des actes racistes envers d'autres individus. C'est-à-dire accomplir des actes tout ou partie en raison de son appartenance ou de sa non-appartenance théorique à une certaine "race".

Racisme d'État

À l'échelle de la cité cela peut s'exprimer de différentes façon. Cela peut être explicite comme les différences légales de traitement des citoyens en fonction de la notion théorique de "race"(cas de l'Apartheid). Ou alors informel, ce qui peut être lié à la pression sociale ; qui embaucherait un vendeur que les clients rejetteraient ?

De nombreuses institutions publiques estiment que l'appartenance à une catégorie physiologique ou ethnique influent sur le comportement des individus

Au États-Unis, les disparités sociales entre groupes d'origine culturelle/ethnique différentes font partie des priorités gouvernementales et il convient donc de les évaluer statistiquement. Ainsi en 2000, le recensement aux États-Unis classait les personnes selon la notion théorique américaine de race : blanche (caucasian (white)), hispanique (hispanic) - NB: un espagnol d'Europe entrant dans la catégorie caucasian (white) tandis qu'un mexicain d'origine espagnole irait dans la catégorie hispanic -, noire ou afro-américaine (black, african american), amérindienne ou natifs d'Alaska (american indian, Alaska natives), asiatique... Cela est mis à profit dans le cadre de programme de discrimination dite "positive", où les effets attribués à un racisme passé sont ainsi contrebalancés. Les native american jouissent par exemple d'un statut fiscal privilégié ou bien les african american bénéficient de filières d'entrées privilégiées au sein des universités américaines. (voir l'article en anglaisen:Race (U.S. Census)).

La loi française fait référence à la notion théorique de « race » ; par exemple dans l'article 211-1 du Code pénal, le génocide est une atteinte « tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».

Racisme politique

En raison de la connotation très négative du mot en occident, peu de parti politiques se revendiquent ouvertement comme racistes. De nombreux partis d'extrême droite ont cependant été accusés de véhiculer des discours de ce type à travers des positions xénophobes. L'apologie du racisme étant parfois condamnée, ils peuvent aussi promouvoir des doctrines dérivées comme l'ethno-différencialisme ou le racialisme. Voir : mouvements racistes

Lutte contre le racisme

La lutte contre le racisme peut être entendue à différents niveaux.

Réfutation des races humaines

Après des études et recherches diverses au sein de la génétique, la théorie de l'existence des races humaines a été définie par des scientifiques comme arbitraire, subjective et non pertinente, du fait de l'impossibilité de classifier telle ou telle personne dans une race présupposée.

La publication de la « déclaration sur la race » en 1950 par l'UNESCO encouragera nombre de biologistes à rappeler régulièrement l'absence de validité scientifique de la notion de "races humaines".

À noter que la génétique a clairement montré que les différences entre individus considérés comme faisant partie d'une même ethnie peuvent être supérieures à celles entre individus appartenant à des ethnies différentes (et donc ayant une couleur de peau différente). Cela s'explique par le fait que la portion du génome humain relative à l'expression des caractères morphologiques, en l'occurrence le gène codant la production de la mélanine, ne représente qu'une infime partie de l'ensemble de ce génome (trois gènes commun aux divers vertébrés sur les 36 000 du génome). Cf. à ce sujet, l'article Couleur de la peau.

Lutte contre la ségrégation

Il s'agit de dénoncer la possibilité, l'utilité, voire la nécessité de mettre en place des distinctions légales ou privées sur la base de l'appartenance à un quelconque groupe. On peut distinguer ici encore deux grand types d'attitudes, que l'on schématise ici :

Panneau affichant que seuls les Blancs peuvent utiliser un lieu public.
  • D'une part, les partisans de l'intégration. Ils considèrent que les différences entre les groupes constituent un problème (théorie politique proche du « jacobinisme »). Leur réponse est donc la recherche de l'homogénéité maximale et l'assimilation des minorités à la culture dominante. Il est en effet frappant de remarquer que l'intégration est toujours présentée comme un mouvement à sens unique et non comme une fusion des cultures, même si c'est ce qui se produit en réalité.
  • D'autre part, les partisans du multiculturalisme. Ils refusent les ségrégations de toute nature mais considèrent que les différences de groupe constituent une richesse. Leur réponse est donc la recherche de la diversité maximale et de la meilleure entente entre les différents groupes. Avec le risque de proposer des solutions (cloisonnement culturel) que des racistes ne renieraient pas.

Statistiques françaises

D'après les renseignements généraux, il y a eu 1513 faits racistes et antisémites, dont 361 violents en France en 2004. Ils étaient 833 en 2003 et 1313 en 2002. Les faits antisémites sont les plus nombreux (950 en 2004) dont 199 actes violents. La région parisienne est la plus affectée. Les actes antimaghrébins ont connu une forte augmentation en 2004 (563 faits parmi lesquels 162 violents). Les profanations de cimetières et les atteintes aux mosquées se sont multipliées. (source : Le Monde du 19/01/2005) D'après un sondage mené sur 1011 personnes entre le 17 et le 22 novembre 2005 par l'institut CSA, 1/3 des Français se déclare raciste, sans toutefois préciser dans laquelle des trois acceptions de ce terme[5]. Toujours selon la même enquête, 63 % de la population pense que "certains comportements peuvent justifier des réactions racistes". 56 % des Français déclarent que la présence étrangère est trop importante[6].

Législation

Les pratiques racistes constituent une violation des droits de l'Homme et sont réprimées par de nombreux pays.

Pour la plupart des pays occidentaux, la discrimination et le racisme sont beaucoup plus que des délits, punis pénalement, ils représentent également une atteinte aux valeurs qui fondent la démocratie. Celle-ci reconnaît l'égale dignité de chaque citoyen à participer à la chose publique, à poursuivre son bonheur et son épanouissement indépendamment de sa naissance.

En France, par exemple, le législateur n'a cessé au fil du temps, et particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, de compléter le dispositif législatif afin de réprimer plus efficacement toutes les formes de racisme, d'antisémitisme, de xénophobie. Il a pour cela créé un certain nombre d'incriminations d'une part dans le code pénal, d'autre part dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et dans la loi relative à la communication audiovisuelle. Comme l'ont montré les accords de Nouméa, en matière de lutte contre le racisme, le législateur peut être fortement influencé par l'histoire coloniale du pays.

Citations racistes d'auteurs divers

  • L’inégalité des races est constatée. Ernest Renan, L’avenir de la science, préface de 1890
  • Si la France veut rester un grand pays, elle doit porter partout où elle peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes et son génie. ...Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… Elles ont le devoir de les civiliser. Jules Ferry.
  • On peut rarement trouver un Noir capable de suivre et comprendre les travaux d'Euclide. Thomas Jefferson, Notes on Virginia - 1787
  • L'égalité des Nègres ! Sornettes ! Combien de temps encore [verra-t'on] des fripons vendre et des imbéciles vanter un tel vulgaire morceau de démagogie. Abraham Lincoln, représentant de l'Illinois au congrès - 1859

Bibliographie

Notes

  1. Léon Poliakov, Le mythe aryen, Calmann-Lévy, p.157.
  2. Voltaire, Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, tome 1 page 8
  3. Léon Poliakov, Le mythe aryen, p.166.
  4. Tristan Mendès France, Docteur La mort, éditions Favre, page 20.
  5. Laetitia Van Eeckhout, “En 2005, les opinions racistes ont gagné du terrain en France” dans Le Monde web, 21/03/2006
  6. Laetitia Van Eeckhout, “En 2005, les opinions racistes ont gagné du terrain en France” dans Le Monde web, 21/03/2006

Voir aussi

Liens internes

Pierre-André Taguieff

Liens externes