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Sigefroid de Luxembourg

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Sigefroid de Luxembourg
Illustration.
Titre
Comte de Luxembourg
Prédécesseur fondation du comté
Successeur Henri Ier
Biographie
Dynastie Luxembourg
Date de naissance v.922
Date de décès
Père Wigéric de Bidgau ?
Mère Cunégonde de France ?
Conjoint Hedwige (937-992)

Sigefroid[1], né vers 930/940 et mort en 998, fut le premier comte d'un territoire qui allait devenir le comté de Luxembourg il était le fils de Wigéric, comte de Bigdau, puis comte palatin de Lotharingie, et de Cunégonde, petite-fille du carolingien Louis II le Bègue.

Ascendance

La plupart des auteurs[2],[3] pensent que Sigefroid est le fils de Wigéric de Bidgau. Cette filiation est déduite d'un tableau généalogique dressé au XIe siècle en vue de rattacher à la race carolingienne une fille de Sigefroid, Cunégonde, femme du roi Henri II. Ce tableau indique comme mère de Sigefroid Cunégonde, fille d'Ermentrude et petite-fille de Louis le Bègue. Or, l'épouse de Wigéric s'appelait également Cunégonde.

D'autres arguments soutiennent cette thèse. Dans un diplôme en faveur de l'église Saint-Lambert de Liège, le roi Charles nomme nepotem l'évêque Adalbéron. Si la sœur de Charles, Ermentrude, est bien la grand-mère d'Adalbéron, l'emploi de ce terme peut être expliqué, même si ses significations les plus courantes sont « neveu » (au sens strict) et « petit-fils », car Charles le Simple n'avait pas de sœur ou de fille nommée Cunégonde. Léon Vanderkindere conteste néanmoins cet argument et avance de nepos pourrait simplement signifier « cousin ».

Ensuite, les noms utilisés chez les descendants de Sigefroid se retrouvent également dans la maison d'Ardenne : Sigefroid a ainsi des filles nommées Cunégonde et Liutgarde et des fils nommés Adalbéron, Frédéric et Giselbert.

Une lettre de 985 de Gerbert d'Aurillac à l'impératrice Théophano Skleraina mentionne un comte Sigefroid en tant que patruus, c'est-à-dire « oncle paternel », de Godefroid le Captif. Ce comte Sigefroid serait donc un frère de Gozlin.

Enfin, il est possible que Sigefroid soit la même personne que le Sigebert mentionné dans plusieurs documents comme le frère de Gozlin.

Cependant, la chronologie s'oppose à cette généalogie. Adalbéron est devenu évêque en 929 ; même en supposant qu'il n'eût alors que vingt ans et qu'il fût né en 909, sa mère Cunégonde devrait avoir vu le jour au plus tard en 892 et sa grand-mère Ermentrude, toujours en admettant le mariage le plus précoce, en 876. Ce sont là des limites extrêmement resserrées et qui par là-même deviennent peu vraisemblables. Or Louis le Bègue avait eu une première épouse, Ansgarde, que son père l'obligea à répudier. Il est donc assez peu vraisemblable qu'Ermentrude eût vu le jour avant 878. Le nepos de Charles le Simple ne peut donc être le petit-fils de sa sœur ; on peut par contre voir en lui un cousin. Cependant, on sait qu'Adalbero n'avait pas atteint l'âge canonique quand il est devenu évêque et il est peu probable que Louis ait épousé Adélaïde aussi tard que 878 et qu'ils soient probablement 870, donc cet argument n'est pas valide.

La solution serait alors de supposer l'existence de deux Cunégonde. Celle mentionnée dans la généalogie de l'impératrice Cunégonde serait bien la mère de Sigefroid (qui ne mourut qu'en 998) et la petite-fille de Louis le Bègue, mais pas l'épouse de Wigéric de Bidgau. L'autre Cunégonde, femme de Wigéric, aurait également des ancêtres illustres. La Vita Johannis Gorziensis, écrite en 980, indique qu'Adalbéron de Metz était de sang royal du côté paternel comme du côté maternel, mais le texte indique que cette origine remonte à un passé beaucoup plus lointain. Cet argument n'est pas valide.

Un autre argument est l'antagonisme constant qui existe entre les descendants de Wigéric et ceux de Sigefroid : on sait que Henri III, dans sa lutte contre Godefroid le Barbu, se tourna vers Frédéric de Luxembourg et lui confia le duché de Basse-Lotharingie ; mais déjà sous Henri II, Godefroid Ier fut appelé à lutter contre le comte Gérard, qui avait épousé Éva, fille de Sigefroid. Dans le Methingowe et dans le Bidgau, Sigefroid lui-même s'agrandit aux dépens de Godefroid de Verdun. Dans aucune de ces circonstances, les chroniqueurs ne signalent la parenté des adversaires qui se trouvent en présence. Or, un des traits les plus frappants du haut Moyen Âge, c'est l'étroite solidarité des membres des grandes lignées seigneuriales. Cependant, cet argument n'est pas valide car il n'était pas inconnu pour les proches, même les proches, d'être des ennemis.

En outre, des mariages furent conclus entre des descendants de Sigefroid et des descendants de Wigéric. Frédéric, fils de Sigefroid, épouse la petite-fille de Gerberge. Léon Vanderkindere a vu dans cette Gerberge probablement une fille de Gozlin, et doute une proche parente de Godefroid. L'argument tombe cependant si on considère Gerberge comme une sœur du vice-duc de Basse-Lotharingie Godefroid et une fille d'un autre Godefroid.

Il faut également considérer l'âge des enfants de Sigefroid. Wigéric était mort entre 916 et 919. La date la plus reculée qu'on puisse assigner à la naissance de Sigefroid, en le supposant fils de Wigéric, ne peut donc être éloignée de 919. Or, son fils Frédéric est mort en 1019 ; son fils Henri, duc de Bavière, en 1026 ; son fils Thierry II de Metz en 1047 ; Cunégonde, femme de Henri II, née vraisemblablement après 978, vécut jusqu'en 1033 ; Giselbert, fils de Sigefroid, fut tué à Pavie, jeune encore, en 1004, et Adalbéron de Trèves est en 1008 qualifié par Thietmar de « jeune homme pas encore mûr » (immaturus juvenis). Tous ces enfants ont dû naître de 955 à 980, et dès lors il est invraisemblable que leur père eût vu le jour dès 919. La première mention que l'on rencontre de Sigefroid ne remonte qu'à 959. Le problème de chronologie peut cependant se résoudre si on suppose que Sigefroid s'est marié à un âge tardif (environ quarante ans) avec une femme beaucoup plus jeune, qu'il a encore eu des enfants à la soixantaine, qu'il est mort à plus de quatre-vingts ans et que ses enfants eurent également une longue vie.

Dans une charte datée de 1037, Adalbéron de Trèves appelle une Judith, femme du duc Adalbert, sa tante paternelle (amita). On devrait donc voir en elle une sœur du comte de Luxembourg Sigefroid. Or Judith fit encore en 1037 une donation à Saint-Mathieu, près de Trèves. Elle a donc vécu beaucoup trop tard pour pouvoir être considérée comme fille de Wigéric. Cependant la charte d'Adalbéron n'est pas authentique, car Adalbert n'était pas duc en 1037 et en outre Judith pourrait être issue d'un second mariage de Hedwige, épouse de Sigefroid.

On suggère aussi parfois que Sigefroid serait issu d'un troisième mariage de Cunégonde, contracté après le décès de Ricuin (923)[4]. Cependant, aucune source n'atteste d'un tel mariage. Pourtant, telle pourrait être la solution du noeud généalogique : en effet, un problème qui n'a pas encore été mentionné jusqu'ici est que l'épouse de Sigefroid, Hedwige de Nordgau, est traditionnellement considérée comme une fille d'Eberhard IV de Nordgau et de son épouse, Liutgarde de Lotharingie. Or cette Liutgarde est elle-même une fille de Wigéric : si Sigefroid était lui-même un fils de Wigéric, alors son épouse serait sa propre nièce ! Une telle consanguinité n'aurait, à cette époque, jamais permis un mariage. Cette théorie d'un troisième mariage de Cunégonde pourrait alors tout expliquer : Sigefroid ne serait pas le fils de Wigéric, mais le fils de sa veuve issu d'une nouvelle union. Devenu adulte, Sigefroid aurait alors épousé une fille d'une soeur du premier époux de sa mère. Cette théorie peut être renforcée par le fait qu'aucun enfant de Sigefroid ne porte le prénom de Wigéric : au lieu de cela, son premier-né s'appelle Henri (Heinrich), son deuxième fils Sigefroid, comme lui, et son troisième fils Frédéric (Friedrich). La théorie selon laquelle Cunégonde se serait remariée, peut-être avec un Heinrich ou un Friedrich, n'est donc pas totalement à écarter, même si elle ne s'appuie sur aucune source.


Biographie

Sigefroid possédait des biens en Haute-Lotharingie (qu'il reçut peut-être de son supposé père Wigéric de Bidgau). Afin de les protéger efficacement, il fit construire en 963 au centre de ses domaines une forteresse, qui est le château de Luxembourg. Une ville se créa rapidement autour du château.

Il portait le titre de comte, mais ce fut un de ses descendants, Guillaume qui s'intitula 150 ans plus tard comte de Luxembourg. Il fut également avoué des abbayes Saint-Maximin de Trèves et Saint-Willibrord d'Echternach.

Union et postérité

Sigefroid épousa vers 950 Hedwige de Nordgau (ca. 937-992), traditionnellement considérée comme une fille d'Eberhard IV de Nordgau et de Liutgarde de Lotharingie, dont il eut :

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Généalogie de Sigefroid de Luxembourg sur le site Medieval Lands
  2. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 328-333
  3. Stewart Baldwin, The Henry Project, (lire en ligne)
  4. Gilbert Trausch (dir.), Claude Gengler, Michel Margue, Jeannot Metzler et Gilbert Trausch, Histoire du Luxembourg, le destin européen d'un « petit pays », Toulouse, éditions Privat, , 333 p. (ISBN 978-2-7089-4773-3), p. 91.
  5. Medieval Lands
  6. 1260 ans d'Histoire par Daniel Hombourger, les Mérovingiens d'hier et d'aujourd'hui, 4-2. Gérard de Bouzonville

Sources

  • Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 328-333
  • Alfred Lefort, La Maison souveraine de Luxembourg, Reims, Imprimerie Lucien Monge, , 262 p. [détail de l’édition]

Liens externes