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Utilisateur:Pepys/Brouillon

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François Tabuteau, « Deux ans en terre Adélie », Études,‎ octobre-novembre-décembre 1952, p. 191-204 (lire en ligne).

Robert Guillard
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Biographie
Nom de naissance
Robert Victor Guillard
Surnom
Tonton

Robert Guillard, né le à Ville-d'Avray et mort le à Denguin, est un explorateur polaire français, bras droit de Paul-Émile Victor aux Expéditions polaires françaises pendant 29 ans.

Biographie

Origines et formation

La rue de Saint-Cloud, à Ville-d’Avray, au début du XXe siècle.

Robert Victor Guillard naît le au domicile de Félix Guillard, blanchisseur, et de son épouse Marthe, née Lécubin, repasseuse. Il est le premier enfant du couple, qui habite rue de Saint-Cloud, la principale rue commerçante de Ville-d’Avray, alors dans le département de la Seine-et-Oise[1]. Sa sœur Mauricette naît cinq ans plus tard[2]. Les deux enfants n’ont que onze et six ans lorsque leur mère meurt[3], et c’est une cousine qui vient les élever[4].

Au début des années 1920, Félix Guillard était devenu machiniste à la S.T.C.R.P., une société nouvellement créée pour unifier les transports en commun de surface dans la région parisienne[2]. Le jeune Robert, qui suit dès douze ans une formation dans une école professionnelle de mécanique, est embauché à seize ans[5] comme ajusteur dans la même société que son père[4]. Il y répare tramways et autobus, une bonne formation pour celui qui sera, quinze ans plus tard, le spécialiste des Weasel et de leurs chenilles capricieuses.

Mais Guillard est irrésistiblement attiré par l’aéronautique : il passe en 1938 son brevet de pilote, ainsi qu’un diplôme de mécanicien avion, avec l’ambition de devenir pilote professionnel[5]. La Seconde Guerre mondiale vient bouleverser ce projet.

La Seconde Guerre mondiale

Insigne de « Jeunesse et Montagne »

Ne pensant malgré tout qu’à piloter, Guillard s'engage dans l'Armée de l'air à Rochefort à l'âge de vingt ans[5]. En , les forces aériennes de l'armée d'Armistice se trouvent pratiquement réduites à néant, et il finit par intégrer l'organisation « Jeunesse et Montagne » (J.M.), proche des Chantiers de la jeunesse française et contrôlée par l'Armée de l'air de Vichy. Ce mouvement, destiné à offrir une formation alternative aux jeunes qui auraient voulu devenir aviateurs, est théoriquement vichyste, mais va vite devenir un vivier de dissidence.

C'est le lieutenant Gaston Rouillon — futur directeur scientifique des Expéditions polaires françaises (E.P.F.) —, alors responsable à J.M. des activités sportives, à ski et en montagne, qui fait découvrir à Guillard les Alpes, la neige et la glace. À J.M., celui-ci côtoie de futurs alpinistes chevronnés tels que Louis Lachenal, Lionel Terray ou Gaston Rébuffat, mais aussi des personnages hauts en couleur, comme Robert Chauchon, Jean Volot ou Camille Marinier qui feront plus tard carrière aux E.P.F.[5]

Après la dissolution de J.M., exigée en janvier 1944 par les Allemands, Guillard disparaît de Chamonix début pour gagner le Massif central : comme plusieurs dizaines de ses camarades, il suit dans le maquis de Pleaux (Cantal) le capitaine Robert Thollon, un aviateur hors pair[6],[7]. Avec la « Colonne Rapide no 6 » de Thollon, il participe à la libération de Lyon[8]. Dans les rangs de la 1re armée, il prend alors part à la campagne d'Alsace et se voit attribuer la croix de guerre[5].

En 1945, l'École militaire de haute montagne est reconstituée à Chamonix, où le capitaine Rouillon se trouve nommé responsable de l'enseignement. Guillard y officie en tant que spécialiste des engins chenillés. Mais c'est la rencontre fortuite de Paul-Émile Victor dans les Alpes autrichiennes lors d'un stage de skieur-parachutiste qui va décider de l'avenir de Guillard[9].

Les Expéditions polaires françaises

Le Groenland

Carte des expéditions polaires françaises au Groenland de 1948 à 1951. Le raid prévisionnel de 1952 est indiqué en rouge de la main de Victor. Archives nationales.

En février 1947, Victor est en effet parvenu à convaincre le gouvernement français de la nécessité de créer les Expéditions polaires françaises (E.P.F.), et de lui en confier la direction. À ses yeux, Guillard a plusieurs atouts, dont son expertise en engins chenillés, et son expérience de parachutage d'armes acquise dans le maquis[10]. Victor s'apprête en effet à se lancer dans l'exploration du Groenland central en utilisant des moyens logistiques plus modernes que les habituels raids en traîneaux à chiens[11].

Le , le jour même de ses vingt-huit ans, Guillard est embauché. Il ne quittera les E.P.F. que 37 ans plus tard[5]. C'est ainsi qu'en il fait partie des 28 hommes qu'un cargo norvégien dépose devant le glacier Eqi, sur la côte ouest du Groenland, pour une mission préparatoire qui consiste à établir en quelques mois une piste reliant la côte à l'inlandsis et y acheminer 43 tonnes de matériel[12].

Il repart en avec les 34 membres de la deuxième expédition, dont sept doivent en sa compagnie passer l'hiver à la « Station Centrale » en plein centre du Groenland. Située à 3 000 m d'altitude, cette station est à construire de toutes pièces, durant le bref été boréal, en y transférant les 140 tonnes de fret qui se trouvent dans les cales du navire. Cette expédition essentiellement logistique réalise aussi un programme scientifique de sondages sismiques et de géodésie[13]. Cet hivernage 1949-1950, réalisé à des fins essentiellement météorologiques et de physique atmosphérique dans un abri de 5 m sur 8 enterré dans le névé, avec une température ambiante qui ne dépasse pas les 8 °C marque à jamais les huit occupants qui doivent supporter des températures extérieures descendant à −66 °C[14]. Relevé en , Guillard

L'année suivante, Rouillon retourne au Groenland avec la troisième expédition qui met en place une nouvelle équipe d'hivernage, et un programme scientifique plus important incluant gravimétrie — la spécialité de Rouillon —, glaciologie et physique de l'atmosphère[15]. En mai 1951, il prend la tête de la dernière campagne d'été, qui doit conclure les programmes engagés, fermer la Station Centrale et rapatrier les hivernants

[16].

En 1952, les Expéditions polaires françaises ont terminé leurs raids et hivernages dans le centre et le sud du Groenland. Mais le nord reste encore inexploré. Victor profite de l'installation de la base de Thulé pour proposer aux Américains une démonstration de l'utilisation de véhicules chenillés dans un raid traversant le nord de l'île, de la côte ouest à la côte est. Il entraîne dans cette aventure Guillard et cinq autres anciens — dont Robert Pommier, Paul Perroud et Jean-Jacques Holtzscherer[17].

Lorsque Guillard débarque à Thulé fin juillet 1952, trois Weasel sont mis à la dispositions des Français ; cinq militaires américains les accompagnent à bord de deux véhicules supplémentaires en tant qu'observateurs. En un mois et demi, le convoi va parcourir 3 000 km à 2 000 m d'altitude sur l'inlandsis groenlandais dont l'épaisseur est sondée tous les 15 milles par sismique réflexion[17].

À plus de 70 ans et en retraite, Rouillon retournera à deux reprises au Groenland à la fin des années 1980.

il totalise en tout 44 missions, 16 grands raids, 5 hivernages et 18 campagnes d’été[5].

La terre Adélie

Il a notamment été chef d'expédition en terre Adélie en 1956, expédition visant à préparer l'année géophysique internationale 1957-1958[18], et chef de la base antarctique Dumont d'Urville de à , de février à et de à [19].

Vie privée

Il fait aussi du bobsleigh, remportant un titre de champion de France et disputant les Jeux olympiques d'hiver de 1952 à Oslo (17e sur 18 en bob à deux)[20].

Il épouse Claude Betbeder le à Clichy-la-Garenne[1]. Ils auront un fils, Thierry, né peu de temps avant que Guillard ne parte pour son premier hivernage en terre Adélie[21].

Hommages

  • Le service postal des Terres australes et antarctiques françaises a émis en 2015 deux timbres multicolores (nos 722 et 723 Yvert et Tellier) le représentant en temps que chef des opérations au Groenland (1,05 ) et en terre Adélie (0,66 ).
  • En terre Adélie, la station franco-italienne établie au cap André-Prud'homme, qui est utilisée en été par l’équipe de raid chargée de ravitailler la base Concordia, porte depuis 2016 le nom de « station Robert-Guillard »[22]. Cette station a fait l'objet en 2020 de deux timbres multicolores (nos 917 et 918 Yvert et Tellier) émis par le service postal des TAAF (1,05  et 2,80  respectivement).

Distinctions

Notes et références

  1. a et b « Registre d’état-civil Ville-d’Avray 1919 », sur Archives départementales des Hauts-de-Seine (consulté le ).
  2. a et b « Recensement Ville d'Avray 1926 », sur Archives départementales des Hauts-de-Seine (consulté le ).
  3. « Tables décennales Ville-d’Avray 1923-1932 », sur Archives départementales des Hauts-de-Seine (consulté le ).
  4. a et b « Recensement Ville-d'Avray 1936 », sur Archives départementales des Hauts-de-Seine (consulté le ).
  5. a b c d e f et g Georges Gadioux, « Éloge funèbre de Robert Guillard » [PDF], sur Amicale des missions australes et polaires françaises, (consulté le ).
  6. « Robert Chauchon : des glaces arctiques aux neiges alpines » [PDF], sur Cercle aéronautique Louis-Mouillard (consulté le ).
  7. Gilles Lévy, L'Opération Cadillac : un important parachutage de jour en Haute-Auvergne et Bas-Limousin, Paris, Regirex France, , 32 p. (lire en ligne).
  8. « Robert Thollon (1914-1948) », sur jeunesse-et-montagne.org (consulté le ).
  9. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 84.
  10. En particulier lors de l'opération Cadillac, le , annoncée par un message de la B.B.C. étrangement prémonitoire pour Guillard : « Les cannibales bouffent les Esquimaux. » (Lévy 1989).
  11. Martin-Nielsen 2023, p. 79-80.
  12. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 45-47.
  13. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 54-58.
  14. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 47-54.
  15. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 58-63.
  16. Tahi, Gadioux et Jacquin 2019, p. 67-71.
  17. a et b Robert Pommier, « III. – 3 000 kilomètres avec les « routiers » des neiges » Accès payant, le Monde, (consulté le ).
  18. Paul-Émile Victor, Les Explorations polaires, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 372.
  19. (en) « French Southern and Antarctic Lands », sur www.worldstatesmen.org (consulté le )
  20. (en) Profil olympique de Pepys/Brouillon sur sports-reference.com (archivé)
  21. Martin-Nielsen 2023, p. 109.
  22. (en + fr) « Station Robert-Guillard », sur SCAR Composite Gazetteer of Antarctica (consulté le ).
  23. « Ordre national de la Légion d’honneur – Décret du 31 décembre 2004 portant promotion », Jounal officiel,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  24. a et b « Le carnet du jour / Deuils », le Figaro,‎ , p. 19 (lire en ligne [PDF], consulté le ).

Bibliographie chronologique

Voir aussi

Articles connexes