Villégiature
La villégiature (de l'italien villeggiatura) est un séjour à la campagne pendant la belle saison. Par analogie, il s'agit de tout séjour passager et agréable en dehors de chez soi[1].
Présentation
La villégiature est le lieu et le temps de l'oisiveté. Le terme a pour origine le concept, initié par les Vénitiens fortunés de la Renaissance italienne, de la résidence durant certaines parties de l'année (l'été) dans leurs villas de plaisance à la campagne, rappelant la pratique de l'otium dans les villas de Campanie durant l'Antiquité romaine. Ce terme est introduit dans la langue française en 1755 par l'abbé Prévoyante, il vient de l'italien villegiare, littéralement « être dans sa maison » [2].
Le concept de villégiature est associé à une démonstration d'appartenance à une classe sociale privilégiée. De la résidence aristocratique à la maison de campagne, l'évolution de la pratique, à l'origine élitiste, indique son appropriation par les classes moyennes, les classes économiquement défavorisées en étant de fait exclues.
La villégiature se distingue des vacances qui, si elles suggèrent une interruption des activités habituelles (congés payés, vacances scolaires) n'impliquent pas systématiquement un déplacement depuis la résidence principale. Elle se distingue également du tourisme lorsque celui-ci est un tourisme de masse ou un tourisme itinérant comme le Grand Tour à vocation historiquement pédagogique[3].
Les saisons de la villégiature varient au fil de l'histoire et des modes : des campagnes de la Renaissance elle se déplace vers les côtes aux hivers doux et vers les montagnes aux étés frais jusqu'au XIXe siècle. La tendance s'inverse au XXe siècle où les côtes deviennent des stations balnéaires estivales et les montagnes des stations de sport d'hiver. La santé est souvent prétexte à l'éloignement des villes et donne à nouveau naissance à la pratique antique du thermalisme.
Autour de ces infrastructures fleurissent les luxueux complexes hôteliers ou les somptueuses villas des riches villégiateurs donnant lieu à la création d'un important patrimoine architectural particulièrement développé au cours des XIXe et XXe siècles. En France, il est répertorié par les services régionaux de l'inventaire général du patrimoine culturel dans les études de recensement du patrimoine de la villégiature décliné en patrimoine balnéaire, patrimoine thermal et patrimoine des stations d'hiver[4].
Le concept de la villégiature est représenté dans nombre d'œuvres d'art et d'ouvrages littéraires comme La Trilogie de la villégiature (1761), pièce de théâtre du dramaturge vénitien Carlo Goldoni, L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat (1895), film des frères Lumière symbolisant le début de la villégiature dans le Midi de la France, L'année dernière à Marienbad (1961), film d'Alain Resnais décrivant l'atmosphère délétère d'une station de villégiature dans la période austro-hongroise, etc.
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La villa Rothschild (1881), témoin remarquable du patrimoine balnéaire de Cannes.
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Bleuets. Portrait de groupe, Igor Grabar (1871-1960), huile sur toile (1914), l'épouse et la sœur du peintre dans leur datcha, collection particulière, Moscou.
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Maison Mary-Dorothy-Molson (1929), résidence bourgeoise de villégiature d'inspiration néogeorgienne, Montréal.
Bibliographie
- Marc Boyer, Les Villégiatures du XVIe au XXIe siècles — Panorama du tourisme sédentaire, Colombelles, Éditions Management et société (EMS), coll. « Question de société », 2008, 238 p. (ISBN 9782847690880)
Notes et références
- Encyclopédie Larousse du XXe siècle, Paris, 1933
- Jean-Louis Caccomo, « Jean-Louis Caccomo Economie du tourisme GLOSSAIRE », sur superieur.deboeck.com, De Boeck (consulté le )
- Marc Boyer, 2008, p. 11
- « Patrimoine de la villégiature », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture