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Courge cireuse

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Benincasa hispida

La courge cireuse (Benincasa hispida) est une espèce de plante à fleurs de la famille des Cucurbitacées, principalement cultivée en Asie du Sud-Est et en Asie Orientale comme plante potagère. Son fruit comestible se conserve tout l'hiver d’où son nom local de courge d'hiver.

Sur la base du séquençage effectué en 2023 sur 26 cultivars de courge cireuse et 5 de tinda, Benincasa hispida (Thunb.) Cogn. est monotypique (une seule espèce dans le genre Benincasa), le genre Praecitrullus est un genre distinct avec le tinda (Praecitrullus fistulosus (Stocks) Pangalo) melon rond indien, génétiquement sensiblement distinct. Les 2 espèces ne sont pas interfécondes[1].

Dénomination

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Le terme courge cireuse désigne la plante et le fruit. Benincasa hispida (Thunb.) Cogn., ex . Benincasa cerifera. Gaetano Savi a donné le nom botanique de la plante [2] en souvenir de Giuseppe Benincasa directeur du jardin botanique de Pise de 1591 à 1595 [3]. Hispida signifie hérissé de poils, cerifera : cireuse; d'où le nom commun occidental.

Courge cireuse, melon d'hiver au Canada, courge à la cire, bidao, bénincasa, pastèque de Chine, gourde cireuse chinoise[4]. Allemand: Wachskürbis, anglais winter melon, ash gourd, wax gourd, espagnol calabaza blanca, portugais du Brésil où elle est principalement produite Abóbora-d'água, potiron d'eau.

En Asie : courge d'hiver. Chinois 冬瓜 (Dōngguā) Tung-kua, kua d'hiver[5] littéralement melon d'hiver, qui donne le japonais トウガン (Tōgan) toogan[6],[7].

Description

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Feuilles et fleurs.

C'est une plante herbacée annuelle rampante ou grimpante qui peut atteindre 6 m de long. Les feuilles sont grandes de 10 à 25 cm de long et de large, entières, à nervation palmée, formant cinq lobes arrondis peu marqués. Elles sont de couleur verte marbrée de blanc et veloutées.

Les fleurs à sexes séparés (plante monoïque), solitaires, grandes, sont jaunes avec 5 sépales lancéolés dentés et recourbés.

Les fruits sont de forme sphérique, ovoïde, allongée ou cylindrique. Ils mesurent jusqu'à 80 cm de long et 25 cm de diamètre. À maturité, ils sont recouverts d'une pilosité blanchâtre et d'une cire qui produit une efflorescence à reflets bleutés qui ont valu ses noms à la plante. Sous lumière solaire, ces micro poils ont une activité photocatalytique qui peut être utilisée pour la production de nanoparticules (2019)[8]. Les poils peuvent être urticants, on les supprime en frottant la courge avec un chiffon, ce qui rend la courge brillante, comme cirée [9]. La chair est blanche, ferme, sans saveur à maturité, de texture croquante. Les graines sont nombreuses, aplaties, ovoïdes-allongés et mesurent 1 cm de long[10].

Les 12 chromosomes de la courge cireuse représentent un caryotype ancestral des cucurbitacées, Benincasa hispida est étroitement lié à Cucumis, Citrullus et Lagenaria en tant que groupe frère (2021)[11]. Le génome de référence (séquençage des 30 cultivars de courge cireuse par Wenlong Luo et al.) au niveau chromosomique a été reconstitué et publié en 2023 avec 37 092 gènes codant pour des protéines dont 85,05 % annotés fonctionnels[12]. Il est disponible sur GWH[13].

Origine et distribution

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La plus ancienne trace de culture de courge cireuse est dans le site néolithique de Kana en Nouvelle Guinée [14],[15] [1]

Deux centres de domestication sont actuellement supposées : le sud du sud-est chinois (Yunnan) et le nord-est du Laos - zones de forte biodiversité des cultivars [16] - ainsi que le sud-est du Népal[17].

Introduite en Amérique par les Chinois, elle n'y connaît pas un grand succès.

La courge cireuse exige un climat chaud, le climat méditerranéen chaud (Europe du Sud et Afrique du Nord) lui convient, elle a été cultivée en serre en Grande-Bretagne . Les graines y sont forcées en mars et les plantules repiquées en avril.

Les conditions de cultures sont comparables aux courges et melons (sol riche, arrosage régulier, pH neutre) et le fruit doit être protégé du soleil direct.

Dans l'hémisphère nord la récolte se fait en fin septembre, début octobre en climat chaud, d'avril à décembre en climat subtropical. Le stockage en cave (10°) permet de conserver le fruit tout l'hiver.

courge cireuse d'Okinawa

Les cultivars asiatiques les plus courants sont :

  • La courge cireuse ronde (Marutougan マルトウガン au Japon), la courge cireuse longue (Nagatougan ナガトウガン)
  • La courge cireuse d'Okinawa [2]
  • Le cultivar tardif très pruineux et rond Daimaru [3]

Utilisation

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La courge cireuse est utilisée en médecine traditionnelle et comme aliment.

Courge cireuse confite.

Le fruit se récolte soit immature (dans la semaine qui suit la floraison) [16] soit à complète maturité. Immature et jeune il a une saveur délicieuse, plus forte et plus distinctive que celui de la courge[16]. A maturité, la pulpe et les graines se consomment crues ou cuites, les pousses, vrilles, et les feuilles peuvent également être consommées comme légumes[18].

  • Le fruit : la pulpe contient 96 % d'eau, elle est très peu calorique (13 calories pour 100 g), pauvre en hydrates de carbone (3 % en poids), et riche en fibres (0,5 % en poids), le principal minéral contenu est le Potassium: 111 mg pour 100 g.[4].

Cuisine et boissons

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La pulpe se mange crue, se prépare en cornichon au vinaigre, ou cuite :

Melon d'hiver en cristal: avec un bouillon
  • en cuisine salée elle se cuit sautée, étuvée ou braisée, à la vapeur, au bouillon ou dans les soupes. Elle prend facilement le gout du milieu de cuisson, ce qui en fait tout l'intérêt culinaire. Il existe des centaines de présentations à travers l'Asie : currys, soupes, fritures et tenpura. La soupe de courge cireuse est souvent faite avec du porc en Chine et au Vietnam, la courge sert également de contenant pour présenter la soupe. 水晶冬瓜 (Shuǐjīng dōngguā) Melon d'hiver en cristal (translucide, transparent) est un classique de courge cireuse cuite dans un bouillon aromatisé aux crevettes et aux champignons dont elle prend le gout[20], il se fait aussi fermenté[21].
  • Le gâteau de lune traditionnel des fêtes de mi-automne se fait au melon d'hiver dans le Sichuan 冬瓜月饼 (Dōngguā yuèbǐng) croustillants à l'extérieur et moelleux à l'intérieur[22].

La texture ne se perd pas, la tenue à la cuisson est excellente.

冬瓜茶 - Dōngguā chá. Thé au melon d'hiver

Le winter melon tea, punch à la courge cireuse, est une boisson douce et fruitée populaire en Asie de l'est, servie fraîche ou chaude. Il s'agit d'une liqueur de courge cireuse (macération de 1,5 kg de courge cireuse, 250 g de sucre brun et 50 g de sucre candi pendant une heure, qu'on fait bouillir puis cuire 2 h à feu doux) diluée avec 75 % d'eau fraîche.[5]. Il est présenté sous forme de pâte séchée, le thé de melon d'hiver est réputé désaltérant[24].

Thérapeutique

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En pharmacologie, une étude irakienne (2013) dresse une longue liste des utilisations traditionnelles [25], une publication indienne (2019) fait la synthèse des publications académiques. Les cinq substances bioactives les plus présentes sont les flavonoïdes , les alcaloïdes, les tanins , les saponines et les phénols qui ont des propriétés antioxydantes, anticancéreuses et antivirale, en modèle murin l'extrait prévient la neuro-degénérescence, les problèmes de mémoire et l'anxiété[26]. En modèle murin encore un effet anti-ostéoporose de l' extrait de Benincasa hispida et de l'acide 2-furoïque prévient la résorption osseuse et favorise la formation osseuse[27].

courge cireuse

En médecine traditionnelle la courge cireuse est reconnue comme anti-diarrhéique, anti-obésité, anti-ulcère, antioxydante (démontré chez le rat [28]) et diurétique. Selon la publication indienne des activités anti-ulcéreuse [29], diurétique, neuropsychopharmacologie[30], antioxydante, anthelminthique, anti-hyperlipidémiques et anti-obésité ont été mises en évidence dans le modèle animal.

En médecine ayurvédique, le fruit, source de triterpènes, phénols, stérols et glycosides est utilisé pour le traitement de l'épilepsie et des ulcères [31].

En médecine chinoise traditionnelle, le fruit et la graine sont utilisés dans le traitement de l'hypertension et de l'inflammation, les publications chinoises lui accordent des effets protecteurs contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers [32].

Notes et références

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  1. (en) Priya Sonkamble, C. Narayanankutty, Deepu Mathew et K. Joseph John, « Morphology, cross ability, and barcode analysis suggest the monotypic status of Benincasa and distinct genus status for Praecitrullus », International Journal of Vegetable Science, vol. 29, no 3,‎ , p. 275–288 (ISSN 1931-5260 et 1931-5279, DOI 10.1080/19315260.2023.2203180, lire en ligne, consulté le )
  2. Alire Raffeneau-Delile, Nouvelle Description du Benincasa cerifera de Savi, Plante de la famille des Cucurbitacées lu à l'Académie des Sciences le 11 novembre 1822, Didot, (lire en ligne)
  3. Tibor Klaniczay, Eva Kushner et Paul Chavy, L'époque de la Renaissance : 1400-1600, John Benjamins Publishing, (ISBN 90-272-3446-9, lire en ligne)
  4. « Promo-Cultures - Melon d'hiver », sur www.omafra.gov.on.ca (consulté le )
  5. (en) Frederick J. Simoons, Food in China : A Cultural and Historical Inquiry, CRC Press, , 600 p. (ISBN 978-0-8493-8804-0, lire en ligne)
  6. (en) Claudia Myers, Specialty and Minor Crops Handbook, UCANR Publications, , 184 p. (ISBN 978-1-879906-38-9, lire en ligne)
  7. (en) Anthony R. Torkelson, The Cross Name Index to Medicinal Plants, Four Volume Set, CRC Press, , 1200 p. (ISBN 978-0-8493-2635-6, lire en ligne)
  8. (en) Th. Babita Devi et M. Ahmaruzzaman, « Bio-inspired Facile and Green Synthesis of Au@Ag@AgCl Nanoparticles Using Benincasa Hispida Peel Extract and Their Photocatalytic Activity for the Removal of Toxic Dye Under Solar Irradiation », Advances in Waste Management, Springer Singapore,‎ , p. 525–534 (ISBN 9789811302152, DOI 10.1007/978-981-13-0215-2_38, lire en ligne, consulté le )
  9. Alire Raffeneau-Delile, Nouvelle Description du Benincasa cerifera de Savi, Plante de la famille des Cucurbitacées lu à l'Académie des Sciences le 11 novembre 1822, Didot, (lire en ligne)
  10. Andreas Bärtels (trad. Dominique Brunet et Marie Elisabeth Gerner), Guide des plantes tropicales : Plantes ornementales, plantes utiles, fruits exotiques [« Farbatlas Tropenpflanzen »], Paris, Ulmer, , 384 p. (ISBN 2841381609), p. 330
  11. (en) Jianpeng Hu, Jinchen Yao, Jimei Lu et Weiwei Liu, « The complete chloroplast genome sequences of nine melon varieties (Cucumis melo L.): lights into comparative analysis and phylogenetic relationships », Frontiers in Genetics, vol. 15,‎ (ISSN 1664-8021, DOI 10.3389/fgene.2024.1417266, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Wenlong Luo, Jinqiang Yan, Shanwei Luo et Wenrui Liu, « A chromosome-level reference genome of the wax gourd (Benincasa hispida) », Scientific Data, vol. 10, no 1,‎ , p. 78 (ISSN 2052-4463, DOI 10.1038/s41597-023-01986-7, lire en ligne, consulté le )
  13. https://ngdc.cncb.ac.cn/gwh/Assembly/25977/show
  14. Peter J. Matthews, « Identification of "Benincasa Hispida" (Wax Gourd) from the Kana Archaeological Site, Western Highlands Province, Papua New Guinea », Archaeology in Oceania, vol. 38,‎ , p. 186–191 (lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Tim Denham et al., « A New evidence and revised interpretations of early agriculture in Highland New Guinea », Southern Cross University,‎ (lire en ligne)
  16. a b et c (en) Marita Cantwell, Xunli Nie, Ru Jing Zong, and Mas Yamaguchi, Asian Vegetables : Selected Fruit and Leafy Types, , Arlington, VA., http://www.hort.purdue.edu/newcrop/proceedings1996/v3-488.html, (lire en ligne)
  17. (en) Kendrick L. MarrYong-Mei XiaNirmal K. Bhattarai, « Allozymic, morphological, phenological, linguistic, plant use, and nutritional data ofBenincasa Hispida », Economic Botany,‎ (lire en ligne)
  18. Québec Amérique, La mini-encyclopédie des aliments, Québec Amerique, (ISBN 978-2-7644-0856-8, lire en ligne), p 49
  19. (en) Chang Chew Sew, Farooq Anwar, Azizah Abdul Hamid, Nazamid Saar, « Nutritional composition and fatty acids of Kundur seed. », Pak. J. Bot ., 42(5): 3247-3255,‎ (lire en ligne)
  20. (zh) 左小霞 et 方跃伟, 控糖降压减脂食谱, Beijing Book Co. Inc.,‎ (ISBN 978-7-5713-3197-9, lire en ligne)
  21. (zh) 徐成, 香港談食錄:中餐百味 : 中餐百味, 三聯書店(香港)有限公司,‎ (ISBN 978-962-04-4955-0, lire en ligne), p 273
  22. « 8月教你做冬蓉月饼,做法简单,外酥里软零添加,家人都爱吃_冬瓜_面团_玉米油 », sur www.sohu.com (consulté le )
  23. (en) « An unorthodox recipe », sur taiwantoday.tw, (consulté le ).
  24. (zh-HK) Ann.W, « 冬瓜茶好處有哪些?冬瓜茶 DIY 做法食譜一次學會!品嚐清甜古早味 », sur Pinkoi Zine,‎ (consulté le )
  25. (en) Ali Esmail Al -Snafi, « The Pharmacological Importance of Benincasa hispida - A review . », International Journal of Pharma Sciences and Research,‎ (lire en ligne)
  26. Shalini Singh, Kashmira J Gohil et Manish Pal Singh, « Pharmacological update on Benincasa Hispida (Thunb.): A review », Pharmacological Research - Modern Chinese Medicine, vol. 12,‎ , p. 100478 (ISSN 2667-1425, DOI 10.1016/j.prmcm.2024.100478, lire en ligne, consulté le )
  27. (en) Sun-Il Choi, Xionggao Han, Xiao Men et Se-Jeong Lee, « Benincasa hispida Extract Prevents Ovariectomy-Induced Osteoporosis in Female ICR Mice », Applied Sciences, vol. 13, no 2,‎ , p. 832 (ISSN 2076-3417, DOI 10.3390/app13020832, lire en ligne, consulté le )
  28. (en) Lim SJ., « Effects of Fractions of Benincasa hispida on Antioxidative Status in Streptozotocin Induced Diabetic Rats. », Korean J Nutrition .40 (4): 295-302. Coréen.,‎ 2007 juin; (lire en ligne)
  29. (en) « Gastroprotective effect of Benincasa hispida fruit extract », sur Indian journal of Pharmacology,
  30. Keyong-Ho Lee, Hye-Ran Choi et Chang-Han Kim, « Anti-angiogenic effect of the seed extract of Benincasa hispida Cogniaux », Journal of Ethnopharmacology, vol. 97,‎ , p. 509–513 (DOI 10.1016/j.jep.2004.12.008, lire en ligne, consulté le )
  31. Nurul Aqilah Mohd Zaini, Farooq Anwar, Azizah Abdul Hamid et Nazamid Saari, « Kundur [Benincasa hispida (Thunb.) Cogn.]: A potential source for valuable nutrients and functional foods », Food Research International, exotic Fruits: their Composition, Nutraceutical and Agroindustrial Potential, vol. 44,‎ , p. 2368–2376 (DOI 10.1016/j.foodres.2010.10.024, lire en ligne, consulté le )
  32. (en) Hui-Yu Huang, Ju-Jen Huang, Tim K. Tso, Ying-Chieh Tsai, Chen-Kang Chang, « Antioxidant and angiotension-converting enzyme inhibition capacities of various parts of Benincasa hispida », Nahrung/Food 48 No. 3, pp. 230–233,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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