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Ceratiomyxa

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Ceratiomyxa est au sein des eumycetozoaires un genre de myxomycètes (organismes autrefois classés comme champignons, puis comme protistes), de la famille des Ceratiomyxaceae.

Sporocarpes bifurquants de Ceratiomyxa fruticulosa

Étymologie

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Le nom générique Ceratiomyxa est issu du latin ceratus, « ciré », et du grec ancien μύξα, mýxa, « mucus ».

Distribution géographique

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Le genre Ceratiomyxa semble avoir une distribution plutôt cosmopolite, mais deux espèces sur trois (avant l'adjonction d'une nouvelle espèce à ce genre) n'ont été vues sous leur forme macroscopique (en fructification) qu'en zone tropicale dans le monde[2]. C. fruticulosa est plus largement répartie (et plus ubiquiste en termes de substrats colonisables) en occupant aussi des zones fraiches et tempérées[2].

Habitats, niches écologiques

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Selon les grandes théories de la biogéographie et de la biodiversité, les espèces tropicales devraient vivre dans des niches écologiques plus étroite (et/ou séparées) par rapport à leurs homologues cosmopolites, en raison de leur spécialisation pour des environnements tropicaux où ces espèces sont en concurrences avec un plus grand nombre d'autres espèces. Ceci a été vérifié pour les espèces du genre Ceratiomyxa par C. Rojas et ses collègues en 2008[2] sur la base des facteurs environnementaux associés à leurs fructifications et d'après les données écologiques disponibles pour ces espèces dans les néotropiques) ; il y a bien une « nette séparation des niches entre les deux espèces tropicales, qui pourrait être une indication de la répartition des ressources au sein du genre »[2].

Caractéristiques

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Les espèces du genre Ceratiomyxa (non-comestibles) se développent en formant de petits groupes ou parfois de vastes colonies d'individus Dans ces colonies, chaque individu a la forme d'un tubule (éventuellement subdivisé) ou encore d'une branche ramifiée de fructifications issue d'une base dite hypothalle (ou hypothallus).

Les spores ne sont pas des endospores (fructifications internes) comme c'est le cas chez la plupart des myxomycètes mais des « sporanges unicellulaire »[3]produits à l'extérieur de l'organisme (par des sporocarpes mais sur des tiges minces ; les fructifications sont donc également appelés sporophores).

Chaque minuscula spore viable produit des protoplastes tétranucléaires, à partir desquels naissent huit cellules haploïdes.

Habitat : ces myxomycèes se nourrissent de bois mort ; la collection de spécimens d'Henry C. Gilbert provenait d'essences diverses : conifères (pins et pseudotsugas) et feuillus (orme, érable, chêne, tilleul et saule). Selon lui, les Ceratiomyxa sont peu exigeants sur l'essence mais sont plutôt trouvés sur des gros bois morts.

Cycle de vie

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Il est proche de celui des autres Myxomycetes. Le plasmodium se développe dans ou sur le bois en décomposition, et après un certain temps produit des fructification (5 formes de fructification ont été décrites pour ce genre). La méiose se produit dans la spore précisent Furtado et Olive (1971)[4].

Le genre Ceratiomyxa ne comprend actuellement que quelques espèces (3 ou 4 selon les auteurs) dont Ceratiomyxa fruticulosa qui peut être observée en Europe sur diverses essences de bois-mort en décomposition :

Espèce Localisation Éléments de description
Ceratiomyxa fruticulosa (O.F. Müll.) T. Macbr. Monde entier Fructifications individuelles, éventuellement ramifiées, sur tiges ou poroides dressé, d'une taille de 1 à 10 mm de long
Ceratiomyxa hemisphaerica L.S. Olive & Stoian. (Nouvelle espèces, créée en 1979[5]) États-Unis Fructifications hémisphérique, d'environ 100 à 200 µm de diamètre et d'environ 70 à 120 µm de haut, individuelles ou réunies par leur base, de 20 à 120 µm de long, tiges minces
Ceratiomyxa morchella A.L. Welden répartition tropicale et Subtropicale en Amérique Fructification morchelloïde (structure en résille) de 2 à 3 mm de haut.
Ceratiomyxa sphaerosperma Boedijn répartition tropicale et Subtropicale en Amérique centrale, Israel Fructifications composées à l'extrémité de tiges groupées formant des touffes individuelles, et rarement formant des branches ramifiées et supportant les spores.

Histoire scientifique

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Ce genre, et les myxomyxètes en général (ni tout à fait animal, ni végétal, ni tout à fait champignon...) intriguent beaucoup et depuis longtemps les naturalistes.

La première espèce scientifiquement décrite (et dessinée) a été Puccinia ramosa (renommée depuis) décrite il y a plus de 2 siècles (en 1729) par le botaniste et pionnier de la mycologie l'italien Pier Antonio Micheli (découvreur des spores, basides et conidies grâce au microscope).

Puis au début du XIXe siècle (1805) les savants Albertini et von Schweinitz décrivent deux espèces Ceratiomyxa hydnoides et Ceratiomyxa porioides.

Parmi les auteurs qui ont étudié ce genre figurent notamment et aussi les botanistes Famintsyne et Voronin (en) à Saint-Pétersbourg en 1873, GF Atkinson en 1894[6] puis Olive de 1907 à 1950[7] et E. Jahn en 1908[8].

Il semble qu'une même espèce de puisse prendre des formes significativement différentes dans des contextes différents. De nombreuses formes proches ont d'abord été décrites comme des espèces, puis souvent finalement considérées comme synonymes.

Après avoir été considéré comme une plante ou un champignon, puis comme un myxomycète puis transféré dans le groupe des protostelidien (Olive, 1970), le genre Ceratiomyxa a été finalement rapatrié parmi les myxomycètes (par exemple par Tran et al en 2006 [9], puis Stephenson et al en 2008 [10]).
Dans les années 1960, ces études cytologiques[11] et observations faites au microscope électronique[12] permettent de mieux comprendre l'anatomie de ces organismes, ainsi que sa phylogénie[13]. Puis de récentes analyses moléculaires publiées par Fiore-Donno et al. en 2007 [14] plaisent fortement en fait pour un classement dans un « groupe-frère des myxomycètes et non de des protostelidés »[2]. Rojas et ses collègues en 2008 faisaient d'ailleurs remarquer que trois des quatre espèces composant ce genre ont une forme macroscopique évoquant morphologiquement et écologiquement les myxomycètes[2].

Olive et Olive signalent en 1971 un nouveau genre, selon eux proche de Ceratiomyxa [15]

Risques de confusion

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Des confusions sont possibles avec des espèces du genre Henningsomyces et moindrement (pour les formes jeunes ou éparses) avec le genre Multiclavula ou des champignons de la famille des Clavulinaceae.

Certaines pontes d'insectes (de papillons notamment) peuvent aussi ressembler à groupes de tubules de Ceratiomyxa, mais la confusion n'est pas possible lors d'une observation rapprochée.

Liste d'espèces

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Selon Catalogue of Life (14 novembre 2018)[16] :

Selon Index Fungorum (14 novembre 2018)[17] :

Selon ITIS (14 novembre 2018)[18] :

Selon NCBI (14 novembre 2018)[19] :

Notes et références

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  1. V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 14 novembre 2018
  2. a b c d e et f Rojas, C., Schnittler, M., Biffi, D., & Stephenson, S. L. (2008). Microhabitat and niche separation in species of Ceratiomyxa. Mycologia, 100(6), 843-850
  3. Fiche Ceratiomyxa fruticulosa, par Gary Emberger, Messiah College
  4. Furtado J.S & Olive L.S (1971) Ultrastructural evidence of meiosis in Ceratiomyxa fruticulosa. Mycologia, 413-416 (extrait/1ère page de l'art)
  5. Olive L.S & Stoianovitch C (1979) Observations on the mycetozoan genus Ceratiomyxa: description of a new species. Mycologia, 546-555 (résumé).
  6. Atkinson G.F (1894). Preliminary note on the swarm spores of Pythium and Ceratiomyxa. Bot. Gaz, 19, 375-378.
  7. Olive E.W.(1850) Cytological studies on Ceratiomyxa.
  8. Jahn E (1908) Ceratiomyxa. Gebruder Borntraeger.
  9. Tran HTM, Stephenson SL, Hyde KD, Mongkolporn O. 2006. Distribution and occurrence of myxomycetes in tropical forests of northern Thailand. Fungal Divers 22: 227–242
  10. Stephenson SL, Novozhilov YK. (2008). Myxomycete diversity and distribution from the fossil record to the present. Biodiv Conserv 17(2):285–301.
  11. Sansome E.R & Dixon P.A (1965) Cytological studies of the myxomycete Ceratiomyxa fruticulosa. Archiv für Mikrobiologie, 52(1), 1-9 (résumé).
  12. Scheetz R.W, Nelson R.K & Carlson E.C (1980), Scanning electron microscopy of Ceratiomyxa fruticulosa. Canadian journal of botany, 58(3), 392-400 (résumé).
  13. Spiegel F.W (1981) Phylogenetic significance of the flagellar apparatus of Ceratiomyxa fruticulosa. Journal of the Elisha Mitchell Scientific Society.
  14. Fiore-Donno AM, Pawlosky J, Baldauf S, Cavalier-Smith J. 2007. Evolutionary pathways in fruiting amoebae (Mycetozoa). In: Abstracts of V European Congress of Protistology and XI European Conference on Ciliate Biology. Protistology 5(1):29
  15. Olive L.S & Stoianovitch C (1971). A new genus of protostelids showing affinities with Ceratiomyxa. American Journal of Botany, 32-40. (résumé)
  16. Catalogue of Life Checklist, consulté le 14 novembre 2018
  17. Index Fungorum, consulté le 14 novembre 2018
  18. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 14 novembre 2018
  19. NCBI, consulté le 14 novembre 2018

Références taxinomiques

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Gilbert H.C (1935) Critical events in the life history of Ceratiomyxa. American Journal of Botany, 52-74
  • Lado C, Eliasson U, Stephenson S.L, Estrada-Torre A & Schnittler M (2005) (1688–1691) Proposals to conserve the names Amaurochaete against Lachnobolus, Ceratiomyxa against Famintzinia, Cribraria Pers. against Cribraria Schrad. ex JF Gmel. and Hemitrichia against Hyporhamma (Myxomycetes). Taxon, 54(2), 543-545 (résumé)
  • Lister G (1916) Transaction of the society: XIII.—The Life‐history of Mycetozoa, with special Reference to Ceratiomyxa. Journal of the Royal Microscopical Society, 36(4), 361-365 (résumé).
  • McManus M.A (1958) In vivo studies of plasmogamy in Ceratiomyxa. Bulletin of the Torrey Botanical Club, 28-37 (résumé).
  • Neubert H (1993), Die Myxomyceten Deutschlands und des angrenzenden Alpenraumes unter besonderer Berücksichtigung Österreichs. Band 1. Karlheinz Baumann Verlag, Gomaringen , (ISBN 3-929822-00-8)
  • Nelson, R. K., & Scheetz, R. W. (1976). Thread phase ultrastructure in Ceratiomyxa fruticulosa. Mycologia, 144-150.
  • Rojas, C., Schnittler, M., Biffi, D., & Stephenson, S. L. (2008). Microhabitat and niche separation in species of Ceratiomyxa. Mycologia, 100(6), 843-850
  • Sansome, E., & Sansome, F. W. (1961). Observations on Ceratiomyxa in West Africa. JW African Sci. Assoc, 7, 93-101.
  • Scheetz R.W (1972) The ultrastructure of Ceratiomyxa fruticulosa. Mycologia, 38-54 (https://www.jstor.org/stable/3758012 résumé])
  • Velten, R., Josten, I., & Steglich, W. (1995). Unsaturated 6-Alkylpyrones from the Slime-Mold Ceratiomyxa-Fruticulosa (Myxomycetes). LIEBIGS ANNALEN, (1), 81-85.