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Criminalité à Mayotte

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Mayotte vue par le satellite Sentinel-2, en 2021.

La criminalité à Mayotte est l’ensemble des crimes commis sur l’ile de Mayotte, département français le plus pauvre et marqué par le plus fort taux de délinquance.

État de lieux

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Un rapport d’information sur la sécurité à Mayotte, déposé par quatre sénateurs français de la droite et du centre au cours du mois d’octobre 2021, fait état d’« une très forte augmentation, depuis 2008, du nombre de faits de délinquance commis à Mayotte »[1]. Mayotte est depuis sa départementalisation en 2011 le département français avec le plus fort taux de délinquance[2]. On note cependant un taux de criminalité inférieur aux autres départements d'outre-mer (notamment la Guyane)[2], sans doute lié à l'absence relative de grandes organisations criminelles et de trafic d'armes ou de stupéfiants.

Mayotte est particulièrement en tête pour les cambriolages, atteignant en 2016 près de deux faits pour cent logements[2]. L'île est également le premier département français pour les coups et blessures volontaires (hors sphère familiale), atteignant 5,1 faits pour 1 000 habitants en 2016[2], et un total de 1 838 faits déclarés en 2017 (pour une population de 256 518 habitants, soit une agression pour 139 habitants)[3]. Une partie de ces violences sont à imputer aux rixes intervillageoises et autres bagarres de bandes de jeunes[3]. Mayotte était cependant seconde ex-aequo en matière de vols avec violence (3,3 pour 1 000 habitants[3]), derrière la Guyane et à égalité avec la Guadeloupe[3] (contre 1,5  en Métropole et 1,4  à la Réunion).

En 2018 ou 2019, 18 % des ménages déclarent avoir été victimes d’un cambriolage ou d’un vol sans effraction[4], soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine, Une personne sur dix déclare avoir subi une violence physique au cours des deux dernières années[4]. En 2021 un adolescent de 14 ans a été retrouvé assassiné sur Petite-Terre[5]. un autre adolescent de 15 ans a été tué à l’arme blanche également[5], toujours par une bande de jeunes. Selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), « le nombre annuel de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus est passé de 594 en 2008 à 1 506 en 2019, soit une hausse de 153,5 %», et que « celui de vols violents a crû de 263,8 %, pour atteindre 1 049 faits en 2019 »[1].

Dans une note publiée en 2021, l’Insee évoque à propos du département une « délinquance hors norme »[1].

Lors du festival international des arts Sanaa, qui a lieu le samedi 3 septembre 2022 à Mamoudzou, dont 8 000 personnes étaient rassemblées sur une place[6], plus de 2 000 sont restées bloquées à l’extérieur du périmètre de sécurité. Une bagarre a éclaté dans le concert du rappeur Niska, faisant une dizaine de blessés[7] toujours par une bande de jeunes[8].

Selon CheckNews de Libération, « l’insécurité est depuis des années un sujet de préoccupation majeur à Mayotte »[1]. L'insécurité prononcée sur le territoire a déclenché régulièrement des mouvements sociaux[9], notamment en 1993, 2001, 2011 et 2018[10].

La question des mineurs

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Une statistique préoccupante à Mayotte est le nombre de mineurs délinquants, en hausse continue depuis la départementalisation : 1 505 mineurs ont ainsi été placés en garde à vue en 2017 (30,3 % des mis en cause), mais leur âge et leur nombre limitent les possibilités de mesures coercitives[3]. Un centre éducatif renforcé, l'action éducative en milieu ouvert (AEMO) a ouvert en 2018, avec 400 places[11]. Mais plus de la moitié de la population de l'île est mineure, et la ministre Nicole Belloubet estime à « entre 3 000 et 6 000 » le nombre de mineurs isolés[12], sans aucun tuteur légal (parents expulsés ou décédés, enfants abandonnés...). Seulement « une infime partie » est prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE)[12].

Certains chercheurs contestent l'idée présente au sein de l'administration selon laquelle la violence à Mayotte serait principalement due à l'immigration : ils avancent que cette violence s'enracinerait surtout dans la détresse sociale due à des choix politiques liés à la départementalisation[13]. Pour Nina Sahraoui, ce sont les politiques publiques elles-mêmes qui produisent la délinquance à Mayotte[14].

Notes et références

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  1. a b c et d Elsa de La Roche Saint-André, Le département de Mayotte, victime d’une délinquance «hors norme», liberation.fr, 23 novembre 2022
  2. a b c et d « Outre-mer : le bilan de la délinquance 2016 fait l'impasse sur les homicides », sur la1ere.francetvinfo.fr, .
  3. a b c d et e Ornella Lamberti, Geffroy Vauthier et Jérôme Morin, « Tous les chiffres de la délinquance », Mayotte Hebdo, no 828,‎ , p. 16-21.
  4. a et b INSEE, « Une délinquance hors norme - Cadre de vie et sécurité à Mayotte », sur INSEE (consulté le )
  5. a et b (en) Libération, « Mayotte : «Une spirale infernale d’assassinats, sans aucune réaction» de l’État », sur Libération (consulté le )
  6. Par Le Parisien avec AFP Le 4 septembre 2022 à 19h00, « Mayotte : bagarres, caillassages... dix blessés lors d’un concert du rappeur Niska qui vire à l’émeute », sur leparisien.fr, (consulté le )
  7. « À Mayotte, le concert du rappeur Niska vire à l'émeute, une dizaine de blessés légers », sur LEFIGARO, (consulté le )
  8. « Festival Sanaa : Des incidents parmi un « public fragile » | Le Journal De Mayotte », sur lejournaldemayotte.yt (consulté le )
  9. Découvrir Mayotte, une géopolitique singulière, par le recteur Gérard-François Dumont, 18 mars 2018, sur La Revue Géopolitique.
  10. « Mayotte entame sa troisième semaine de « grève générale » », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Anne Perzo, « Inauguration de l’AEMO : 400 mineurs et leurs parents potentiellement pris en charge », sur Le Journal de Mayotte, .
  12. a et b Ornella Lamberti (AFP), « Un centre éducatif renforcé devrait ouvrir à Mayotte en 2018 », sur la1ere.francetvinfo.fr, .
  13. Sophie Blanchy, Damien Riccio, Nicolas Roinsard et Juliette Sakoyan, « Mayotte : de quoi la violence est-elle le nom ? », Plein droit, vol. 120, no 1,‎ , p. 12–15 (ISSN 0987-3260, DOI 10.3917/pld.120.0012, lire en ligne, consulté le )
  14. Nina Sahraoui, « Le « nécropouvoir » dans le contrôle migratoire et ses implications genrées dans les périphéries postcoloniales françaises de l’Océan Indien: », Migrations Société, vol. N° 182, no 4,‎ , p. 29–42 (ISSN 0995-7367, DOI 10.3917/migra.182.0029, lire en ligne, consulté le )