Jesous Ahatonhia
Jesous Ahatonhia Jésus est né | |
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Genre | Chant de Noël |
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Texte | Jean de Brébeuf |
Langue originale | Wendat |
Dates de composition | 1641-1642 |
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Jesous Ahatonhia est un chant de Noël écrit en langue wendat par Jean de Brébeuf. Son titre signifie « Jésus est né ». Il est connu dans le monde anglophone sous le titre Twas in the Moon of Wintertime (« Pendant la lune de l'hiver ») ou Huron Carol. Composé en 1641 ou 1642, ce chant est considéré comme le plus ancien cantique de noël au Canada.
Paroles
[modifier | modifier le code]En wendat | En français | En anglais |
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Estenniayon de tsonwe Iesous ahatonnia Ayoki onkiennhache eronhiayeronnon Achienhkontahonraskwa d’ hatirihwannens Tho ichien st’ ahation tethotondi Iesous Onne ontahation chiahonayen iesous Te hekwatatennonten ahekwachiendaen |
Chrétiens, prenez courage,
Jésus Sauveur est né !
Du malin les ouvrages Oyez cette nouvelle,
Dont un ange est porteur! Voici que trois Rois Mages,
Perdus en Orient,
Déchiffrent ce message
Écrit au firmament : Jésus leur met en tête
Que l'Étoile en la nuit Pour l'Enfant qui repose Dans un petit berceau, Humblement ils déposent Hommages et cadeaux. Comme eux, l'âme ravie, Chrétiens, suivons ses pas, Son amour nous convie. Jésus est né : In excelsis gloria ! » |
'Twas in the moon of winter-time
When all the birds had fled, That mighty Gitchi Manitou Sent angel choirs instead; Before their light the stars grew dim, And wandering hunters heard the hymn: "Jesus your King is born, Jesus is born, In excelsis gloria." Within a lodge of broken bark The tender Babe was found, A ragged robe of rabbit skin Enwrapp'd His beauty round; But as the hunter braves drew nigh, The angel song rang loud and high... "Jesus your King is born, Jesus is born, In excelsis gloria." The earliest moon of wintertime Is not so round and fair As was the ring of glory On the helpless infant there. The chiefs from far before him knelt With gifts of fox and beaver pelt. Jesus your King is born, Jesus is born, In excelsis gloria. O children of the forest free, O sons of Manitou, The Holy Child of earth and heaven Is born today for you. Come kneel before the radiant Boy Who brings you beauty, peace and joy. "Jesus your King is born, Jesus is born, In excelsis gloria." |
Composition
[modifier | modifier le code]Recueilli par le Père Étienne-Thomas Girault de Villeneuve, le dernier jésuite missionnaire chez les Hurons de la Jeune-Lorette (Loretteville) au Québec (1747-94), et traduit du huron en français par Paul Picard, notaire indien (Paul Tsaenhohi, œil de vautour, fils d'un célèbre chef Huron, Point du jour)[3], il fut généralement[4] attribué à Jean de Brébeuf (1593 - 1649) jésuite missionnaire puis martyr, à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons au Canada, auteur d'un catéchisme en huron[5] et d'un dictionnaire français/huron, qu'il aurait composé et appris aux Hurons entre 1640 et 1642, mais on ne possède nulle certitude sur cette question[6],[7]. La mélodie semble adaptée d'un air français du XVIe siècle, « Une jeune pucelle »[8]. Il aurait été chanté par les Hurons à Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons jusqu'en 1649 date de la conquête de la mission par les Iroquois et de la mort de Jean de Brébeuf, et il aurait été transmis de génération en génération par les indiens rescapés pendant environ cent ans.
L'abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663-1716) écrira Entends ma voix fidèle, second cantique, sur ce Noël huron, pour Hippolyte et Aricie. La version française fut publiée dans les Noëls anciens de la Nouvelle-France d'Ernest Myrand à Québec en 1907 et une version anglaise (« Jesus Is Born ») de Jesse Edgar Middleton fut adaptée (pour voix et piano) par Healey Willan en 1927 (droits détenus par Harris Frederick Co., Limited.)
Dans la version anglaise, Jésus est né dans un « chalet d'écorce » et enveloppé dans une « robe de peau de lapin » :
« Au sein d'une cabane d'écorce tendre le petit enfant a été trouvé. Une robe en lambeaux de peau de lapin enveloppé autour de sa beauté. »
Il est entouré par des chasseurs au lieu de bergers, et les mages sont représentés comme « chefs à distance » qui lui apportent des « peaux de renard et castor » au lieu des plus familiers or, encens et myrrhe. L'hymne utilise également un nom algonquin traditionnel, Gitche Manitou, pour Dieu. Les paroles d'origine sont maintenant parfois modifiées pour utiliser une imagerie accessible aux chrétiens qui ne sont pas familiarisés avec les cultures autochtones-canadiennes[9].
La musique comme moyen d'évangélisation
[modifier | modifier le code]Le père Paul Le Jeune (1591 - 1664) qui fut supérieur des missions canadiennes (1632-1639) a traduit des chants religieux en langue huronne[10]. Il explique pourquoi les indiens ont du goût pour les chants religieux[11]
« Les Sauvages sont grands chanteurs, ils chantent comme la plupart des nations de la terre par récreation, & par dévotion; c'est-à-dire en eux par superstition ... Ils proferent peu de paroles en chantant, variants les tons, & non la lettre... Ils disent que nous imitons les gazoüillis des oyseaux en nos airs, ce qu'ils n'improuvent pas, prenans plaisir quasi tous tant qu'ils sont à chanter, ou à ouïr chanter, & quoy que je leur die que je n'y entendois rien, ils m'invitoient souvent à entonner quelque air, ou quelque priere » (ibid., vol. VI, p. 182, 184; 1634). »
Les indiens avaient une grande dévotion pour le mystère de la naissance du Fils de Dieu. Ils avaient construit une petite chapelle de bois de cèdre, et des branches, en l'honneur de la mangeoire de l'Enfant Jésus[12]. Le Journal des Jésuites ne rapporte pas que ce Noël ait été chanté en 1647 chez les Hurons, mais des airs latins, et ne garde aucune trace du Noël 1648, enfin le Père de Brébeuf meurt en 1649[13].
Adaptations et interprétations profanes
[modifier | modifier le code]Ce Noël devint très populaire et il en existe de nombreux arrangements et adaptations. Cette chanson reste un chant de Noël commun aux églises de nombreuses confessions chrétiennes canadiennes. Le chanteur canadien Bruce Cockburn a enregistré la chanson. Elle est également chantée par le musicien canadien métis Tom Jackson lors de son émission annuelle de Huron Carole. Le groupe Crash Test Dummies a enregistré cet hymne sur leur album « Jingle all the Way » (2002). Aux États-Unis, la chanson a été incluse sous le titre « Ahatonia Jesous » sur l'album de 1952 de Burl Ives Noël in the Morning et a été publiée plus tard sous le titre « Indiens Christmas Carol ». Utilisé en filigrane du noël breton Pe trouz war an douar ("Quel bruit sur la terre"), l'air a été publié par l'auteure-compositrice canadienne Loreena McKennitt sous le titre « Breton Carol » en 2008. Il existe encore de nombreuses autres interprétations contemporaines de cet air traditionnel populaire[15].
Philatélie : Au Canada en 1977, trois timbres canadiens ont illustré ce thème dans une série de timbres-poste sur ce noël[16].
- Jean Coulthard, Canadian Fantasy (adaptation du « Noël huron »)
- Claude Champagne (1929) dans Altitude (1959), « Estenniaton de tsouvé ».
- Richard Johnston SABBT pour TTBB et piano (Waterloo 1953).
- Barrie Cabana (1971) Hymn Book des Églises anglicane .
- Toronto Consort (1984), Collegium Records
- Mennonite Children's Choir.
- Oriana Singers.
- Armdale Chorus.
- Toronto Children's Chorus.
- Le Toronto Boys' Choir .
- Ensemble Claude Gervaise (2001).
- Heather Dale
- Tom Jackson (Winnipeg Harvest) .
- Bruce Cockburn[17]
- Loreena McKennitt, Breton Carol, (2008).
- Burl Ives (1952) 'Noël in the Morning et Indiens Christmas Carol.
- Prelude on the Huron Carol d'Eric Robertson a été enregistré par Liona Boyd (CBS FM-37248).
- Alan Mills, Noël Huron, sur l'album Folklore De Montréal volume 1 (1960).
- Claire Pelletier, Noël Huron, sur l'album Noël Nau (2015).
Compléments
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Jesous Ahatonhia » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- Musée Virtuel Francophone de la Saskatchewan
Médias
[modifier | modifier le code]- [audio] Fichier Midi
- [audio] (en) Wendat(Huron)/French/English version by Canadian Artist Heather Dale
- [audio] (fr) Huron Carol By Gisele Lemay and Fred Schubert
- [audio] The Huron Carol - Tom Jackson
- [audio] Lyrics translated into Mi'kmaw by Mildred Milliea, with an MP3 of the song as sung by the Eskasoni Trio
- [audio] Rewritten rock music version called The Lake Huron Carol set in the modern Lake Huron area; page includes historical notes on the original song.
- [audio] Rendition by Frédérique Pinot, Jérôme Gofette, Alexandre Gérard and Tonio from France
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Ernest Myrand, Noëls anciens de la Nouvelle-France : étude historique, 1899, [lire en ligne]
- La Musique chez les peuples indigènes de l'Amérique du Nord , J Tiersot - 1910
- John Steckley, Huron carol told the Christmas story to Canadian Indians, Toronto Star,
- Robert E. Oliver, Un chant de Noël canadien / A Canadian Christmas Carol, Abitibi Paper Co., 1966
- Frances Tyrell, livre de 32 pages, 2003, THE HURON CAROL
- Ian Wallace, The Huron Carol Toronto, Ontario: Groundwood Books, (2006) Jean de Brébeuf. Paroles en anglais de Jesse Edgar Middleton. Illustré par Ian Wallace (aquarelles).
Discographie
[modifier | modifier le code]- Nativité en Nouvelle-France, volume 3 de l’Anthologie de la musique historique du Québec.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Les Hurons n'ayant pas de lettre M, Marie se dit Saria ou Waria ou Ouaria.
- Candace C, « The Huron Wendat Carol », sur Wendat Language Revitalization (consulté le )
- Noëls anciens de la Nouvelle-France : étude historique, Myrand, Ernest, 1854-1921 voir bibliographie
- Certains l'attribuent en effet à Paul Ragueneau, un autre jésuite missionnaire spécialiste de la langue huronne.
- [1] Titre : Les voyages de la Nouvelle-France occidentale, dicte Canada, faits par le Sr de Champlain,.. : où se voit comme ce pays a esté premièrement descouvert par les François... ; avec un catéchisme ou instruction. et suivi de l'Oraison dominicale traduite en langage des Montagnars du Canada. T. 1 / [par le P. J. Ledesma] ; traduicte du françois au langage des peuples sauvages de quelque contrée [par le P. J. de Brébeuf][par le RP Massé
- « Chant huron » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- [2] Jean de Brebeuf - ecrits en huronie
- « Une jeune pucelle »
- « Crèche amérindienne traditionnelle », sur musée virtuel du canada, (consulté le )
- [3]D'où viennent nos chants de Noël ? Par Lynne Gagné
- « Missionnaires au XVIIe siècle, chapitre: Usages de la musique dans le travail missionnaire » dans L'Encyclopédie canadienne, Historica Canada, 1985–. (consulté le ).
- Jesuit Relations 1642
- [4] Noël 1647 chez les Jésuites évangélisateurs des Hurons
- Source Gallica Les Vœux des Hurons et des Abnaquis à Notre-Dame de Chartres, publiés pour la première fois... avec les lettres des missionnaires catholiques au Canada... par M. Doublet de Boisthibault [lire en ligne]
- « http://www.osun.org/The+Huron+Carol-pdf.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) Fichiers pdf
- [5] Philatélie : A Christmas Carol of Saint John de Brébeuf, SJ(1593-1649)
- Bruce Cockburn Songs