Mohamed el-Maadi
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Mohamed el-Maadi, né le à Douar Sfahli, commune de Hammam N'Bail[1] en Algérie et mort en Égypte vers 1954, est un militaire français d'origine algérienne, militant actif de l’extrême droite française nationaliste et antisémite.
Comme Mohammedi Said ou encore Mohamed Begdane[2], il collabore activement avec le Troisième Reich pendant le régime de Vichy.
Membre de la Cagoule durant l'entre-deux-guerres, puis collaborateur au sein du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, il participe en 1944 à la création de la Brigade nord-africaine conjointement avec Henri Lafont.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il est le fils du Caïd Mahfuz al-Ma'adi, Bachagha, commandeur de la Légion d'honneur[3] et de Melouka El Maadi. Il est français par filiation car son grand-père paternel, lieutenant de spahis marié à une Française, Marie Madeleine Thérèse Lacave, a été fait citoyen français[4], de même que son grand-père maternel.
Il étudie à la Sorbonne puis s'engage dans l'armée. Il participe à la guerre du Rif au 2e régiment de zouaves, puis est affecté au 3e régiment de zouaves[4].
Fortement imprégné du discours des Croix-de-Feu, militaire et militant actif de l’extrême droite française, il cherche à encourager l'antisémitisme musulman en Algérie, et, selon l'historien Joshua Cole, il joue un rôle crucial dans le déclenchement de l'émeute anti-juive de Constantine du 3 au , au cours desquels des musulmans ont tué vingt-cinq juifs (14 hommes, 6 femmes, 5 enfants, dont 14 décapités)[5],[6]. Alors adjudant-chef au 3e régiment de zouaves, il est cité à l'ordre de la division de Constantine par le général Kieffer pour sa conduite au cours des émeutes pour avoir « fait preuve dans cette circonstance d'un sang-froid, d'une énergie et d'un courage peu communs » et être « parvenu à sauver, avant qu'ils ne soient achevés, plusieurs blessés »[7],[8]. Il est lui-même blessé par balle. Toutefois, bien que présenté comme un héros après les émeutes, Joshua Cole estime qu'il a fait partie des « agitateurs » à l'origine du pogrom[8].
Mohammed el-Maadi quitte provisoirement l'armée en 1936 pour ne pas servir le gouvernement de Léon Blum[9]. Il intègre ensuite la Cagoule et devient un des plus proches hommes de main de Jean Filiol[4]. Chargé de recruter des hommes de main pour l'organisation, il est arrêté, avec plusieurs membres de la Cagoule, en novembre 1937[10] et condamné à huit mois de prison.
À nouveau engagé lors de la campagne de 1940, il est décoré de la Légion d'honneur[9]. Durant l'Occupation allemande, il milite au Mouvement social révolutionnaire, fondé par d'anciens cagoulards. Il devient ensuite le responsable des questions inhérentes au Maghreb au sein du Rassemblement national populaire de son ami Marcel Déat, où il organise le Comité RNP nord-africain.
Durant la même période, il entre en contact avec les cercles indépendantistes algériens présents en France et fonde en janvier 1943, un bimensuel, Er Rachid, qui est financé par l'Abwehr et atteint un tirage de 80 000 exemplaires[11].
En 1943, Mohamed el-Maadi rencontre Henri Lafont, chef du bureau de la Gestapo parisienne, avec qui il fonde la brigade nord-africaine, officiellement constituée le , avec le patronage d'Helmut Knochen, le chef de la Gestapo en France. Cette brigade comprend 300 membres, dont 180 Nord-Africains, essentiellement algériens, une centaine de militants du Rassemblement national populaire (RNP) fournis par Marcel Déat ainsi que les membres de la bande de Bonny et Lafont[12],[13]. Les chefs des cinq sections constituées au sein de cette troupe sont Paul Maillebuau, Charles Cazauba, Alexandre Villaplane, Paul Clavié et Lucien Prévost, tous promus sous-lieutenants SS (Untersturmführer).
En , il se réfugie avec son épouse en Allemagne, où il est accueilli par le Grand Mufti, Amin al-Husseini[12].
Il est jugé par contumace en juillet 1948 et condamné aux travaux forcés à perpétuité et à la dégradation nationale[14],[15].
Il meurt en Égypte en 1954[12] d'un cancer de la gorge.
Publication
[modifier | modifier le code]- L'Afrique du Nord, terre d'histoire, France-empire, 1943. Lire en ligne.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles-Robert Ageron, « Les Maghrébins et la propagande allemande » in L'Algérie algérienne de Napoléon III à De Gaulle, Sinbad, 1980, p. 167-216
- Luc Briand, Le Brassard, Alexandre Villaplane, capitaine des Bleus et officier nazi, Plein Jour, 2022, 271 p.
- Joshua Cole, Lethal Provocation. The Constantine Murders and the Politics of French Algeria, Ithaca, Cornell University Press, 2019 ; trad. fr. Le Provocateur. L'histoire secrète des émeutes antijuives de Constantine (août 1934), Paris, Payot, 2023 (ISBN 978-2-228-93438-1).
- Roger Faligot et Rémi Kauffer, Le croissant et la croix gammée, Albin Michel, 1990
- Mahfoud Kaddache, Histoire du nationalisme algérien, Société nationale d'édition et de diffusion, 1980, v.2
- Patrice Rolli, La Phalange nord-africaine (ou Brigade nord-africaine, ou Légion nord-africaine) en Dordogne : Histoire d'une alliance entre la Pègre et la Gestapo (-), Éditions l'Histoire en Partage, 2013, 189 pages
Notes
[modifier | modifier le code]- qui appartenait avant 1957 à la commune mixte la Séfia (aujourd'hui Mechroha)
- alias « Jean le Manchot », ancien des Brigades internationales qui se faisait appeler « von Kerbach »
- Abdellali Merdaci, Auteurs algériens de langue française de la période coloniale, L'Harmattan, 2010, p.116
- Emeutes antijuives de Constantine en 1934 : un pogrom sur le sol français, L'Express, 26 novembre 2023. Lire en ligne.
- (en) Joshua Cole, Lethal Provocation : The Constantine Murders and the Politics of French Algeria, Ithaca, Cornell University Press, , IX-317 p. (ISBN 978-1-50173-941-5) ; trad. fr. Le Provocateur. L'histoire secrète des émeutes antijuives de Constantine (août 1934), Paris, Payot, 2023 (ISBN 978-2-228-93438-1).
- Sylvie Thénault, « Joshua Cole, Lethal Provocation. The Constantine Murders and the Politics of French Algeria, Ithaca, Cornell University Press, 2019, 317 p., », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. n°67-4, no 4, , p. 176 (ISBN 978-1-5017-3941-5, ISSN 0048-8003 et 1776-3045, DOI 10.3917/rhmc.674.0178, lire en ligne, consulté le )
- Citation à l'ordre de la division du 5 décembre 1934 : « Au cours de l'émeute du 5 août 1934, a fait preuve dans cette circonstance d'un sang-froid, d'une énergie et d'un courage peu communs ; est parvenu à sauver, avant qu'ils ne soient achevés, plusieurs blessés, après avoir dû charger trois fois, et sous des projectiles divers, une foule d'émeutiers très dense qui lui barraient la route. A été blessé deux fois, dont une fois par balle de revolver. », « L'héroïsme de l'adjudant El Maadi » dans La Liberté, 5 décembre 1937, p. 5. Lire en ligne.
- Joshua Cole, Lethal Provocation. The Constantine Murders and the Politics of French Algeria, Cornell University Press, 2019, p. 205. Lire en ligne
- Richard Berthollet et Jean-René Genty, La brigade nord-africaine : Documentaire unitaire de 52 minutes, D_Vox (lire en ligne).
- Ce soir : grand quotidien d'information indépendant, vendredi , 6e édition, 1re année, no 269, p. 1, [lire en ligne].
- « Le journal Er Rachid, que dirigeait un Algérien décoré de la Légion d'honneur, le capitaine Mohamed El Maadi », Jean-André Faucher, L'Algérie rebelle, Éditions du Grand Damier, 1957, p. 107;
- Jean-Marc Berlière, « Brigade nord-africaine de la rue Lauriston », dans Polices des temps noirs : France, 1939-1945, Paris, Perrin, , 1357 p. (ISBN 978-2-262-03561-7, DOI 10.3917/perri.berli.2018.01.0157 , lire en ligne), p. 157-162
- Sur l'action de la BNA en Dordogne voir Patrice Rolli, La Phalange nord-africaine (ou Brigade nord-africaine, ou Légion nord-africaine) en Dordogne : Histoire d'une alliance entre la Pègre et la Gestapo (15 mars-19 août 1944), éditions l'Histoire en Partage, 2013, 189 pages.
- « El Maadi jugé par contumace » dans La Dépêche de Constantine, 30 juillet 1948. Lire en ligne.
- « L'autonomiste EL Maadi est jugé par contumace » dans Le Monde, 30 juillet 1948. Lire en ligne.