[go: nahoru, domu]

Aller au contenu

Redondance

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La redondance se rapporte à la qualité ou à l'état d'être en surnombre, par rapport à la logique. Ce qui peut avoir la connotation négative de superflu, mais aussi un sens positif quand cette redondance est voulue afin de prévenir un dysfonctionnement.

Sur les autres projets Wikimedia :

En linguistique, la redondance est une figure de style qui consiste en une répétition (inutile pour son intégrité grammaticale) d'un mot, ou en une expression de la même idée par deux formulations différentes au sein d'une même phrase. La redondance exprime la même idée par une accumulation de synonymes, elle est proche de l'accumulation et du pléonasme.

  • « Je monte en haut »
  • « Je le dis bien haut, je l'affirme et je le proclame » ; il y a redondance de l'idée.

Le pléonasme est souvent assimilé à la redondance, bien qu'il désigne originellement une figure de style consistant en une répétition effectuée pour persuader ou renforcer le sens. Néanmoins la redondance apporte des nuances supplémentaires : « Le ciel était noir, sombre, obscur… » la redondance insiste sur la couleur du ciel mais aussi sur l'angoisse métaphysique ressentie face à la noirceur du ciel,

« Le corbeau honteux et confus »

— Jean de La Fontaine, Le Corbeau et le Renard

Pour Pierre Fontanier, « c'est une figure par laquelle on ajoute à l'expression de la pensée, pour en augmenter la clarté ou l'énergie, des mots d'ailleurs inutiles pour l'intégrité grammaticale. Tous les jours nous entendons dire, ou nous disons nous-mêmes : Je l'ai vu de mes yeux, de mes propres yeux. »

En phonologie, il y a redondance quand le contexte phonétique impose des variantes de traits phonétiques. C'est le contraire de la variation libre.

On parle aussi d'acronyme redondant pour un acronyme dans lequel sont utilisés un ou plusieurs mots déjà présents dans l'acronyme (par ex. virus du VIH).

Informatique

[modifier | modifier le code]

Le collationnement a été utilisé en télégraphie et dans les transmissions radio. Il consiste à répéter à l'identique le message envoyé. Si les deux versions lui paraissent différer, le destinataire peut solliciter une troisième transmission (logique majoritaire).

En informatique, c'est le rapport entre le nombre d'éléments binaires inutiles et le nombre d'éléments binaires du message. On appelle également cela le rapport signal/bruit. La compression de données est une méthode pour réduire le rapport signal/bruit d'un message et ainsi réduire sa taille.

Un code correcteur d'erreurs crée de la redondance pour accroître la fiabilité d'une information lorsqu'elle est transmise par une voie de communication peu fiable (ou stockée sur un support peu fiable). Le Code de Hamming en est un exemple. Certaines redondances n'ont pas pour but de corriger une ou des erreurs de transmission, mais simplement de les détecter, comme la somme de contrôle utilisé notamment dans le contrôle par redondance.

En informatique industrielle, c'est la duplication d'un ensemble en vue d'assurer un fonctionnement sans interruption. En cas de dysfonctionnement d'un ensemble, le second en attente (stand by) reprend le relais instantanément.

Au sein des centre de données, la redondance est mise en place pour assurer que les services de base et les systèmes auront des doublons (équipement, liaisons, alimentation et chemins, données, logiciels...). Elle a pour objet de garantir la « haute disponibilité » des services informatiques proposés, dans l'éventualité où l’un de ces composants s’avérerait défaillant. Ces garanties de « haute disponibilité » sont pour l’essentiel obtenue par redondance au niveau de tout l’écosysteme du centre de calcul.

Base de données

[modifier | modifier le code]

Dans la conception des bases de données, un effort est fait pour limiter la redondance des informations, qui implique des traitements complexes de mise à jour, et permet ainsi d'améliorer les performances. Pour cela, on utilise généralement la mise en formes normales.

Les techniques dites « de redondance » sont utilisées à un niveau plus bas, celui de l'organisation logique des disques (voir mirroring, RAIDetc.).

Ingénierie

[modifier | modifier le code]

En ingénierie, la redondance de systèmes au sein d'une machine vise à améliorer la fiabilité de cette dernière. En multipliant les systèmes on prévient la défaillance de l'un d'entre eux. C'est ainsi que dans l'aviation de nombreux systèmes sont doublés, dans la navette spatiale américaine certains étaient même triplés.

La redondance à elle seule ne suffit pas à assurer la sécurité : encore faut-il la compléter d'une dispersion physique afin que ce qui est redondant ne soit pas détruit simultanément. À la suite d'un accident d'avion à Ermenonville, on se rendit compte que les trois commandes redondantes des dérives de l'appareil (Douglas DC-10) passaient en un même endroit de l'appareil (son faux plancher), rendant ainsi la sécurité illusoire en cas d'accident à ce point. Un tel point critique, capable de paralyser un système alors même que celui-ci incorpore des redondances, est appelé un point unique de défaillance (single point of failure ou SPOF en anglais).

L'AMDEC (Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité), a pour but de trouver les systèmes les plus critiques. Et prévoir une protection supplémentaire en cas de défaillance, comme la redondance du système par exemple.

Approche écosystémique

[modifier | modifier le code]

En écosystémique, la redondance désigne la coexistence d'au moins deux versions différentes d'une même structure (redondance structurelle) ou d'une même fonction (redondance fonctionnelle).

  • La redondance structurelle désigne le cas où des structures différentes permettent d'exécuter une même fonction ;
  • La redondance fonctionnelle désigne le fait que dans un biome ou un écosystème, plusieurs espèces assurent souvent un même service écosystémique (ex : régulation des populations, pollinisation, décomposition des excréments ou des cadavres...) ou des services proches, ce qui fait que quand l'une disparaît, en général une autre peut, au moins en partie, la remplacer et assurer se fonctions au sein de l'écosystème[1]. Si les espèces de substitution disparaissent toutes à leur tour, on assiste alors à des effets en cascades, disproportionnés par rapport à la situation précédente, d'effondrement écosystémique, comme cela semble s'être produit, en deux phases séparées de 60.000 ans au moment de la Crise du Permien dans l'histoire géologique de la Terre[1].
    Plus un écosystème compte d'espèces remplissant des fonctions similaires, plus il est résistant aux changements environnementaux[1].

Autres contextes

[modifier | modifier le code]

Dans d'autres contextes, on parle aussi de :

  • redondance structurelle pour désigner par exemple le double circuit de freinage d'une voiture automobile, ou plusieurs ateliers différents ou usines différentes pour fabriquer une même pièce ou un même engin. Dans certains contextes organisationnels, la redondance structurelle caractérise la complication, mais peut aussi contribuer à la résilience du système en cas de perte de fonctions dan l'une des structures[1].
  • redondance fonctionnelle pour caractériser la complexité (et comme condition de l'auto-organisation chez Henri Atlan). C'est aussi la « variété » chez le neuropsychiatre W. Ross Ashby et la notion est passée à la cybernétique ; ou encore la multiplicité de fonctions différentes exécutées en un point d'une structure (comme un atelier d'artisan polyvalent (qui exécute différentes opérations sur différents matériaux)[1].

Statistiques et économétrie

[modifier | modifier le code]

Par référence à la théorie de l'information (ISO/IEC DIS 2382-16:1996), la redondance actuelle d'un système est la différence entre l'entropie maximum de ce système et l'entropie actuelle dudit système. Les mesures d'inégalité comme l'indice de Theil fondé sur l'entropie de Shannon sont de telles redondances.

Un robot est redondant lorsque le nombre de degrés de liberté est inférieur au nombre d'articulations indépendantes (motorisées). Ce genre de robot a donc plus d'actionneurs que nécessaire.

En survivalisme, la notion de redondance est elle aussi omniprésente[2]. Le sujet étant vaste, cette notion s'applique aussi bien au niveau micro que macro. Elle incite à multiplier efficacement les solutions de secours ou alternatives(Le fameux plan B ou plus.). Disposer d'une résidence principale, ainsi que d'une arrière base, résidence secondaire, terrain de repli...Mais aussi disposer pour chacun des besoins vitaux de plusieurs solutions en cas de panne ou perte de la solution principale (exemple pour la filtration de l'eau disposer d'une cuve de filtration par gravitation, mais aussi de pastilles de chlore, d'un petit filtre de randonnée et enfin d'un foulard avec de la cendre).

Chaque problématique est ainsi étudiée par le prisme de la redondance, en cherchant toujours à disposer de solutions alternatives pour, par exemple, ne pas encombrer inutilement les services de secours lors d'incidents majeurs. Il en résulte donc une analyse du matériel, de sa disposition et de ses usages pour chaque achat effectué, qui permet parfois de choisir d'investir dans un outil plutôt qu'un autre. À l'encontre du gadget, chaque objet ou outil peut posséder une seconde fonction (type couteau avec sifflet intégré), qui permettra de conserver cette fonction si l'objet principal est perdu ou détruit (le sifflet de détresse dans le cas présent).

Cette approche se retrouve dans l'adage des Navy seals américains : "Two Is One, And One Is None[3]" que l'on pourrait traduire par "deux c'est un et un c'est rien." En effet, disposer d'un seul objet pour remplir une fonction nous rends généralement très vulnérable, car de multiples incidents peuvent surgir (perte de l'objet, casse de celui ci, impossibilité de se procurer le consommable, allergies...) le fait d'avoir une redondance de celui ci (en général stocké dans un endroit différent) nous permet donc d'être mieux préparé à l'éventualité d'user de celui ci.

Apprentissage

[modifier | modifier le code]

La redondance est un concept discuté pour la conception et l'ergonomie des systèmes d'apprentissage comme les cours en ligne ou les documents multimédia. Certains soutiennent que la multiplication des formats d'information est positif pour l'apprentissage, d'autres soutiennent qu'en raison de la surcharge cognitive, l'apprentissage est moins efficace[4],[5]. Par exemple, une animation vidéo avec une narration sonore serait plus efficace qu'une animation vidéo avec une narration sonore et un texte expliquant la notion.

Mesures géométriques

[modifier | modifier le code]

La redondance de mesures d'observations permet un traitement qui compense les résultats (calculs par moindres carrés) en permettant de qualifier le mode opératoire. L'étude fine des résidus permet de discriminer certaines mesures pour améliorer le résultat final. Cette technique est largement utiliser en tachéométrie et le plus souvent pour l'auscultation géométrique d'ouvrages d'art.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d et e (en) Scott D. Evans, Chenyi Tu, Adriana Rizzo et Rachel L. Surprenant, « Environmental drivers of the first major animal extinction across the Ediacaran White Sea-Nama transition », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 119, no 46,‎ , e2207475119 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 36343248, PMCID PMC9674242, DOI 10.1073/pnas.2207475119, lire en ligne, consulté le )
  2. Québec Preppers, « Les bases de la préparation citoyenne », sur Québec Preppers, (consulté le )
  3. (en) Frances Cole Jones, « Two Is One, And One Is None », sur Forbes (consulté le )
  4. (en) Richard E. Mayer et Cheryl I. Johnson, « Revising the redundancy principle in multimedia learning. », Journal of Educational Psychology, vol. 100, no 2,‎ , p. 380–386 (ISSN 1939-2176 et 0022-0663, DOI 10.1037/0022-0663.100.2.380, lire en ligne, consulté le )
  5. Olivier Le Bohec et É. Jamet, « Les effets de redondance dans l'apprentissage à partir de documents multimédia », Le travail humain, vol. 68, no 2,‎ , p. 97 (ISSN 0041-1868 et 2104-3663, DOI 10.3917/th.682.0097, lire en ligne, consulté le )