[go: nahoru, domu]

Étymologie

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Du latin conjurare → voir con- et jurer.

conjurer \kɔ̃.ʒy.ʁe\ transitif, pronominal ou intransitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se conjurer)

  1. Prier instamment.
    • Je la conjurai, avec tous les empressements de l'amour, de me découvrir le sujet de ses pleurs;[...]. — (Abbé Prévost, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, 1731, réédition 1967, Grenier-Flammarion, page 48)
    • L’évêque constitutionnel de Rhône-et-Loire : Lamourette, ayant conjuré ses collègues de s'unir « pour rendre l'ordre à l'Empire et la sécurité à la nation », l’inimaginable s'était produit : Feuillants et Jacobins, la Montagne et la Plaine, avaient oublié leur mutuel soupçon, leurs accusations réciproques, en se jurant de ne plus songer qu'au salut public. — (Robert Margerit, La Révolution: Les autels de la peur, Gallimard, 1963, page 128)
    • Je vous conjure de faire cela. — Faites cela, je vous en conjure.
  2. (Religion) Exorciser, se servir de certaines prières, de certaines formules pour chasser les démons, pour écarter la peste, l’orage, etc.
    • Conjurer le diable.
    • TANTE MICHELLE. – Le Vieux de la Montagne conjurait les bêtes. Il disait : « Tu te signes, tu la signes et tu lui demandes : Vilaine bête, quel jour est la Fête-Dieu ? » — (Marcel Jouhandeau, Chaminadour, Gallimard, 1941 et 1953, collection Le Livre de Poche, page 389)
    • Conjurer les éléments.
  3. (Sens figuré) Détourner par prudence, par adresse, un malheur dont on est menacé.
    • Qu’y a-t-il Héloïse ?
      Le prénom familier rompait l’envoûtement, conjurait le péril. Il la rejetait vers l’enfance, niait sa flamboyante puberté.
      — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Nobles polonais, ne tenez pas à une chimère ; […]. Hâtez-vous d’accomplir votre nuit du 4 août, si vous voulez conjurer un 93. — (François-Vincent Raspail, De la Pologne — Pour une réforme agraire, 1839)
    • Atteint d’un mal nommé porphyrie, le pauvre garçon est contraint de s’abreuver de sang humain pour conjurer sa langueur chronique. — (François Rivière, Dracula, cent ans et toutes ses dents, dans Libération (journal), 31 décembre 1987)
    • Sauf que cette fois, les numéros pagnolesques devant les caméras ne suffisent plus à conjurer la crise. Gaudin a choqué la population en s'enfermant d'abord dans le déni, allant jusqu'à accuser la pluie. — (Louis Hausalter, A Marseille, l'effondrement du système Gaudin, dans Marianne no 1132 du 23-29 novembre 2018, page 28)
  4. Compenser, annuler.
    • Il cornait et ralentissait dans les virages en se tenant incliné sur le côté pour conjurer la force centrifuge. — (Édouard Bled, « Mes écoles », Robert Laffont, 1977, page 22)
    • On m’accueillit comme un membre de la famille et nous bûmes un café épais, amer, sur le seuil de la maison, pour conjurer le froid qui nous brûlait les narines. — (Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle, L’Iconoclaste, 2023)
  5. Décider, résoudre une chose de concert avec une ou plusieurs personnes, en ayant une ferme détermination de l’exécuter, de l’accomplir.
    • Ils conjurèrent la ruine de leur patrie.
    • Ils ont conjuré votre perte.

se conjurer pronominal ou conjurer intransitif

  1. (Pronominal) (Intransitif) (Vieilli) Se concerter entre plusieurs personnes après avoir prêté serment de fidélité, en vue de renverser le pouvoir du souverain ou du gouvernement établi.
    • Catilina conjura contre la République.
    • Cinna conjura contre Auguste.
    • Cet ambitieux était toujours prêt à conjurer.
    • Il les voyait tous conjurés pour le perdre.
  2. (Pronominal) (Intransitif) (Sens figuré) (En parlant des choses)La maladie, la température, l’état des routes, tout conjure contre nous.

Dérivés

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Apparentés étymologiques

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Traductions

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Prononciation

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Références

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